Nous sommes partis de Granville par le premier train. Escale à Paris. Petit déjeuner en terrasse place Cambronne. Avec nos valises, le garçon nous a pris pour des touristes. French breakfast ? Nous avons trouvé l’appartement envahi de courrier. Ouverture des paquets, rangement des livres et nouveaux bagages. Nous sommes arrivés juste à l’heure Gare de Lyon. Amélie m’accompagnait pour deux jours en Lozère, à Saint-Chély-d’Apcher. J’étais invité par Pascal, le libraire du Rouge et le noir, pour les « journées du livre ». Après Clermont-Ferrand en milieu d’après-midi, nous avons dû prendre le car jusqu’à Saint-Chély. Douze heures de voyage en tout. Marie, la femme de Pascal, nous attendait à la descente. Elle nous a embrassés comme du bon pain. Pas trop fatigués ? A la librairie, nous avons fait connaissance de Claude, notre hôte pour le séjour. Universitaire parisien à la retraite, il occupe pendant une partie de l’été une maison de famille à L’estival un hameau situé à une dizaine de kilomètres du bourg. Nous avons fait le trajet dans sa 11 CV Traction noire du début des années cinquante. Nous allons éviter la Nationale… Je n’ai pas fait le contrôle technique. L’habitacle sentait la graisse chaude et le caoutchouc. Une voiture dans son jus. Un bonheur. A soixante au compteur, nous avions l’impression d’être à bord d’un bolide. Je ne suis pas du tout collectionneur, insistait-il un rien fiérot. Je l’ai achetée dans les années soixante-dix à un fermier qui voulait s’en débarrasser. Et elle marche toujours, sans que j’aie rien changé. Il n’a pas fait beaucoup de travaux chez lui non plus. Sauf récemment. Il vient de sauver une grange de l’écroulement. On me disait, il n’y a plus qu’à vendre les pierres. Nous avons relevé la charpente. A quatre… Venez voir. Tout paraît immense ici. Les marches de granit, les toits de lauzes, la cheminée en granit. C’est un vaste corps de ferme XVIIe dont il partage le labyrinthe des pièces avec un de ses frères. Cette année, il est venu est tout seul. Corinne, mon épouse a préféré rester dans le Midi. Avec le temps, elle trouve l’endroit un peu trop… rustique. Il l’est en effet. Mais on s’y sent bien. A la grande table de la salle à manger, nous avons fait durer un dîner de saucisson, de jambon sec, de ratatouille et de tomme. Claude nous parlait des auteurs qu’il avait reçus chez lui les années précédentes. Et lui, vous le connaissez aussi ? Nous nous sommes couchés, épuisés de la journée, dans une chambre qui sentait les vieux livres et le parquet lessivé.
dimanche 30 août 2009
Mardi 11 août. 22h00.
Par Xavier Houssin le dimanche 30 août 2009, 13:51
Courses au bourg. Un verre de vin blanc chez Georgette. Nous avons continué l’apéritif au jardin avec Noëlle, Pierre et Caroline. Ils ne sont pas restés déjeuner. Noëlle voulait aller cueillir des mûres pour la confiture. Déjà ? Nous avons un débat rapide sur la saison. Pour moi, les mûres, c’est septembre. Les jours juste avant la rentrée des classes, nous partions avec ma mère, à la lisière de la forêt d’Halatte, les ramasser à plein seaux. J’ai le souvenir de buissons gigantesques, hérissés d’épines, où je m’écorchais les avant-bras. Trier les fruits soigneusement. Surtout ne pas les rincer. Dans la bassine, les mélanger avec le sucre (un kilo par kilo). Laisser macérer quelques heures. Porter le tout à ébullition. Laisser cuire une dizaine de minutes. Ecumer. Quand la goutte de confiture qu’on a déposée à la verticale d’une assiette froide se fige au milieu de la descente, on peut mettre en pot. Vite. Ca embaume. Il suffit que je ferme les yeux.
Lundi 10 août. 21h00
Par Xavier Houssin le dimanche 30 août 2009, 13:50
Amélie a lu au soleil dans le hamac. J’ai terminé la correction des épreuves du Anna de Noailles. J’en ai profité pour reprendre encore un peu la préface. Je voudrais que ce dernier volume soit parfait.
Samedi 8 août. 22h10.
Par Xavier Houssin le dimanche 30 août 2009, 13:50
Brocante à Carolles. Nous ne nous sommes pas ruinés. Un petit coffret en chêne, une paire de couverts à salade début de siècle en corne et métal argenté. Une assiette verte en porcelaine Wedgwood aussi. Je ne suis pas certain d’aimer vraiment le bone china, mais, dans les années soixante, Mrs Palmer avait offert à ma mère une coupelle en forme de cœur, du même vert, avec les mêmes motifs antiques. Je vais la ressortir du carton où elle est entassée avec tout un tas de bricoles. La fabrique Wedgwood est en dépôt de bilan. Mrs Palmer est morte. Je n’ai plus de nouvelles de Merrill, sa fille avec qui j’avais correspondu quelques années. Georgette est venue déjeuner. Comme chaque année, elle fuit l’agitation du bourg pour se réfugier chez nous. Il y a tellement de monde. Ca va, ça vient. Ca revient. Elle a le tournis. Dans l’après-midi, Annabelle est passée avec ses deux cousines, Amandine et Lucille. Discussions de jeunes filles encore tout près de l’enfance. Annabelle est amoureuse. Toujours ce même garçon, je crois, qu’elle avait rencontré lors d’un voyage linguistique en Angleterre l’an dernier et qu’elle avait tenté de me présenter en mars, au salon du livre de Bondues. Je n’avais pas bien compris sur le coup. L’ennui avec Annabelle, c’est qu’elle n’est pas beaucoup plus loquace que moi. Un sourire. Un regard. On est persuadés qu’on s’est tout dit. Sauf que ce serait mieux d’échanger quelques mots. On essaie. Annabelle m’avait envoyé un texto en juillet. Elle voulait venir quelques jours à Paris. Le temps de caler une date entre nos allers et retours, ça n’a très vite plus été possible. On aura encore plein d’occasions, a-t-elle laissé glisser à regret. Je crois, en fait, qu’elle avait envie de venir accompagnée. Les trois filles sont descendues à la plage. Nous avons jardiné deux bonnes heures aux Fontenelles avant de les raccompagner à Marcey chez Josette et Jean-Claude où tous logent en famille. Retrouvé là-bas Cécile et Thierry. Pris un verre sur la terrasse. Vous restez dîner ? - Non merci, c’est gentil, pas ce soir. Nous avons des kilos de haricots à écosser.
Vendredi 7 août. 23h50
Par Xavier Houssin le dimanche 30 août 2009, 13:48
Le soleil est revenu. Nous avons travaillé au potager. Déterré les pommes de terre. Bintjes, rattes tarabiscotées, « œil de perdrix » rose crème. Cueilli encore des haricots et nettoyé les planches. J’ai tondu les allées. Amélie a taillé les plants de tomates. Le soir, nous étions invités par Jean-Luc Lefrançois au presbytère de Donville. La vieille longère qui l’abritait autrefois a été vendue il y a quelques années par la municipalité . Le clergé a maintenant à sa disposition une villa des années cinquante dans un quartier des hauteurs. Seul vestige de la précédente adresse, la très ancienne croix de granit, rapportée et scellée dans le muret de la clôture. J’étais content de voir Jean-Luc « chez lui » et de poursuivre plus avant notre discussion ébauchée en juin à la maison. Nous avions parlé de sa vocation pas vraiment ordinaire. Ancien disc-jockey, il est resté fasciné par le monde de la nuit. Je sens une assemblée de prière comme une piste de danse, dit-il presque sans rire. Il est généreux et inquiet. Avec ce beau courage de ceux qui font le premier pas quoi qu’il leur en coûte. Il anime aussi une émission de radio sur Tendance Ouest (Au cœur de la vie où il reçoit des artistes : comédiens, chanteurs, écrivains…). Il avait déjà évoqué le (lointain) projet d’écrire un livre sur son parcours, sur ses rencontres. Je pensais que nous allions en reparler. La soirée a été plutôt… bizarre. Nous avons dîné avec Alina Reyes qu’il venait d’interviewer et qui logeait là à la suite d’une série de débats dans la région pour son dernier livre, Psaumes du temps présent : 70 prières pour Son retour aux Presses de La Renaissance. Je la connaissais plutôt pour Poupée anale nationale. Je me souvenais d’ailleurs d’une conversation avec Serge. Le corps, l’engagement politique, la douleur sociale. Il venait de publier d’elle La dameuse. Quelques mois avant, elle avait sorti, chez Bayard, La jeune fille et la vierge, un petit texte sur son itinéraire spirituel de conversion autour de Bernadette Soubirous. Radical changement de sujet et de prédilection. Nous nous sommes retrouvés à Donville embarqués dans une démonstration un peu pénible où revenaient sans cesse les mots déchets et pureté. Dieu me parle en direct, répétait-elle. Rien à répondre. Les convertis, ces nouveaux riches de l’absolu, disait Cioran.
Jeudi 6 août. 23h30
Par Xavier Houssin le dimanche 30 août 2009, 13:46
Charles et Nelly avaient organisé une deuxième séance signature de mon livre à Carolles (la première avait eu lieu en avril). J’ai rencontré à nouveau pas mal de gens. Ca dure. Je me suis senti vraiment ému. Noëlle est venue déjeuner. Temps menaçant. Nous avons dû nous rapatrier à l’intérieur. La pluie est tombée une bonne partie de l’après-midi. Il fait froid, nous a dit Georgette quand nous passions la voir. Elle se calefeutre. Elle a remis du chauffage. Il fait vraiment froid… Nous avons pris un parapluie pour aller écouter le soir le concert donné à l’église par le trio Musica Camerata Baltica, des musiciens venus Lithuanie. Il y avait aussi une soprano Norvégienne, un baryton allemand et une pianiste « franco-allemande » : Isabel Gabbe, la petite-fille en fait de l’ex-voisine de ma mère au chemin ombragé. Au programme, le concerto n° 6 en ré majeur pour violon, violoncelle et piano de Haydn, des « Chants écossais » de Beethoven et et cinq pièces, toujours pour violon, violoncelle et piano, de Fritz Kreisler. Il y a eu un beau « bis » avec des airs de La Flûte et du Don Juan de Mozart. Nous sommes rentrés à la fraîche, tout chantonnants.
Mercredi 5 août. 22h15.
Par Xavier Houssin le dimanche 30 août 2009, 13:44
Georgette est venue prendre un verre pour le baptême de l’abri de jardin. Champagne, bien sûr. Vous et vos dépendances…, dit-elle en souriant. D’accord, ici, il y a déjà la petite resserre, le koesch, plus le garage et la grange aux Fontenelles. Et tout est déjà plein. Frédérique et Luc sont arrivés d’Erquy pour déjeuner avec leur fils Victor. J’avais trouvé très beau Traques, le roman que Frédérique avait publié en janvier. Une histoire naturelle des exclusions. Le texte s’était fait plutôt injustement malmener par certains, à l’époque, dans une émission de Jeux d’Epreuves. Du coup, je lui avais envoyé un petit mot. On devrait ne jamais hésiter à le faire. C’est si important d’être conforté… C’était la première fois que nous nous voyions tous ensemble. J’avais rencontré rapidement Frédérique, avec Amélie, en octobre en 2008 à Poitiers (Amélie était son attachée de presse à L’Olivier). J’étais invité par le Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes pour animer deux débats sur l’oeuvre de Robert Marteau. Pendant que tout le monde descendait à la plage, j’ai terminé mon bricolage : quelques dernières retouches à la cabane. Au soir, j’ai mis dans un grand pot, la sauge rouge (salvia microphylla) qu’ils nous avaient offerte. Nous hésitons encore sur l’endroit où la planter.
Mardi 4 août. 22h40
Par Xavier Houssin le dimanche 30 août 2009, 13:43
Thierry Giffard est venu installer un meuble de rangements dans la salle de bains. Il nous prodigué une foule de conseils pour l’édification de notre cabane et surtout il nous a prêté son outillage. Un grand niveau d’eau, une perforatrice, une visseuse. Je repasserai prendre tout cela ce soir, nous a-t-il dit. Pas question de traîner. Pendant qu’Amélie allait à Saint-Pair chercher des poteaux de béton, je creusais les fondations. En début d’après-midi, nous avions posé le plancher et les cloisons. Vers cinq heures, le toit était installé. Reste à étendre une dernière couche de vernis et de peinture. Du goudron liquide pour parfaire l’étanchéité. Et aussi changer le vilain carreau de plastique de la fenêtre par une vitre. Des bricoles. Quand Thierry est venu à l’heure de l’apéritif, nous n’étions pas peu fiers du résultat. Vous voyez que ce n’était pas difficile…
Lundi 3 août. 22h00
Par Xavier Houssin le dimanche 30 août 2009, 13:42
La peinture s’appelle vert bocage. Ca tombe assez bien. Plutôt couleur locale… Moi, j’aurais davantage dit vert wagon. En fait, pour la cabane de jardin, nous voulions une teinte un peu camouflage et qui la ferait disparaître dans le feuillage des haies. Nous avons peint toute la journée. Deux couches. Verni aussi l’intérieur des panneaux. Au soir, une petite bruine alarmante a commencé de tomber. Mais pas assez pour mettre en péril le séchage. Avant de prendre notre douche, nous sommes longuement débarbouillés au white spirit.
lundi 17 août 2009
Dimanche 2 août. 21h30.
Par Xavier Houssin le lundi 17 août 2009, 00:43
Nous avons invité Georgette à déjeuner. Des huîtres, une côte de bœuf. Contre toute attente, elle a accepté de nous accompagner au vide-grenier de Champeaux. Ca va me changer les idées. Nous nous sommes baladés un bon moment avec elle. Toute guillerette. Elle nous a raconté ses souvenirs de brocante quand elle tenait, en famille, le stand du couvent de ma tante Agnès aux berloufes de Wattrelos. Elle a voulu s’arrêter pour une petite pause à la terrasse du café-épicerie du village. J’ai envie de boire un verre de bière. Je l’ai raccompagnée chez elle pendant qu’Amélie suivait la voiture juchée sur notre achat de la journée : un vieux vélo rouge.
Dimanche 2 août. 1h30.
Par Xavier Houssin le lundi 17 août 2009, 00:41
Après-midi au salon du livre de Granville. J’y ai retrouvé Michel Besnier dont j’avais tant aimé La roseraie paru chez Fayard en 1997. Gilles Leroy aussi, qui, comme moi, était invité ici pour la première fois. Beaucoup de monde dans cette salle du Hérel, près du centre nautique. J’ai signé pas mal de livres. Au soir, nous étions reçus par la mairie au casino. Pour accéder au restaurant, il fallait traverser les salles de jeu. Drôle d’ambiance. Décoration criarde. Heureusement, il y avait Gilles. Nous avons dîné avec lui. Passé une soirée en parenthèse de petites confidences. On ne se connaît pas vraiment. Je l’avais rencontré en septembre 2007 pour un portrait dans Le Monde à la sortie de son roman Alabama song au Mercure. On s’était revu le soir de son Goncourt. Et puis, comme d’habitude, après s’être promis de s'appeler vite, nous avons laissé le temps passer. Au moment de l’écriture de mon livre, j’avais relu Maman est morte. Je m’étais dit que je lui ferai signe. Je dois encore dire merci aux coïncidences. On s’est quittés un peu tard. Amélie et moi avons fini la soirée aux machines à sous. Perdu quelques dizaines d’euros à toute vitesse. Comme nous rentrions à la maison un peu dépités, nous avons décidé (quelle idée…) de nous arrêter, pour la revanche, au casino de Saint-Pair. Au poker électronique, Amélie a regagné tout l’argent que nous avions dépensé.
Vendredi 31 juillet. 21h00
Par Xavier Houssin le lundi 17 août 2009, 00:39
M. Mitaillé est venu tondre la pelouse. Tailler les haies. Il a extirpé, caché dans les eleanus, un gros sureau qui y avait poussé. Il a installé des crochets dans le mur, au fond du jardin, pour le hamac que nous ont offert Virginie et Marcus. A Granville, avec les sous que nous avons reçu au mariage, nous avons acheté une motobineuse pour les labours d'automne. Une cabane de jardin en bois qu’on nous livrera, à assembler, demain. J’y mettrai les outils qui rouillent sous l’auvent du tas de bois. Un tour aux Fontenelles. L’herbe avait poussé, haute, mais le potager était superbe. Nous avons découvert d’énormes potirons, six beaux melons dont nous avons cueilli le premier. Et des grappes de tomates mûres, des salades, de la tétragone, des aubergines, des courgettes à profusion. Nous avons passé la soirée à équeutter plusieurs kilos de haricots. Quant au melon, il était sucré. Délicieux. Nous savourons nos récoltes…
Jeudi 30 juillet. 22h10.
Par Xavier Houssin le lundi 17 août 2009, 00:37
Le premier train pour Granville. Noëlle était venue nous chercher à la gare. Marianne et sa tante Hélène nous attendaient à la maison. Elles n’ont pas été gâtées par le temps durant leur séjour. De la pluie, du vent, de la grêle. Elle ont même dû faire du feu. Mais aujourd’hui le ciel était d’un incroyable bleu. Elles nous ont emmenés déjeuner au casino de Jullouville et sont reparties à Paris tout de suite après. Visite à Georgette. Ca va doucement. Elle est fatiguée. Se plaint du ballet incessant des voitures qui descendent à la plage. C’est la saison… Quelques courses. Nous sommes rentrés. J’ai rempli les mangeoires des oiseaux. Dîner au jardin. Il faisait doux.
Mercredi 29 juillet. 23h40.
Par Xavier Houssin le lundi 17 août 2009, 00:37
Je n’aime décidemment pas les jours de départ. Le temps y fait des sauts étranges. Lentes minutes. Courtes heures. J’ai cueilli de grosses brassées de feuilles d’olivier que nous ferons sécher à Carolles pour des décoctions. C’est bon pour ce que tu as, tu dois en boire, m’avait dit Georgette. Nous avons fait les valises. Entassé une bonne partie des cadeaux que nous avons reçus. Mylène est venue nous dire au revoir. En début d’après midi, Emmanuel nous a accompagné à la gare de Cannes avec Camille et Victoria. A Paris, l’appartement était étouffant, envahi de courrier, de livres. Les plantes n’avaient pas trop souffert de notre absence. Seule l’oxalis pourpre avait l’air un peu fatigué. Nous nous sommes couchés au milieu des déballages et du désordre.
Mardi 28 juillet. 23h50
Par Xavier Houssin le lundi 17 août 2009, 00:35
Marcus avait eu l’idée hier soir. On devrait aller se baigner de bonne heure. Voire de très bonne heure... L’été le bord de mer est pris d’assaut. Dire qu’il y a foule est un doux euphémisme. Je gardais en mémoire le souvenir effrayé d’un soir d’août l’an dernier à Juan-les-pins. Nous étions dans la voiture juste avant 7h00 avec Virginie, Marion et Camille. Trajet rapide jusqu’à Antibes et la plage de La Salis. Je m’attendais à la trouver déserte, mais il y avait déjà une bonne dizaine de personnes sur place. Nous avons quand même nagé un bon moment au calme. L’eau était tiède, d’un bleu encre. Comme nous repartions, les gens avaient commencé à prendre possession de leur territoire pour la journée. Installaient leurs serviettes, leurs parasols, leurs pliants et leur musique. Au secours… La journée a été calme. Dans l’après midi, Catherine et Martin sont passés avec Simon et Valentine, leur toute petite fille de trois semaines. J’ai gardé le bébé longtemps dans mes bras jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Au soir Jacques et Marie sont venus prendre un verre. Pour le dernier soir, Claire avait préparé une soupe au pistou.
Lundi 27 juillet. 23h00
Par Xavier Houssin le lundi 17 août 2009, 00:32
Rapide excursion en 2 CV Loup avec Marion et Victoria et Camille. Nous nous sommes garés près du pont du Loup et avons remonté le cours d’eau jusqu’à ne plus rencontrer de promeneurs (assez vite, d’ailleurs). Nous avons fait trempette dans une piscine naturelle. L’eau était glacée, les rochers glissants, les gamines poussaient de petits cris. On voyait des gerris faire des arabesques dans les mares de la berge, des notonectes nageant sur le dos. Les arbres résonnaient de cigales.
Dimanche 26 juillet. 21h50
Par Xavier Houssin le lundi 17 août 2009, 00:32
La sieste nous a fait rater le départ de Jérôme. Marion l’a raccompagné à Cannes. Elle est encore en vacances et va rester quelque jours. Nous avons traîné une après-midi paresseuse de lenteurs et de retards. Avec Camille, nous sommes arrivés au vide grenier de Bar-sur-Loup juste pour voir les exposants remballer leur bric-à-brac. A la fête du terroir à Caussols, c’était presque la même chose. Mais, nous avons quand même pu voir les chevaux, les poulains, les ânes. Traversée au couchant du plateau karstique, rochers et prairies sèches. Il faudrait marcher par ici. J’ai envie de longues balades.
Dimanche 26 juillet 2009. 13h00.
Par Xavier Houssin le lundi 17 août 2009, 00:30
Nous nous sommes levés tôt ce samedi. Amélie avait rendez-vous chez le coiffeur, chez la manucure. Elle est revenue les ongles joliment laqués de rouge, les cheveux rassemblés en chignon rond sur sa nuque. François est passé apporter une impressionnante quantité d’hortensias roses en pots que nous avons disposés un peu partout dans le jardin. Les centres de table fleuris aussi que Véronique et Patricia avaient tressés tout l’après-midi d’hier. Le déjeuner a pris des allures de pique nique. Chacun est parti se préparer. Ne rien oublier. Coup de fer sur les habits. Coup de brosse aux chaussures. Amélie, robe courte en lin blanc, chapeau rouge, souliers rouge était merveilleusement belle. Les trois petites (en robe rouge) nous attendaient. Nous avons pris place dans la voiture de Virginie et Marcus pour les vingt qui nous séparaient d’Antibes et de la chapelle Saint-Jean. Je ne pourrai pas dire autre chose de la cérémonie sinon que j’y ai été saisi d’une émotion et d’une grâce qui ont dépassé de loin ce que je pouvais imaginer ou désirer. Un sentiment de l’accompli. Nous avons lu ensemble cette prière d’Augustin qu’il avait écrite dans l’élan de sa conversion à Dieu. Une prière charnelle et vibrante. Bien tard je t’ai aimée,/ ô beauté si ancienne et si nouvelle/ bien tard je t’ai aimée !/ Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors, / et c’est là que je te cherchais,/ et sur la grâce de ces choses que tu as faites,/ pauvre disgracié, je me ruais !/ Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ;/ elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant,/ si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas !/ Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ;/ tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ;/ tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi ;/ j’ai goûté et j’ai faim et j’ai soif ;/ tu m’as goûté et je me suis enflammé/ pour ta paix./ Quand j’aurai adhéré à toi de tout moi-même,/ nulle part il n’y aura pour moi douleur et labeur,/ et vivante sera ma vie toute pleine de toi. André Dukiel nous a bénis. Et nous, et Claire et Emmanuel, et toute la petite foule réunie des oncles et des tantes d’Amélie, de ses cousins, de ses cousines et de nos amis. Mon frère Jean et son épouse Noëlle avaient fait le voyage du Gers. Mon demi-frère, en fait. J’ai aussi une demi-sœur, Monique, morte à bientôt deux ans en 1932. Un autre demi-frère Francis, décédé, très seul, paraît-il, à une soixantaine d’années en 1984 et enterré, selon son vœu, à Carolles où il avait passé son enfance et les premières années de son adolescence chez Marie. Sa grand mère qui est aussi la mienne… Je ne connais rien de plus de leur histoire. Je pressens juste qu’elle a été, différemment, tragique. Je ne sais rien non plus de celle de Jean. Depuis « le retour » de mon père dans les années soixante-dix après la mort de sa femme, nous nous sommes vus tout juste cinq ou six fois. Des moments gênés (pour moi, en tout cas), à ne pas se dire grand chose. A attendre. Quoi, je ne sais pas bien. Pascale et Christine, mes deux témoins m’avaient fait faux bond pour des raisons familiales. Mon parrain René était resté à Uzès à cause d’un achat d’appartement. J’étais content que Jean soit venu. A Magagnosc, le traiteur avait installé le buffet et les tables. La soirée s’est prolongée longtemps, doucement, tout doucement, du soleil couchant aux étoiles, en rires, en confidences, en bavardages, d’un groupe à l’autre. Et puis Marcus a réclamé le silence. Le moment était venu de la fameuse surprise. Accompagnée par son père et par Christophe, soutenue par ses deux sœurs, Camille, au micro, nous a chanté une chanson où il était question d’Amélie jolie et de Xavier chéri. Tessiture de petite fille, toujours au bord de la rupture. Les aigüs coupants comme du cristal brisé. Amélie pleurait, moi, je voyais tout trouble. Puis nous avons dansé, bu encore du champagne et puis encore parlé. Lorsque vers les trois heures et demi passées nous nous sommes retrouvés, les derniers, « en famille », Claire et Emmanuel, Virginie et Marcus, Camille luttant contre le sommeil, Jérôme nous a dit : J’attendais que nous soyons seuls pour vous dire la nouvelle… Marion et moi, l’an prochain, nous allons nous marier.
Vendredi 24 juillet. 23h40
Par Xavier Houssin le lundi 17 août 2009, 00:27
Arrivée d’Alix, puis d’Armelle. Alix jouera de la flûte traversière lors de la cérémonie de demain. Armelle s’occupera des chants. Nous les avons choisis avec elle. Je tenais à Trouver dans ma vie ta présence et aussi à ce beau cantique à la Vierge, Chez nous soyez reine. Amélie et moi avons revu les intentions de prière. Un mot pour les absents. Pour tous ceux qu’on aimait et qui ne sont plus. Antoine et Marguerite, ses grands-parents, Angèle et Joseph, les miens. Et mon père, et ma mère… Les oncles d’autrefois aussi, tués pendant la Grande guerre. Prononcer leurs noms et les sentir présents. Nous avons rédigé le court texte que nous lirons demain. Juste dire merci. On entendait des accords de guitare à l’étage. Marcus répétait une chanson avec son ami Christophe et les filles. A un moment, il est descendu : Allez donc faire un tour pendant une bonne heure. Ca sentait la surprise… Nous avons fait durer notre absence. Au retour nous avons retrouvé Jérôme et Marion. Et peu de temps après, Isabelle et Didier Lasaygues, venus avec leurs filles Camille, Margaux, Julie, Chloé et leur fils Jean-Baptiste. De vingt-sept à dix-sept ans. Amélie les a tous connus petits comme jeune fille au pair à son arrivée à Paris à la fin des années 1980. Elle est restée très liée avec la famille. Isabelle et Didier qui ont une maison dans le Jura dans un village (Isabelle en est maire) près d’Arbois avaient fait livrer plusieurs caisses de vin blanc et avaient amené un énorme plateau de morbier, de comté et de cancoillotte. Grand buffet sur la terrasse. Nous étions une bonne vingtaine. Ensemble et joyeux. Amélie est allée chercher, tard, Catou, Jocelyn et leurs enfants Margaux, Arthur et Paul. Tout le monde est là ou presque. Nous attendons demain.
Jeudi 23 juillet. 23h20
Par Xavier Houssin le lundi 17 août 2009, 00:25
Nous sommes allés juqu’à la librairie de Jean-Paul à Pré-du-Lac. Feuilleté les livres, bu un café, traîné un peu, bavardé beaucoup. J’ai acheté un nouveau guide entomologique de chez Delachaux et Nieslé. Je n’ai rien ici pour identifier les insectes. Ce matin, j’ai ramassé un long capricorne (cerambyx cerdo) qui s’était pris au piège de la piscine et Claire m’avait trouvé une femelle lucane (lucanus cervus) égarée dans ses géraniums. Je devrais commencer une boîte de mon séjour ici. Mais je n’ai pas de matériel. Emmanuel m’a fabriqué quelques longues épingles pointues avec de la très fine corde à piano. J’en ai chipé quelques autres, à tête ronde, dans la boîte à couture. C’est un peu sommaire… Virginie et Marcus sont arrivés en fin de matinée avec les trois filles. Les mêmes et tellement changées pourtant… Depuis mai et notre mariage à Carolles, Camille a encore embelli. Quant à Victoria, elle est de plus en plus espiègle et Valentine se dessine vraiment comme une petite personne de caractère. Déjeuner de retrouvailles. Dans l’après-midi, j’ai montré à Camille comment on préparait les coléoptères que j’avais placés un moment avant dans un bocal à éther. Ecarter doucement les pattes sur l’étaloir, ménager les minuscules griffes. Positionner les antennes… Virginie allait chercher Séverine à la gare de Cannes. Amélie et moi l’avons accompagnée. Petit tour dans les ruelles du quartier. Une succession de vilaines boutiques sans aucun intêret. Nous sommes vite rentrés aux Margouillats.
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