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dimanche 16 janvier 2011

Mardi 11 janvier 2011. 21h50.

J’ai terminé mon papier sur le Jean Rouaud en fin de matinée. Déjeuner chez Paul, place Dauphine, avec Marie-Françoise. L’endroit ressemble à un restaurant pour notables de province. Il ne s’y trouvait peut-être pas de notaires, mais bien des juges, des avocats… Marie-Françoise adore venir ici, pour le dépaysement et la « mise à l’écart » du milieu littéraire. Au milieu de tous ces gens qui discutaient justice, verdicts et affaires, nous avons parlé de Proust contre la déchéance de Joseph Czapski, étonnante histoire de survie dans un camp soviétique. Je suis rentré par le quai de la Mégisserie. Acheté une petite pompe pour l’aquarium de Gustave. La précédente avait rendu l’âme et l’eau devenait trouble...

Lundi 10 janvier 2011. 23h00.

J’ai relu, en prenant des notes, Comment gagner sa vie honnêtement de Jean Rouaud. Joseph m’a commandé le papier pour Marianne. Je dois le rendre demain. Rouaud a emprunté le titre de son livre au Journal de Henry David Thoreau. Il s’agit à nouveau ici d’un de ses retours en arrière. Les souvenirs s’agrippent à ses jours d’aujourd’hui. Blessures de l’enfance, chemins d’adolescence. Plus on avance avec lui, plus les certitudes deviennent instables. Comment gagner sa vie honnêtement est le premier tome d’un cycle que Jean Rouaud a choisi d’appeller La vie poétique. Il y déroule le récit de son colin-maillard avec la vocation littéraire. Tout commence peut-être en 1968, l’année de ses seize ans... J’ai avancé un peu dans le courrier, mais je n’ai toujours pas fini d’envoyer les vœux. Pas plus que d’y répondre. Françoise-Marie et Delphine sont venues dîner à la maison. Delphine part la semaine prochaine en Inde, à Bombay. J’ai toujours là-bas, ma « filleule », Anita. En novembre, j’avais reçu sa photo avec un petit mot de Pierre Péan. Elle se porte bien et poursuit ses etudes. Naturellement, depuis votre venue, elle a grandi. Je l’avais parrainée en 2002 comme je faisais un reportage sur l’association qu’avait créée Pierre pour l’éducation des filles. Quel âge avait-elle ? Quatre ans ? Cinq ans ? Elle vivait avec sa famille, des chiffonniers, dans le bidonville de Malad. Qu’est-ce que je peux faire aujourd’hui pour elle… Ce que je lui avais laissé à l’époque était encore, il y a peu, suffisant pour acheter l’indispensable, le nécessaire. Ses parents refusaient toute autre aide. Delphine se chargera peut-être d’une bricole, d’un peu d’argent et de me donner d'immédiates nouvelles...

dimanche 9 janvier 2011

Dimanche 9 janvier 2011. 20h15.

A l’église de Carolles, dans la chapelle de la Vierge, j’ai déposé le gros cierge que nous avions acheté à Pâques sur le marché d’Ixtapan. Il devrait brûler longtemps. C’était un vœu. J’en ai fait d’autres. Mercredi, je vais à Lourdes. Juste pour dire merci. Ciel bleu. Nous avons marché jusqu’à la Croix Paquerey. Rentrés par chez Georgette. Hier au soir, j’ai cru que j’allais partir. Et elle sourit doucement : Ce n’était pas encore l’heure. Elle oscille dans son étrange lassitude. Pour un peu je dirais qu’elle n’a pas envie de son anniversaire la semaine prochaine. Pas envie d’aller au bout de ses quatre-vingt-dix ans. Ma marraine. J’ai fait du courrier toute l’après-midi. Avant que partions à la gare, Séverine a téléphoné. Agathe a été à nouveau conduite aux urgences de Necker. Comme à chaque fois, un de ces riens qui ne laissent aux autres enfants qu’un peu de fièvre, les yeux brillants ou les joues rouges la ramène à l’hôpital…

Samedi 8 janvier 2011. 21h50.

J’ai fait le tour du jardin. Rempli les mangeoires des oiseaux. Dans le koetsch, les cactus ont souffert. Leur printemps sera hasardeux, mais nous devrions en sauver la plupart. Rien à espérer par contre pour la rose du désert (Adenium obesum), le froid a racorni son feuillage. Son bulbe est devenu sec et gercé. Georgette n’est pas bien. Encore. Mal dormi. Mal partout. Non ça ne sert à rien d’appeler le médecin. Je sais bien ce que j’ai. N’empêche, elle est défaite. Triste. Merci pour le bouillon. Et toi, m’a-t-elle demandé, c'est vrai que tu vas bien ?

Vendredi 7 janvier 2011. 22h20.

Il pleuvait à Paris. Nous sommes arrivés à Granville sous un grand soleil. Déjeuner dans un petit restaurant à menu fixe vers Saint-Nicolas. C’est Eric qui nous en avait donné l’adresse. On nous a installé au milieu des habitués. Hors d’œuvres, saucisses purée, fromage, tarte maison, café, calva. Le patron pose sur la table le vin, le cidre et l’eau. 10 € tout compris et tout à volonté. Cela m’a réveillé des souvenirs lointains de relais routiers. Les panneaux rouges et bleus sur la route des vacances. Dans les années soixante… Appelé Georgette avant de faire les courses. Tu as besoin de quelque chose ? Au bout du fil, ça n’allait pas. Je me sens fatiguée, j’ai froid, j’ai mal au ventre. Nous n’avons pas traîné. Nous nous sommes passés chez elle avant d’ouvrir la maison. J’attendais que vous veniez. Je suis prête d’aller me coucher.

Rangé les courses. Vidé vite les valises. Nous sommes descendus à la plage au couchant. En rentrant, Amélie a mis à cuire à feu doux un bouillon de queue de bœuf. Je lui en porterai demain après l’avoir dégraissé.

vendredi 7 janvier 2011

Jeudi 6 janvier 2011. 23h50.

J’ai revu les livres pour Jeux d’Epreuves. C’était le premier enregistrement de l’année. Et puis, j’avais été absent depuis novembre. Une éternité. Autour de Joseph, j’ai retrouvé Nathalie et Josyane. Fait aussi la connaissance de Laurent Nunez qui est maintenant rédacteur en chef du Magazine littéraire et dont j’avais lu, il y a bien deux ans maintenant, Les récidivistes. Je défendais le quatrième roman de Fabienne Juhel, Les hommes-sirènes, une histoire de cauchemars d’enfance, de secrets et d’errance. L’histoire d’un mal au cœur devenu une embellie. J’avais été bouleversé par La Verticale de la lune paru en 2005 chez Zulma. Elle s’y lançait dans la quête des origines comme dans un colin-maillard avec les aventures d’une fillette solitaire qui enroulait ses confidences à l’écorce des arbres. Déjà tout son univers où l’innocence s’égare dans des contes noirs et cruels était en place. Fabienne Juhel écrit tout au bord de la désespérance. On croit qu’elle y sombre et puis elle s’en arrache. Magnifiquement. Grace à la poésie des premières années, des premières émotions. Comme toujours, lorque je suis à ce point touché, je me demande si j’ai su le dire. Simplement. Nathalie défendait Les petits de Christine Angot, Laurent, Tout bouge autour de moi de Dany Laferrière et Josyane, Nuits insomniaques, une étonnante comédie de Robert Cohen sur nos petites mécaniques et nos effets secondaires… Josyane m’a accompagné en voiture jusque dans le quartier Duroc. J’avais rendez-vous à la clinique. Amélie m’a rejoint au François Coppée avec les analyses qu’elle était allée chercher au laboratoire en partant le matin. Tu as regardé ? – Non… J’ai décacheté l’enveloppe. Pardon, je ne sais pas. Je ne comprends rien. Le chirurgien nous a expliqué. Les résultats sont bons. Pour l’instant, tout va bien. Je dois faire des contrôles de trois mois en trois mois. Pour l’instant, j’échappe au traitement, aux rayons. Me voilà tout fragile, mais sauvé. Pour l’instant… Après tout, c’est cela vivre (dire qu’il m’aura fallu passer par là pour que je le comprenne) : ne pas perdre un instant.

Mercredi 5 janvier 2011. 22h40.

J’ai presque terminé de corriger les travaux des étudiants. Une foule de bons sujets, mais il va falloir que nous reprenions vraiment ensemble l’écriture du reportage. La grande majorité d’entre eux racontent, simplement. Ils ne donnent ni à voir, ni à entendre. Et puis, ils ne lisent pas assez la presse. Ne s’intéressent pas assez à comment font les autres. Je crois aux modèles d’écriture dans ce métier, à l’envie de reprendre à son compte des formules, des techniques. Il nous aura manqué quelques séances. J’espère rattraper tout cela au second semestre. Françoise est passée m’apporter, en voisine, les Correspondances de Frédéric Berthet. Elle est restée prendre un verre. Amélie nous a rejoint un peu tard. Elle accompagnait un auteur à Radio France. Il pleuvait. Elle est arrivée trempée. Contente d’être rentrée…

Mardi 4 janvier 2011. 22h00.

Je revenais d’accompagner Amélie à son bus avenue du Général-Leclerc quand j’ai croisé Sarah dans la rue Daguerre. Elle partait à sa librairie du XIXe. Bonjour, bonjour. Et bonne année… Nous avons bavardé trente secondes. Tu sais, il faudrait qu’en 2011, nous nous voyions un peu plus souvent. Bah. J’aimerais bien que ça ne reste pas seulement un vœux pieux. Un dîner de temps en temps… Tiens, en voilà une bonne résolution : les dîners de la rue Danville. Nous étions contents quand nous en avions organisé quelques uns à l’automne 2008 dans l’appartement que nous avaient laissé Dominique et Frédéric, rue Saint-Charles, pendant leur voyage aux Etat-Unis. Pourquoi ne les avons nous pas revus depuis d’ailleurs? J’ai écrit mon court papier sur le Heinrich Steinfest et rassemblé toutes mes notes pour mes propositions de rentrée. Envoyé des listes à Raphaëlle, à Florence, à Joseph. Entre autres : Amour de Hanne Orstavik, Du train où vont les choses à la fin d'un long hiver de Francis Dannemark, Les petits de Frédérique Clemençon, Comment gagner sa vie honnêtement de Jean Rouaud, La malédiction de Jacinta de Lucia Puenzo, et puis, et puis, et puis… Sans oublier, chez Rivages, des Lettres à Alice nouvellement traduites par Maxime Rovere. Ne me reste qu’à attendre. Pas trop longtemps ?

Lundi 3 janvier 2011. 21h30.

Prise de sang au laboratoire d’analyses pour mon rendez-vous de jeudi. J’ai fait un grand détour pour rentrer. Traîné avenue du Maine. Tourné rue Froidevaux. J’ai hésité un instant à entrer au cimetière. Pas fait grand chose aujourd’hui. Un peu de bricolage dans l’appartement. De l'électricité à arranger. Une étagère. J’ai retrouvé Amélie pour faire trois courses et déjeuner. Florence a appelé en fin d’après-midi. Elle cherchait une brève pour l’édition de jeudi. Tu me dis vite ? Je me suis un peu creusé la cervelle et j’ai pensé à ce livre d’Heinrich Steinfest chez Carnets nord que Fleur m’avait envoyé cet automne. Requins d’eau douce. Dans la piscine du dernier étage d’un immeuble viennois on découvre le cadavre d’un homme déchiqueté… par un requin. Polar, roman noir ? Le livre est loin d’être un nouveau tricotage du genre. Avec un enquêteur féru du Tractactus logico-philosopicus de Wittgenstein et passionné par le dodécaphonisme de Hauer, on est davantage dans la quête de sens que dans la résolution de l’énigme.

Dimanche 2 janvier 2011. 23h10.

J’ai remis en piles les dossiers sur le bureau. Préparé le travail à emmener à Paris, c’est à dire presque tout… Nous sommes allés dire au revoir à Georgette. Je note quand vous revenez... Elle accrochait juste au mur le calendrier aux douze photos de jardins anglais que nous lui avions apporté pour la nouvelle année. Biddulph Grange Gardens, Cholmondeley Castle Gardens, Marle Place Gardens. Irons-nous les voir ce printemps en Angleterre ? J’ai fait le tour du notre en rentrant. Repoussé un peu les feuilles mortes. Raccroché encore quelques tiges de roisiers. Caressé l’écorce du frêne. J’ai rempli les mangeoires. Pluie fine à la gare. Nous nous sommes entassés au milieu des familles dans le train de la fin des vacances. Retrouvé l’appartement et Gustave le poisson. Tout frétillant malgré nos deux semaines d’absence.

dimanche 2 janvier 2011

Samedi 1er janvier 2011. 22h15.

Nous l’avons mangé rôti. Hachis de romarin et d’ail. Lardons, petites pommes de terre et champignons. J’ai repris un peu les textes de mes collégiens du Havre. Amélie s’est plongé dans la lecture de ses épreuves. Isabelle et Fabien sont venus nous rendre visite au bout de l’après-midi. Ils attendent un bébé. Une fille, un garçon ? Réponse avant la fin du mois. Et naissance prévue en mai.

Samedi 1er janvier 2011. 12h55.

Ce doit être l’effet jour de l’an. La matinée a collé d’heure en heure. Interminable et vide. Nous n’avons pour ainsi dire pas parlé. Ca va ? – Je ne sais pas. Doucement, tout doucement… Timide rayon de soleil. On descend à la plage ? C’était marée basse. Nous avons avancé dans les rochers. Passé la mare au Gélin. Regardé les vols d’oiseaux, en file, ondulant vivement à la rase des vagues. On aurait dit le corps d’un long animal marin se déplaçant à fleur d’eau. J’ai pensé au Grand serpent de mer, le livre de Bernard Heuvelmans. J’aimerais bien le relire. Dans quel recoin a-t-il disparu, lui aussi ? Pris dans l’épaisseur du sable mouillé, j’ai aperçu un galet rond, brun, taché de clair à la base comme un marron d’Inde. Je l’ai ramassé. Mis dans ma poche. L’autre galet, celui qui m’accompagnait depuis début novembre et qui était resté sur ma table de nuit à la clinique, je l’avais « relaché », le jour de Noël, lors de notre promenade au port du Lude... Nous sommes passés embrasser Georgette. Mes bons vœux. La santé surtout. Elle, elle tousse par quintes. Ca recommence. J’en ai assez. C’est vrai qu’elle semble lasse. Plus rien ne semble la distraire de la lente monotonie du quotidien. J’en ai assez, assez… Elle fait des efforts pourtant. Classe interminablement ses factures. Inscrit le temps qu’il fait dans un petit carnet. Se débat avec la cafetière Nespresso que nous lui avons offerte (Oui, je sais, ce n’est pas compliqué…). S’ingénie à nous faire des listes de courses qui changent ses menus. Qu’est-ce que vous mangez, vous autres, ce midi ? Flûte, le lapin… Hier soir, j’ai oublié de le mettre à mariner pour le civet.

samedi 1 janvier 2011

Vendredi 31 décembre 2010. 23h45.

Je suis allé chercher Georgette pour l’apéritif de fin d’année. Gratinée à l’oignon. Huîtres chaudes et saumon. Champagne. Emmanuelle nous avait « dépannés » d’une caisse, la veille. Profitant d’un dîner chez sa mère à Avranches, elle nous avait donné un rapide rendez-vous devant l’église de Sartilly. Nuit tombée, vent frileux. Tout juste aperçu Iris et Mika blottis à l’arrière de la voiture. Cela fait un moment que nous ne sommes pas allés à Agon et qu’ils ne sont pas non plus venus nous voir. A quand, maintenant ? Avec Georgette, nous avons regardé une cassette video réalisée par mon parrain René à partir de films super 8 des années 1960. Mes grands-parents, Mamoÿ et Bon Papa au jardin, à Roubaix. Mon oncle Georges, jeune prêtre en soutane. Les mariages, les communions, les baptêmes. Quelques séquences à Senlis de moi, petit garçon… Elle continue décidement ma ritournelle. J’ai raccompagné Georgette. Revenu dans Carolles aux maisons éteintes. Nous avons attendu la fin de la soirée. Bientôt minuit. Bonne année, Mon Amour. Merci. Merci.

Jeudi 30 décembre 2010. 22h10.

Je ne me suis pas vraiment attaqué à la jachère de mon travail. J’ai juste gratté, par ci, par là. Trois fois rien. Pas vraiment avancé. Il n’y a pourtant pas tant à faire. Mais je préfère tout remettre à notre retour à Paris, me sachant aussi suspendu à mes prochaines analyses et à ce rendez-vous avec le médecin dans exactement une semaine. Nous avions croisé Annick et Norbert, l’autre jour dans les chemins : Venez prendre du bois à la maison ! Ils en en trop, paraît-il. Leur cheminée ne sert plus guère et ils se sont fait une provision de bûches impressionnante. Venez, vraiment… Nous en avons rempli l’arrière de la voiture jusqu’à ce que les amortisseurs commencent à plier. Combien, dites ? Norbert a haussé les épaules : Vous me payerez un café… De fait, c’est nous qui sommes allés le boire chez eux. C’est nous encore qui nous sommes laissés invités à dîner en janvier. J’avais parlé à Annick des livres de Pierre Gilloire (Montagne vagabonde, L’or des rues, Cahiers du bord de l’eau…), ce sera l’occasion de lui apporter.

Mercredi 29 décembre 2010. 21h40.

Avranches. Rennes. Nantes. La route à quatre voies sous la pluie et le brouillard. Nous sommes arrivés juste pour le déjeuner. Les garçons attendaient. Impatients. Ils devaient se douter que nous n’arriverions pas les mains vides. La veille nous avions rempli une très grosse boîte rouge d’une quantité impressionnante de bonbons et d’une poignée de jouets. Ils se sont jetés dedans avec la précipitation de l’enthousiasme. Moi, j’essayais maladroitement de cacher à quel point j’étais ravi. Brune n’a pas cessé de sourire et de babiller. Pas décidée encore à marcher, mais une telle envie de parler. On sent bien qu’elle a hâte. Déjeuner de canards sauvages en cocotte. Le père de Sixtine a une chasse près de Moutier-au- Perche. Vous y viendrez ? - Et pourquoi pas ? Pas de permis, pas de fusil. Mais nous essayerons de faire d’acceptables rabatteurs. Nous avons bu une dernière bouteille de romanée-saint-vivant. Partis tôt, finalement, pour être de retour avant la nuit. Georgette attendait notre visite. Alors, cette petite fille ?

Mardi 28 décembre 2010. 21h50.

Journée lente. Bouts de lecture. Coin du feu. Nous avons poussé jusqu’à Granville en fin d’après-midi acheter des bonbons et des bricoles pour Pierre, Ferdinand et Victor, les trois garçons de Sixtine et Edouard. Nous allons chez eux à Nantes demain. On s’était vus la dernière fois à notre mariage en mai 2009. Depuis, il y a là-bas une petite fille, Brune, qui a maintenant dix-huit mois.

jeudi 30 décembre 2010

Lundi 27 décembre 2010. 22h00.

Josette et Jean-Claude sont venus déjeuner. Angèle, dix ans je crois, la plus jeune des filles de Fanny qu’ils avaient en garde pour la journée les accompagnait. La petite a filé tout de suite dans la cuisine aider Amélie qui commençait à enfourner les soufflés aux crevettes. Georgette était là aussi. Cela faisait pas mal de temps que nous devions les inviter. On ne fait que se croiser. Je vois peu la famille. On se voit peu finalement. Josette et Jean-Claude m’avaient apporté la statue en plâtre du Sacré-Cœur qui se trouvait sur la cheminée chez mes grands-parents, rue d’Avelghem. Quand la maison avait été vidée avant d’être démolie, mon oncle Henri l’avait emmenée chez lui. La pieuse effigie était restée dans un placard de son appartement des années et des années. Bientôt deux mois qu’il est mort. Je la reçois aujourd’hui en héritage précieux. Et toute mon enfance, celle de là-bas, revient, incompréhensible et familière entre douceur et douleurs. Je suis de cette fragilité ancienne bien plus qu’avant. Le temps se boucle et m’étreint. De loin, de près, il me semble que je pourrais jamais écrire qu’à ce sujet…

Dimanche 26 décembre 2010. 22h50.

Repris le travail sur les textes des collégiens d’Eugène Varlin. Continué les corrections des reportages des étudiants. Mais mon attention chute vite. Je me débats dans une drôle de lassitude. Je n’ai pas encore préparé mes propositions de papiers pour la rentrée. Courrier en retard aussi. Je lis des nouvelles : Le palais des livres de Roger Grenier. Dîner, route de Groussey, chez Monique et Jean-Marie avec leur fils Yannick et Elizabeth, sa jeune femme. Rentrés bonne heure. Contents. Fatigués…

Samedi 25 décembre 2010. 23h25.

Promenade dans la vallée du Lude toujours sous le beau temps. A chaque fois, je ressens cette même émotion en apercevant la mer au dernier détour du sentier. On n’entend pas les vagues dans le bruit du ruisseau et le paysage s’ouvre d’un coup dans la brèche lente de la falaise. J’en ai laissé la surprise à Laurence. Nous sommes rentrés par les Fontenelles. Le potager est envahi d’hiver. De mouron couché d’eau et de feuilles brunes. Pas grand chose à récolter. Nous avons arraché des poireaux, déterré des topinanbours. Il va falloir bientôt retourner les carrés avant déjà de penser aux premiers semis. Déjeuner de pigeons rôtis. Balade sur la falaise. L’après-midi s’est éteint sans trop ce malaise à rebours des départs. C’est vrai que cela a passé vite. Le train à Granville. Laurence devait récupérer Gaïa et Josepha tôt à Paris dimanche. Tu as des photos ? Aperçu deux frimousses de gamines aux yeux vifs. Il faut revenir avec elles. Bientôt. Au printemps.

Vendredi 24 décembre 2010. 23h45.

Georgette a passé le réveillon avec nous. Ou plutôt, cet avant-réveillon qu’elle affectionne. Champagne et petits gâteaux salés. Boudin blanc et saumon fumé. Bavardages tranquilles. Un rien de nostalgie. J’ai sorti quelques photos anciennes. Retrouvé le livret de famille de mes grands-parents. Treize enfants. Plus les deux grands aînés de l’autre mariage. Quinze en tout à élever. Quatre sont morts avant d’avoir grandi. Combien en reste-t-il aujourd’hui ? Ils sont trois dont Georgette est l’aînée. Elle aura quatre-vingt-dix ans le 16 janvier. J’ai offert à Laurence le 16 rue d’Avelghem. J’ai entendu Georgette quand elle a chuchoté : Vous savez, dans ce livre, il a beaucoup inventé…

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