Josette et Jean-Claude sont venus déjeuner. Angèle, dix ans je crois, la plus jeune des filles de Fanny qu’ils avaient en garde pour la journée les accompagnait. La petite a filé tout de suite dans la cuisine aider Amélie qui commençait à enfourner les soufflés aux crevettes. Georgette était là aussi. Cela faisait pas mal de temps que nous devions les inviter. On ne fait que se croiser. Je vois peu la famille. On se voit peu finalement. Josette et Jean-Claude m’avaient apporté la statue en plâtre du Sacré-Cœur qui se trouvait sur la cheminée chez mes grands-parents, rue d’Avelghem. Quand la maison avait été vidée avant d’être démolie, mon oncle Henri l’avait emmenée chez lui. La pieuse effigie était restée dans un placard de son appartement des années et des années. Bientôt deux mois qu’il est mort. Je la reçois aujourd’hui en héritage précieux. Et toute mon enfance, celle de là-bas, revient, incompréhensible et familière entre douceur et douleurs. Je suis de cette fragilité ancienne bien plus qu’avant. Le temps se boucle et m’étreint. De loin, de près, il me semble que je pourrais jamais écrire qu’à ce sujet…