Ce doit être l’effet jour de l’an. La matinée a collé d’heure en heure. Interminable et vide. Nous n’avons pour ainsi dire pas parlé. Ca va ? – Je ne sais pas. Doucement, tout doucement… Timide rayon de soleil. On descend à la plage ? C’était marée basse. Nous avons avancé dans les rochers. Passé la mare au Gélin. Regardé les vols d’oiseaux, en file, ondulant vivement à la rase des vagues. On aurait dit le corps d’un long animal marin se déplaçant à fleur d’eau. J’ai pensé au Grand serpent de mer, le livre de Bernard Heuvelmans. J’aimerais bien le relire. Dans quel recoin a-t-il disparu, lui aussi ? Pris dans l’épaisseur du sable mouillé, j’ai aperçu un galet rond, brun, taché de clair à la base comme un marron d’Inde. Je l’ai ramassé. Mis dans ma poche. L’autre galet, celui qui m’accompagnait depuis début novembre et qui était resté sur ma table de nuit à la clinique, je l’avais « relaché », le jour de Noël, lors de notre promenade au port du Lude... Nous sommes passés embrasser Georgette. Mes bons vœux. La santé surtout. Elle, elle tousse par quintes. Ca recommence. J’en ai assez. C’est vrai qu’elle semble lasse. Plus rien ne semble la distraire de la lente monotonie du quotidien. J’en ai assez, assez… Elle fait des efforts pourtant. Classe interminablement ses factures. Inscrit le temps qu’il fait dans un petit carnet. Se débat avec la cafetière Nespresso que nous lui avons offerte (Oui, je sais, ce n’est pas compliqué…). S’ingénie à nous faire des listes de courses qui changent ses menus. Qu’est-ce que vous mangez, vous autres, ce midi ? Flûte, le lapin… Hier soir, j’ai oublié de le mettre à mariner pour le civet.