Le marché à Granville. Nous avons acheté un beau lieu jaune, des praires, des saint-jacques. J’ai mis du terreau dans les plates-bandes. Les ai délimitées avec les gros morceaux de granit que nous avait laissé le voisin des Fontenelles.
lundi 28 février 2011
Samedi 19 février 2011. 21h30.
Par Xavier Houssin le lundi 28 février 2011, 00:06
Vendredi 18 février 2011. 22h50.
Par Xavier Houssin le lundi 28 février 2011, 00:06
Nous étions à Granville par le premier train. Temps gris, humide et froid. Amélie a fait un feu en arrivant à la maison. Notre tas de bois baisse dangereusement. Nous avons même commencé à entamer les bûches « vertes » que nous espérions garder pour l’hiver prochain. La proposition de Norbert de venir se servir dans ses réserves tombe à point. Journée de rangements. J’ai commencé à regrouper les livres par piles avant le grand chambardement du classement des bibliothèques que je repousse sans cesse. Tout est déjà à peu près réparti. Dans mon bureau, j’ai entassé les usuels, la poésie et toute la littérature ancienne. Dans notre chambre, les contemporains. Dans la pièce principale, les nouveautés. Les volumes de la Pléiade, les polars, les livres de voyage sont dans les deux chambres d’amis. Les manuels de jardinage, ceux de botanique, les guides sur les oiseaux, les insectes, couvrent les murs du couloir. Et les livres de cuisine sont… dans la cuisine. Il n’y a plus qu’à mettre en ordre, car, côte à côte, tout est posé en vrac. Ce sont des jours et des jours d’infinie patience en perspective. Mais cela devient plus que nécessaire. Je peux rester des heures, comme un imbécile, de rayonnage en rayonnage, à déchiffrer les tranches dans l’espoir de retrouver un titre. La plupart du temps en pure perte. L’autre jour, c’était Le goût de l’archive d’Arlette Farge. Rien à faire. Où s’est-il glissé ? Je l’ai racheté. En attendant… Jean-Pascal est venu prendre un verre. Noëlle nous a rejoints et nous avons parlé jardins.
jeudi 24 février 2011
Jeudi 17 février 2011. 14h00.
Par Xavier Houssin le jeudi 24 février 2011, 23:05
J’ai retrouvé mon premier groupe d’étudiants. Quelques nouvelles têtes. D’autres ont disparu au hasard des emplois du temps et de leurs choix du semestre. Cela peut encore changer. Je saurai davantage sur qui compter la semaine prochaine. Nous allons tout reprendre doucement. Prendre notre temps. Et s’ils comprennent vraiment ce que veut dire « écrire pour être lu », je pourrai être content. Je suis passé chez Caractères, rue de l’Arbalète, mais Nicole n’était pas encore arrivée. J’ai fait durer plusieurs cafés au comptoir du bistrot d’en face. Plus le temps de l’attendre. Nous avons réussi à nous parler au téléphone. Elle se sent fatiguée. Court après mille choses. La chronologie des Œuvres complètes de Bruno Durocher est toujours en chantier. Je ne l’ai pas aidée du tout depuis l’été. Tu me rappelles ?
lundi 21 février 2011
Mercredi 16 février 2011. 23h20.
Par Xavier Houssin le lundi 21 février 2011, 22:07
J’ai préparé mon cours de demain à la fac. C’est la rentrée. Je n’ai pas vu les étudiants depuis novembre. Je ressens un pincement d’impatience à les retrouver. Je ne me souviens plus comment j’ai été contacté pour animer cet atelier d’écriture. C’était en février 2008. Trois ans maintenant. J’ai rédigé un court questionnaire d’actualité. La mort de Nourrissier, la condamnation en appel de Florence Cassez qui risque de faire capoter l’année du Mexique en France, la prochaine cérénomie des oscars. Je vais les faire revenir aussi sur l’année 2010. Que s’est-il passé ? De quoi (pourquoi) on se souvient. Déjeuner avec Claire au Bistrot d’Henri. J’ai aperçu Serge au bout de la salle. Je ne suis pas allé le déranger. Nous nous sommes racontés plein de choses avec Claire. Remonté aux années où nous nous sommes connus quand elle était attachée de presse aux éditions du Cherche-Midi. Tricoté des noms et des moments. Etrange journée à rebrousse-temps. J’ai été chercher Amélie place Paul-Painlevé en début de soirée. Dîner avec Alix, en tout petit comité. Juste son fils Benjamin. Jean-François était retenu tard à son travail. Leurs amis Brigitte et Jean-Luc, que nous voyons souvent chez eux étaient à Buenos Aires, la ville où ils rêvent d’habiter.
Mardi 15 février 2011. 23h45.
Par Xavier Houssin le lundi 21 février 2011, 22:06
Déjeuner avec Sophie à L’avant-goût, rue Bobillot. De parution en parution, je continue à enrouler ma pelote de retard. Ce n’est pas tant que je doive beaucoup de papiers aux uns ou aux autres, mais je me perds dans les commandes. Ecrire oui, mais pour quand… Je patauge dans mon quotidien de pigiste. J’hésite. Je repousse à plus tard. Je me précipite sur la dernière minute. Je me débrouille très mal. J’aimerais tant retrouver un poste dans une rédaction. Avant de reprendre mon métro place d’Italie, j’ai téléphoné à Christine. Deux cents mètres du Monde. J’espérais qu’elle aurait le temps prendre un café, mais je suis tombé sur son répondeur. Rappelle-moi quand tu auras un moment. Cela fait si longtemps que nous ne nous sommes pas vus. Trié les épreuves, les livres. J’ai terminé dans l’après-midi Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson. Le premier roman d’un Suédois qui embarque un centenaire enfui de sa maison de retraite dans une cavale picaresque. C’est infiniment drôle et aussi un rien inquiétant. Je le présenterais bien à Jeux d’Epreuves pour peu que je puisse retrouver Alexis à cet enregistrement. Il ne cesse de dire en effet que je ne parle que de livres sinistres. Nous étions invités à dîner chez Agnès et lui ce soir et il n’a d’ailleurs pas manqué de le répéter. Autour de la table, leur fille Raphaëlle et son mari Chris (nous n’avons pas vu Alexander, leur bébé de quatre mois, qui dormait…), Marianne, Françoise. Le « convive d’honneur » était Michel Déon. Bientôt quatre-vingt-douze ans, se partageant entre l’Irlande et les séances de l’académie à Paris. Plein d’à-propos et d’intelligence. Et drôle. Lui aussi.
Lundi 14 février 2011. 23h00.
Par Xavier Houssin le lundi 21 février 2011, 22:04
Petits mots, plus longues lettres. Quelques tasses de café. J’ai fait mon courrier. Répondu aux mails et aux messages aussi. J’aime commencer la journée avec la correspondance. Plus grand monde aujourd’hui ne répond par la poste. Je me sens parfois désolé dans cet abandon. Dans la boîte juste des relevés bancaires, les impôts, des factures, de la pub. Tant pis. C’est écrire, sans doute, le plus important. J’avais rendez-vous pour déjeuner avec Pascale au Perron. Regardé les programmes, parlé des cent ans de Gallimard, du salon du livre. Et échangé toute une foule de propos discrets et proches. Je suis rentré à pied. Papiers en retard, lectures en retard. J’ai rattrapé ce que j’ai pu. Amélie est rentrée de bonne heure. Nous avons mis un peu d’ordre dans l’appartement. Elodie et Pierre venaient dîner.
lundi 14 février 2011
Dimanche 13 février 2011. 23h15.
Par Xavier Houssin le lundi 14 février 2011, 00:20
Il pleuvait. J’ai terminé mon papier.
Samedi 12 février 2011. 23h45.
Par Xavier Houssin le lundi 14 février 2011, 00:19
Les perce-neige ont ouvert au jardin. Les aillots et les muscaris commencent à sortir de terre. Les narcisses blancs de notre mariage aussi. Chatons sur le saule et le noisetier, premières pousses rouges aux pivoines et aux rosiers. Si le temps reste au beau, les mimosas et les camélias seront en fleurs la semaine prochaine. J’ai garni les mangeoires des oiseaux. Pas du tout envie de m’enfermer travailler. Amélie est pourtant partie seule au marché à Granville. Je me suis fait une raison. Rassemblé mes notes pour mon portrait de Jordi Soler. Commencé à le rédiger. Le ciel est resté bleu toute la journée. Poussé quand même une promenade jusqu’à la Croix-Paquerey. Nous étions invités pour un verre chez Cécile et Jean-Claude. Entre les histoires du village et celles de la municipalité, nous sommes restés jusque tard dans la soirée.
Vendredi 11 février 2011. 22h20.
Par Xavier Houssin le lundi 14 février 2011, 00:18
Nous sommes allés déjeuner à Rennes, chez Frédérique. Son restaurant est ouvert depuis une semaine. Fondues, raclettes et pierrades. Une vie toute neuve pour elle après les longues années chez Denoël. Et l’établissement sent le neuf aussi. Le bois fraîchement poncé et encore la peinture. Je l’ai trouvée fatiguée, mais visiblement heureuse. Pleine de courage, d’énergie. Elle est en cuisine. Bruno, son compagnon s’occupe de la salle. Service oblige, nous n’avons pas beaucoup eu le temps de bavarder. On s’est embrassés sur le pas de la porte. Donnez-nous des nouvelles ! Retour par le magasin Ikea pour nous apercevoir que le petit canapé que nous voulions y acheter ne rentrait pas dans la voiture. Nous étions à Carolles en fin d’après-midi. Juste pour aller chercher Georgette à qui nous avions promis de montrer, à la maison, les derniers travaux du menuisier.
Jeudi 10 février 2011. 22h00.
Par Xavier Houssin le lundi 14 février 2011, 00:15
Je devrais tenir la cartographie de mes rêves. J’y ai pensé au réveil d’une nuit toute en images. J’y avais traversé à vélo (et sans aucun effort malgré une succession infinie de montées) une campagne verdoyante. A un moment donné, la route longeait le mur d’enceinte d’une propriété. Je m’étais dit, tout en dormant, je connais cet endroit... Il en est ainsi beaucoup qui me sont familiers, mais réservés seulement aux longues virées de mon sommeil. Je me souviens ainsi de sentiers dans les dunes, de rues et d’immeubles. De jardins, de cours d’eau. Il me semble bien, pourtant, qu’aucun de ces lieux n’existe dans la réalité. Où sont ces paysages ? Il y a une dizaine d’années les éditions Autrement avaient fait paraître L’atlas imaginaire de notre continent intérieur. On y découvrait une succession de cartes où nos sentiments et nos émotions s’affichaient en territoires. C’est exactement ce qu’il me faudrait. J’ai reçu un coup de fil de la fac. Mes horaires changent ce semestre. Je ne pourrai plus grouper mes cours sur un seul jour. J’espère juste que je conserverai les mêmes étudiants. Car, au delà du travail que nous avons commencé ensemble, j’y suis attaché. Amélie avait pu quitter plus tôt aujourd’hui. Nous avons pris un train dans l’après-midi. Il faisait presque encore jour quand nous sommes arrivés. Regarde ! Au-dessus du portail, Thierry Giffard avait installé le portique pour le rosier. Il avait posé aussi, dans la chambre, les deux petits placards avec les portes en vitrail du vieux buffet de la rue d’Avelghem.
vendredi 11 février 2011
Mercredi 9 février 2011. 23h50.
Par Xavier Houssin le vendredi 11 février 2011, 08:46
Mon carnet de commandes pour les papiers est rempli. Maintenant, il faut vraiment écrire… J’ai reçu un coup de fil de Martine qui m’a proposé d’animer un débat au salon du livre, dédié cette année aux pays nordiques. Il y aurait trois auteurs. La Suédoise Anna Swärd, la Norvégienne Hanne Ørstavik, et la Danoise Helle Helle. Il se trouve que j’ai déjà lu deux de leurs romans. Amour d’Hanne Ørstavik et Chienne de vie de Helle Helle. Quant à celui d’Anna Swärd, A bout de souffle, la publication étant prévue pour fin août, il me reste à prier pour obtenir un jeu de traduction à temps. Déjeuner chez Péret avec Brigitte. Nous avons reparlé de Jordi Soler. En plus du portrait pour Le Monde, je défendrai La fête de l’ours à Jeux d’Epreuves. J’ai fait du courrier à la maison avant d’aller chez Noëlle dans le XVe récupérer un jeu de clés. Elle sera dimanche à Carolles. Elle nous a demandé si nous pouvions allumer son poêle avant son arrivée. Je suis remonté à pied jusqu’à la nouvelle adresse de Marion et Jérôme, rue Marmontel, près de la Convention. Nous étions invités à dîner. Amélie est arrivée quelques minutes après moi. Ils nous ont fait la visite au milieu des cartons. Un bel appartement au cinquième étage d’un immeuble des années trente. Les pièces vastes, claires. Le salon, la salle à manger, la chambre. La chambre du bébé... Jérôme nous glissé, mine de rien, la nouvelle. C’est une petite fille.
mercredi 9 février 2011
Mardi 8 février 2011. 22h50.
Par Xavier Houssin le mercredi 9 février 2011, 17:45
Journée de lecture et de courrier. Sur le chemin de mon déjeuner avec Diane, dans le XIIIe, j’ai assisté un accrochage à l’angle du boulevard Blanqui et de la rue de la Glacière. Une grosse auto a grillé le feu rouge et a percuté un camion de livraison. C’est le coup de frein qui m’a fait tourner la tête. Les deux véhicules se sont écharpés côte-côte, les flancs défoncés. Tôle arrachée. Les conducteurs n’avaient rien. J’ai repensé à ce qui était arrivé à Marcus, l’autre jour, sur le trajet de retour d’Ixtapan vers Mexico. Valentine dormait, sanglée dans le siège bébé. Au moment de doubler, il s’est retrouvé en face d’une autre voiture. Là encore, juste de la carrosserie abîmée. Mais il s’en est fallu de peu. Quelques secondes, quelques mètres. Quand nous nous sommes parlés au téléphone, le surlendemain, il en était encore bouleversé. La confiance qu'on a en son destin vacille. Comme nous sommes fragiles. C’est fou qu’ils sont nombreux ces moments où l’on ne passe pas loin. Le miracle de réchapper et en avoir conscience est une double chance. Une double grâce. Deux fois merci à dire. J’avais rendez-vous avec un médecin, encore, à la clinique. Une saloperie de piqûre à faire. J’ai été toute la soirée recroquevillé à attendre que ça se calme. A un moment ça se calme... Il est tard. Pardon.
Lundi 7 février 2011. 22h10.
Par Xavier Houssin le mercredi 9 février 2011, 17:43
J’ai été bête. Cette habitude du temps gris. J’ai ouvert les rideaux tard dans la matinée. Ranciné des notes dans la pénombre avant de m’apercevoir qu’il faisait grand soleil. J’avais rendez-vous rue Vital, chez Géraud, pour déjeuner avec Claudine. Je suis gâté là-bas. Géraud avait rajouté deux bécassines rôties au menu qu’il avait préparé pour nous. Ca faisait longtemps que je ne t’avais pas vu. – Un moment, oui. Je suis rentré très doucement, en flânant par la rue de l’Assomption, la rue Raynouard, la petite rue Berton entre ses deux vieux murs. Regardé au ciment d’une pierre, haut perchée, une grosse touffe de linaire cymbalaire (Linaria cymbalaria). Mon oncle Georges m’avait appris un autre nom pour cette plante : « Ruine de Rome »…
Dimanche 6 février 2011. 23h30.
Par Xavier Houssin le mercredi 9 février 2011, 12:07
Levés tard. Comme j’allais chercher le pain et les journaux au bourg, j’ai vu la camionnette des pompiers stationnée, gyrophare allumé, devant chez Charles. Monique qui venait chez lui a fait un malaise dans la rue. Impossible de prévenir Jean-Marie, personne n’avait son téléphone portable. Jean-Claude a fini par réussir à le joindre. Il était à Rennes. Monique a été emmenée à l’hôpital de Granville. Pourvu que ce ne soit pas grave. Après-déjeuner de dimanche. Rangements, ménage. Amélie et Marianne sont descendues à la plage. J’ai fait du courrier. Une lettre surtout à Josepha, la cadette de Laurence, qui doit avoir six ou sept ans. J’ai un projet à lui proposer autour du Alice racontée aux petits enfants. Première étape. Il faut qu’elle en ait envie. Que ça l’intéresse. Nous avons fait un pique nique dans le train du retour. Ouvert des huîtres et du mâcon. Quitté Marianne sur le quai de Montparnasse. A bientôt ! C’était bien de l’avoir cette fin de semaine, à Carolles, avec nous.
Samedi 5 février 2011. 23h45.
Par Xavier Houssin le mercredi 9 février 2011, 12:04
Marché à Granville. Retour par chez Georgette avec le rituel retrouvé des huîtres et du muscadet. L’après-midi s’est passée en travaux. J’ai étoffé le paillage des rosiers, rangé le tas de bois, passé le râteau dans les allées. Amélie et Marianne ont mis une dernière couche au portique, commencé à peindre aussi les panneaux de bois qui cacheront « nos misères » dans un coin du jardin. Charlotte et Eric nous avaient invités à boire un verre à Ronthon. Comme vraisemblable, le verre s’est continué en dîner. Il y avait Françoise et Thierry que nous avions déjà rencontré chez eux en août. Nous avons parlé de grande cuisine et de petits plats, de voile et de polars, de littérature, de la vie de nos villages, des élections et de la politique, de l’avenir comme on le pressent. De la foi, du catholicisme. Hélas, a juste dit Thierry, à mesure qu’on boit, voilà qu’on aborde des sujets de conversations pour lesquels il faudrait être sobres…
Vendredi 4 février 2011. 22h40.
Par Xavier Houssin le mercredi 9 février 2011, 12:01
Visite à Georgette. Contente de revoir Marianne. Elle nous a donné des nouvelles de la famille. Mon oncle Georges s’est fracturé le col du fémur en tombant de vélo. Il loge, après l’opération chez les bernardines, à deux pas de chez lui, à Saint-André-lez-Lille. Il aura quatre-vingt ans ce mois-ci… Geoffrey et sa compagne Emilie ont eu un petit garçon : Nathanaël. J’ai pensé à l’Evangile de Jean et à ce livre de Daniel-Rops, un recueil d’entretiens, je crois, Toi aussi Nathanaël. Bah. La famille. Plus personne du côté de mon père. Autrement, je ne vois plus grand monde si tant est que j’ai jamais fréquenté beaucoup de gens. Des enfants d’Angèle et de Joseph, il me reste un éparpillement de cousins, de petits-cousins et davantage dont j'ai des nouvelles peu ou pas. Qui me connaissent peu ou pas et n’ont guère envie de nouer des liens avec moi. Quelle importance… Ma mère souffrait de ce lointain, de cette indifférence. Elle y mettait pourtant du sien. N’oubliait pas les anniversaires, glissait un cadeau, mettait un petit mot. Jamais de retour. J’ai fini mon papier sur Bruno Krebs. Cela faisait un moment que nous n’avions pas bavardé longtemps avec Marianne. Nous nous sommes mis à l’aune des derniers événements. Son souci du moment, au milieu de sa vie précaire de lectures de manuscrits et de traduction, est qu’elle doit quitter prochainement son appartement du XXe. Pour où ? Sans feuilles de paie régulières, trouver une location aujourd’hui s’apparente à une mission impossible. Elle vient de faire une demande de logement social et a une piste aussi pour un deux-pièces vers la Goutte-d’Or. On croise les doigts.
mardi 8 février 2011
Jeudi 3 février 2011. 23h55.
Par Xavier Houssin le mardi 8 février 2011, 17:52
Ce sont mes jeudis de Jeux d’Epreuves. Relire les livres. Mettre au clair les notes. Je pars en début d’après-midi pour avoir le temps de déjeuner aux Ondes. Presque toujours, tartare italien (ail, oignon, capres, basilic, pesto, parmesan…) et rosé des côtes de provence. Alexis est venu s’asseoir avec moi au moment du café. Nous avons parlé de Roger Grenier dont je présentais à l’émission Le palais des livres paru chez Gallimard. Il s’agit d’un recueil de neuf textes qui font comme une promenade à thème, une visite à peine guidée dans l’écriture, la littérature. C’est le comment, le pourquoi on écrit et le à quoi ça sert… Grenier qui a quatre-vingt-onze ans maintenant y réfléchit à partir de sa vie, sa vie intime, sa vie d’auteur. De son expérience de journaliste aussi. Surtout, il amène ses témoins : les livres, les écrivains. Les lectures de Roger Grenier sont innombrables, merveilleusement diverses et complémentaires. Et puis, il parle aussi de Pascal Pia, cet hallucinant messager de la littérature qui ne cessait de se tenir dans l’ombre au point qu’il refusait que l’on parle de lui, que l’on écrive sur lui après sa mort. Ah, se fondre dans les mots… Le palais des livres raconte l’attente, le désir, le besoin d’être aimé qui fait les écrivains, le droit de s’en aller et de se contredire, l’inachevé et le posthume, les premiers mots et les derniers… Je n’ai pas eu de mal à convaincre. Alexis défendait Chansons pour la fille du boucher, un (premier ?) roman de Peter Manseau. Il avait fallu que je me batte avec les cinq cents et quelques pages d’épreuves des éditions Bourgois, en A4, non reliées, aux feuillets mélangés, mais ça en valait la peine. Des tessons de mémoire tombaient au sol comme de la grèle, martelant le dessus de mes chaussures avant de disparaître dans l’abîme qui s’ouvrait en contrebas. Tout est de cette langue, dans cette longue fresque de la vie imaginée, dans le XXe siècle, de Russie en Amérique, d’un Juif qui se veut poète et qui cherche sa muse. Baptiste Liger avait amené La vie sexuelle des super-héros de Marco Mancassola. Minh Tran Huy apportait le dernier Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ?. J’ai été, à peu dire, le seul à ne trouver qu’un intérêt vraiment relatif à ce plaidoyer hybride. Jonathan Safran Foer, en bon Américain qui a longtemps cru que la dinde de Thanksgiving n’existe que pré-découpée en barquette, découvre les abattoirs industriels, leurs absolues horreurs et leurs conséquences. Il s’insurge, prône le végétarisme et, du bout des dents, admet qu’on pourrait envisager, peut-être, un élevage raisonné. Ca pue la bonne conscience naïve et aussi le procédé… Prise de conscience ? Tiens relisons donc Le monde selon Monsanto d’Anne-Monique Robin à La Découverte. Et pour qui s’intéresse aux relations des hommes avec le bétail ou le gibier qu’on aille plutôt voir Les animaux sont-ils bêtes ? de Alain Leygonie chez Klincksiek… Ca m’a énervé un rien et je m’en suis senti un rien ridicule de l’être. J’ai rejoint Amélie à l’appartement. Nous avons retrouvé Marianne à la gare Montparnasse. Elle vient passer la fin de semaine avec nous à Carolles. Dans le train nous avons saucissonné. Mortadelle, jambon de Parme, salami piquant et muscadet.
jeudi 3 février 2011
Mercredi 2 février 2011. 21H45.
Par Xavier Houssin le jeudi 3 février 2011, 21:53
J’ai repris Sans rive de Bruno Krebs. Je cherche mes mots pour commencer le papier. Pas simple. C’est souvent ainsi lorsque je me sens trop proche. Le livre me fait l’effet d’une mise sans dessus dessous des souvenirs. Quand on s’acharne à retrouver une image, une phrase. Un visage ou un sentiment d’enfance. La mémoire s’exaspère. Ce n’est jamais le bon instant… Déjeuner avec Blandine à la Casa Bini. Les nouveautés, les programmes. Elle m’a donné des nouvelles de Phébus. J’ai repensé à cette maison, ce groupe. Cela m’est bien loin. J’y ai, de mon passage, des souvenirs aigres-gris. Après les premiers volumes de « Domaine public » chez Buchet à l’automne 2006, j’avais démarré pas mal de projets là-bas. On m’avait proposé de m’occuper du fonds. J’étais enthousiaste. Entre l’été 2008 et l’été 2009, j’ai même eu un bureau. Pas de salaire toutefois. C’était toujours : On verra, on verra. Et puis le directeur général d’alors a pris la décision de mettre fin à ma collection. Trop cher. Pas rentable. J’ai appris par la suite que personne n’avait réclamé au CNL les subventions que j’avais obtenues pour chacun des volumes. A cette même époque j’avais rédigé pour Phébus la préface des Mystères de l’île Saint-Louis de Roger de Beauvoir, un roman de cape et d’épée XIXe. Je me souviens que le suivi éditorial de cet ouvrage avait été une catastrophe. Au point que des deux récits, des deux tableaux qui formaient l’histoire, un seul avait été imprimé. Où était passé l’autre ? J’avais été voir ce même directeur général. On ne peut pas publier le livre comme ça ! Sa réponse avait été claire : Mais tout le monde s’en fiche… Je suis rentré à l’appartement en marchant jusqu’au Luxembourg. Pris un bus. J’ai commencé à rédiger mon papier. Amélie avait un rendez-vous le soir avec Nathalie au J’Go. Trop nuit. Trop froid. Je n’ai pas eu le courage de les rejoindre.
mercredi 2 février 2011
Mardi 1er février 2011. 22h20.
Par Xavier Houssin le mercredi 2 février 2011, 12:15
J’ai eu l’impression de passer ma journée dans une salle d’attente. J’ai tourné en rond avant d’aller à un autre rendez-vous médical dans l’après-midi. Impossible de me concentrer sur quoi que ce soit. Il faut pourtant que j’apprenne à faire avec. Il y aura encore une consultation la semaine prochaine. Et après encore, et encore… Je dois trouver la méthode pour ne pas y penser. J’ai pas mal marché dans Paris, malgré le froid. Les Invalides, le boulevard Saint-Germain, les bords de Seine. Pris un verre au Bar Bac avec Jean-Pierre. J’ai rejoint Amélie chez Libralire, rue Saint-Maur dans le XIe. Fabio Geda et Enaiat, en France cette semaine, y avaient un débat. Nous sommes rentrés vite. J’avais laissé l’appartement dans un désordre incroyable. Partout des livres et des papiers.
lundi 31 janvier 2011
Lundi 31 janvier 2011. 21h35.
Par Xavier Houssin le lundi 31 janvier 2011, 20:53
J’ai préparé mes notes pour les papiers à écrire cette semaine. Le portrait de Jordi Soler, Sans rive de Bruno Krebs et Charles Jessold de Wesley Stace. Rendez-vous avec un de mes médecins en …ogue, une dame gentille, rue du Cherche-Midi. Renouvellement d’ordonnance. Tout ne se passe pas si mal. J’ai compris que pour ces gens, l’idée est d’essayer de vous faire mourir en bonne santé. Je suis allé me venger de la consultation au Nemrod. Tartare avec des frites et pot de chénas. Rédigé un peu de courrier sur un coin de table. Regardé mon agenda. A nouveau, le retard approche. C’est signe que ça va bien.
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