Je devrais tenir la cartographie de mes rêves. J’y ai pensé au réveil d’une nuit toute en images. J’y avais traversé à vélo (et sans aucun effort malgré une succession infinie de montées) une campagne verdoyante. A un moment donné, la route longeait le mur d’enceinte d’une propriété. Je m’étais dit, tout en dormant, je connais cet endroit... Il en est ainsi beaucoup qui me sont familiers, mais réservés seulement aux longues virées de mon sommeil. Je me souviens ainsi de sentiers dans les dunes, de rues et d’immeubles. De jardins, de cours d’eau. Il me semble bien, pourtant, qu’aucun de ces lieux n’existe dans la réalité. Où sont ces paysages ? Il y a une dizaine d’années les éditions Autrement avaient fait paraître L’atlas imaginaire de notre continent intérieur. On y découvrait une succession de cartes où nos sentiments et nos émotions s’affichaient en territoires. C’est exactement ce qu’il me faudrait. J’ai reçu un coup de fil de la fac. Mes horaires changent ce semestre. Je ne pourrai plus grouper mes cours sur un seul jour. J’espère juste que je conserverai les mêmes étudiants. Car, au delà du travail que nous avons commencé ensemble, j’y suis attaché. Amélie avait pu quitter plus tôt aujourd’hui. Nous avons pris un train dans l’après-midi. Il faisait presque encore jour quand nous sommes arrivés. Regarde ! Au-dessus du portail, Thierry Giffard avait installé le portique pour le rosier. Il avait posé aussi, dans la chambre, les deux petits placards avec les portes en vitrail du vieux buffet de la rue d’Avelghem.