C’était la remise du prix Pagnol dans les salons du Fouquet’s. Le mois dernier, je n’avais pas pu assister aux délibérations du jury. Je me sentais trop fatigué à ce moment-là. J’avais fait part de mes choix à Floryse. De mon choix surtout : Les épinards crus d’Anne Luthaud. Je reste encore sous le charme de cet étrange récit de la vie d’un jeune garçon dans le cimetière de Gênes. Un texte poétique, délicat et rare. Doux, empli d'images, traversé de sentiments battants et d'épidermiques sensations. Mais je n’avais pas été suivi. Le prix est allé à Au nom de la loi de Samuel Blumenfeld. Rien à dire… Le livre est plein de charme, attachant, touchant, drôle. Autour de la figure de Steve McQueen, grand frère rêvé du petit narrateur, Blumenfeld nous raconte combien l'enfance se doit d'inventer, d'imaginer, de recréer. C'est un récit du grandir, du comment on pousse. Et du comment on réussit sa vie quand on on est fidèle à ses sentiments d'enfant. Beaucoup de monde là-bas : j’ai eu du mal à retrouver Amélie. Nous sommes restés un moment à bavarder avec les uns et les autres. Des nouvelles et des riens. Je ne sors plus beaucoup. Je n’ai plus l’habitude. On rentre ? Descendu les affreux Champs-Elysées. Il n’était pas si tard quand nous sommes arrivés à l’appartement.