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mercredi 18 février 2015

Samedi 7 février 2015. 23h50.

Les rencontres littéraires marchent plutôt bien. Il y avait du monde pour Olivier Adam. Presque quatre-vingt personnes. J’ai fait de mon mieux. Nous avons remonté dans ses livres à partir du dernier, Peine perdue, chez Flammarion. Tiré des liens d’écriture. J’ai essayé de l'amener un peu au dévoilement, de lui faire parler de vocation d’auteur, d’enfance… Pas facile. Mais les gens étaient contents. Nous avions invité Monique et Jean-Marie à dîner avec lui à la maison. La blanquette était trop cuite, elle partait en charpie (Ma faute. Je l’avais laissée des heures sur le feu de peur qu’elle ne soit pas assez fondante) mais le saint-émilion (un château-l’archange 2009) nous a sauvés.

Vendredi 6 février 2015. 16h20.

Raphaëlle me demande un portrait de Florence Delay pour Le Monde. Je lui avais proposé d’écrire un papier à l’occasion de la parution ce mois-ci de La vie comme au théâtre. Je suis donc ravi. Il faut juste que je me remette sérieusement à la lire avant de la rencontrer. Je me souviens surtout de Dit Nerval, son récit, son essai si l’on veut, tellement personnel, sur le poète à la fin des années 1990. Je l’avais attrapé vraiment par hasard et à cause du titre et de ma dévotion (qui n’a pas faibli) à Gérard de Nerval. Ca ne m’avait pas effleuré alors qu’elle était la fille de Jean Delay, l’auteur de La cité grise, le livre de ses souvenirs de la Salpétrière qui m’avait tellement conforté sur l’approche « littéraire » que j’avais de mon travail en psychiatrie. Dans Dit Nerval, Jean Delay est partout. Pris encore une fois dans mes boucles de minuscules coïncidences, j’avais été bouleversé par cette histoire de passations, de possessions. Ciel bleu et froid glaçant. J’ai été chercher Amélie au train.

Jeudi 5 février 2015. 18h40.

J’ai reçu un message de Bruno Corty. Je fais partie des finalistes du prix Hennessy du journalisme littéraire. J’avais été retenu une fois en 2007 ou en 2008. Depuis, chaque année, j’avais, sans succès, envoyé mon dossier. Là, à nouveau, un petit espoir se dessine. Je travaille tellement seul. Cela me ferait du bien d’être un peu remarqué. Sans compter que l’argent serait bienvenu aussi. Mais voilà que je rêve. Quand elle se laissait aller à vagabonder ainsi, ma grand-mère Mamoÿ se donnait une petite tape sur la main, la même qu’à un enfant énervé. Calme-toi. Pense à autre chose.

Mercredi 4 février 2015. 20h15.

J’ai rangé toute la journée. La maison était dans un tel fatras. En deux jours j’avais réussi à amasser un désordre invraisemblable. Le bureau disparaissait sous les livres, les liasses, le courrier à classer. Le tapis était jonché de paperasse. Le divan se trouvait aussi tout recouvert. Et comme j’avais dû émigrer près du poêle pour être un peu plus au chaud, cette marée foutraque avait progressivement gagné la salle à manger et commençait à envahir la table, les chaises, les fauteuils. J’avais laissé de la vaisselle sale plein l’évier de la cuisine. La chambre commençait à ressembler à une tanière. J’ai aéré. Ouvert les fenêtres. Mon Dieu qu’il fait froid. Un froid de vent mouillé. Je brûle deux pleins paniers de bûches chaque jour mais je ne parviens pas complètement à me réchauffer.

mardi 3 février 2015

Mardi 3 février 2015. 23h00.

Il a neigé cette nuit. Une fine couche. Le jardin était recouvert, mais ça n’a pas tenu. Tout a fondu aux premiers rayons du soleil. J’ai fait trois courses au village. Au retour, dans la boîte aux lettres, il y avait une carte de Neela. Je t’adore, écrit-elle, avec plein de cœurs dessinés partout. Et elle me pose une devinette : Quel est le fruit qui est jaune ? Comme j’ai une idée, je vais pouvoir lui répondre. Reçu aussi un message de Raphaëlle. Elle me commande pour la semaine prochaine un papier sur Lignes & Fils, la première partie d’une « Trilogie des rives » que vient de publier Emmanuelle Pagano. Là encore, il va falloir que je me bagarre contre la proximité. Et puis j’ai ma chronique de Next à rendre. J’ai peur que mon livre n’attende encore un peu.

Lundi 2 février 2015. 21h45.

J’ai fini le papier très tard. J’ai du mal à écrire sur les textes avec lesquels je me sens proche. Le monde selon Billy Boy fait comme un long épilogue aux récits, aux romans « familiaux » de Gilles Leroy. Il parle ici à nouveau de ses parents. Mais il le fait dès le début, dès leur rencontre. Qui est aussi l’histoire de sa naissance. De celle de cet enfant pas désiré, et pourtant tant aimé. Après. Il y traîne une nostalgie de temps enfui, d’êtres disparus. Je suis resté fatigué toute la journée. Pas à l’aise. Je ne suis pas sorti. J’ai écrit quelques lettres. Dans l’après-midi, j’ai reçu un coup de téléphone de Christophe Mory. Hélène venait de mourir à l’hôpital Cochin. Balbutié quelques mots maladroits. Je n’ai pas réussi à prier. J’ai écouté le Stabat mater de Pergolèse. Me sentire vim doloris
/ fac, ut tecum lugeam.

Dimanche 1er janvier 2015. 16h30.

J’ai accompagné Amélie au train. Oh, que je n’aime pas ça. Que je ne m’y fais pas. La vitre du wagon était toute embuée. Il tombait de la grêle par intermittences.

Samedi 31 janvier 2015. 22h40.

Nous sommes revenus du marché de Granville avec deux gros tourteaux, des huîtres pied de cheval, des spéciales… J’ai fait mes provisions aussi. Je vais rester à Carolles. Amélie a une semaine chargée avec un auteur qu’elle doit même accompagner à Lyon. Et puis j’ai mon papier sur le dernier roman de Gilles Leroy à rédiger pour Le Monde. J’espère profiter du temps après pour me remettre enfin à mon livre. Nous avons passé l’après-midi au chaud près du feu. Un peu tristes de rien, chacun. Différemment. Va savoir. Le pot-au-feu avait continué à mijoter toute la journée. J’ai ajouté l’os à moelle, mis les légumes à la vapeur. Parfait.

Vendredi 30 janvier 2015. 16h30.

Nous avions rendez-vous avec M. Duhamel, le jardinier de Brigitte et Yann. Le potager n’est plus qu’une grande prairie triste. Je lui ai demandé de me labourer deux beaux carrés. Je tondrai l’herbe sur le reste. Nous sommes tombés d’accord. Il commencera le travail fin février. Pas possible avant. Je ne sèmerai donc pas de pois ni de fèves. Je ne planterai pas d’ail rose. Rapide marché à Jullouville. Chez le boucher, j’ai acheté un bon morceau de flanchet, un autre de plat-de côtes pour faire un pot-au-feu. Pour les légumes, rien que de très classique. Pommes de terre, poireaux, navet, céleri, carottes. J’ai démarré la cuisson à peine rentrés.

Jeudi 29 janvier 2015. 23h50.

J’ai déjeuné avec Luc, dans un bistrot où il a ses habitudes à l’angle de l’avenue du Maine et de la rue des Plantes. Nous ne étions pas revus depuis un an lui et moi. A l’époque il vivait une crise de couple vraiment difficile. D’un jour à l’autre, sa femme avait « réalisé » qu’elle ne le supportait plus. Il avait dû quitter l’appartement qu’ils occupaient ensemble et s’était installé au rez de chaussée du même immeuble. Une situation absurde. Il était alors tellement désemparé. Où en es-tu maintenant ?, ai-je risqué. – Toujours pareil… Depuis tout ce temps il mène une drôle d’existence de célibataire. Sans joie. Il ne fait qu’attendre. Comment va-t-il parvenir à s’extirper de cet incompréhensible cauchemar ? J’ai retrouvé Amélie à la gare. Voyage long. A Carolles, la tempête avait soufflé. Des branches cassées jonchaient le chemin. Norbert nous avait allumé le chauffage. Il faisait bon dans la maison.

(…)

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Lundi 26 janvier 2015. 21h00

.J’avais pris les billets cet automne au hasard d’une promotion d’Air France. Oh oui, revoir Naples. Avec Amélie. J’y étais allé une seule fois il y a une quinzaine d’années. J’en étais revenu avec le souvenir d’une envahissante émotion. M’étant alors senti happé par la ville. Embarqué dans le labyrinthe d’une rue à l’autre, passant d’une façade lépreuse à l’intérieur d’une église aux boiseries dorées, d’un bâtiment effondré à un cloître paisible. Ballotté d’un sentiment à son contraire et incapable d’en parler. Stupeur et délices. Effroi. Joie intense. J’ai retrouvé incroyablement ce même trouble, sauf que cette fois je ne me trouvais plus seul à l’affronter. Nous sommes arrivés vendredi sous une petite pluie qui ne nous a lâchés que le lendemain, rendant luisantes les dalles de lave noire qui pavent les rues. Nous avons passé deux jours harassés de découvertes. Eblouis et contents. La chapelle Sansevero et le Christ voilé de Guiseppe Sanmartino, gisant sous son drapé de marbre. Cette statue de la Pudeur d’Antonio Corradini aussi, tellement troublante, attirante et glacée. Puis l’église Sainte Marie des âmes du Purgatoire dont l’hypogée renferme un invraisemblable cimetière d’ossements et de cranes parés de bijoux de paccotille, de dentelles. Et puis encore, au musée archéologique, les fresques et les mosaïques d’Herculanum et de Pompéi. Les rues de Naples débordent de poubelles, pas un mur, un socle, un fronton qui ne soit souillé de tags. Entre l’oubli et les ravages, on est au bord du désastre. Mais, en même temps, tout est beau et étrangement doux. Nous sommes montés jusqu’au château Saint-Elme voir le panorama sur le Vésuve et la baie. J’ai pensé à Lamartine, j’aurais voulu relire Graziella à haute voix : …le golfe de Naples, bordé de ses collines, de ses maisons blanches, de ses rochers tapissés de vignes grimpantes et entourant sa mer plus bleue que son ciel, ressemble à une coupe de vert antique qui blanchit d'écume, et dont le lierre et le pampre festonnent les anses et les bords. Dans les vergers abandonnés, comme nous redescendions par la Pedamentina, les orangers étaient chargés de fruits. A l’hôtel où nous logions (au deuxième étage d’un palais décrépi, recloisonné en chambres), Amélie a reconnu un couple d’amis de ses parents rencontrés à Abidjan, Sountie et Francis Lott. Lui ayant été longtemps là-bas ambassadeur de France. Charmants. Ils nous invités à dîner. J’ai senti qu’Amélie était contente de la coïncidence. Retour à Paris dimanche après-midi. Trouvé qu’il faisait froid. J’ai déballé précautionneusement la petite bouture de crassula ovata, chipée dans une jardinière sur la terrasse de la chambre. Je la planterai à Carolles dans le koetsch.

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jeudi 29 janvier 2015

Mercredi 21 janvier 2015. 22h15.

Une fois de plus, j’ai laissé filer les moments. Tout un mois. Cela revient comme une maladie chronique. Impossible à nouveau d’écrire une ligne. C’est drôle, jeudi dernier, comme nous allions prendre le train à Montparnasse, je me suis aperçu que je n’avais plus ma bague à l’annulaire. J’ai pensé qu’elle avait glissé avec le froid. J’ai fouillé frénétiquement mes poches, fait quelques pas à rebours dans le hall, dans une espèce de panique hagarde. A quoi bon ? Elle était perdue. J’ai pensé à celui qui la trouverait et pour qui elle ne représenterait rien. Je l’avais fait faire chez Mazet, rue du Bac, en 1995. Pour mes quarante ans. Sur la très fine alliance de mon grand-père Joseph (qui avait été aussi celle de mon si rapide mariage avec Dominique), j’avais demandé à ce qu’on monte une intaille noire, creusée d’une tête de Polichinelle que Bernadette m’avait trouvée, autrefois, dans le fouillis d’une minuscule boutique de bijoux qui existe encore, au début de la rue Saint-André-des-Arts. La bague était le cadeau que je m’offrais à moi-même, pour mon anniversaire. A l’intérieur de l’anneau, j’avais voulu graver la « devise » d’Apelle : Nulla dies sine linea. A l’époque, je travaillais à Point de Vue. J’avais écrit La mer intérieure, un livre embrouillé, sur ma rencontre avec La Harpe et qui deviendrait plus tard Le premier pas suffit et aussi Montée des cendres. J’aspirais à une autre vie. J’y croyais. Je l’attendais. J’avais pensé que cet anneau me ferait comme un talisman. J’en étais étrangement sûr. Je l’ai toujours gardé au doigt. En m’installant dans le wagon encore tout désemparé de la perte, je m’étais rappelé le lundi d’avant où j’étais allé chez Célia Houdart pour son portrait dans Le Monde. Nous avions longtemps parlé. De Gil, son troublant dernier roman sur la vocation inquiète d’un jeune musicien qui décide d’abandonner l’apprentissage du piano pour se consacrer au chant. De son goût des détails. De sa lente maturation vers l’écriture. De ses souvenirs de petite fille au bord de l’eau. De ses parents marionnettistes. Et de poésie. Elle était allée me chercher dans sa bibliothèque la mince plaquette d’une pièce sonore qu’elle avait réalisée en résidence au parc Jean-Jacques-Rousseau d’Ermenonville l’été dernier. Mes souvenirs de l’endroit remontent à l’enfance. Aux longues promenades avec ma mère autour du lac. Nous marchions. Je regardais le tombeau sur l’île des peupliers, vide depuis que la Convention avait décidé en 1794 d’enfermer le cercueil de Rousseau dans la crypte du Panthéon. À côté de Voltaire. Je suis revenu tant de fois par là-bas. J’y suis si souvent en pensée maintenant que je n’y vais plus, égrenant à mi-voix, pour moi seul, la litanie des villages alentour : Pontarmé, Plailly, Mortefontaine, Chaalis. Le recueil de textes de Célia Houdart s’appelait Nulla dies. Minuscule boucle du sort. J’avais agrippé ma bague et en pensant à Nerval, j’en avais tourné le chaton vers l’intérieur, serré fort le doigt sur la pierre. Pour marquer l’instant. J’ai l’impression que ma vie ne tient qu’aux fils presque invisibles de ces coïncidences nécessaires. Etrangement indispensables. Elles maillent mon existence. Le plus souvent je les laisse passer. Je n’arrive pas à les retenir. Je reste imbécile. Mais je sais qu’elles me guident vers où je dois aller. Nous sommes arrivés à Carolles à la nuit. Nous avons ouvert nos bagages. Comme je fourrageais pour sortir les affaires, j’ai entendu un petit tintement. C’était la bague. Elle avait glissé comme je faisais la valise au départ. Je l’ai remise au doigt. Nulla dies sine linea. Je n’ai rien écrit depuis la mi-décembre. Nous avons passé les jours de Noël à Magagnosc. Une parenthèse calme avec des déjeuners, des dîners, chez les oncles et les tantes. Des conversations de rien avec des cousins, des histoires du passé. Il faisait beau. Nous sommes retournés au « 12 », la maison des grands-parents d’Amélie, récupérer encore, dans ces caisses abandonnées, quelques livres, un peu de vaisselle. On n'y trouve plus à présent que des liasses de correspondance familiale et tout un bric-à-brac sentimental. Qui en voudra ? J’ai ramassé au sol un grand couvercle de coffret, en bois clair, avec deux M entrelacés. Personne ne sait plus à qui correspondent ces initiales. Emmanuel m’en a fait la couverture du lourd dossier qui contient désormais mon Herbier des rayons. « L’objet » est fini. J’ai envoyé les textes et les photos chez Belin. Et j’attends. Marie est venue à Carolles pour la fin d’année. Nous avons réveillonné avec Martine, Agathe et Jean-Pascal. Saint-Jacques crues marinées en coquille, pigeons farcis au foie gras. Là-bas, j’ai attrapé aussi une sale bronchite. Je toussais, j’étouffais. A tel point qu’à un dîner chez Claudine et Patrick, j’ai perdu complètement connaissance à table. Je suis tombé de ma chaise. Suffoqué. Il paraît que j’étais devenu violet. Je me suis à moitié assommé aussi sur le carrelage. J’ai entendu, comme dans un rêve, Amélie me crier de me réveiller et j’ai rouvert les yeux sur son visage inquiet. Partir, au fond, ce n’est difficile que pour les autres. Ceux qui restent. Je me suis relevé. J’allais bien malgré la grosse bosse que je sentais gonfler sur ma tempe. Je crois quand même que je vais rentrer. J’avais juste fichu la soirée en l’air. Mais non, penses-tu… Le médecin de Carolles n’a pas été très effrayé (et tant mieux…) par mon récit d’arrêt respiratoire. Je me suis soigné aux antibiotiques et à la cortisone. Nulla dies sine linea. Comme les jours sont comptés. A Paris, j’ai revu Christophe Mory. Je l’avais appelé, maintenant qu’il est à la tête de la Librairie théâtrale, pour savoir si des publications étaient prévues pour le 200ème anniversaire de la naissance de Labiche. Je voulais en parler dans ma chronique de Next. Hum. Je n’ai pas été très surpris que Non, rien, enfin aucune réédition. Nous avons déjeuné dans un assez médiocre italien de la rue de Gramont. Parlé de nos projets et aussi des années qui passent. Des amis que nous avons connus ensemble. Il m’a donné des nouvelles d’Hélène qui est en traitement pour un vilain cancer à l’hôpital des Peupliers. Je l’avais connue dans les années 1990. Elle était alors attachée de presse chez Pygmalion, maltraitée par les Watelet qui la faisaient travailler sans aucun horaire et la payaient chichement. J’avais même découvert un jour qu’elle réglait de ses propres deniers les notes des déjeuners avec les journalistes. Pygmalion a été racheté par Flammarion. Elle a été mise à la porte, dans des conditions disons pas très « élégantes », quelques années plus tard. Pas drôle la vie d’Hélène. Son enfance, si j’ai bien compris a été dévastée. Elle est seule. Il lui reste juste une vieille mère cyclo-tyrannique dont elle doit s’occuper. Son seul amour, l’écrivain Michel Hérubel, auteur normand de romans maritimes et de récits de batailles, est mort en 2003 à soixante-quinze ans, sans qu’ils aient jamais pu vivre vraiment ensemble. Mais elle a toujours conservé, incroyablement, un optimisme rieur et une enthousiaste tendresse pour le monde. Je suis allé la voir aux Peupliers. Sa toute petite chambre est sans cesse envahie par les visites bruyantes de sa voisine, une grosse dame kabyle. Mais tout va bien, dit-elle. Ici, ils sont si gentils. Et tu sais, ils me permettent même de descendre fumer. Tu m’accompagnes ? Nous sommes restés un moment à discuter, de tout, de rien, dans le froid, à l’entrée de l’hôpital, pendant qu’elle tirait sur sa Gitane. J’ai été lui acheter la presse au kiosque de la place de l’Abbé-Hénocque et puis des quiches à la boulangerie (elle ne se plaint que de la nourriture, immonde, immangeable). La semaine prochaine elle sera à Cochin pour de nouvelles séances de chimiothérapie. Je te téléphonerai. J’irai te voir après. Nous, vendredi, nous partons à Naples.

(...)

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mardi 20 janvier 2015

Mercredi 17 décembre 2014. 23h00.

Déjeuner avec Marion à la Casa Bini. Nous avons reparlé du livre de Gilles Leroy, Le monde selon Billy Boy, qui sort en janvier. L’écriture de Gilles m’est bien davantage immédiate, proche, quand il réécrit en épisodes le roman de ses origines plutôt que lorsqu’il s’attache aux personnages de ses « romans américains » (Alabama song, son Goncourt 2007, Zola Jackson, Nina Simone, roman). Dit un mot du dernier Emmanuelle Guattari, New York, petite Pologne, sur son appréhension discrète de la ville. De comment on s’y sent. De comment on en parle. J’avais rendez-vous avec Raphaëlle dans un café près du Monde pour lui présenter mes choix de rentrée. Beaucoup de textes. Ceux de Gilles Leroy et d’Emmanuelle Guattari d’abord, comme je venais de quitter Marion… Mais aussi Le voyant de Jérôme Garcin, Barcelona ! de Grégoire Pollet, Histoires naturelles de l’oubli de Claire Fercak, La maison guerre de Marie Sizun, Un hiver à Paris de Jean-Philippe Blondel, Une plage au Pôle nord d’Arnaud Dudek, Monologues de la boue de Colette Mazabrard. Insisté pour le Richard Morgiève (Love, Carnets Nord) un récit de la démesure, prophétique et foutraque. Et pour Gil de Célia Houdart chez P.O.L.. Juste abordé février : Chemin de Michèle Lesbre et surtout le nouveau livre de Nathacha, En attendant demain, qu’elle publie sept ans (déjà…) après Le dernier frère. Reste le domaine étranger. Pour cela je dois me rabibocher avec Florence à qui je dois toujours depuis le printemps cette nécro de Juan Goytisolo que je n’arrive pas à écrire. J’abandonne à peine je m’y mets : impossible à expliquer… Je suis remonté à pied jusqu’à Denfert. Fait quelques courses chez l’Italien du bout de la rue. Nous avions invité Jean-Pierre à trinquer pour les fêtes. Nous ne faisons que nous croiser dans l’escalier. Jamais le temps de bavarder. Après les nouvelles de l’immeuble et celles de la rue Daguerre, nous nous sommes retrouvés, à cause de mon papier sur Borer, à discuter de la défense de la langue française. Là, il me semble bien (je crois que je me radicalise) que nous ne sommes pas complètement d’accord…

Mardi 16 décembre 2014. 22h30.

Muriel qui me coupe les cheveux depuis presque dix ans maintenant (nous échangeons juste quelques politesses amicales de bonjour et d’au-revoir, pour le reste tout se passe dans la routine rassurante du « comme d’habitude ») a été, pour d’obscures raisons, mise à la porte du salon de coiffure de la rue de Sèvres où elle officiait. Elle a trouvé une autre place à un jet de pierre, rue Vaneau. Pas de vrai changement en ce qui me concerne, sinon un détail appréciable : à cette nouvelle adresse, il n’apparaît pas, semble-t-il, indispensable de faire beugler NRJ aux oreilles des clients. J’ai profité d’être dans le quartier pour aller chercher mes cartes de correspondance chez IDM, l’imprimerie de René et Elena Pol-Simon. Du temps où j’étais à Point de Vue, je les faisais pas mal travailler. Ils ne m’ont pas oublié. Je passe leur dire bonjour dès que je peux. On bavarde. Je leur donne des livres. Ils oublient de me facturer mes commandes. J’ai déjeuné avec Jean-Maurice au Tournon. Parlé de d’Arnaud Dudek, son auteur d’Alma qui sort en janvier un nouveau roman, Une plage au Pôle nord, dans la ligne tragi-comique, tendrement folle et narquoise (bien évidemment, il n’y est pas plus question de de plage que de Pôle nord…) des deux précédents : Rester sage (2012) et Les fuyants (2013). Tiens, pourquoi ne pas l’inviter à une des prochaines Rencontres à Carolles ? J’ai été faire un peu de courrier au Rostand. Retrouvé Pascale à la Perle pour un verre de fin d’année. Pas de bilan. Pas de résolutions. Surtout pas. Coup de fil de M. Broust : c’est bien le « boîtier papillon » de la Twingo qui est hors d’usage. Une pièce qui sert à l’alimentation du moteur. Ca va coûter cher, a-t-il prévenu…

vendredi 26 décembre 2014

Lundi 15 décembre 2014. 21h20.

Un interminable crachin a détrempé la journée. J’ai rédigé et envoyé à Sylvie le communiqué de presse du Festival de la biographie de Nîmes. Fait ma liste des livres de la rentrée de janvier/ février avant mon rendez-vous avec Raphaëlle mercredi. Déjeuné avec Diane dans un petit restaurant de la rue Vandrezanne pour parler des parutions de littérature étrangère chez Belfond. Je suis repassé à la maison faire un peu de courrier avant de retrouver Isabelle dans un bistrot du IIIème à deux pas de Libé. Toujours cette pluie fine. Et puis la nuit tombée. Je suis passé chercher Amélie place Paul-Painlevé. Fatiguée. On rentre vite ?

Dimanche 14 décembre 2014. 20h40.

Odile et Christian sont venus prendre un verre à la maison et nous déposer un appareil photo (plus perfectionné que les nôtres) pour réaliser les premiers clichés de L’herbier. L’idée est de fournir à l’éditeur des images « propres » afin qu’il se fasse une idée précise des planches. Christian, qui est photographe, a installé le matériel, réglé la mise au point. Amélie s’est chargée des prises de vue après le déjeuner. Cette fois-ci, nous y sommes. Ou presque. J’enverrai tout cela chez Belin début janvier. Nous avons rassemblé les affaires. Surtout ne rien oublier. Nous quittons la maison pour quinze jours. Jeudi prochain nous serons à Magagnosc chez Claire et Emmanuel. Jean-Pascal nous a accompagnés à la gare. Passez un joyeux Noël…

Samedi 13 décembre 2014. 23h40.

Bien que l’horaire ait été avancé à 16h00 (il y avait un concert prévu à 18h00, plus je ne sais quelle autre manifestation encore…), la salle était pleine pour Denis Grozdanovitch. La rencontre a filé très vite. Pas mal de questions à la fin. Beaucoup de dédicaces. Il est resté un bon moment à bavarder avec ses lecteurs. Nous étions invités ensuite avec lui à Coquelonde. Martine nous avait préparé une garbure. Jean-Pascal a servi un vieux madiran.

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