Je me suis réveillé avec un mal de dos épouvantable. Impossible de bouger. Ou presque. Assis, couché, debout. Tout est douloureux. Je crois que c’est ce qu’on appelle un lumbago. Je n’ai pas le souvenir d’en avoir jamais eu.
Lundi 15 juin 2015. 23h50.
Par Xavier Houssin le jeudi 18 juin 2015, 00:45
J’ai pris le premier train à Montparnasse. J’avais promis à Alain Hervé d’être là pour l’enterrement de sa sœur Marie-Noëlle. Cela se passait à Saint-Pair. Marie Noëlle aurait souhaité des funérailles à l’église Notre-Dame, mais la venue d’Albert de Monaco à Granville (tout le quartier de la haute-ville était bouclé) rendait cela impossible. Nous nous étions connus à Point de Vue : quelle ironie... Lorsqu’il a pris la parole, Alain a rappelé combien elle avait aimé les voyages, les jardins, la mer la pluie, le vent. L’histoire aussi, la tradition et le latin, la musique classique… Elle est partie accompagnée de prières en français, sans messe, au son de chansons de Cat Stevens et des Beatles. La mort appartient aux vivants. J’ai été faire un tour au potager. Il a plu ces jours derniers. Cela a donné de la vigueur à nos plantations. Aux mauvaises herbes aussi. Il va falloir passer le sarcloir. Passé voir la 4L chez M. Broust. Les disques de freins sont grippés. Ils se bloquent. Ils est nécessaire de les changer. Il m’a montré aussi les points de rouille sur le chassis. Tout un échéancier de réparations est à prévoir. J’ai dîné chez Monique et Jean-Marie. Parlé jusque tard. Grâce à eux, je me suis remis à l’heure carollaise.
Dimanche 14 juin 2015. 22h15.
Par Xavier Houssin le jeudi 18 juin 2015, 00:43
Le poisson rouge n'a pas supporté le gavage que lui a fait subir Gabrielle. Il flottait ce matin à la surface de l'aquarium... Nous avons fait le marché à Plaisance. Traîné dans le quartier. Je me suis mis tard à mon papier sur Nuits tranquilles à Belém de Gilles Lapouge. Un roman comme un retour « en étrange pays » sur la destinée, l’imaginaire et la ressouvenance.
Samedi 13 juin 2015. 23h00.
Par Xavier Houssin le jeudi 18 juin 2015, 00:39
Aujourd’hui, c’était « Paris est ludique », le festival de jeux de société dont s’ocupe Marie depuis déjà cinq ans. Cela se tient au boulodrome Léo-Lagrange près de la porte Dorée. On dirait une immense ludothèque à ciel ouvert. Des centaines et des centaines de jeux sont mis à la disposition des gens. L’ambiance est bon enfant, mêlant les passionnés et les curieux. Les très jeunes, les plus âgés. Jeux d’ambiance, de stratégie, classiques ou résolument modernes. Jeux de plein air aussi comme les quilles finlandaises ou le lancer de fer à cheval. En plus de Gabrielle, nous avions emmené Louise, la fille d’Antonie et Vincent. Une petite blonde, mince comme un fil, jolie et maline, qui va sur ses 11 ans. Je ne l’avais vue auparavant qu’à l’occasion de quelques de fêtes de famille, quelques dîners. Elle m’a toujours plu. A la fois très espiègle et très sage. Et puis aimant les livres… Notre première rencontre date de l’été 2009. J’étais invité par Pascal, le libraire du Rouge et le noir à Saint-Chély-d’Apcher, en Lozère, pour les « journées du livre ». Antonie était venue faire un saut (les parents de Vincent chez qui ils passaient les vacances habitent tout près). Je me souviens bien de cette fillette furetant dans la librairie. Marie était contente de nous voir. Elle a pris sur sa pause pour embarquer Gabrielle découvrir des jeux de son âge et a piloté un peu Louise dans les stands. Elle l’a même fait participer à un tournoi où elle a gagné deux manches. Nous avons déjeuné très tard dans une crèperie et avons raccompagné Louise en fin d’après-midi. Elle habite à deux pas du parc Georges-Brassens. Pendant que Gabrielle entraînait Amélie vers un manège, je suis allé faire un tour au marché au livres. J’ai acheté tout un lot de vieux volumes de la Bibliothèque rose (des Fantômette, des Club des cinq…) en pensant que cela devrait sûrement faire plaisir à Neela. Je ne lui ai pas envoyé de livres depuis un moment. Il est temps de reprendre. Retour à Saint-Cloud avec Gabrielle et dîner là-bas Marion et Jérôme.
Vendredi 12 juin 2015. 22h30.
Par Xavier Houssin le jeudi 18 juin 2015, 00:37
Nous avons dîné tous les trois au bar de la poissonnerie de la rue Daguerre. Plateau de fruits de mer pour nous. Crevettes grises (qu’elle a vite appris à décortiquer) et frites pour elle. Avec un cornet de glace sur le chemin du retour.
Vendredi 12 juin 2015. 18h00.
Par Xavier Houssin le jeudi 18 juin 2015, 00:36
J’ai terminé le rangement dans l’appartement. C’était plus que nécessaire. Sous des strates de paperasse, de vieux communiqués de presse, de journaux, j’ai retrouvé une foule d’objets disparus. La télécommande de la radio, mon stylo plume, des clés, une petite réserve de livres sterling, des carnets de notes, des lettres auxquelles je n’ai pas répondu depuis une éternité… Fait un grand ménage aussi. Jérôme est venu déposer Gabrielle en milieu d’après-midi. Elle a tout de suite retrouvé ses marques. Déniché son livre de contes. Tu me lis Blanche Neige ? Et Hansel et Gretel ? Et je peux arroser les plantes ? Donner à manger au poisson ?
vendredi 12 juin 2015
Jeudi 11 juin 2015. 21h10.
Par Xavier Houssin le vendredi 12 juin 2015, 11:53
C’est résistant les impatiens. Les impatientes plutôt (je préfère le nom vernaculaire). J’en ai planté deux gros pots côté cour à Paris au mois de mars et elles prolifèrent malgré l’ombre, la poussière et le manque d’eau. Je les arrose quand j’y pense, c’est à dire pas souvent. A chaque fois que j’inonde leur terre desséchée, j’ai des remords et je prends des résolutions. Comme pour le reste… Déjeuner avec Brigitte Bouchard à l’Oenosteria. Sur le chemin, à quelques mètres, dans la rue Grégoire-de-Tours, j’ai changé de trottoir. Assise à la petite terrasse de la Casa Bini, j’avais aperçu Colombe Pringle. C’est elle qui m’avait fait mettre à la porte de Point de Vue en 2004. Elle venait d’y être nommée directrice de la rédaction. Grande bourgeoise infatuée, inculte. J’ai pourtant une chance pour les mauvais souvenirs. D’ordinaire, ils s’estompent. Là, ils sont restés vivaces et douloureux. Je lui dois ma précarité actuelle et une bonne part de mes ennuis de santé. Pierre Dac disait, si je me souviens bien, que la justice immanente est rarement imminente. Il a raison. Mais ce n’est pas grave. J’y crois. Et j’attends tranquillement. J’ai été faire un tour au Marché de la poésie. Passé embrasser Jeanine sur le stand de sa Fondation Maurice Carême. Tu sais, je vais avoir nonante ans… Elle sourit. Heureuse au milieu des livres de son grand amour, de son grand homme, dont elle porte l’œuvre à bout de bras. Je suis allé voir Nicole chez Caractères. Toujours accablée de soucis. Toujours vaillante. Pris rendez-vous à la fin du mois avec François, le stagiaire graphiste qui va mettre en pages le projet de mon Herbier. J’ai commencé à ranger l’appartement (Gabrielle arrive demain pour passer le week-end). Avant de retrouver Amélie à la terrasse du caviste de la rue Daguerre. Toujours ce battement au cœur quand je la vois arriver au loin.
jeudi 11 juin 2015
Mercredi 10 juin 2015. 22h40.
Par Xavier Houssin le jeudi 11 juin 2015, 18:18
Je vais probablement publier mon Herbier des rayons chez Caractères. Belin chez qui il devait sortir vient de se faire racheter par un réassureur (un assureur qui assure les assureurs…), probablement plus intéressé par l’hôtel particulier de la rue Férou où se trouve la maison d’édition que par son catalogue. Des tas de licenciements sont en cours et Geneviève Bouffartigue, mon éditrice a pris sa retraite. Elle aurait, semble-t-il, vaguement gardé un pied dans la place. Je n'ai guère eu qu'un ni oui ni non quand j'ai évoqué votre affaire, m’écrit-elle. Je vais donc remettre le projet sur le tapis de façon plus précise dès que je le pourrai. En tout cas, je ne m'en remettrai pas au silence pour vous dire non, si cela ne passe pas. Autant dire que c’est sans espoir. J’avais tenté Actes Sud par l’intermédiaire de Régine Le Meur qui s’était occupé de la presse de pas mal de livres de botanique et de nature chez eux. Envoie directement ton manuscrit à Bertrand Py m’a-t-elle conseillé après avoir « réfléchi ». Sauf que Bertrand Py à qui je serre la main quand je le rencontre et qui fait semblant de me reconnaître s’est débarrassé de mon texte sans même ouvrir l’enveloppe. C’était en mars. J’ai reçu un courriel du « service éditorial » : Ces quelques mots pour vous confirmer l'arrivée de votre manuscrit, lequel a été confié à notre comité éditorial. Vous recevrez donc une réponse quand nous aurons examiné votre texte. Nous vous demandons toutefois un peu de patience, compte tenu du nombre élevé de manuscrits qui nous parvient chaque jour. Ben voyons… J’ai déjeuné aux Petits plats avec Fleur. Parlé de la rentrée littéraire, de Morgiève et du Mondologue, le dernier roman de l’écrivain autrichien Heinrich Steinfest. Un hallucinant jeu de piste mêlant le nonsense et la métaphysique Le narrateur y est victime d’événements loufoques et tragiques à la fois. Il est blessé dans l’explosion d’un cachalot en plein centre-ville de Taina, se retrouve un des rares survivants d’une catastrophe aérienne en mer de Chine et finit, à la suite d’un deuil, par endosser la paternité d’un petit garçon de huit ans débarqué d’Asie et qui s’exprime dans une langue inconnue et incompréhensible. Je lui avais consacré toute ma chronique de mai dans Next. Ce sera d’ailleurs peut-être la dernière. Voire la fin de ma collaboration au supplément de Libé, car ce mois-ci, non contents d’avoir évacué la chronique, ils n’ont pas fait paraître les deux petits papiers que j’avais écrits sur Novalis et l’âme poétique du monde de Frédéric Brun et Faire avec de Lionel-Edouard Martin. Evidemment sans me prévenir, sans rien m’en dire. J’ai retrouvé Jérôme vers 18h00 porte d’Orléans. Il nous emmenait en voiture à Saint-Cloud. Nous étions invités chez Séverine et Gérald, à deux pas de chez lui. Il y venait aussi. Mais seul. Marion, fatiguée, avait préféré rester à l’appartement avec Gabrielle et Antoine. Nous sommes juste passés les embrasser. Le dîner était prévu pour fêter l’anniversaire de Thomas. Il a eu huit ans le 5. Je lui avais composé une boîte de papillons d’Amérique latine, des eurythides de Colombie et du Guatemala. La soirée, bizarrement tendue, s’est terminée en drame. Les enfants avaient été envoyés au lit tôt. Peu de temps après Thomas s’est mis à gémir. Il se plaignait d’avoir mal dans la poitrine. Affolement, appel au 15, au médecin des urgences… Nous nous sommes esquivés discrètement. Pauvre bonhomme. Il est pourtant le rescapé de la fratrie. Sa sœur Agathe a été opérée en 2009, tout bébé, pour un problème digestif. Puis ré-opérée et encore et encore. Nouvelle intervention cette année. C’est une petite fille de six ans très douce mais si craintive, si anxieuse. Son grand frère Arnaud a bien failli perdre un œil il y a deux ans en se blessant gravement avec une pointe de fer rouillée. Thomas jusqu’ici avait échappé à tout. Il ne faudrait pas qu’il s’imagine qu’il doit faire comme les autres. Pas simple de grandir dans ce climat d’angoisse silencieuse, à fleur d’instants. Nous étions rentrés depuis une petite heure quand Séverine nous a adressé un message : Thomas a fini par s’endormir. Le médecin parle de douleurs intercostales…
Mardi 9 juin 2015. 23h30.
Par Xavier Houssin le jeudi 11 juin 2015, 18:13
J’avais croisé Claudine le lundi de Pentecôte à Saint-Malo. J’étais venu au festival une journée pour voir Amélie qui était à ce moment-là toujours par monts et par vaux. Pour passer un moment aussi avec Marcus et Camille qui revenaient, eux, de deux jours d’escapade père-fille à Jersey (Marcus était venu chercher Camille à son collège anglais de Malvern pour les vacances). Claudine m’avait hélé au détour d’un stand. Alors, on déjeune quand ? Nous nous sommes retrouvés chez Marcel, rue Stanislas. Une adresse où j’étais allé il y a très très longtemps. Le décor n’a pas changé. Le patron si, mais il n’y a rien à dire. Ou alors au contraire. La cuisine est rassurante. Et délicieuse. Nous avons repris nos marques face à ces quelques deux ans où nous ne nous étions pas vus. Parlé de Paris et de vins de Bourgogne, d’amis, d’écrivains, de livres, de hasards, de cette vie littéraire que j’évite un peu maintenant. Et du bon temps dont on se dit, ici, qu’il peut quand même continuer. J’ai été chercher Amélie en début de soirée pour aller au Prix des lectrices de Elle. Il y avait foule dans les salons France-Amérique. Trop de monde, trop de bruit, trop de bonjours qui se perdent. On s’appelle ? A bientôt ? Ces gens que j’aime bien et que je ne vois plus. A peine croisé Françoise-Marie, Delphine. On pourrait essayer de dîner ensemble avant les vacances. Non ? Accroché quand même quelques rendez-vous. Je dois sortir de mon trou.
Lundi 8 juin 2015. 23h50.
Par Xavier Houssin le jeudi 11 juin 2015, 18:12
J’ai commencé à regarder les livres de la rentrée. Lu La fête des mères de Jacques Bauchot, un premier roman chez Carnets Nord. Et aussi Des mots jamais dits de Violaine Bérot, La clé sous la porte de Pascale Gautier, Quand le diable sortit de la salle de bains de Sophie Divry… Je prépare doucement ma liste à proposer à Raphaëlle à la fin du mois. Déjeuné tout seul chez l’Italien de l’avenue du Maine en faisant des brouillons de lettres. Tant de retard dans le courrier... Au soir, c’était la remise du Prix Pagnol au Fouquet’s. Le vote avait eu lieu fin mai chez Jacqueline Pagnol. Il n’avait pas fallu trop insiter (quoique…) pour que ce soit Gilles Leroy qui l’emporte avec son Monde selon Billy Boy, mais il y avait quand même eu des voix qui s’étaient portées sur L’homme qui ment, le livre de Marc Lavoine (celui qui chante dans « Elle a les yeux revolver » : Tell'ment si femme quand elle mord / Tell'ment si femme, je l'aime tell'ment si fort…). Ca devient difficile. J’écoutais Daniel Piccouly, co-président du jury, dire en ouverture de la soirée que les livres des chanteurs, des acteurs,-étaient- des livres comme les autres. Et insister sur le fait que chacun a bien « le droit » de raconter son enfance. La littérature dans tout cela ? Bah…
Dimanche 7 juin 2015. 22h40.
Par Xavier Houssin le jeudi 11 juin 2015, 18:05
J’ai passé la matinée à traiter au Xylophène les quatre chaises cannées (Louis-Philippe ?) achetées l’autre jour du côté d’Arromanches. Il était grand temps de remplacer celles que nous traînons depuis des années, paille défoncée et pieds branlants. Restera à leur trouver des petites sœurs au détour d’une d’une brocante ou d’une annonce. Ce ne devrait pas être trop compliqué. Martine, Agathe et Jean-Pascal sont passés à la maison prendre un verre. Nous avons reparlé du cambriolage qu’ils ont subi à Coquelonde juste une semaine après le décès de Simone. Les voleurs ont filé avec l’argenterie, quelques tableaux et bibelots, un livre de cuisine, une bassine à confitures. Pauvres types. Nous avons rangé la maison. Rassemblé les affaires.La météo prévoit du vent et de la chaleur pour les premiers jours de la semaine. Le jardin va souffrir.
Samedi 6 juin 2015. 21h20.
Par Xavier Houssin le jeudi 11 juin 2015, 18:03
Travail au potager. Nous avons désherbé, arrosé les plantations et les semis de fin mai (tomates, potirons, courgettes, aubergines, piments, salades, haricots, pois, radis…). J’ai nettoyé les rosiers du jardin, mis de l’engrais. Arrosé là aussi. Il fait très sec. Vendredi soir, nous sommes allés chez Mathieu à Ver, du côté de Cérences. Je le connais par Jean-Pascal. C’est un passionné d’histoire naturelle. Il a transformé une chambre au premier étage de sa maison en un extraordinaire cabinet de curiosités. Animaux empaillés, bocaux, squelettes. La pièce maîtresse est une autruche de deux mètres de haut. Mais il y a aussi une tête de tigre, un babouin… Des antiquités de rebut de musées côtoient ses collections d’enfance. La place lui manque, alors il vend. Je lui avais déjà acheté des vipères dans le formol, des mues de migales, des papillons de Colombie, une carapace de tortue, une peau de phoque… Là, j’ai pris un crâne de crocodile pour Christian et j’ai craqué pour une tête de barracuda et une boîte de coléoptères de Madagascar. Samedi, nous avons reçu Lucile Bordes qui est en résidence d’auteurs à Tessy-sur-Vire. Et qui s’y ennuie sans oser le dire vraiment. Déjeuner sous le sapin et longue balade sur la falaise. En fin de journée, Amélie a fait son premier « longe-côte » de l’année. Des cabines jusqu’à à Jullouville. Le ciel était bleu. Bleu. Bleu.
Jeudi 4 juin 2015. 22h10.
Par Xavier Houssin le jeudi 11 juin 2015, 18:02
J’ai du mal à reprendre le fil. Les jours de la semaine m’ont fait un écheveau embrouillé. Un déjeuner avec Pascale chez Wadja. Un autre au Select avec Juliette que je n’avais pas revue depuis son arrivée chez Grasset l’été dernier. Une journée passée avec Nicole chez Caractères au moment où paraît notre troisième tome des Œuvres complètes de Bruno Durocher. Un aller et retour dans le XVIe chez Sylvie pour signer je ne sais plus quel document pour être payé de mon dossier de presse du Festival du livre de Nice (je n’ai toujours rien touché d’ailleurs pour celui de Nîmes rédigé en décembre…). Plus une dernière liste de titres à proposer pour Le Monde des Livres. Côté Next, ça ne va pas fort. Je ne vais pas publier grand chose dans le numéro de juin à paraître ce week-end. Juste te dire que la place manque pour ta chronique ce mois-ci, m’a écrit Isabelle fin mai après m’avoir quand même commandé deux petites critiques. Mais peut-être que l'on en prendra une seule. Don't Worry… Je racontais mes déboires à Alain Hervé que j’ai enfin réussi à voir après qu’on aie cherché vainement à se rencontrer au moment de la parution de Promesse d’îles chez Arthaud début 2014. J’avais fait un papier à l’époque sur ce recueil de récits à travers le monde à la découverte des îles de sa vie. Une quarantaine de destinations magiques éparpillée aux points cardinaux. Avec comme point de départ Chausey, l’archipel de son enfance. Alain Hervé est écrivain, poète, journaliste engagé pour la préservation de la planète (Il est à l’origine des Amis de La terre en 1970 et continue de diriger Le Sauvage, premier mensuel français consacré à l’écologie politique), mais aussi navigateur, jardinier extravagant (il a créé l’association Fous de palmiers). Il garde en dépit de tout la conviction que le Paradis existe. Sur Terre. Nous sommes étrangement liés par des affinités communes, des auteurs, des lieux, d’autres hasards. Du temps où j’étais à Point de Vue, j’avais fait travailler sa sœur Marie-Noëlle. Elle se meurt aujourd’hui d’un cancer aux poumons à Granville. Nous avons déjeuné dans un restaurant asiatique du boulevard de Vaugirard avant qu’il ne prenne son train à Montparnasse pour aller la voir. A bientôt ? - J’espère. Je partais à mon tour deux heures plus tard. Amélie m’a rejoint à la gare. Il faisait beau et clair quand nous sommes arrivés. A Carolles, le jardin embaumait les roses. Doux miracle des soirées de juin.
Dimanche 31 mai 2015. 23h00.
Par Xavier Houssin le jeudi 11 juin 2015, 17:57
Je vais m’y remettre… A quoi déjà ? A tout. A mon journal que les lacunes successives transforment en dentelle. A mon roman, sans cesse revenu à son point de départ (je pense, à ce sujet, à « Lou fùsioù de mestre Gervais », la chanson composée par le président Ladevèze, qui circule dans Tarascon au moment où le départ de Tartarin devient de plus en plus hasardeux. Il était question, écrit Daudet, d’un certain grand chasseur appelé maître Gervais, dont le fusil redoutable devait exterminer jusqu’au dernier tous les lions d’Afrique. Par malheur, ce diable de fusil était de complexion singulière : on le chargeait toujours, il ne partait jamais… Il ne partait jamais ! Vous comprenez l’allusion…). A cette malheureuse nécro de Juan Goytisolo que Florence me réclame depuis plus d’un an maintenant et que je ne parviens (pourquoi ?) toujours pas à écrire. A mes CV à adresser aux écoles de journalisme maintenant que mes cours à la fac sont hélas terminés. A une foule de démarches, de rangements, de mises à jour. A mon courrier. Ma To do list s’allonge à l’infini et mon obsession me ligote. Par quoi commencer ? Nous sommes allés passer Pâques au Mexique. Marcus et Virginie nous avaient préparé un court voyage en famille pendant la Semaine sainte dans les villes coloniales. Guanajato, San Miguel de Allende, Quéretaro… Nous sommes rentrés par Tepotzotlán et l’ancien collège Saint-François-Xavier devenu maintenant un musée d’art religieux labyrinthesque et fabuleux. L’intérieur de l’église déborde de baroque churrigueresque. Pas un centimètre carré qui ne soit sculpté, doré. L’âme y volette comme un petit oiseau dans les rayons du soleil. Encore un séjour au Mexique. Chaque fois je laisse là-bas une minuscule part de moi. Qui se dilue dans le bonheur d’être auprès de ces quatre petites filles. Camille, Victoria, Valentine, Apolline, ma filleule qui aura quatre ans cet automne. Petites filles ? Camille a quatorze ans. Et sa jeunesse toute neuve l’entraîne vers sa vie. Les événements nous emportent. Il y a eu le baptême d’Antoine à l’église de Saint-Cloud. Il se débattait comme un diable sur les fonds baptismaux. Gilles Leroy est venu à nos « Rencontres » de Carolles pour son livre Le monde selon Billy Boy. Sur les sentiers de la falaise, avant le débat, nous avons timidement évoqué nos enfances. Nous sommes proches, sans trop le dire, entre Maman est morte et La mort de ma mère. Et j’avais réalisé en lui parlant que, la semaine suivante, justement, c’était le neuvième anniversaire de ce grand chagrin qui chaque jour, encore, me déchire. Amélie voulait que nous nous rendions au cimetière déposer des genêts sur la tombe. Je n’ai pas réussi à y aller. Douloureux printemps. Le dimanche suivant, Mme Bassard tambourinait à la porte. Elle revenait de Coquelonde, de chez Simone, la mère de Jean-Pascal. La maison est fermée. Tous les volets sont tirés. Il lui est sûrement arrivé quelque chose. Rien à faire pour entrer. J’essayais de forcer une ouverture. Amélie cherchait une clé cachée près du bûcher, dans le jardin… J’ai appelé Jean-Pascal à Caen. Il est arrivé deux heures après avec un double. Mais l’étage était verrouillé. Les pompiers ont dû défoncer la porte palière. Simone était morte pendant son sommeil. Martine nous a rejoints, laissant Agathe avec Amélie. La maison a été envahie. Gendarmes, pompes funèbres. Hervé Guillou, le premier adjoint au maire. Un voisin médecin est venu signer le certificat de décès. Je n’ai pas aimé comme les employés de chez Guérin se sont comportés. « L’assistant funéraire » goguenard et balourd avec son téléphone portable à la sonnerie stupide. Son comparse qui s’est empressé de son côté sans en informer personne d’emballer le cadavre dans un sac plastique. Je n’avais rien à dire. Alors, je n’ai rien dit. Sauf, comme les deux s’apprétaient à filer en catimini avec Simone empaquetée, ça a été plus fort que moi : Je voudrais quand même regarder cette dame passer une dernière fois le seuil de chez elle ! Ils l’ont ficelée sur un brancard. L’un a posé son porte-documents sur le corps avant d’embarquer le tout dans leur fourgon. Pauvre Jean-Pascal. Dévoré de chagrin contenu. Pas sûr qu’il ait rien vu de tout cela. Les funérailles de Simone ont eu lieu le vendredi suivant. Nous étions à Rome depuis deux jours. A l’heure de l’enterrement, le 15 mai au matin, nous nous trouvions dans l’église Saint-André-du-Quirinal. Des choristes américains répétaient un motet de Palestrina. Nous avons été heureux à Rome. Tout était empli de douceur. Nous reviendrons. Amélie a voyagé pour ses auteurs. Cannes, Lyon, Saint-Malo. Moi, je suis resté à Carolles. Je me suis occupé du potager. Et du jardin.
Jeudi 12 février 2015. 23h00.
Par Xavier Houssin le jeudi 11 juin 2015, 17:48
J’avais oublié une pochette de courrier à Saint-Cloud hier soir. Jérôme qui avait des rendez-vous dans le quartier est passé me la rapporter. Du coup, nous avons déjeuné ensemble. Aux Enfants gâtés en bas de la maison. Grand retour. Je n’y étais pas retourné depuis des mois. En fait, j’étais un peu vexé. En mai de l’année dernière, je leur avais consacré une partie de ma chronique de Next. Content d’avoir pu glisser quelques mots sur ce restaurant où nous étions allés dîner dès l’ouverture. Un peu trop cher pour en faire une cantine. Mais nous y étions retournés souvent et j’y avais donné pas mal de rendez-vous. C’est que le patron (seul aux fourneaux) y fait de la grande cuisine toute simple, les cuissons sont parfaites et l’accueil de sa femme, Caroline, vraiment charmant. Après la parution du numéro (je leur avais bien sûr laissé quelques exemplaires), il n’y a pas eu la moindre réaction. Rien. Ni un commentaire, ni un merci. Et encore moins un verre. Oui, je me suis senti (sottement, d’accord…) vexé. Et j’ai boudé. Toujours ce besoin de reconnaissance.
jeudi 19 février 2015
Mercredi 11 février 2015. 23h10.
Par Xavier Houssin le jeudi 19 février 2015, 18:51
Je suis allé chercher Gabrielle à Saint-Cloud. Au départ, la jeune fille qui s’occupe d’elle n’était pas disponible ce mercredi. Mais dans la semaine qui précédait, Gabrielle a attrapé une grosse bronchite. Et son frère aussi. Véronique, la mère de Marion, est alors montée de Willems, dans le Nord, pour les garder. La veille, j’avais appelé Jérôme : Alors, elle est guérie ? Je viens toujours ou pas ? – Elle est en pleine forme et elle t’attend ! Nous avons quand même fait le trajet vers Paris en taxi. Pas question qu’elle prenne froid. Dans la voiture, elle babillait, me racontait une foule d’anecdotes sur son école, ses copains. Et se laissait déborder par son plaisir de raconter au point qu’à un moment elle inventait manifestement au fur et à mesure. C’est vraiment vrai, ça ? – Mais non, c’est pour rire… Pizza, cinéma (sa toute première séance…). Il n’y avait pas grand choix pour les 3/4 ans. Je m’étais rabattu sur La grande aventure de Maya l’abeille, un film d’animation, euh, comment dire ? Une petite abeille veut découvrir le monde à l’extérieur de la ruche et se lie d’amitié avec un frelon de son âge alors qu’abeilles et frelons sont réputés être ataviquement ennemis. Parallèlement l’intrigue se noue : l’ambitieuse suivante de la reine cherche à lui ravir sa place et veut déclarer la guerre aux frelons. Heureusement Maya et son ami, aidés de tous les insectes de la prairie vont empêcher le désastre. Moralité : vive la tolérance, à bas les préjugés. Tout le monde doit pouvoir vivre ensemble. Le film s’achève d’ailleurs par l’arrivée de nouveaux insectes venus d’on ne sait où et que l’on se prépare à accueillir avec enthousiasme. L’histoire ne dit pas s’il s’agit en fait d’une armée de mantes religieuses. Bon… Cette bien pensante bien-pensance de l’air du temps ne l’a pas vraiment troublée. D’ailleurs les subtilités du film lui sont, je crois , un peu passées à côté. L’essentiel étant qu’elle ait compris que : Au début, c’était plutôt triste, mais, à la fin tout le monde est content et chante. Nous remontions la rue d’Odessa à la sortie du cinéma quand la voilà qui tombe en arrêt devant la vitrine d’une boutique de lingerie chic et qui s’extasie devant les culottes rouges en dentelle et les soutiens-gorges pigeonnants. Comme c’est beau !, s’écrie-t-elle. J’en veux. Et de se reprendre aussitôt à voix plus basse : J’en voudrais, s’il te plaît. Je l’ai ramenée dans sa lointaine banlieue après la sieste. J’ai retrouvé Amélie là-bas. Marion et Jérôme nous avaient invités à dîner avec Antonie et Vincent. Dîner « familial ». Pot-au-feu et saint-joseph.
Mardi 10 février 2015. 22h00.
Par Xavier Houssin le jeudi 19 février 2015, 17:27
C’était l’enterrement d’Hélène ce matin à Saint-Pierre-de-Montrouge. Il y avait là, engoncée dans un pesant manteau de fourrure, sa très vieille mère. Et puis Claire, Sandie, Simone, Vivien et d’autres gens de chez Flammarion. Angelo Rinaldi aussi. Quelques personnes de son entourage que je connaissais pas. Une toute petite fille qui était sa filleule et ses jeunes parents. Christophe a prononcé quelques mots d’accueil justes et sensibles. Il a parlé de sa fragilité et de son intransigeance. De sa Foi, de son amitié. Il nous a fait sourire aussi. Mon Dieu, Hélène. Quelle bourrique quelquefois… La messe, discrètement fervente, était célébrée par le père Bruno Laurent, un des vicaires de la paroisse. Lecture du psaume 138 : C’est toi qui a créé mes reins, qui m’a tissé dans le sein de ma mère. J’étais encore inachevé, tu me voyais ; sur ton livre, tous mes jours étaient inscrits, recensés avant qu’un seul ne soit ! Après la cérémonie je suis resté un moment sur le parvis, le temps de voir partir le corbillard. Hélène est inhumée dans un cimetière de la banlieue sud auprès de son frère qui s’était suicidé il y a longtemps. J’ai échangé quelques mots avec Christophe, avec Nadine et j’ai filé. De l’autre côté de l’avenue du Général-Leclerc se dressait la carcasse du cinéma Gaumont, autrefois le Montrouge Palace. Le bâtiment a été mis complètement à nu, il ne reste plus que les structures de béton. J’ai fait une photo que j’ai envoyée à Gilles. Je déjeunais avec Françoise au Café Tournon. Nous avons parlé de Bonnard et du petit livre d’Olivier Renault qui sort à l’occasion de l’exposition au musée d’Orsay. De Genevoix aussi. Et de nos vies, un peu. Son mari est malade. Je l’ai trouvée bien fatiguée. Je me suis installé faire du courrier au Rostand en attendant l’heure de mon rendez-vous avec Marie Sizun. Une visite amicale après le petit papier paru dans Le Monde sur La maison guerre. Ca me ferait plaisir de vous revoir ! La dernière fois que nous nous étions rencontrés, c’était en 2008, à l’occasion d’un court portrait pour Pèlerin, au moment où sortait son roman, Jeux croisés. Elle a connu mon oncle Georges du temps où ils enseignaient les lettres dans le Nord de la France et garde de ce temps un souvenir un peu mélancolique. Elle n’a plus de signes de lui depuis des années. Pourquoi ne répond-il pas au courrier ?
Lundi 9 février 2015. 17h30.
Par Xavier Houssin le jeudi 19 février 2015, 17:20
Je devais déjeuner avec Juliette. Elle m’a envoyé un petit mot : Je suis terrassée par la grippe. Partie remise. Nous avons déjà plusieurs fois repoussé les dates à cause de réunions, de rendez-vous imprévus. Cela fera une fois de plus. Je ne l’ai pas revue depuis qu’elle est arrivée chez Grasset cet été. A force d’avoir trop de choses à nous raconter, nous ne saurons bientôt plus quoi dire…
Lundi 9 février 2015. 3h40.
Par Xavier Houssin le jeudi 19 février 2015, 17:19
Au déjeuner, Olivier Adam a à peine touché aux huîtres et laissé la moitié de son homard. Norbert l’a conduit au premier train de l’après-midi pour Paris. Il est repassé à la maison nous accompagner prendre le suivant. C’est que nous entrons en Carnaval à Granville. Les manèges s’installent sur la place de la gare pour trois bonnes semaines. Plus moyen de se garer. Il faut que quelqu’un nous emmène. Que quelqu’un vienne nous chercher… Pendant le trajet, j’ai relu Ligne & Fils d’Emmanuelle Pagano. Une histoire de cours d’eau en Ardèche et de fils de soie. J’ai pensé au poème de Marie Noël : La rivière qui n’est jamais finie,/ Qui coule et ne reviendra jamais,/ L’eau sans retour ni pardon m’a punie/ Mais je ne sais pas ce que j’ai fait. Qui lit Marie Noël aujourd’hui ? Est-elle encore seulement éditée ? J’ai terminé le papier très tard. Tout empêtré dans le désir de bien faire, le souci d’être à la hauteur des émotions du texte…
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