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mercredi 24 février 2016

Mercredi 10 février 2016. 18h00.

Le coiffeur ce matin, histoire d’être « propre ». Et puis, j’ai entamé mes rendez-vous avec les médecins. Amélie avait voulu m’accompagner. De crainte que je ne lui dise pas tout. Mais les résultats étaient pour le coup rassurants. Pour l’instant ça va. Rendez-vous à la prochaine… Ca lève un poids. Il a beau rester en suspens, je suis soulagé. Il faut fêter ça, a dit Amélie.

Mardi 9 février 2016. 22h30.

J’ai confié ce matin la Harpe à Jean-Pascal. Il fallait que j’aille à Paris deux jours. Des rendez-vous médicaux que j’avais trop repoussés et puis, je devais aussi défendre de vive voix auprès de Raphaëlle mes choix de papiers pour Le Monde. Loin des yeux, loin du cœur : je connais trop l’adage. Sinon, je n’aurai à m’en prendre qu’à moi-même. J’avais embarqué à Coquelonde le panier de couchage, les gamelles, une provision de croquettes. Agathe sera ravie, m’avait dit Jean-Pascal (elle est en vacances). N’empêche, il avait eu la précaution de faire venir Margaux, sa meilleure copine, pour l’occasion. Elles sauront bien s’en occuper ensemble. J’ai quitté Coquelonde avec le sentiment de commettre une mauvaise action. J’ai filé comme un voleur par le sous-sol pendant que les filles jouaient avec la chienne. Cela fait un mois que je n’ai pas quitté cette petite bête. Que nous avons nos codes, nos rites, nos horaires. Qu’elle dépend complètement de moi. Qu’elle s’est laissée aller dans une absolue confiance. Quelle responsabilité. J’avais l’impresion de l’abandonner, de la trahir. J’ai pris le train à Villedieu à cause de ce fichu carnaval de Granville qui barre l’accès à la gare avec ses manèges où jamais ne vient personne. Pitié… A l’arrivée, j’ai trouvé Paris bruyant. Sale. J’avais rendez-vous avec Amélie et Pascale à l’Oenosteria. Syndrome de provincial. J’avais l’impression d’être ailleurs, de ne pas bien comprendre. Allez, encore un verre… Mais depuis combien de temps suis-je parti ? Même pas un mois. Je n’ai pas eu envie de dîner. Nous nous sommes rentrés à pied le long du boulevard Saint-Michel. Et couchés tôt.

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mercredi 27 janvier 2016

Samedi 23 janvier 2016. 21h10.

J’ai attendu Amélie toute la semaine. J’attends Amélie. Mais dès qu’elle est là, je vois le moment où elle va repartir. Une sale vision. Un mauvais présage. Cela pèse trois fois rien dans une journée comme aujourd’hui, mais je sais que ce sera très lourd dès demain. Dès le matin. Ce sont des histoires lointaines. Des histoires de jours fragiles qui s’évaporent et dont on fait semblant de ne pas voir la fuite, de dimanches qui plombent, qui finissent par étouffer. Et qui mettent le cœur au bord des lèvres. A partir de quel moment la vie devient-elle à ce point inquiète ? Depuis l'enfance, depuis toujours, je crois, en ce qui me concerne. Cette terreur de la perte… De l’abandon. Amélie me manque même quand elle est là. Plus encore peut-être. Ah, jeter l’ancre un seul jour. Je barbote dans les eaux noires du Lac. C’est tout ce sombre qui m’empêche. Je m’en protège, je m’en garde en ne faisant rien. Ou presque. Je suis sot. Le temps ce samedi était si beau.

Vendredi 22 janvier 2016. 20h40.

Amélie est arrivée au train de 11h00. J’attendais au bout du quai avec la chienne en laisse. Marché à Jullouville (hier à Carolles, il n’y avait que trois commerçants. Du coup, mes courses étaient bien maigres…). Jean-Pascal était à Carolles pour des travaux dans sa maison. Il est resté déjeuner. A filé en début d’après-midi. Le reste de la journée s’est passée autour du feu. Au calme. Juste une promenade dans les chemins. On est bien...

Jeudi 21 janvier 2016. 17h10.

Longue conversation avec Nicole. Caractères ne tient que par elle. Elle fatigue, elle s’épuise et, en ce moment, je la laisse un peu tomber. Je n’ai toujours pas terminé ma part de la chronologie de Durocher pour le dernier tome. Il me reste encore une bonne demi-journée de travail. Ce n’est pas grand chose, mais j’ai un mal infini à m’y mettre. A ça et au reste. Le temps file. Mon retard s’entasse. Comme toujours. J’ai promis pour la semaine prochaine. Commencé à ramasser les documents pour le renouvellement de ma carte de presse. J’ai reçu le certificat d’employeur de Libé pour l’année 2005. J’ai réalisé que j’y gagnais par an (brut) la somme que recevais (net) chaque mois à Point de Vue. Il y a si longtemps...

Mercredi 20 janvier 2016. 21h00.

J’ai envoyé à Louise un exemplaire du Cyrano de Bergerac de Rostand publié dans les années 1950 au Club du Meilleur Livre. C’est une assez jolie édition avec la photo de Coquelin aîné dans le rôle imprimée sur la toile de couverture. Cela lui fera un souvenir de notre soirée. J’espère qu’elle prendra autant de plaisir que moi à lire ce texte. Et qu’il l’accompagnera longtemps. Promenade au port du Lude avec La Harpe. Elle court d’un côté à l’autre du sentier, plonge son museau dans le ruisseau, dresse l’oreille à des froissements d’ailes. Elle fait des bonds, crotte mon pantalon avec ses pattes boueuses. Elle est contente. Ca se voit. Et moi je lui répète : Tu vois, c’est chez toi, c’est chez toi, c’est chez toi.

Mardi 19 janvier 2016. 18h15.

J’ai lu le message sans surprise. Je suis recalé une fois encore au prix Hennessy du journalisme littéraire. C’est ma leçon d’humilité annuelle. Depuis 2007, je m’acharne à présenter ma candidature. Sans aucun succès. J’ai quand même été finaliste deux fois. Consolation illusoire. Pour être franc, cela me rend triste et un peu amer.

Lundi 18 janvier 2016. 20h30.

Je suis à Carolles depuis une semaine. Je ne bouge plus. Je consacre mes journées à une petite chienne de trois mois. Mon cadeau d’anniversaire ou de Noël. Ou mes étrennes. Ou quelque chose comme ça. J’en avais envie depuis très longtemps. Mais ce n’était pas raisonnable. Ca ne l’est toujours pas. C’est un clumber spaniel. Tant qu’à se décider, je ne voulais pas le chien de n’importe qui. On raconte que le duc de Noailles en émigrant en Angleterre au moment de la révolution avait emmené avec lui sa meute d’épagneuls dont il avait fini par faire cadeau au duc de Newcastle pour sa propriété de Clumber Park dans le Nottinghamshire. Ce dernier, ou plutôt son garde-chasse, a créé la race telle qu’elle existe maintenant. Le prince Albert, l’époux de la reine Victoria aimait beaucoup ces chiens. Son petit-fils, le roi George V, plus encore, paraît-il. Je me voyais déjà aller chercher l’animal en Grande-Bretagne. Mais nous avons fini par trouver un élevage en France, à Achères-la-Forêt, près de Fontainebleau, où il venait justement d’y avoir une portée. Nous y sommes allés le 7 novembre. Les chiots avaient juste un mois. Parmi eux une toute petite boule de poils à l’air grognon, avec des taches marron autour des yeux et sur les oreilles : c’était elle. Je l’ai appelée La Harpe, parce que (ça tombait bien), la Société centrale canine avait décrété que c’était l’année des L. Je doute qu’il y en existe un autre chien à qui on ait donné le même nom. Là où il est, Jean-François de la Harpe, mon vieux compagnon littéraire du XVIIIe siècle, n’a pas dû trouver cela sacrilège. Le premier pas suffit, tout en dépend peut-être,/ Et le point important est d’approcher du maître. J’ai pensé à ces deux vers du tout début de Mélanie. Nous avons été la chercher le 11 janvier. J’étais venu à Paris en voiture pour l’occasion. Amélie a fait quelques photos, puis je l’ai déposée à la gare de Fontainebleau. Alors a commencé le voyage. Quatre cent cinquante kilomètres jusqu’à Carolles. J’avais installé ma petite passagère dans un panier en tissu sur le siège avant. Elle a dormi tout le temps. Pas vraiment contente de mes rares haltes qui la dérangeaient dans son sommeil. A la maison, elle a dormi encore, à peine arrivée, après avoir juste chipoté quelques croquettes. Elle a pris possession de sa caisse, fabriquée spécialement pour elle par Emmanuel, dans laquelle j'avais glissé le panier offert par Martine, Jean-Pascal et Agathe. Nous nous sommes domestiqués très vite tous les deux. Je quitte tôt mes appartements le matin (toute la partie de la maison où se trouvent les chambres et le couloir aux animaux empaillés lui est formellement interdite). Elle m’attend derrière la porte et me fait, à chaque fois, une incroyable fête. Deux balades par jour. Jusqu’à la plage, dans les sentiers, sur la falaise. Je l’efforce de lui inculquer les bonnes manières. Avec plus ou moins de bonheur. Il va falloir être patient. Amélie m’a rejoint le week-end dernier. Elle était accompagnée de Gabrielle. La dernière fois qu’elle était venue, elle avait deux ans et demi. C’était en septembre 2013. Autant dire il y a des siècles. Je ne me souviens plus de rien ici, disait-elle désolée en furetant dans les pièces. Mais elle s’est vite réacclimatée. A retrouvé ses marques. La maison, elle, ne l’avait pas oubliée. Nous avons passé deux jours très joyeux. Bien sûr, elle va revenir Gabrielle, ai-je dit à La Harpe comme nous rentrions tous les deux de la gare. Elle était pelotonnée contre moi dans la voiture. Un, deux, trois... Un, deux... Un... Un... compte le coeur de la chienne endormie, écrit Colette. Elle a remué ses pattes. Poussé un petit grognement. Qui sait ce qu’elle comprend.

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jeudi 21 janvier 2016

Samedi 9 janvier 2016. 22h00.

Nous avons emmené Louise à la Comédie française aujourd’hui. En matinée. Nous avions retenu des places pour la reprise du Cyrano de Bergerac mis en scène par Podalydès. Elle a douze ans. L’âge parfait pour la pièce d’Edmond Rostand. Moi, j’étais encore à l’école primaire, en 1964 ou 1965, quand j’y avais assisté, avec Jean Piat dans le rôle de Cyrano. J’en garde un souvenir ébloui. Tellement enthousiaste. Comme j’avais ri, comme j’avais pleuré. Quel héros ce Cyrano. Aujourd’hui je connais toujours des passages par cœur tant j’ai lu et relu le texte. Ici, je dois bien dire que j’ai été déçu. C’est que je ne comprends pas ce souci d’originalité forcené qui semble agiter les metteurs en scène. Certes, ce n’était pas le Cyrano que Pitoiset a massacré à l’Odéon (avec le pitoyable Torreton…) faisant du héros de Rostand un aliéné dans un asile psychiatrique. Mais quand même. Quel étrange obstination à bousculer les codes, par peur sans doute d’avoir l’air trop classique. La confusion est à son comble au lever de rideau. La première scène (« une représentation à l’hôtel de Bourgogne ») est envahie des projections vidéos de mises en scènes « mythiques ». De ci, de là, quelques phrases tronquées, quelques noms contemporains sottement rajoutés. Quant aux indications, très précises, de Rostand sur le décor : oubliées au triste profit d’un agencement foutraque d’estrades et d’échafaudages. Et puis, je ne comprends pas pourquoi il faille que Cyrano s’extirpe d’une malle en osier pour son entrée en scène (d’autres personnages d’ailleurs surgiront ainsi du plancher ou de la fosse..). Quoi encore ? Les acteurs sont costumés dans un kaléidoscope d’époques incompréhensible. Le poste des Cadets de Gascogne au siège d’Arras à des allures de tranchée de la guerre de 1914. Au moment de la charge tonitrue le Boléro de Ravel. J’en passe... Ajouter juste que Didier Sandre qui tient le rôle de de Guiche (affublé d’une redingote à brandebourgs bleu de Prusse) est quasi inaudible du début à la fin. Bah. Du coup, Louise n’a pas tout compris. Mais elle était contente. J’ai gardé ma déception pour moi. Reste Rostand : Non, non, mon cher amour, je ne vous aimais pas ! Nous sommes allés boire un verre au Café Marly. La nuit tombait sur la cour du Louvre.

jeudi 14 janvier 2016

Vendredi 8 janvier 2016. 21h20.

J’ai déjeuné avec François Broche chez Paul, place Dauphine. Nous nous étions revus fin décembre grâce à Jean-Paul Caracalla. Un bail. La fois d’avant, c’était au printemps 2009 quand je dirigeais la collection « Domaine public » chez Buchet. Nous nous étions retrouvés autour d’Henri de Régnier, d’Anna de Noailles aussi. J’avais compris alors, sans que je connaisse rien de l’histoire, qu’il était le fils de ce « frère d’armes » de mon père en Nouvelle Calédonie, tué à Bir-Hakeim en 1942. François Broche a publié l’an dernier chez Pierre-Guillaume de Roux À l’officier des îles, un livre très personnel, intime, sur ce père qu’il n’a jamais connu. Il me l’avait apporté. Nous avons évoqué des amis et des relations communes, brodé sur l’air du temps. J’ai tourné autour du pot sans parvenir à vraiment lui parler tant je suis ignorant de cette période et de la vie de mon propre père. Encore une fois, ce fichu roman qui traîne, qui traîne, m’est apparu effrayant, impossible à écrire.

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Samedi 19 septembre 2015. 22h00.

J’ai soixante ans aujourd’hui. Je me le suis dit à haute voix ce matin dans la glace. En me regardant, tout seul, dans le fond des yeux. Pauvres yeux. Soixante ans. Quelle misère. Cela fait un moment que je ne me reconnais plus. Nous sommes à Pise. Amélie m’y a embarqué parce que, justement, je ne voulais voir personne pour ce fichu anniversaire. Pas de cadeaux. Pas de souhaits. Pas un mot. Rien. J’aurais voulu oublier la date. Oublier mon âge et le temps qui passe. Soixante ans. Ca sent la grande glissade. Même si la pente reste douce. J’entre dans mon automne en frissonnant. Elle est pourtant bien belle cette fin septembre à Pise. Dès qu’on a fui la horde de touristes qui envahit la piazza dei Miracoli, le calme et la douceur reviennent. Personne sur les bords de l’Arno, personne au jardin botanique, personne au Musée national San Matteo (nous étions vraiment seuls dans la salle des grands crucifix des XIIe et XIIIe siècles). Nous logeons dans un ancien palais tout à côte de l’église San Sepulcro où est enterrée Marie Mancini. Petit clin d’œil au roman de Jean-François Kervéan, Animarex, que je suis en train de lire. Merci Amélie.

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Dimanche 13 septembre 2015. 22h40.

Aude qui rentrait à Caen a raccompagné Pascale et Joëlle à la gare. Nous avons pris un train plus tard dans l’après-midi. C’est notre dernier Granville-Paris avant un moment d’ailleurs. La SNCF fait des travaux et la ligne va être interrompue jusqu’à mi-novembre. Et sans doute un peu plus. Les trajets vont être compliqués. Bah, nous nous débrouillerons.

Samedi 12 septembre 2015. Nuit noire.

Elle est venue un peu tirée par devant, et poussée par derrière, mais elle est venue. Comme souvent (comme toujours ?), elle hésite, elle hésite, puis elle se lance. Je crois ici qu’elle ne l’a pas regretté. Nous avions invité Pascale Gautier à Carolles pour la « reprise » des Rencontres littéraires. Nous avons parlé de son nouveau roman, La clef sous la porte, sorti fin août, et du succès du précédent, Les Vieilles qui a été vendu aujourd’hui à quelques 250 000 exemplaires. De ses autres textes aussi où s’enchevêtrent les angoisses, la dérision, les deuils et les histoires de famille. Elle a été fragile comme du bois sec, tendre, épineuse, blessée, à vif. Sincère, si sincère. Et les gens (il devait y avoir soixante-dix à quatre-vingt personnes) ont été particulièrement touchés. Ca se voyait. J’avais fait du homard à l’américaine pour le dîner à la maison. Il y avait Joëlle et Aude. Il était tard quand nous nous sommes quittés.

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lundi 28 septembre 2015

Jeudi 3 septembre 2015. 19h10.

J’ai reçu un message du « service éditorial » d’Actes Sud. Nous regrettons vivement le retard avec lequel nous reprenons contact avec vous. Nos lecteurs ont lu votre manuscrit, L'Herbier des Rayons, avec intérêt. Cependant, votre ouvrage n’a pas suscité la totale conviction sans laquelle nous ne nous engageons pas, etc…. Après que Belin avait été racheté et que mes projets de publication là-bas s’étaient envolés, j’avais adressé en mars, sur les conseils de Régine Le Meur, mes textes directement à Bertrand Py à Arles. Il avait estimé sans doute que je n’étais pas suffisamment important pour qu’il m’en accuse simplement lui-même réception. Le courriel « type » du même « service éditorial » (Vous recevrez donc une réponse quand nous aurons examiné votre texte. Nous vous demandons toutefois un peu de patience, compte tenu du nombre élevé de manuscrits qui nous parvient chaque jour…), laissait, sans surprise, déjà augurer de la réponse que je viens de recevoir. Nouvelle leçon d’humilité. Je les collectionne. N’en jettez plus, la cour est pleine, disait ma grand-mère Mamoÿ. Grace à Nicole, le recueil sortira chez Caractères. Reste que le coût de l’édition est élévé pour la maison. Il va falloir trouver de l’argent pour la photogravure des planches. Et je ne suis pas très doué pour ça.

Mercredi 2 septembre 2015. 21h10.

Je garde Gabrielle tous les mercredis après-midi de septembre. Il y en cinq et aujourd’hui, c’était le premier. Sortie d’école à Saint-Cloud. Tramway jusqu’à la porte de Versailles puis métro jusqu’à Sèvres-Babylone. Je l’ai emmenée déjeuner au Coffee Parisien. Rue Princesse, histoire de donner la tonalité du mois. « Vrai » hamburger et Coca-Cola. Glace à la fraise. Par-dessus son assiette, elle m’a raconté sa nouvelle maîtresse (Elle s’appelle Audrey…), Armand et Abel, ses deux amoureux (Je préfère Armand !), est revenue un peu sur ses vacances (J’ai pris l’avion toute seule.), et s’est inquiétée de l’avenir (Qu’est-ce qu’on fait cet après-midi ?). Nous sommes allés au Musée en herbe, rue Hérold, où il y avait une exposition Tintin. Là-bas elle a vite rejoint un petit groupe d’enfants qu’une animatrice guidait dans la visite à la recherche d’une pierre précieuse égarée du trésor de Rackham le rouge, à moins que ce ne soit celle cachée dans le curieux fétiche arumbaya à l’oreille cassée. C’était bien ? A la terrasse du Nemours, place Colette, nous avons commencé à remplir tous les deux son « Cahier des mercredis ». Un scrap book où j’ai décidé de lui faire coller les tickets de métro, les cartes de visite des restaurants, les notes des bistrots, les entrées aux musées, aux spectacles, les cartes postales des endroits visités. J’écris sous sa dictée. Je lui relis pour qu’elle approuve. Je sais qu’elle ne souviendra pas de ses moments-là. Qu’ils vont disparaître, pétris dans la pâte de ses premières années. Celles qui feront le socle de sa vie. Mais si elle retrouve ce cahier, bien plus tard, elle m’entrapercevra peut-être lui souriant dans la tendresse émue de ces mercredis lointains.

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