J’ai réservé une chambre dans un gîte à côté de Morvillars, dans le Territoire de Belfort. Nous y allons fin novembre. Deux jours. C’est là qu’est enterré mon grand-oncle Henri Demarcq, le frère de Mamoÿ. Il est mort à quarante-et-un ans, le 24 novembre 1916, dans un hôpital de campagne à Chavannes-les-grands, après avoir été blessé dans les combats du bois d’Hirtzbach. Tous ces lieux tiennent dans un mouchoir de poche. Un rayon d’une trentaine de kilomètres. Cela fera cent ans. Et voilà que je suis bien plus vieux que lui. Bien plus vieux encore que mon autre grand-oncle Georges Lapierre, celui-ci frère de mon grand-père Joseph, disparu à vingt-sept ans le 17 juin 1915 dans la bataille de l’Artois, à Notre-Dame-de-Lorette. Il n’a pas de tombe. Son corps n’a jamais été retrouvé. Il gît anonyme, sous la tour-lanterne, dans l’ossuaire de la nécropole. Oui, nous irons à Morvillars pour l’anniversaire.