J’ai écrit un petit papier pour Elle sur le roman de Sophie Avon, Le vent se lève. Le récit d’une traversée de l’Atlantique à la voile que font un frère et une sœur et qui devient, sans vraiment qu’ils s’en rendent compte, un voyage initiatique. Grâce au titre, j’ai relu Le cimetière marin de Valéry. Le vent se lève !... il faut tenter de vivre !/ L'air immense ouvre et referme mon livre,/ la vague en poudre ose jaillir des rocs !/ Envolez-vous, pages tout éblouies ! On enterrait mon voisin, M. Beltoise cet après-midi. Il est mort jeudi dernier. A 74 ans. En 2009, je crois, il avait fait une attaque, ou quelque chose comme ça. Et il ne s’en était jamais remis. La situation s’était lentement dégradée. Son épouse s’est occupée de lui jusqu’au bout. Jusqu’au dernier possible. Pas de prêtre à l’église. C’est comme ça maintenant. J’ai trouvé qu’il n’y avait pas grand monde. Et pas les commerçants. Je me souviens de M. Beltoise le soir du 29 avril 2006, comme on emmenait Maman à l’hôpital de Granville pour son dernier voyage. L’ambulance, la voiture de Marie, la mienne. M. Beltoise, de son perron, regardait dans la nuit s’ébranler notre petit cortège.