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dimanche 10 août 2008

Samedi 9 août. 22h00

J'aurais dû me remettre à mon livre, mais nous avons profité du beau temps pour nettoyer le potager, tondre et réparer les dégâts au jardin. Nous nous sommes baignés, tard, harassés de grand air.

Vendredi 8 août. 23h10

J'ai pris le 10h30 pour Granville. Il est arrivé avec une bonne demi-heure de retard. Des vaches sur la voie entre Verneuil et L'Aigle. J'ai juste eu le temps de faire l'aller-retour entre Carolles et la gare pour ramener Valérie et ses fils. Trois et six ans? En quinze jours, les deux garnements ont dévasté le jardin. Arraché les grappes de raisin qui pendaient à la vigne. Plié les branches du figuier et lacéré les feuilles. Cassé le scion fragile de ginko biloba, piétiné les hortensias, étêté les dahlias. Jeté dans les haies les statuettes de terre cuite. Ils sont même parvenus à tordre un râteau. Deux hachettes ont disparu. Dans le tonneau de récupération d'eau, ils ont jeté une vingtaine de gros cailloux, dont le plus volumineux pèse au moins quinze kilos. Comment ont-ils fait? Quelle hargne destructrice. A l'intérieur, le pauvre vieux fauteuil club, déjà bien fatigué, a reçu le coup de grâce. Accoudoirs lacérés et coussin éventré. Le crapaud a eu plus de chance, seuls ses galons ont été arrachés. Comment ont-ils réussi à dessouder les ibis de bronze qu'avait ramené d'Indochine mon grand-père au XIXe siècle? Mystère de petits barbares... Que reste-t-il à découvrir? Du calme. Aux Fontenelles, le potager est beau. Dans la jachère des mauvaises herbes, les semis éclatent. Les salades sont énormes. J'ai été chercher Amélie au dernier train. Nous avons dîné au jardin. Un homard grillé. De la laitue rouge fraîchement coupée avec juste une cuillère d'huile d'olive ramenée du moulin d'Opio. On ne va pas se plaindre.

Jeudi 7 août. 23h50

J'ai déjeuné avec Marie-Françoise chez Paul, place Dauphine. Nous avons parlé du temps comme il advient. Et de ce qu'il fabrique. Il n'y avait pas mieux que cet endroit pour raccrocher les années. Pour comprendre comment elles se tissent. Imperceptiblement. C'est encore un hasard. Mais je suis si content qu'elle m'ait fait retrouver ce petit périmètre. Comme on laisse les lieux et comme on s'en souvient... Quand j'habitais rue de l'Arbre-Sec, je venais souvent lire ici. C'est à ne pouvoir s'y méprendre, le sexe de Paris qui se dessine sous ces ombrages. Je pensais à Nadja et j'avais dix-huit ans. J'avais acheté à l'époque dans une librairie qui n'existe plus les six tomes du Vicomte de Bragelonne gravés par Dutertre. Une fortune. J'allais boire timidement un verre de pouilly au tabac Henri IV. Je rêvais d'un bureau de bois clair exposé à la vitrine d'Aliette Texier. Nous avons parlé longtemps avec Marie-Françoise. Je n'avais pas envie de partir. Le restaurant était vide quand nous nous sommes levés de table. Je reviendrai. Merci. J'ai juste pu être à l'heure pour rejoindre Marie à Denfert-Rochereau. Un verre sur la place. Quelques pas. L'orage nous a arrêté sous un auvent rue Daguerre. Nous avons forcé quelques mètres jusqu'à la librairie Boulard. Elle cherchait un cadeau pour une amie chez qui elle se rend ce week-end à Bruxelles. Elle semble en harmonie avec elle-même, Marie, et je m'en émerveille. Au soir Delphine et Marie-Sophie étaient à la maison. La soirée s'est passée amicale et douce. Je n'ai pas écrit une ligne, mais quelle belle journée...

jeudi 7 août 2008

Mercredi 6 août. 23h00

J'ai enfin terminé l'édition du Marguerite Audoux. Remis le fichier à Géraldine pour la fabrication. Rédigé les argumentaires de vente pour Paul. Le volume devrait sortir en février. J'ai pris rendez-vous avec Vera à la rentrée pour parler de l'avenir de « Domaine public ». Mon idée de départ de ne publier que des auteurs qui viennent juste d'entrer dans le domaine, m'apparaît aujourd'hui comme une légitimité assez abstraite. Je l'ai compris vraiment avec ce livre où tout s'est bloqué. Pas moyen d'intercaler une autre parution. Certes, le résultat sera beau, mais quel laborieux parcours... il y a eu toute une suite d'incidents et la chronologie m'a pris un temps fou. La vie de Marguerite Audoux se déroule elle-même comme un roman début de siècle. Aussi, il ne faut pas en rater la progression dans la remise en perspective des rencontres, des séjours. Pendant ces mois de travail, j'ai été troublé, davantage que je le suis (souvent) dans ce genre d'exercice par des coïncidences de lieux qui me font connivences. Sa villégiature à Saint-Pair-sur-Mer, mais aussi l'Esterel, le XIVe et sa dernière adresse, 71 rue de la Convention... Nous y sommes passés en rentrant de dîner chez Dominique et Frédéric, rue Saint-Charles. Jeu de l'oie littéraire. je reprends mon propre manuscrit demain.

Mercredi 6 août. 15h00

Je devrais davantage faire confiance en la Providence. Celle de mon grand-père Joseph. Celle de ma mère. Celle de l'Evangile de Matthieu : Ne vous inquiétez pas du lendemain : demain s'inquiétera de lui-même. Marie a signé le bail de son appartement cet après-midi. Elle emménage mi-août

mercredi 6 août 2008

Mardi 5 août. 23h15

J'ai retrouvé Marie en tout début d'après-midi, rue Buffon, où elle avait rendez-vous pour visiter un appartement. Cela fait un moment qu'elle cherche activement sans que cela débouche sur une signature de bail. Elle butte chaque fois sur un problème de caution. Pour la première fois, je ne peux pas l'aider. Je suis confronté à cette réalité que je m'efforce d'escamoter depuis un an : je ne gagne vraiment plus d'argent. Je sais qu'elle se débrouillera, elle est pleine de confiance, mais ça me fait étrange. Elle attend une réponse pour un deux-pièces du côté du Faubourg-Saint-Antoine. Demain. Demain...

mardi 5 août 2008

Lundi 4 août. 22h30

J'ai travaillé chez Buchet aujourd'hui. Toujours l'édition de ce volume de Marguerite Audoux qui n'en finit pas... J'ai surtout laissé à Pascale les pages de mon manuscrit en cours. Nous avons déjeuné ensemble rue Saint-Sulpice. Ce qu'elle m'a dit sur mon texte m'a beaucoup rassuré. Il me reste deux semaines pour terminer le livre.

Dimanche 3 août. 23h00

Je n'ai jamais aimé partir. Ce sont ces égratignures du regret dont on arrache longtemps les fines croûtes brunes. Nous sommes rentrés à Paris avec un gros bouquet de lavande, des branches d'olivier. Des citrons encore accrochés à leurs feuilles. Avec aussi les confitures d'orange d'Emmanuel et ses pots d'ail confits au vinaigre. Le matin, il nous avait prêté sa Lotus pour une balade. Amélie m'a laissé le volant à Gourdon. Nous avons continué un peu en direction de Bramafan et sommes revenus par la route des gorges et Bar-sur-Loup. Il était encore tôt. Le soleil était rasant. Le paysage sinuait dans le bruit du moteur. J'étais comme un petit garçon content.

Amélie a relu dans le train les livres de sa rentrée. Je me suis endormi en pleine France. Réveillé à nuit noire. Nous nous sommes offerts un taxi jusqu'à l'appartement. Sulfur, le poisson voilier avait bien supporté notre semaine d'absence. J'ai changé l'eau de son bocal. Arrosé les misères et l'oxalis pourpre. Il faisait lourd et chaud. Nous avons laissé les fenêtres ouvertes.

dimanche 3 août 2008

Samedi 2 août. 23h50

François, un des oncles d'Amélie nous a invité à dîner à Juan-les-Pins. Un restaurant en contrebas, tout au bord de l'eau. La mer avalait le couchant. Les découpes de L'Esterel s'effaçaient peu à peu. Etrange beauté sauvée d'un affreux entassement. Car juste au dessus de cette isola, les gens se bousculaient dans l'air chaud de friture et de crème solaire, dépenaillés, bruyants. Effrayants en un mot. Jérôme Bosch à la plage. Il a bien fallu ressortir à un moment... Emmanuel a pris pour revenir la route du cap d'Antibes. Un lent retour au calme. Dans la nuit, le phare de la Garoupe lançait ses deux éclats blancs.

samedi 2 août 2008

Samedi 2 août. 2h30

Nous nous sommes levés dans la nuit pour dire au revoir à Virginie et Marcus. Et (surtout) aux filles. Toutes les trois, excitées, épuisées et ficelées, en pyjama, dans leurs sièges auto sur la banquette arrière. Ils ont un long trajet à faire jusqu'à lÎle-de-Ré. Arrivée prévue vers midi... Quand la voiture a disparu dans la descente de la maison, j'ai réalisé que nous ne reverrions probablement pas Marcus avant son retour au Mexique. Virginie et les petites, elles, devraient passer par Carolles avant de reprendre l'avion.

Vendredi 1er août 2008. 22h30

J'ai lu la copie d'une lettre que l'arrière grand-père d'Amélie, Paul Jourdan, avait écrit à sa femme fin décembre 1915, la veille de l'attaque où il devait tomber. L'écriture est nette et serrée. Les mots sont impressionnants de sincérité, de douleur contenue, d'amour, de foi et de dignité. Mais le plus émouvant est sans doute que nous, presque un siècle après, nous connaissons l'issue. Nous, nous savons cet avenir et cette mort qu'il ne faisait, lui, que pressentir. Il repose quelque part dans un cimetière militaire du Haut-Rhin. Cette même année 1915, six mois avant, Georges Lapierre, le frère de mon grand-père Joseph, envoyait à sa mère un courrier dont les mots se ressemblent. J'offre ma vie à Dieu pour Joseph et sa famille. Et aussi pour la France. Il a été tué le 17 juin à Notre-Dame-de Lorette. Son corps gît, anonyme, dans un des ossuaires de cette immense nécropole où nous nous sommes rendus, un peu par hasard, avec Steven et Fiona en janvier dernier, parce que Leo voulait voir les champs de bataille de 14-18. Henri Demarcq, un autre de mes grands-oncles est mort aussi pendant la Grande guerre. Le frère aîné d'Angèle. Il a succombé à ses blessures en novembre 1916. Il est enterré à Morvillars, Territoire-de-Belfort. J'ai un portrait de lui en uniforme. Moustache à crocs et l'air fier devant l'objectif. Il tient un clairon à la main. Amélie m'en a montré un de Paul Jourdan, pris lors d'une permission. Il porte la tenue des chasseurs alpins. Lui aussi bombe le torse. En décor son jardin, avec des oliviers. Sur un second cliché, on le voit avec sa femme et ses deux filles. Je n'ai pas de photo de Georges et il n'a pas de tombe. Si vieux jeunes hommes. Paul Jourdan avait trente-deux ans, Georges Lapierre, vingt-sept, Henri Demarcq, quarante-et-un.

vendredi 1 août 2008

Jeudi 31 juillet. 23h00

Nous avons reçu un mail de Steven. Il vient d'obtenir le Miles Franklin, le plus important prix littéraire d'Australie. Ca fait un beau battage là-bas. J'imagine comme il doit être content. Du coup, j'ai pu enfin mettre un terme à mon silence presque total de bientôt huit mois. J'avais eu beau envoyer une ou deux cartes postales, je n'étais pas parvenu à donner normalement de nos nouvelles. J'avais repoussé sans cesse le moment de lui écrire. Là, ce n'était plus tenable. Amélie m'a tout traduit en quelques minutes. Comme d'habitude, je me noie dans la mer de larmes d'Alice.

J'ai eu Pascale au téléphone. On se voit à Paris la semaine prochaine. J'aurai avancé un peu plus dans mon travail. Je ne sais pas quoi en penser d'ailleurs. Comme si le texte ne se décollait pas de moi. Je n'ai aucun recul. Aucun.

Long dîner sur la terrasse à écouter des anecdotes de famille. Je n'en situe toujours pas très bien les protagonistes. Mais elles m'enchantent...

jeudi 31 juillet 2008

Mercredi 30 juillet. 22h40

Une balade à Grasse avec Virginie, Marcus et leurs filles. Quelques courses dans l'après-midi. Rêveries et bavardages. La journée s'est envolée comme un petit ballon gonflé à l'hélium dans un ciel tout bleu.

mercredi 30 juillet 2008

Mardi 29 juillet. 18h30

J'ai achevé en fin d'après-midi la préface du roman de Roger de Beauvoir. Il faut que je remercie Hélène et Daniel de m'avoir confié ce travail. Je connaissais juste cet auteur de nom. Quelques vagues souvenirs d'histoire littéraire où il apparaissait comme un personnage d'arrière-plan. Je crois que je n'avais jamais rien lu de lui. Ces Mystères de l'Ile-Saint-Louis, m'ont ramené très loin en arrière. Pour moi, comme pour beaucoup, le roman d'aventures XIXe a été la porte d'entrée à la vraie lecture. Celle qui vous happe. Celle qu'on dévore. Celle qu'on ne quitte pas et qui ne vous quitte plus. Les Trois mousquetaires de Dumas et leurs suites ont vraiment été pour moi des textes initiatiques. Je n'ai jamais cessé de les relire par bribes, avec le même bonheur. Cela me me procure, à chaque fois, une vraie exaltation, une douce mélancolie, une profonde joie. Le temps n'est jamais parvenu à carapaçonner mon émotion d'enfant aux dernière phrases du Vicomte de Bragelonne qui disent la mort de D'Artagnan: D’Artagnan essaya de se relever. On l’avait cru renversé sans blessures. Un cri terrible partit du groupe de ses officiers épouvantés : le maréchal était couvert de sang ; la pâleur de la mort montait lentement à son noble visage. Appuyé sur les bras qui, de toutes parts, se tendaient pour le recevoir, il put tourner une fois encore ses regards vers la place, et distinguer le drapeau blanc à la crête du bastion principal ; ses oreilles, déjà sourdes aux bruits de la vie, perçurent faiblement les roulements du tambour qui annonçaient la victoire. Alors serrant de sa main crispée le bâton brodé de fleurs de lis d’or, il abaissa vers lui ses yeux qui n’avaient plus la force de regarder au ciel, et il tomba en murmurant ces mots étranges, qui parurent aux soldats surpris autant de mots cabalistiques, mots qui avaient jadis représenté tant de choses sur la terre, et que nul, excepté ce mourant, ne comprenait plus : - Athos, Porthos, au revoir. – Aramis, à jamais, adieu ! Des quatre vaillants hommes dont nous avons raconté l’histoire, il ne restait plus qu’un seul corps : Dieu avait repris les âmes. Je pleure toujours. C'est que le livre est fini. Vraiment fini. Les Mystères de l'Ile-Saint-Louis m'ont fait retrouver, à neuf, des impressions enfouies de ces pages-là, mais également de celles du Capitaine Fracasse de Gautier, du Capitan de Zévaco. En jetant aussi quelques lignes biographiques sur Roger de Beauvoir, il m'a semblé que je l'arrachais un peu à l'oubli. Je compte avec sa vie maintenant. J'ai envie d'en apprendre davantage. Et de le partager. Mais, pour l'intant, l'exercice est clos. Je vais pouvoir reprendre mon livre. Je suis toujours aussi lent, tout m'en paraît si lourd. Pourtant, je me sens bien de travailler ici, dans cette maison de Magagnosc. Je m'y sens à l'abri. La fenêtre de mon bureau ouvre sur deux cyprès, chacun flanqués, à droite et à gauche, d'un olivier. Dans l'ouverture du paysage, entre les arbres, on aperçoit, sur la colline, une petite chapelle et quelques maisons perdues dans la verdure. Amélie est dans la piscine avec ses nièces. Les petites sautent dans l'eau, poussent des cris. La chaleur de la journée commence à décliner. A peine...

mardi 29 juillet 2008

Mardi 29 Juillet. 1h10

Les gens défilent. La famille, les amis. Un verre chez les uns. Un déjeuner avec un autre. Un dîner avec d’autres encore. C’est plutôt bien. Je fais la planche. Pas bien sûr de savoir rendre toute cette affection. Mais pas envie non plus d’en laisser une seule miette.

Dimanche 27 Juillet. 22h50

Le train pour Cannes était à 8h00. Nous avons dormi, côte à côte, dans le TGV, jusqu’à Avignon et fini le trajet les yeux un peu dans le vague. Juste réveillés par les derniers kilomètres, le long de l’Estérel, quand la voie suit la mer, en pleine carte postale. Cabotage d’été. Il faut que je m’amarine un peu. Jérôme était venu nous chercher. Sur ses épaules, Victoria faisait des signes à tout le monde. Dans la foule, on ne sait jamais.

Samedi 26 Juillet. 23h10

J’ai abandonné la maison à Valérie et à ses fils avec ce sentiment bizarre qu’Amélie et moi n’en avions pas profité depuis la fin des travaux. Le tour était passé. Il va falloir se la réapproprier. J'ai compris vraiment ce que voulait dire l’expression « laisser les clés ». On passe du temps là-bas. Je ne sais toujours pas si on y habite… Dans le train du retour, j’ai relu Les Mystères de l’île Saint-Louis de Roger de Beauvoir, ce roman de cape et d’épée XIXe pour lequel Hélène m’a demandé une préface. Pris des notes. Beaucoup. Drôle d’exercice de style. J’ai peur que la rédaction soit un peu compliquée. Amélie m’attendait à Montparnasse. Elle avait retenu une table à La Robe et le palais, rue des Lavandières-Sainte-Opportune où nous avions rendez-vous avec Chris pour dîner. Nous nous y sommes tous retrouvés en avance. La carte des vins était étonnamment déserte. Pas d’arbois, pas de mâcon, pas de saint-véran, pas de crozes. Nous avons quand même fini par dénicher un côtes-du-rhône blanc assez correct. De toute façon, Chris ne boit pas grand-chose. Nous avons passé une soirée très amicale et discrète. Parlé de son colloque à Cerisy, de littérature sud-américaine (il est traducteur), de poésie (il sort son deuxième recueil bientôt). De Fiona et de Steven aussi. Cela fait six mois que je ne leur ai pas donné signe de vie. Je déteste les emails et la perspective d’une longue lettre à écrire en anglais, bardé de dictionnaires, m’effraie. La semaine prochaine, si Amélie veut bien m’aider…

samedi 26 juillet 2008

Vendredi 25 juillet. 16h00

J’ai eu l’impression à la gare d’accompagner Marie pour un important départ. Un peu comme lorsque le train à Saint-Lazare l’avait emmenée pour Cherbourg et ses années des Beaux-Arts. J’avais photographié les lumières rouges du dernier wagon qui s’éloignait du quai. Comme une preuve tangible de ce moment. Où est ce cliché maintenant ? Là, pas d’appareil. On s’est fait un long au revoir de la main.

Je viens de terminer la mise en forme d’une interview pour le journal d’Hermès, il faut maintenant que je mette de l’ordre dans la maison. Nettoyer, ranger. Je la laisse pour deux semaines à Valérie et ses deux petits garçons. C’est important qu’elle soit habitée et qu’y résonnent toujours des cris d’enfants.

vendredi 25 juillet 2008

Jeudi 24 juillet. 23h40

J'ai eu Pascale au téléphone. Elle rentrait juste de ses îles grecques. Elle s'en va demain chez sa mère dans les Alpes et je sais que ça ne va pas être facile. On se retrouve à Paris début août. Où en sera mon malheureux livre? Il faudra alors que je lui en parle. Que je lui explique où j'en suis. Mais j'ai juste envie de prendre de ses nouvelles. De lui dire des miennes. Pas de deux tout en simple. Remonter doucement la petite boîte à musique de nos bavardages.

Marie part demain...

mercredi 23 juillet 2008

Mercredi 23 juillet. 23h50

Amélie m’a fait passer un mot de Chris Andrew. Une carte postale envoyée du Mont-Saint-Michel. Chris est venu en France pour un colloque à Cerisy. Il passe quelques jours encore chez des amis près de la rue de Charonne et repart en Australie le 2 août. C’est bête si on se rate. Tant de milliers de kilomètres et se retrouver si proches... Cerisy est à moins d'une heure de Carolles. Reste samedi à Paris. J’ai connu Chris par Fiona et Steven. J'ai beaucoup d'admiration pour lui. Universitaire francophile et lettré. Grand lecteur. Poète surtout, écrivant dans une dérision délicate. Histoire de peau fine. Il épluche à l’économe. Il travaille les transparences et la pulpe. J’espère que nous nous verrons. J'aimerais le revoir. J’aimerais qu’Amélie le connaisse.

J’ai repris le travail. Tout doucement. Tout doucement.

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