Je n'ai jamais aimé partir. Ce sont ces égratignures du regret dont on arrache longtemps les fines croûtes brunes. Nous sommes rentrés à Paris avec un gros bouquet de lavande, des branches d'olivier. Des citrons encore accrochés à leurs feuilles. Avec aussi les confitures d'orange d'Emmanuel et ses pots d'ail confits au vinaigre. Le matin, il nous avait prêté sa Lotus pour une balade. Amélie m'a laissé le volant à Gourdon. Nous avons continué un peu en direction de Bramafan et sommes revenus par la route des gorges et Bar-sur-Loup. Il était encore tôt. Le soleil était rasant. Le paysage sinuait dans le bruit du moteur. J'étais comme un petit garçon content.

Amélie a relu dans le train les livres de sa rentrée. Je me suis endormi en pleine France. Réveillé à nuit noire. Nous nous sommes offerts un taxi jusqu'à l'appartement. Sulfur, le poisson voilier avait bien supporté notre semaine d'absence. J'ai changé l'eau de son bocal. Arrosé les misères et l'oxalis pourpre. Il faisait lourd et chaud. Nous avons laissé les fenêtres ouvertes.