J’ai abandonné la maison à Valérie et à ses fils avec ce sentiment bizarre qu’Amélie et moi n’en avions pas profité depuis la fin des travaux. Le tour était passé. Il va falloir se la réapproprier. J'ai compris vraiment ce que voulait dire l’expression « laisser les clés ». On passe du temps là-bas. Je ne sais toujours pas si on y habite… Dans le train du retour, j’ai relu Les Mystères de l’île Saint-Louis de Roger de Beauvoir, ce roman de cape et d’épée XIXe pour lequel Hélène m’a demandé une préface. Pris des notes. Beaucoup. Drôle d’exercice de style. J’ai peur que la rédaction soit un peu compliquée. Amélie m’attendait à Montparnasse. Elle avait retenu une table à La Robe et le palais, rue des Lavandières-Sainte-Opportune où nous avions rendez-vous avec Chris pour dîner. Nous nous y sommes tous retrouvés en avance. La carte des vins était étonnamment déserte. Pas d’arbois, pas de mâcon, pas de saint-véran, pas de crozes. Nous avons quand même fini par dénicher un côtes-du-rhône blanc assez correct. De toute façon, Chris ne boit pas grand-chose. Nous avons passé une soirée très amicale et discrète. Parlé de son colloque à Cerisy, de littérature sud-américaine (il est traducteur), de poésie (il sort son deuxième recueil bientôt). De Fiona et de Steven aussi. Cela fait six mois que je ne leur ai pas donné signe de vie. Je déteste les emails et la perspective d’une longue lettre à écrire en anglais, bardé de dictionnaires, m’effraie. La semaine prochaine, si Amélie veut bien m’aider…