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vendredi 30 octobre 2009

Vendredi 30 octobre 2009. 0h40.

Ca n’a pas été vraiment l’enthousiasme à Jeux d’épreuves pour le livre que je défendais. Ni Josyane, ni Sabine, ni Frédéric n’ont aimé Le silence des abeilles de Daniel de Roulet. Joseph non plus d’ailleurs. Ca insinue un drôle de doute cette belle unanimité contre. Je crois que je me suis laissé un peu déstabiliser. Pas trop, j’espère. Le livre est pourtant beau, troublant. Tout miel et tout poison. Un roman d’initiation qui va du conte moral au règlement des comptes. Car de Roulet plante la pointe de son compas en Suisse, au milieu de notre monde qui ne cesse de confondre valeurs et argent. Son personnage est un enfant du tournant du siècle, désabusé, perdu. Abominable, et quoi qu’on s’en défende, pathétiquement touchant. Je suis sorti du studio mal à l’aise. Essayé d’appeler Pascale pour lui raconter l’émission. Son portable a sonné dans le vide. J’ai laissé un court message pour qu’elle me rappelle. Fait la valise pour Carolles. Beaucoup de travail en perspective là-bas. Quatre ou cinq papiers pour Le Pèlerin. Plus les brèves que je dois au Monde. Amélie m’a rejoint à Montparnasse. Train très en retard. Enfin à la maison.

Mercredi 28 octobre 2009. 23h50.

Amélie a eu trente-huit ans aujourd’hui. J’avais fait publier trois lignes de petite annonce dans Libération qu’elle épluche chaque matin de la première à la dernière page. Seulement voilà, les NMPP s’étaient spécialement mis en grève. Ma surprise tombée à l’eau, je me suis senti envahi d’une hargne anti-syndicale toute la journée. Les cours à Censier se sont déroulés de façon compliquée. Une partie des étudiants étaient retenus à un « cours d'Initiation à l'expérience muséale » (en fait, ils vont simplement visiter un musée) et sont arrivés très en retard. Comme cela va se reproduire tous les quinze jours jusqu’à la fin du semestre, je vais avoir du mal à tenir mon programme. Je suis repassé à l’appartement chercher le cadeau d’anniversaire caché dans le penderie et j’ai retrouvé Amélie au J’Go. Christophe n’a pas voulu que nous payions nos verres. C’est le mien de cadeau… J’avais réservé une table au Bistro de Paris. Séverine et Gérald sont venus nous y rejoindre. Ils sortaient de l’hôpital Necker. Agathe s’était endormie paisiblement.

Mardi 27 octobre 2009. 23h20.

Deux mois déjà que le marchand de journaux, près du métro, a fermé. Une boutique idiote de pashminas, à la devanture peinte en rose fuschia, s’est installée à la place. Du coup, nous achetons la presse un peu n’importe où. Ce matin, j’ai trouvé un kiosque ouvert près du métro aérien. J’ai épluché les quotidiens pour le questionnaire d’actualité des étudiants. Découpé des articles pour mon cours de demain sur la titraille. Rassemblé quelques notes… Avec un peu de retard, la « lettre ouverte » à Frédéric Mitterrand sur le statut des auteurs que nous avons rédigée, Laurence, Renaud et moi, va finalement être mise en ligne sur le site de Livres Hebdo. Des extraits sont déjà parus vendredi dernier. Elle sera publiée intégralement dans Marianne samedi. Nous nous sommes retrouvés tous les trois en fin d’après-midi dans un café près du conservatoire des Arts et métiers pour préparer la suite. C’est Renaud qui est à l’origine de tout cela. Moi, je n’ai fait qu’agréger ma colère consécutive à la prise de position en mai lors d’une journée de colloque à Lyon d’un responsable de la Société des gens de lettres qui disait : Si vous voulez avoir une création littéraire riche et durable, ayez un métier à côté et écrivez pour votre plaisir. Tu parles… Quand j’ai rencontré Laurence, nous avons très vite parlé de cette précarité qui fait notre quotidien. J’ai bien peur que ce soit cela le dénominateur commun des auteurs… Laurence est partie retrouver ses filles, j’ai pris le métro avec Renaud jusque chez lui. Il nous avait invité à dîner Amélie et moi. Soirée avec Marie, sa femme, que j’avais entrevue au festival de Chambéry en 2004 et leur fille Norma, deux ans. Une blondinette étonnamment peu farouche qui s’est jetée tout de suite dans les bras d’Amélie. La petite qui avait attrapé une grosse rhinopharyngite à la crèche a tenu avec nous autant qu’elle a pu, puis s’est effondrée en pleurs, de fatigue et de fièvre.

jeudi 29 octobre 2009

Lundi 26 octobre 2009. 23h10.

J’ai terminé le papier sur Oberlé. Mémoires de Marc-Antoine Muret est probablement son livre le plus intime. Davantage que Retour à Zornhof… Retenu cette phrase : Le temps présent se refusant aux hommes de mon espèce, je me réfugie dans une nostalgie dolente et voluptueuse qui me permet de ne pas renier ma jeunesse . Déjeuner avec Catherine à la terrasse d’une brasserie du quartier de l’Alma. On se connaît depuis combien de temps déjà, m’a-t-elle demandé. – Plus que ça je crois… C’est à la fête d’anniversaire de ses trente ans que j’ai vu pour la première fois Amélie. J’ai traîné tout l’après-midi la mauvaise conscience du devoir vraiment pas accompli. Rien fait du tout. Je bloque… Jérôme était seul à Paris. Marion passe la semaine en Tunisie ses parents, pour une longue fête de famille… Lui ne pouvait pas l’accompagner à cause de son travail. Il est venu dîner à l’appartement. Enfin dîner... Pique niquer plutôt au milieu de l’envahissant désordre. Jambon, salade et pain réchauffé. Ca ne nous a pas empêché de passer une jolie soirée. Entre la Vache qui rit et la clémentine, il m’a demandé d’être son témoin à leur mariage cet été. J’ai dit oui. Bien sûr. Et comme le bordeaux (quand même…) était bon, nous avons trinqué.

Dimanche 25 octobre 2009. 22h00.

Deux autocars attendaient à l’hôtel Mercure pour redescendre la petite troupe d’auteurs au centre ville. On s’est regardés avec Anne. C’est fou, ils comme ils se connaissent tous. Surtout ceux qu’on connait pas. Tu étais à Limoges, toi ? Tu vas à Colmar ? Et moi, qu’est-ce que je suis venu faire ici… Courte matinée sous le chapiteau du salon. De rares signatures. François Beaune et moi avons composé des vers de mirliton pour l'auteur de chick lit du stand d'en face. Amélie a donné le signal du départ. Juste le temps de déjeuner avant de regagner la gare. Nous avons échangé des adresses. Nous étions à Paris dans l’après-midi. Amélie avait des manuscrits à lire. J’ai commencé à rédiger mon portrait de Gérard Oberlé.

lundi 26 octobre 2009

Samedi 24 octobre 2009. 23h25.

Il y avait une foule digne des grands magasins à ce salon du livre. On m'avait installé sur le stand de la Librairie du Forum. Celui de la librairie de Paris était à quelques mètres. Je suis allé y embrasser Isabelle. J'étais installé entre Françoise Henry et Anne Plantagenet. Ouf... Sorj était un peu plus loin. Je n'avais jamais rencontré Anne Plantagenet auparavant. Je gardais le souvenir d'un de ses textes, Seule au rendez-vous, en 2004 ou 2005. Un récit très tendre, très proche, sur Marceline Debordes-Valmore. Il me reste seulement en tête deux vers d'elle : Toi qui ris de nos coeurs prompts à se déchirer,/ Rends-nous notre innocence, ou laisse-nous pleurer ! J'allais souvent sur la tombe de Marceline Debordes-Valmore quand je travaillais dans le quartier du cimetière Montmartre... Où sont ses poèmes à la maison ? J'étais attendu à la médiathèque. Une quinzaine de personnes seulement là-bas. Yann Nicol m'a posé des questions extrêmement justes et précises. Doucement dérangeantes même. J'en étais d'autant plus troublé que, lorsque je regardais vers le fond de la salle comme pour aller y chercher (va savoir pourquoi ?) ma réponse, je croisais le regard d'une femme qui aurait pu être Dominique, quelques trente ans après. Mais pas un sourire. Rien. Qu'aurait-elle fait, d'ailleurs, dans cet endroit ? Le passé me revient parfois en d'étranges courants d'air. Un souffle. Il a filé. Nous sommes redescendus vers le centre ville. De retour au salon, Amélie m'a présenté à Eddy Harris, son auteur de chez Liana Levi qui a fait paraître en mai Paris en noir et black. Il m'a serré la main à la broyer. Heureusement qu'il n'a pas accompagné son bonjour d'une bourrade affectueuse... J'ai signé quelques livres. Nous étions tous conviés à un cocktail dînatoire à l'hôtel du golf sur les hauteurs de Saint-Etienne. Un endroit chic, probablement. En fait de dînatoire, il n'y avait pas grand chose à manger et pour ce qui est du cocktail, pas de quoi s'enivrer... Eddy était consterné. J'ai faim, moi. Sûr qu'on allait avoir un creux en sortant. Nous sommes restés avec lui et Anne, un verre de vin blanc tiède à la main, à raconter de ces bêtises qui font du bien. Croisé Akli qui cherchait je ne sais qui... Nous avons été rejoints par Joëlle et par Camille Bordas qui publie chez elle son beau premier roman, Les treize desserts (pourquoi, déjà, ce n'est pas moi qui le fait au Monde ?). Vu aussi Frédérique Deghelt auprès de qui j'étais à la Foire du livre de Bruxelles et avec qui j'ai parlé de Laurence... Retrouvé François Beaune que j'aime vraiment bien et Fabrice, mon « camarade de promotion » du festival de Chambéry. Allez, on ne va pas se plaindre. Quand ils ont sonné le départ pour l'hôtel Mercure où nous étions logés, nous n'avions pas vraiment vu le temps passer. Une demie-heure d'autocar. Vite au lit. Tu as passé une bonne soirée ?

dimanche 25 octobre 2009

Samedi 24 octobre 2009. 14h30.

Amélie m’a accompagné au salon du livre de Saint-Etienne. Changement de train à Lyon. Le wagon était bondé. Dans un fichu hasard de promiscuité, François Bégaudeau et Sophie Giraud des éditions Hélium, chez qui il vient de sortir un texte illustré pour les 6/7 ans : L’invention du jeu, se sont installés à côté de nous. Ah, la belle inconscience de ceux qui se croient seuls au monde. Oliver, Mathieu, Arno, Mathias… Mais je n’étais pas ici comme journaliste et d’ailleurs la vraie célébrité du compartiment, c’était Sliimy, chanteur de pop stéphanois, 22 ans, et quasi millionnaire qui était assis une place après. Une jeune femme ne s’y est pas trompée, qui s’est levée pour aller lui demander un autographe...

Vendredi 23 octobre 2009. 22h00.

J’ai appelé Gérard Oberlé pour mon papier dans Le Monde. Il revient de loin. En juin, à la suité d’un malaise, il à dû subir une opération du cœur. Ca c’est mal passé. Le choc de l’anesthésie a provoqué une hémorragie cérébrale. Il a sombré dans un coma qui a duré plusieurs semaines. Il est foutu... L’équipe médicale voulait débrancher les appareils. Je ne pouvais pas bouger, raconte-t-il, mais j’entendais tout. Une horreur. Il doit la vie à son ami Tristan qui s’est battu pour arracher quarante-huit heures, puis vingt-quatre heures supplémentaires de sursis. J’ai bougé une paupière… Maintenant il est chez lui. Il marche sans canne. Nous avons parlé près d’une heure et demie. J’ai accompagné Amélie chercher Séverine au bas de Necker. Nous sommes allés déjeuner ensemble chez Guiseppe. Elle nous a montré des photos d’Agathe prises à l’hôpital. Des yeux vifs, un très grand sourire. Petite boule de courage. Amélie a entraîné Séverine chez le coiffeur rue de Sèvres. Moi, je suis rentré essayer de travailler.

Jeudi 22 octobre 2009. 21h45.

La matinée à relire les livres pour Jeux d’épreuves. Rien que de la littérature étrangère. Et que le vaste monde poursuive sa course folle de Colum McCann, Moi tout craché de Jay McInerney, Un jour parfait, de Mélania Mazzucco. Je présentais Mère Cuba, de Wendy Guerra chez Stock. New York, Rome, Cuba... Au studio, autour de Joseph, j’ai retrouvé Nathalie, Minh et Frédéric. Nous sommes à peu près tombé d’accord sur tout. Ce n’est pas si fréquent. Mais moi, cette fois-ci, c’était plutôt par défaut. Je ne suis pas sûr d’aimer ces littératures à ce point ancrées dans l’époque. Et ce qui me plaît avant tout chez Wendy Guerra, c’est sa dimension poétique et ses écorchures de gamine. J’ai appellé Karine pour lui dire deux mots sur l’émission. Elle était chez elle. Nina, sa fille a contracté la fameuse grippe A. La petite a fait d’impressionnants pics de fièvre. Elle va mieux mais continue à dire : Mon nez ne veut pas respirer. Karine n’a pas l’air trop inquiète. Ca va aller, tu sais… Du côté d’Agathe, par contre, les nouvelles ne sont pas vraiment bonnes. Amélie venait d’avoir Séverine au téléphone. Les médecins ont décidé bien trop tôt (ils ont accepté d’en convenir…) de la remettre à une alimentation normale. Résultat, elle rend davantage que ce qu’elle absorbe et perd encore du poids. Elle a contracté encore une nouvelle infection. Nous avons rejoint le métro en pressant le pas. Il commençait à tomber une sale pluie fine.

Mercredi 21 octobre 2009. 23h40.

Deuxième séance avec les étudiants à Censier. Ça s’amarine doucement entre nous. Je leur ai longuement parlé du message essentiel. On verra ce qu’il en restera à la prochaine séance. Mais s’ils ont compris, nous pourrons avancer vite. J’avais rendez-vous aux Deux magots avec Alexandre d’Oriano, le président du Cercle Anna de Noailles. Il a pu obtenir du directeur de l’établissement une vitrine à l’entrée présentant mon édition des Innocentes. Pas mal de projets. Une soirée en décembre à la Société des gens de lettres, une rencontre à Evian, une autre à Bruxelles à l’Académie royale de Belgique. J’ai retrouvé Amélie pour aller à la soirée « rentrée littéraire » Libella. Beaucoup de monde dans cette salle du dancing de la Coupole. Une embrassade par çi, deux ou trois mots par là… J’ai pu féliciter Astrid qui se marie bientôt, prendre des nouvelles du bébé de Caroline, revoir Mercedes et Esteban, parler un peu avec Sylvie, avec Géraldine, avec Marie-Françoise. Une soirée « famille » en quelque sorte. Etrange sentiment d’appartenance... Nous nous sommes échappés au moment où l’orchestre commençait à jouer. On ne s’entendait plus. Dîner chez Wadja avec Solveig et Nicolas. Ce n’était pas fameux (pour une fois) mais nous avons passé un moment simple et agréable. Une embellie. Dicussion sans ragots, sans potins comme cela se fait souvent à la sortie de ce genre de fêtes. Et un dernier verre avant de se quitter à la terrasse du Select.

Mardi 20 octobre 2009. 23h50.

Je suis passé chercher Raphaëlle au Monde. Elle m’a emmené déjeuner juste à côté dans un restaurant italien. Nous avons parlé un peu du journal, beaucoup littérature. Fait le point sur les projets, les papiers. Elle m’en a confié un sur les Mémoires de Marc-Antoine Muret, le dernier livre de Gérard Oberlé, un autre sur le « Quarto » Louis Guilloux, les romans et les récits des deux guerres mondiales, qui vient de paraître chez Gallimard. Il me reste à lui rendre quatre ou cinq brèves. Je dois aussi quelque chose, encore, à Florence. J’ai marché jusqu’à la rue de l’Arbalète. Remis à Nicole le manuscrit de Montée des cendres. Je lui ai promis la préface et la chronologie de Bruno Durocher pour les Œuvres complètes chez Caractères à la fin de la semaine prochaine. Ce n’est plus du flux tendu, je cours après le retard avant même qu’il existe. Je suis rentré à la maison pour mettre un peu d’ordre dans tout cela. Répondu au courrier. J’ai rejoint Amélie à Cluny. Nous étions invité chez Alexis et Agnès, rue de l’Université. Ils recevaient Antonio Caballero, de retour à Paris pour participer à La grande librairie sur France 5. Avec nous, autour d’un pot au feu copieux, Raphaëlle, la fille d’Alexis et d’Agnès qui travaille aux éditions Bourgois, son mari Cristian ; Diane et Patrice ; Manuel et son épouse Laure. J’étais placé à côté d’elle. Laure est œnologue. Elle publie le mois prochain chez Grasset un livre avec des photos de Jean-Marie Périer. Une promenade à travers le vignoble français et des portraits de vignerons. Un autre, un peu plus tard avec Jean-Pierre Coffe, sorte de panorama des vins à moins de 5 euros... Nous avons balayé les petites coïncidences de nos relations communes, évoqué aussi (surtout) Raymond Dumay, cet écrivain ecclectique, mort il y a maintenant bien dix ans et que j’avais découvert début soixante-dix en lisant son Guide du vin. Je lui dois le peu de culture que j’ai en la matière et surtout une approche sensible, émotive même du boire, de boire. Je n’ose pas dire « déguster », car je me sens bien incapable d’atteindre ce degré-là. J’avais trouvé de lui chez un bouquiniste, à la suite, un roman de l’immédiat après-guerre : Le Raisin de maïs. Puis, longtemps après, juste avant sa mort, j’avais lu Le rat et l’abeille, son étonnant « traité » de gastronomie paléolithique. Vient de paraître chez Stock, Mort de la littérature, un texte de 1950 (une petite trentaine d’années après, il avait publié La mort du vin…). La Table Ronde réédite, De la gastronomie française. Je vais proposer à Alain de traiter ces deux textes, ensemble, pour Le Monde. J’étais ravi de discuter de Dumay. J’ai peur d’avoir été un peu envahissant. Mais ma voisine a écouté avec beaucoup de gentillesse mes propos saoulants.

mardi 20 octobre 2009

Lundi 19 octobre 2009. 23h00.

On a l’âge de ses artères. J’ai pris un drôle de coup de vieux ce matin. Il va falloir s’y faire. Ou plutôt, faire comme si. Let’s pretend… En sortant de la clinique, j’ai marché jusqu’à la rue Daguerre. Pris un café à la terrasse de chez Péret. Ecrit quelques lettres. Je suis rentré à pied en passant par le cimetière Montparnasse. J’ai fait mon pèlerinage rituel là-bas. La tombe de Pierre Louÿs, celle de Josette France. La chapelle aussi où j’ai enterré Mme Risser. C’était au temps où je travaillais au service de santé mentale du VIIIe. Simone Risser était une vieille dame, sans aucune famille, qui avait perdu complètement la tête et que nous avions réussi à maintenir chez elle. Elle habitait square Laborde, un rez-de-chaussée. Je m’étais occupé de retrouver le caveau de famille, j’avais souscrit pour elle un contrat d’obsèques. Faire en sorte que ça lui ressemble. Nous étions deux, ce jour-là, à suivre le rabbin qui psamodiait dans les allées. Mme Devillers, la mandataire aux tutelles et moi. Un peu dérisoire, tout cela. Il y a longtemps qu’on ne laisse plus les morts en paix. A Montparnasse, l’administration récupère des emplacements. Un nombre impressionnant de sépultures sont décrétées « en état d’abandon ». Tu parles… De petits panonceaux, un peu partout, les désignent déjà pour la casse et l’exhumation. J’ai relu Le livre des nuages de Chloé Aridjis pour le papier du Monde. Rendez-vous avec Céline Lis ensuite. Je rends un portrait à Isabelle pour Le Pèlerin la semaine prochaine. Les cinquante dernières pages de son livre qui le déséquilibrent complètement ont été rajoutées à la demande de l’éditrice chez Lattès. Quel gâchis. J’ai été boire un verre avec Nadine, toujours convalescente à son dernier étage de la rue Séguier, bon moral et bientôt « bon pied ». J’ai retrouvé Amélie, place Saint-Michel. Les nouvelles d’Agathe sont, à nouveau pas très fameuses. Elle a attrapé une infection à l’hôpital. On lui donne des antibiotiques. Petite fille. Si petite fille… Nous avons pris le bus, jusqu’après République. Soirée à La Java, un dancing qui date des années trente pour fêter les trente ans, justement, des éditions Métailié. Croisé une foule de gens. Vu Elodie, Pierre, Marianne, Gaëlle. Fumé une cigarette dans le froid avec Fabienne, Marie, Daniel… Et filé à l’anglaise.

lundi 19 octobre 2009

Dimanche 18 octobre 2009. 23h45.

Il a fait un froid tout bleu et coupant. Il paraît qu’il a gelé, au matin, à l’intérieur des terres. Nous avons fait le pari de laisser les aubergines sur pied quand même. Arraché des poireaux, des betteraves. Ramassé des salades. Nous sommes rentrés à Paris par le train de 7h00. J’ai rendez-vous demain matin, pour un nouvel examen dans une clinique du boulevard Arago. Je me sens un peu fatigué…

dimanche 18 octobre 2009

Samedi 17 octobre 2009. 22h25.

Camille a téléphoné depuis Mexico. A huit ans, elle vient d'ouvrir sa propre boîte mail. « Courriel », plutôt. C'est ce que je me suis empressé de lui expliquer dans mon tout premier envoi. Je sens que je commence à te lasser, lui ai-je quand même écrit. La réponse ne s'est pas fait attendre : MERCI, je vais te laisser car je discute avec mes amis par courriel !!!! Promenade jusqu’à la plage par l’ancienne voie de chemin de fer. Retour par la Croix Paquerey et visite à Georgette. Un chat rôde devant sa porte depuis quelques jours. Un matou noir à la queue coupée attiré par la cuisine de la charcuterie d’à-côté. Je ne voudrais pas qu’il rentre chez moi. Nourrir les oiseaux d’accord. Les chats, non ! Ma grand-mère Angèle ne les aimait pas beaucoup non plus. Mais tous les jours, une vieille chatte fatiguée venait miauler devant le jardin. Tous les jours, elle lui donnait une écuelle de lait : Tiens, sale bête…

Vendredi 16 octobre 2009. 23h10.

Rendez-vous au Centre de reclassement des journalistes, à l’ANPE, enfin au « Pôle emploi », rue de Paradis, dans le Xe arrondissement… Cela fait deux ans que je ne touche plus un sou, mais je continue à pointer tous les mois. La sécurité sociale, je crois. La convocation était impérative, sous peine d’être radié. J’ai été reçu par un monsieur très affable qui m’a expliqué qu’il me fallait continuer à « activer mon réseau ». Que faire d’autre, en effet ? Je n’ai plus guère d’espoir de retrouver un poste dans une rédaction. Tout ce à quoi j’aspire c’est à un fixe régulier. Une somme minimum qui permettrait de faire quelques projets d’avenir. Je ne suis rentré à l’appartement que dans l’après-midi. Juste de le temps d’être à l’heure pour le train de Granville. Quelques courses. Une salade au potager. Nous étions à la maison pour voir la nuit tomber.

Jeudi 15 octobre 2009. 21h10.

Remise du prix Jean Giono. J’ai revu pas mal de monde dans les salons du Lutétia. Il couronne cette année l’ensemble de l’œuvre de Dominique Fernandez, mais j’étais surtout content que Brigitte l’ait obtenu pour Une année étrangère. Nous avons bavardé un tout petit moment. Elle reprenait le train pour Lyon dans l'heure. Je crois que je suis vraiment content d’écrire mon prochain livre pour Stock. J’y rejoins beaucoup d’auteurs, dont elle, avec lesquels je me sens proche. J’ai comme ça toute une petite litanie non exhaustive. Michel Besnier, Pascale Roze, Laurence Tardieu, Camille de Peretti, François Taillandier, Alain Rémond… Je suis allé un prendre un café avec Karine et Christine avant de rentrer à l’appartement. Retrouvé Amélie au soir au J’Go avec Camille. Des nouvelles d’Agathe. L’opération s’est bien passée. Tout maintenant ne devrait pouvoir aller… que mieux.

Mercredi 14 octobre 2009. 22h15.

J’ai préparé ma rentrée à Censier. Besoin, à chaque fois, de mettre tout, un instant, par écrit. Rédigé un questionnaire d’actualité : Pourquoi parle-t-on actuellement de Jean Sarkozy ? Donnez une définition du mot népotisme… Que fêtera-t-on particulièrement à Berlin le 9 novembre prochain ? Quand sera remis le prix Goncourt ? Et le Renaudot ? etc, etc… Les étudiants ne s’en sont pas si mal sortis pour une première fois. J’en ai une vingtaine, en deux groupes. A la sortie, j’ai pris un verre avec Renaud qui y donne des cours, lui aussi, cette année. Il a l’air ravi de l’expérience. Tant mieux. Moi aussi. J’ai vraiment besoin de cette rencontre hebdomadaire. Necessité d’expliquer, de se faire comprendre, d’écouter aussi. Ca fait trois ans maintenant. Je suis rentré à pied par la rue Monge. Je me suis arrêté à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Ce n’est pourtant pas vraiment ma paroisse : froissis de soutanes et dames en mantilles. On pourrait y trouver un charme surrané, si cela n’était que nostalgique… Mais j’étais entré dans une église, c’est tout. Dans la chapelle absidiale, au fond, je suis resté un moment au pied de la statue de la Vierge à l’Enfant. Le Jésus dans ses bras se tient droit dans l’assise, la tête relevée. Amélie m’a laissé un message tout à l’heure. La petite Agathe est retournée au bloc opératoire. Elle a huit mois.

Mardi 13 octobre 2009. 23h20.

La concierge a accroché un mot sur la porte de l’ascenseur. Les plombiers ont fini de travailler dans les caves. Nous allons pouvoir enfin y remettre tout le fourniment qui encombre l’appartement depuis mai. J’ai posé une nouvelle plaque de bois au sol pour isoler de l’humidité. Graissé les gonds de la porte. Transporté les caisses de livres. Replacé enfin le cadenas. Là-haut, il y a maintenant un peu plus de place pour le désordre. Il faudrait refaire tout l’appartement. La plomberie d’abord et c’est urgent. Au bout de l’entrelacs des tuyaux entartrés, l’eau coule chichement au robinet et à la douche. Les sanitaires sont à changer… L’électricité ensuite : les fils se croisent dans les endroits les plus invraisemblables, les prises les plus récentes feraient le bonheur d’un collectionneur de matériel des années soixante. Et puis il faut remplacer les plaques de cuisson (rouillées) dans la cuisine, le plan de travail (fendu), arracher le sisal qui s’effiloche au sol, en poser du neuf et remettre un coup de pinceau partout. Après, il restera encore bien des bricoles. Tout cela apparaît très compliqué. Je ne manque pas de bonne volonté, mais je n’ai pas le temps de m’atteler à ces travaux, pour lesquels je suis loin, aussi, d'être compétent. Notre propriétaire a beau être un cousin d’Amélie, je le pressens mal se lancer dans cet onéreux chantier. D’ailleurs, nous devrions probablement abandonner les lieux pendant un moment. Où logerions-nous ? Déménager ? Sans revenu fixe, je ne peux rien louer. Allez, on va penser à autre chose… J’ai déjeuné avec Solveig à la Marlotte. Je crois que je ne connais pas quelqu’un de plus discret et de plus attentif. Nous avons parlé des textes qu’elle défend chez Stock. J’avais fini de lire Tache de ne pas devenir folle de Vanessa Schneider, un très beau livre sur les origines, même, et surtout, compliquées… J’ai fait du courrier au Rostand et je suis allé rejoindre Claire et Virginie avec qui j’avais rendez-vous au Père Louis, rue Monsieur-le-Prince. On se voit de temps en temps. On se donne des nouvelles. Claire attend toujours le grand amour. Virginie est enceinte. Elle attend une petite fille pour le printemps. Chez nous, j’ai retrouvé Amélie inquiète. Agathe, le bébé de Séverine, qui a été hospitalisé à Necker dimanche, est dans un état critique. Elle avait mal au ventre. Elle s’était mise à saigner. On l’a déjà été opérée une fois. Les médecins ont pris plein de précautions oratoires… Je compte sur les doigts d’une main les fois où j’ai vu Séverine. C’est la meilleure amie d’Amélie, elles se connaissent depuis vingt ans. Elle est partie lontemps vivre au Brésil avec Gérald, son mari. Ils viennent juste de rentrer. Je garde, de l'enfance de Marie, le secret d'une multitudes d'angoisses que l'on dissipe au fur et à mesure du tout va bien. Quand on devient parent, on apprend la peur. Ce que vit Séverine en ce moment est un des pires cauchemars qui puisse exister.

samedi 17 octobre 2009

Lundi 12 octobre 2009. 22h00.

Nuit noire des petits matins sur le quai à Granville. Le train est parti avec une demi-heure de retard. Amélie commençait à s’inquiéter pour ses rendez-vous. Le soleil ne s’est levé que vers Argentan. J’ai déjeuné avec Claude au Chais de l’abbaye. Pourquoi ne se voit-on pas plus souvent ? Nous avons beaucoup de connivences. De l’enthousiasme en commun, des lassitudes et des exaspérations aussi. Il faut bien qu’on résiste, non ? Elle m’a encouragé a faire passer dans Livres Hebdo le courrier, écrit avec Laurence et Renaud, sur le statut précaire des auteurs. Parlé poésie, littérature jeunesse et quittés à regrets… Je suis rentré à l’appartement ouvrir les paquets de livres déposés par la concierge. Tout mis en pile. Pas le temps de regarder… Filé au Select embrasser Lucie avant qu’elle ne prenne son train pour Bruxelles. Je devais retrouver Valérie au bar de l’Aubusson. Je n’aime pas beaucoup cet endroit. Il me rappelle les quelques semaines que j’ai passées à Page en 2007. Le journal était en face, rue de Nesles. Mauvais souvenir. J’ai fini par oublier le nom du directeur. Un peu comme l’écrit Ferré dans Et Basta !. Bonjour, tu te rappelles ? C'est moi... l'ordure... - Qui ça ? Ordure ? Tiens, il y en a encore dans le siècle ? Je vous demande excuse, Monsieur. Je ne connais, quant à moi, que des anges... Valérie m’a dissipé tout ça avec le programme de Métailié. En janvier sort un nouveau titre de Luis Sepulveda. J’avais été fasciné par Le monde du bout du monde. J’ai très hâte de lire. Amélie nous a rejoints. Nuit tombée dans la petite cour « fumeur » de l’hôtel sous les chauffages électriques. Froid ? – Un peu…

Dimanche 11 octobre 2009. 22h15.

Quelques courses au bourg. Un verre de blanc chez Georgette. J’ai écrit le portrait de Price. Rien fait au jardin. Nous sommes juste passés en hâte ramasser des légumes au potager pour la semaine. Soirée de départ un peu grise : cette petite dépression des dimanches d’automne….

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