SWFObject embed by Geoff Stearns (basic) @ deconcept

samedi 21 novembre 2009

Lundi 16 novembre 2009. 22h05.

J'ai avancé dans la journée à tous petits pas, mais quand même... Repêché dans le désordre de l'appartement les livres de poche pour mon intervention de demain en classe de seconde au Lycée Fénelon. Mal de Pierre de Milena Agus, L'ami retrouvé de Fred Uhlman, Surfer la nuit de Fiona Capp et la nouvelle traduction d'Alice qu’a faite Laurent… J’ai fait les courses (le frigo ne renferme qu’un pot de cornichons entamé et une boite de carrés frais Gervais périmés). Rangé un peu. J’avais rendez-vous avec Alexandre aux Deux magots pour faire le point sur la soirée Noailles de décembre. Sur le chemin, j’ai acheté à Chantelivre deux petits cadeaux pour Marion et Thomas qui vont avoir neuf ans mercredi. Un carnet de « naturaliste » au bord de mer et une jolie édition des Contes de la rue Broca de Gripari. Alexandre avait son air épuisé des années 1910. Il avait faim. Il a chipoté dans un club sandwich, bu du Coca light à la paille et m’a raconté ce qu’il avait commencé à organiser. En fait, il s’est occupé de tout : trouver un ténor, une pianiste, des comédiens pour les lectures. Il a déjà organisé le cocktail. Quel boulot… Nous avons griffoné le texte du carton sur un coin de table. Demain, il va chez Buchet pour croiser nos listes d’invitations. J’ai filé retrouver Amélie. Nous étions invités à la remise du prix Wepler, place de Clichy. Mais je n’avais pas très envie d’y aller. Je venais d’apprendre que Florence allait être licenciée de chez Denoël. Il y avait des gens que je ne voulais pas croiser là-bas. Florence est aujourd’hui une des meilleures éditrices de littérature française. Tout cela m’apparaît non seulement injuste, mais stupide. Frédérique aussi doit partir. Quel gâchis.

lundi 16 novembre 2009

Dimanche 15 novembre 2009. 23h00.

Nous sommes allés à Granville, à la pharmacie de garde. Amélie s’était couchée hier avec un début de crise d’asthme. L’essoufflement et l’angoisse l’ont tenue éveillée de longues heures. Ce matin, elle n'était toujours pas bien. L’employée a rechigné un moment (C’est une vieille ordonnance ! ) avant d'accepter de lui délivrer sa Ventoline. Une demi-heure après, elle se sentait soulagée. J’ai souffert d’asthme aussi. Nous nous sommes racontés nos souvenirs d’enfants de nuits sifflantes, quand tout dort, qu’on se dit que ça va passer et qu’on ne veut réveiller personne. Elle, au Pilon, à la fenêtre ouverte, dans la vaste maison « de campagne » de ses grands-parents sur les hauteurs de Grasse. Moi, à Senlis, assis au seuil du jardin, dans le noir, avec le chien près de moi, venu voir ce qui se passait, et qui gémissait doucement. Nous avons pris un café au port de plaisance dans un des rares bistrots ouverts le dimanche. Journée lasse. Feu de bois. Tous les deux fatigués. Amélie a lu ses manuscrits. J’ai péniblement avancé dans la chronologie de Bruno Durocher. Je devrais avoir fini en milieu de semaine. Je la complèterai alors avec Nicole. Je l’ai appelée. Elle attend mes dessins pour Montée des cendres, le recueil qu’elle veut me faire paraître au printemps. Isabelle et Fabien sont passés en fin d’après-midi. Ils arrivaient de Jersey où ils étaient restés quelques jours. Nous, nous rentrons demain. Etrange séjour. Le temps a filé sans que je m’en saisisse. J’ai pensé à cette petite phrase du Chapelier dans « Un thé chez les fous », le chapitre d’Alice que j’ai envoyé récemment à Camille : Si tu connaissais le Temps aussi bien que moi, tu ne parlerais pas de le perdre, comme une chose. Le Temps est un être vivant…

samedi 14 novembre 2009

Samedi 14 novembre 2009. 22h20.

J'ai abandonné mes ruminations. Je suis resté au jardin tout l'après-midi. Taillé les branches du figuier et du saule, scié du bois, installé des mangeoires et des nichoirs pour les oiseaux. Je m'en suis senti mieux. Amélie a mis à jour ses listes de presse. Nous avons dîné tard. Du saumon. Des pâtes aux courgettes. Juste le bruit du frigo dans la maison. Tout autour la nuit tombée.

Samedi 14 novembre 2009. 14h00.

Une bourrasque a fait claquer contre le mur une des deux lourdes portes de serre qui ferment le koestch. Le verre s'est étoilé sur toute sa hauteur. Coup de fil chez l'assureur. Dépôt des clés à l'entreprise qui doit faire le devis et la réparation. J'ai posé du ruban adhésif sur la vitre. Ca tiendra un moment. La matinée a été foutue. Je n'aurai pour ainsi dire pas travaillé cette semaine. Impossible. Dès que je m'assieds à mon bureau, je sens monter une angoisse lourde. Un gribouillis, une grisaille. Tout se trouble. Je n'y arrive pas. Mon retard est effrayant. Jamais je ne me suis retrouvé dans une situation pareille... Enfin si, à peu de choses près, l'an dernier avant de me mettre à l'écriture de mon petit livre. Tout s'entassait. Je ne savais plus comment finir. Et comment commencer...

vendredi 13 novembre 2009

Vendredi 13 novembre 2009. 23h45.

Débarras aux Fontenelles. Il fallait faire de la place pour pouvoir garer la 4L. Nous avons passé la journée en allers-retours à la déchèterie. Balancé les tables roulantes rouillées, les meubles moisis, la ferraille, les planches gondolées, les valises de vêtements, les appareils ménagers cassés. Restent trois malles pleines de berloufes à trier, une masse de cartons remplis d'archives, de courrier, des sacs avec, en vrac, de bibelots, des jeux, des livres, les souvenirs des Beaux-Arts de Marie, ses toiles, son matériel, son tricycle d'enfant. Les vélos. Des outils, de la peinture. Plus les affaires que Noëlle nous a déposées au moment de la mort de sa mère. La voiture entre tout juste.

Jeudi 12 novembre 2009. 21h15.

Porté tôt la 4L chez Renault à Granville pour la révision. J'ai abruti le mécanicien de recommandations. Regardez bien tout. Appelez moi s'il y a quelque chose. Il m'a semblé qu'il était content de s'en occuper. Je me fais peut-être des idées sur son enthousiasme. Les courses pour Georgette au supermarché. Elle s'ennuie. Jean-Claude doit passer la chercher pour l'emmener à son « atelier-mémoire » à Saint-Jean-le-Thomas. Ca me changera les idées. Enfin, peut-être... Nous étions attendus chez Gilles. Petit tour du propriétaire. Il est fier, à raison, de la maison qu'il a transformée, agrandie. Parlé de travaux, de terrain. Ses fenêtres donnent sur la montée de Champeaux. Un paysage de bocage, infiniment doux. Françoise et Jean-Pierre nous ont rejoints. Nous avons fait durer l'apéritif avec tout un tas d'histoires de famille, d'histoires de village. Nous avons continué la conversation à table, à Jullouville, chez Salvatore, un italien qui vient d'ouvrir dans la rue principale. Nous nous sommes promis de nous revoir bientôt. Je sais déjà avec qui je vais vous inviter, nous a dit Françoise. Moi qui ne voyais personne ici... Un vrai ours. Tout cela, c'est grâce à Amélie. D'ailleurs le soir, nous recommencions nos « visites », cette fois chez Catherine et Olivier, nos tout nouveaux voisins.

Mercredi 11 novembre 2009. 22h10.

Nous sommes arrivés à la fin de la cérémonie au monument aux Morts. On repliait les drapeaux. Un bonjour à Philippe et Joêle, salué les uns, les autres. Le Tout-Carolles se retrouvait autour d'un kir à la salle du chemin de l'Aumône. On y va ? Le maire et ses adjoints, l'opposition municipale, les membres des associations. Nous avons bavardé longtemps. Venez prendre un verre demain, nous a dit Gilles. Georgette avait fini de déjeuner lorsque nous sommes passés chez elle. Un bouillon de légumes. Un carré de fromage. Nous lui avons laissé un petit sachet de macarons acheté à la boulangerie. Pourquoi pas un dessert, tiens... J'ai ramassé sous la pluie les feuilles qui jonchent le jardin. Jeté les tas derrière les haies. Lu du Maurice Genevoix près du feu. Rien que des arbres, des feuilles jaunes, des feuilles rousses...

mercredi 11 novembre 2009

Mardi 10 novembre 2009. 23h50.

Le gris. La grêle un peu. La pluie. J'ai continué la chronologie de Bruno Durocher. Agathe a été opérée à nouveau aujourd'hui. Les médecins ont dit à Séverine que tout s'était bien passé. La voilà, maintenant qu'ils ont le sentiment d'avoir accompli tout leur travail, à nouveau seule avec son bébé dans la chambre commune de l'hôpital. Elle a du courage, du courage, du courage. Et cette petite fille aussi. On n'ose rien dire d'autre. Le temps est en suspend, l'avenir en sursis. J'ai fait du courrier. Tourné autour du livre, encore. Regardé l'heure chaque heure pour le train d'Amélie. Je suis parti la chercher en avance. La 4L a démarré sans problème. Il y avait juste un voyant rouge qui continuait de clignoter au tableau de bord quand la voiture roulait. C'est quoi ça ? - Je suis sûr que ce ce n'est rien.

lundi 9 novembre 2009

Lundi 9 novembre 2009. 23h40.

J'ai accompagné Amélie au train de 5h58. Il faisait un froid d'eau. Glacé. Nous avons fait les braves au marchepied du wagon. Quand j'ai rebroussé chemin sur le quai dans la nuit, je me suis rendu compte que j'étais vraiment tout seul. Personne dans la gare. Je suis rentré doucement. Un café, et un autre. Et puis encore, encore. J'ai avancé un peu dans la chronologie de Bruno Durocher. Mais je ne m'en sors pas. Il y a trop de lacunes que je ne parviens pas à combler. Je risque de rendre à Nicole une dentelle défaite. Courses à Granville. J'ai fini mon courrier. Répondu à Philippe qui m'avait envoyé plein d'encouragements avec cette lettre adressée au ministre. Téléphoné à Laurence pour le rendez-vous avec Gaymard à la fin du mois à l'Assemblée. Je suis passé dire bonsoir à Georgette. Alors, tu as bien travaillé ?

Dimanche 8 novembre 2009. 22h40.

Georgette est venue déjeuner. Même si elle n'a pas voulu toucher à la viande, elle a mangé d'assez bon appétit. Et quelques coupes de champagne lui ont fait du bien. Du rose aux joues. Elle a retrouvé son persiflage pétillant des beaux jours. La famille? Chez nous, c'est un puzzle et en plus, maintenant, il manque tout un tas de pièces. C'est définitivement impossible à rassembler ! Amélie a fait un Scrabble avec elle après le café. Ah bon, j'ai gagné ? Je ne me débrouille pas si mal. J'ai rédigé mon papier sur Tâche de ne pas devenir folle de Vanessa Schneider. Une autre histoire de vieille dame et de famille...

samedi 7 novembre 2009

Samedi 7 novembre 2009. 23h00.

J’ai fait des piles de travail dans mon bureau. Papiers, lectures, préfaces. Tout ce qu’il faut régler avant de s’y mettre totalement. Je suis au bord, tout au bord, comme l’année dernière. Et j’ai hâte d’avancer à m’en mordre dedans. Il pleut. Il a même grêlé. Une bannière de ciel bleu aussi, de temps en temps.

Vendredi 6 novembre 2009. 21h30.

Georgette va mieux. Elle regarde le temps passer à sa fenêtre. Un petit tour jusqu’au bourg ou à l’Humelière. Elle attend les visites, l’heures de ses émissions à la télévision. Elle nous attend pour un verre de vin blanc. Pour les livres qu’on lui apporte. Tiens celui-ci n’était vraiment pas terrible. Quoi déjà ? Et que le vaste monde poursuive sa course folle de Colum McCann. Trop tiré par les cheveux et trop américain. Enfin je veux dire que ce n'est pas intéressant. Ce qu’elle a trouvé bien ? Des saisons au bord de mer de Maspero et loin devant tous les autres, Le dernier frère, le roman de Nathacha. Il est magnifique celui-là. Vraiment, vraiment…

Jeudi 5 novembre 2009. 23h50.

J’ai rédigé la nécro de Francisco Ayala pour Le Monde. Un grand auteur espagnol disparu mardi, à Madrid, à 103 ans... Un seul de ses livres, Morts de chien, chez Autrement, est disponible en France. Un recueil de nouvelles était paru avant, en 1986. Epuisé depuis. Rien d'autre. Qui a entendu parler de lui ici ? Ecrivain hanté par la guerre civile, parti en exil vingt ans. Son œuvre est gigantesque. Il s’était remarié en 1999 avec sa traductrice, une universitaire américaine spécialiste de la littérature espagnole. Moins de deux ans plus tard, à 95 ans, il lançait son propre site internet et confiait, paraît-il, qu’il avait oublié comment on écrivait avec un stylo… J’avais rendez-vous dans l’après-midi avec Alain Absire à la Société des gens de lettres. C’était histoire de confronter nos points de vue après la lettre ouverte au ministre. De commissions en tables rondes, la SGDL travaille depuis longtemps au statut des auteurs. Nous nous sommes quittés d’accord. Nous l’étions même avant. Embrassé Cristina. Je suis rentré faire les bagages. Toute une semaine à Carolles pour finir les papiers et pour écrire vraiment. Il faut que ce livre démarre. Je sais comment je suis dans mes hésitations. Amélie m’a rejoint dans le train. Dix minutes avant le départ. Seulement.

Mercredi 4 novembre 2009. 23h30.

A Censier, tout va bien. J’ai l’impression d’avancer plus vite, cette année, avec mon petit groupe d’étudiants. J’ai retrouvé Pascale dans une grande brasserie de la place de la Bastille. Elle s’est fracturé l’épaule droite, il y a quelques semaines maintenant. Elle travaille chez elle. Pas simple. Je voulais te dire : Je ne veux plus apparaître dans ton journal. Je ferai comme elle voudra, et bien évidemment. Depuis que j’ai rencontré Amélie, je ne mets plus de herses, de cloisons dans mon existence. J’habite tout, en même temps. Les rencontres, les amis, les instants, les bonheurs, les souvenirs, les souffrances. Ma vie d’auteur, celle de journaliste. Celle que l’on mène ensemble et comme je la raconte. S’y agrège qui veut. Oui, bien évidemment. Caroline est venue nous rejoindre. Avec un gros chagrin... Sa grand-mère est morte, une vieille dame de cent ans. L'âge ne fait rien. Je l'ai sentie si triste, et si profondément. J’ai été chercher Amélie place Paul-Painlevé. Nous étions invités chez Marion et Jérôme. Nous y avons retrouvé Edouard. Soirée, donc, « en famille ». Je me fais à l’exercice. Ce n’est pas mal, finalement.

Mercredi 4 novembre 2009. 2h10.

Je ne suis pas allé à la remise du prix Décembre. Je devais y retrouver Karine, mais elle avait eu un empêchement. Pas envie de m’y retrouver seul. Ou pas envie, surtout, d'être seul pour voir les gens. J’ai déjeuné avec Anne-Marie vers l’Alma. Elle est pleine de projets pour l’association de rencontres littéraires qu’elle vient de monter. Nous avons parlé aussi du Journal de Françoise Siefridt. Ce témoignage d’une jeune étudiante catholique qui, à 19 ans, en 1942, avait décidé par protestation de porter l'étoile jaune. J’aimerais la rencontrer. Elle habite quelque part en Normandie. Où ça ? C’est vaste… Vu Fabienne au Zimmer. Echangé nos histoires d’auteurs. Evoqué nos petits boulots. Nos comment s’en sortir… Encore une qui s’associe sans réserves à notre lettre ouverte au ministre de la Culture. Un succès, si l’on veut, d’ailleurs, ce courrier… Beaucoup sont ceux qui nous écrivent pour apporter leur soutien. A la fin du mois, nous serons reçus par Pierre Lungheretti, le conseiller de Frédéric Mitterrand. J’avais rendez-vous au Sauvignon avec Tristan, histoire de noyer dans quelques verres, maintenant que « Buchet, c’est fini », notre projet de livre sur la cuisine du Bizarre. Il a d’autres pistes. On verra bien. Nous sommes restés un bon moment nous enrhumer à fumer, au froid de la terrasse. Amélie est venue nous rejoindre. Discuté d’Anna de Noailles avec François, le serveur, qui habite à deux pas du château de Champlâtreux. Dîner chez Joëlle dans le XIe avec Elodie, Pierre, Jeanne… Cela fera un an en décembre que Michel est mort. Je n’étais pas revenu dans l’appartement. Joëlle garde intact un deuil doux et courageux de tout petit enfant. On a un peu trop bu. Champagne et vin rouge. Parlé longtemps des rêves, de la douceur des choses…

Lundi 2 novembre 2009. 23h50.

Un double express et un croissant à La Petite Bretagne. Ca devient presque un rite à l’arrivée du train. Vite fait, quand même… Il n’y a guère de semaine sans un quart d’heure de retard. Amélie a filé à son travail, je suis rentré déballer les affaires. Je suis passé chez Laurence. Je lui avais demandé de me rapporter de Saint-Chély deux saucissons. Trafic de cochonnailles. Laurette (c’est la charcutière..) les a choisis spécialement pour toi. Marie et Pascal t’embrassent. Elle a participé à un débat, là-bas, signé pas mal de livres. Je ne suis pas resté longtemps. Elle écrit, en ce moment. Je sais combien il vaut mieux ne pas être interrompu. L’appartement où elle s’est installé, il y a quelques mois seulement, avec ses filles, donne sur le Père-Lachaise. Si je me souviens bien de la topographie du cimetière, dans le prolongement de ses fenêtres, au bout de l’avenue Cail ou de l’avenue Eugène Delacroix, se trouve la 49e division et la tombe de Gérard de Nerval. Il faisait froid. Je n’ai pas eu le courage d’aller voir « mes » sépultures : La Harpe au Bosquet Delille, avec Boufflers et Saint-Lambert, Régnier, et Nerval justement. Paul Guiraud, mon prof de philosophie de terminale… J'ai téléphoné les résultats du Goncourt et du Renaudot à Isabelle pour les pages du Pèlerin. Déjeuner avec Amélie chez Polidor. J’y ai croisé Jean-Philippe avec qui j’étais au jury du Wepler en 2006. Il vient d’être embauché comme éditeur chez Flammarion. Retour pour travailler. Quelques heures lentes sur le livre. J’ai envoyé aussi mon dossier pour le prix Hennessy. J’étais finaliste l’an dernier. Qui sait si cette-fois-ci ? Nous nous sommes retrouvés pour fêter le prix Goncourt de Marie chez Gallimard. Beaucoup de monde dans les salons. Beaucoup de joie, et sans arrière-pensées. Du moins il me semble. Jean-Yves est arrivé de Berlin, bien plus ému et heureux qu’il faisait attention de ne laisser paraître. Nous étions conviés au dîner qui suivait le cocktail. Une cinquantaine de personnes dans l’appartement privé à l’étage. A notre table, Sabine, Nathalie, Nelly, Isabelle. La petite chienne terrier de la maison mettait ses pattes sur mes genoux attentive à mon assiette. Rien donné. Tenu bon. Nous ne sommes pas n’importe où, n'est-ce pas... Au café, nous avons parlé un moment avec Marie et Jean-Yves. Il rentre demain. La météo annonce de la neige en Allemagne. Marie reste à Paris. Elle a des rendez-vous à foison. A bientôt. On s'écrit. C’était bien…

mardi 3 novembre 2009

Dimanche 1er novembre 2009. 23h00.

J’ai acheté la 4L de Sandrine, la petite-fille de Mme Bassard. Une affaire. Enfin, je ne sais pas. Qu’est-ce que je vais faire de cette voiture qui a bien 200 000 kms ? Mais j’en avais envie. Elle est bleu gendarmerie. C’est d'ailleurs une ancienne voiture de gendarme. Il faudra la repeindre. Maman en avait eu quatre ou cinq en vingt ans. 974 JW 60, la première, bleu pâle... Puis, 207 NA 60, toute blanche... Les autres, je ne sais plus. J’avais grandi, je crois. Avec cette auto, je me paie aujourd’hui comme un retour d’enfance. Les souvenirs sont revenus d’un coup. L’odeur dans l’habitacle : la même qu’autrefois. Curieux quand même cette marque de fabrique. La 4L qui emmenait Amélie à l’école en Afrique sentait pareil aussi. Vieux caoutchouc. Vieux skaï. Ca tient à pas grand chose. J’ai fini le portrait de Céline Lis. Avancé dans quelques papiers. Pas touché à mon livre. Ou si peu. J'ai écrit quatre lignes. Je reprends. Je gribouille. Au revoir à Georgette. Nous lui avons laissé des saint-jacques, du gratin de poireaux. Nous étions invités au soir à boire un verre chez M. et Mme Simon, nos voisins du bout du chemin. Feu dans la cheminée. Porto et whisky. Il y avait là leur fille Claire, son mari, Jean-Charles. Des gens très simples, gais, charmants. Je crois qu’on les a ennuyés avec nos bavardages sur les prix littéraires.

Samedi 31 octobre 2009. 22h30.

Amélie a fait le marché à Granville. Elle est revenue avec des saint-jacques, deux tourteaux, une queue de lotte, des praires… Du radis noir aussi pour Georgette qui veut s’en faire du sirop. Pouah. Il faut couper des tranches les plus fines possibles. Dans une terrine, on recouvre chaque couche de radis de cristaux de sucre candi. Le lendemain, la racine a rendu son eau. Il ne reste plus qu’à recueillir un jus marron et collant. Je me souviens encore de mes hauts le cœur, enfant, quand ma mère me forçait à en avaler de grosses cuillères au moindre rhume. Panacée familiale. Ca semble sortir tout droit des recettes naturelles de mon grand-père Joseph. Ce n’est pas si mauvais. C’est sucré. Et je suis sûre que ça me fera du bien. Traversé la rue pour aller voir Alfred, le bébé de deux mois de Virginie. Puer egregiae indolis. Je me suis souvenu de mes cours de latin. Tout mignon. Tout sourire. Et puis cet air ravi quand Amélie l’a pris dans ses bras. J’ai écrit mes papiers « Goncourt » et « Renaudot » pour Le Pèlerin. Jean-Philippe Toussaint et Marie Ndiaye. Jean-Marc Parisis, Frédéric Beigbeder. Ce serait bien que Marie obtienne le Goncourt. Parce que Trois femmes puissantes est un beau livre et parce qu’aussi elle est une belle personne. Il a plu tout l’après-midi. Le vent a soufflé. Au soir il y avait, autant qu’hier, de feuilles mortes tombées partout dans le jardin.

vendredi 30 octobre 2009

Vendredi 30 octobre 2009. 22h00.

Georgette traîne une bronchite depuis plus d'une semaine. Quintes de toux qui l’épuisent. Je dors tout le temps. Le médecin passe lundi. Nous sommes allés lui chercher du thym au potager pour ses tisanes. Là-bas, nous avons arraché les topinanbours. Ramassé deux salades. La nuit tombe si vite maintenant. J’ai appelé Laurence pour la tenir au courant des publications de notre lettre ouverte à Mitterrrand. Elle était dans l’autocar pour Saint-Chély-d’Apcher. Je me suis dit que j’y retournerais bien. Avec Amélie.

Vendredi 30 octobre 2009. 16h00.

J’ai ramassé en monceaux les feuilles mortes du figuier et du frêne. Attaché les grimpants et les lianes qui pendaient aux murs où la vigne vierge est tombée. Travaillé un peu, un tout petit peu à ce roman de l’an prochain. Histoire d’apprivoiser l’idée qu’il faut s’y mettre. Pour de vrai. Pour de bon. J’ai tellement peur de ne pas y arriver.

- page 104 de 135 -