Nous sommes allés à Granville, à la pharmacie de garde. Amélie s’était couchée hier avec un début de crise d’asthme. L’essoufflement et l’angoisse l’ont tenue éveillée de longues heures. Ce matin, elle n'était toujours pas bien. L’employée a rechigné un moment (C’est une vieille ordonnance ! ) avant d'accepter de lui délivrer sa Ventoline. Une demi-heure après, elle se sentait soulagée. J’ai souffert d’asthme aussi. Nous nous sommes racontés nos souvenirs d’enfants de nuits sifflantes, quand tout dort, qu’on se dit que ça va passer et qu’on ne veut réveiller personne. Elle, au Pilon, à la fenêtre ouverte, dans la vaste maison « de campagne » de ses grands-parents sur les hauteurs de Grasse. Moi, à Senlis, assis au seuil du jardin, dans le noir, avec le chien près de moi, venu voir ce qui se passait, et qui gémissait doucement. Nous avons pris un café au port de plaisance dans un des rares bistrots ouverts le dimanche. Journée lasse. Feu de bois. Tous les deux fatigués. Amélie a lu ses manuscrits. J’ai péniblement avancé dans la chronologie de Bruno Durocher. Je devrais avoir fini en milieu de semaine. Je la complèterai alors avec Nicole. Je l’ai appelée. Elle attend mes dessins pour Montée des cendres, le recueil qu’elle veut me faire paraître au printemps. Isabelle et Fabien sont passés en fin d’après-midi. Ils arrivaient de Jersey où ils étaient restés quelques jours. Nous, nous rentrons demain. Etrange séjour. Le temps a filé sans que je m’en saisisse. J’ai pensé à cette petite phrase du Chapelier dans « Un thé chez les fous », le chapitre d’Alice que j’ai envoyé récemment à Camille : Si tu connaissais le Temps aussi bien que moi, tu ne parlerais pas de le perdre, comme une chose. Le Temps est un être vivant…