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lundi 7 décembre 2009

Samedi 5 décembre 2009. 18h50.

Amélie est partie faire les courses à Granville. Je suis resté nettoyer le jardin. Planter aussi, derrière la maison et au pied des arbres, le saule et le figuier, les rosiers reçus d’Angleterre que Mme Bassard avait conservés en jauge. Un nouvel Etoile de Hollande. Deux Veilchenblau, une liane sans épines aux fleurs lilas striées de pâle. Deux Adélaïde d’Orléans qui feront des bouquets blancs à peine carnés. Nous avons passé une partie de l’après-midi aux Fontenelles. Des plantations encore : les deux groseillers à maquereaux que nous avons ramenés de Liège. Et surtout monter la motobineuse qu’on nous avait offerte pour le mariage. Depuis l’été, elle était toujours dans son gros carton. Nous nous en sommes bien sortis malgré le mode d’emploi un peu sommaire. Le plein d’huile et d’essence. Elle a démarré au quart de tour. Reste qu’avant de vraiment s’en servir, il faut désherber…

dimanche 6 décembre 2009

Vendredi 4 décembre 2009. 22h00.

Nous avons réouvert la maison. J’ai eu le sentiment que nous n’étions pas venus depuis des mois. Demain, je m’occuperai du jardin. Georgette nous attendait. Elle a fait cadeau d’une petite écharpe en cachemire à Amélie. Je ne peux pas la mettre, elle est noire, je suis trop vieille. Le pain, les journaux chez Charles. Nous avons fait un feu dans la cheminée. J’ai ouvert les huîtres de Chausey achetées chez Charuel. Une salade de mâche et quelques verres de bourgogne blanc.

Vendredi 4 décembre 2009. 1h45.

Déjeuner avec Marie-Françoise chez Fernand. Evité un peu les sujets de conversation sur Buchet. Je suis simplement content d’en être parti. Elle m’a remis les épreuves de la réédition chez Noir sur Blanc d’un tout petit roman de Svetlan Savov paru une première fois en 2001 chez un éditeur de la Drôme. Je suis rentré à l’appartement pour préparer ma rapide intervention à la soirée Noailles. Dans les salons de la Société des gens de lettres, j’ai retrouvé Alexandre avec son ténor, sa pianiste et une comédienne en train d’achever les répétitions. Les gens n’ont pas tardé à arriver. Beaucoup de monde finalement, mais peu de la presse et de l’édition. Nous étions juste un petit noyau perdu dans les mondanités. Mercedes et Esteban, Florence, Claire, Aurélie, Pierre et Elodie, Joëlle, Miriam, Renaud, Denis. Delphine et Françoise-Marie. Et Jérôme aussi. Lectures et poèmes chantés sur des mélodies de Gounod, Chausson, Fauré et Reynaldo Hahn. Le ténor était parfait. Très juste. Emouvant. L’interprétation de la jeune comédienne… plus discutable. Elle traitait les extraits choisis des Innocentes, et notamment le Duo à une seule voix, comme s’il s’agissait de scènes de vaudeville. Le public riait. J’étais consterné. Il ne s’agit pas de coquetterie quand Anna de Noailles écrit : Oh, non, ce n’est pas une raison de croire que je vous aime et que je suis troublée près de vous parce que je baisse mes paupières et que je cache ma figure, je le fais à cause de ces cheveux rebroussés qui me donnent l’impression que je suis dévêtue et peut-être laide. Et ce n’est pas du paysage dont elle parle lorqu'elle elle dit : Comment voudriez-vous, mon ami, que je n’aperçoive pas toutes les teintes du crépucule… Mais ce n’est peut-être pas si grave. La soirée a eu le mérite d’exister. Peu s’en est fallu que cette collection et son dernier titre soient enterrés sans cérémonie. Nous avons fait un bref passage côté cocktail. J’ai remercié Alexandre et aussi tous ceux qui étaient venus par amitié pour moi. Nous nous sommes retrouvés à dîner avec Delphine, Françoise-Marie et Jérôme dans un italien de la rue du Faubourg-Saint-Jacques et nous avons parlé d’autres choses. Très gaiement.

Mercredi 2 décembre 2009. 21h40.

J’ai déposé un nouveau dossier administratif au secrétariat de Censier. Le dernier avait été égaré. Si tout va bien je pourrai quand même payé à temps. J’ai retrouvé mes petits groupes d’étudiants. Je les aime bien. Ils sont malins, très « à propos ». Nous avons commencé à travailler leurs reportages. Le questionnement, le recueil des informations. Pas vu le temps passer. En sortant, je suis passé chez Caractères. Hélène m’a remis les épreuves de mon recueil. Je suis allé prendre un café juste à côté, ému à en trembler en ouvrant l’enveloppe sur le comptoir. J’avais dix-sept ans quand Bruno Durocher avait édité Le vent, les vis et va-t-en, une petite plaquette à la couverture rouge. Caractères était à l’époque rue Sainte-Marthe dans le Xe. Dès que j’avais eu en main mes premiers exemplaires, j’avais aussi filé dans un bistrot pour mieux les regarder. Amélie avait rendez-vous avec Christine au J’Go. Je les ai rejointes pour partager un verre. Et fêter ça.

Mardi 1er Décembre 2009. 23h50.

Vu Marion autour d’un café, aux Editeurs. Elle m’a donné les épreuves du dernier roman de Gilles Leroy, Zola Jackson. J’ai commencé à le lire entre deux rendez-vous. Je n’avais pas envie de lâcher cette mélopée des catastrophes et du temps déclinant. J’ai déjeuné avec Dany. On s’est raconté un peu le temps qui passe. Je l’ai racompagnée jusqu’à son bureau. Rentré à l’appartement finir mon questionnaire pour mes ateliers à Censier. J’ai rejoint Amélie place Paul-Painlevé. Nous étions invités à l’Institut du monde arabe pour une soirée Lire-RTL sur les meilleurs livres de la rentrée. Palmarès sans risque et sans surprise. C’était bien, par contre, d’y retrouver tout un tas de gens et de bavarder amicalement. Géraldine, Marie, Isabelle, Anny. Thierry. Alexandre. Nous avons filé assez tôt. Dîné dans un restaurant de la rue des Fossés-Saint-Bernard. Tranquillement.

Lundi 30 novembre 2009. 22h15.

Rendez-vous avec Hervé Gaymard, à l’Assemblée nationale, en fin de matinée, avec Laurence et Renaud. Même exposé que mercredi dernier au ministère de la Culture. La situation précaire des auteurs, l’absence de statut, les difficultés d’affiliation à l’AGESSA... Je ne sais pas bien ce qu’il adviendra de cette démarche. Renaud pense que nos propositions vont être entendues. J’ai du mal à partager son optimisme. J’ai déjeuné au Balzar avec Dominique Gaultier. Je me sens proche de sa curiosité, de son intérêt épidermique aux livres. Nous avons parlé de « Domaine public ». Qui sait si la collection ne continuerait pas d’une manière ou d’une autre au Dilettante ? Ce serait bien...

Dimanche 29 novembre 2009. 21h30.

Le retour rapide au matin. Nous étions à Paris à temps pour le marché sous le métro aérien. J’ai corrigé les travaux des étudiants pour mercredi. Amélie a lu. Grand calme. Agathe est finalement sortie de l’hôpital. Sauvée. Mais elle aura été sept semaines le petit cobaye de toute une bande de diafoirus, internes, assistants, chefs de clinique, et j’en passe, qui se fichent bien de la douleur, de la solitude, de l’angoisse. L’un d’entre eux a même dit à Séverine après que le ventre de la gamine avait été ouvert, refermé, réouvert et encore : Les cicatrices ne sont vraiment pas belles. Il faudra peut-être penser à de la chirurgie esthétique…

Samedi 28 novembre 2009. 22h30.

Nous avons marché dans la ville toute la journée. Au hasard, en visites. Le Grand Curtius, musée entièrement rénové, sur les bords de Meuse, où l’on trouve une extraordinaire collection d’art religieux du moyen-âge. La collégiale Saint-Barthélémy, les rues autour de la cathédrale, la basilique Saint-Martin… Nous avons fait du courrier, acheté des bricoles de rien pour garder le souvenir. Et, on se refait pas, de la charcuterie liégeoise aussi : boulets et hure de veau, boudin blanc aux chicons. Sous vide, s’il vous plaît. Nous avons à voyager…

Vendredi 27 novembre 2009. 23h30.

Nous avions recontré Luc Pire ce matin dans le train. Il venait pour une de ses énièmes sociétes, « Georges Simenon développement », qu’il a montée avec John, le fils de l’écrivain. Vous faites quoi ce soir ? Il nous avait donné deux cartons d’invitation pour le vernissage d’une exposition des dessins du caricaturiste de presse Pierre Kroll. Ca se tenait dans une galerie de l’îlot Saint-Michel. C’était très gai, très drôle. J’y ai retrouvé Micheline que je n’avais pas revue depuis le temps où je m’occupais de Vues de Belgique. Dîner rue Hors-Château. Rentrés à l’hôtel à pieds, sous un crachin doux, presque tiède. Contents.

Vendredi 27 novembre 2009. 19h45.

J’avais tenu le secret jusqu’au bout. Pas un mot à Amélie sur la destination du voyage que j’avais organisé depuis longtemps pour ce week-end. Rien dit quand le taxi nous a déposés Gare du Nord. Rien dit dans le Thalys. Rien non plus à Bruxelles alors qu’elle voyait bien que nous continions le trajet. Nous sommes descendus à Liège, là où nous étions retrouvés, il y a longtemps, avec d’autres, au voyage de presse organisé par Brigitte pour la sortie du premier volume des Romans de Simenon dans la Pléiade. Comme on se raconte son histoire et ses sources fragiles. Il ne s’était rien passé d’autre que d’avoir été ensemble. Mais quand même… J’étais revenu là-bas pour un reportage de deux jours. Je m’étais dit alors que j’y retournerais. C’est fait. Ciel gris bleu. Quelques averses froides. Nous nous sommes promenés dans Outremeuse. Avons traîné un long moment dans la boutique du bouquiniste de la place Saint-Pholien où j’ai acheté l’édition de 1926, chez Crès, de La chanson d’Eve de Charles Van Lerberghe. Et, tout d’un coup, dans le son de ma voix,/ A travers l’air plein de chants et de roses,/ Celle qui de son souffle, anime toutes choses,/ Doucement vint vers moi… Entrés in extremis aussi, avant la fermeture, au théâtre-musée Tchantchès, rue Surlet. Arnaud, un des montreurs de marionnettes nous a fait passer derrière la scène du castelet où étaient accrochés ingénues, chevaliers, diables et sorcières. Nous avons bu le péquet, échangé nos adresses. Déjeuné à deux pas. L’après-midi en promenade, vieilles rues et boutiques, sous un temps qui se retenait pour nous laisser flâner. C’est sur la place du marché que s’étaient rencontrés, vers les années 1870, mon arrière-grand-père Louis et mon arrière-grand-mère Louise. Il était placier, elle servait dans un estaminet…

vendredi 4 décembre 2009

Jeudi 26 novembre 2009. 21h45.

Déjeuner avec Cristina. En passant la chercher à la Société des gens de lettres, j'y ai croisé Alexandre qui venait montrer les lieux à deux jeunes comédiennes pour la soirée Noailles du 3 décembre. J’étais juste à l’heure pour l’enregistrement de Jeux d’Epreuves. Je défendais le roman d’Abdourahman Waberi, Passage des larmes, paru chez Lattès. Une histoire d’exil et d’impossible retour. Il est juste un moment où l’on ne peut plus être chez soi, ni dans son pays, ni dans son enfance. Belle émission. Minh présentait La blessure et la soif de Laurence Plazenet. Alexis, la Correspondance de Virginia Woolf et Lytton Strachey au Promeneur. Et surtout, Baptiste avait amené L’enfant du carnaval de Stéphane Audeguy. Ce livre des mots, des morts et de l’oubli ne cesse de me hanter. J’ai retrouvé Amélie au Balzar. Nous sommes allés saluer John Berger qui signait son texte La tenda rouge de Bologne à la librairie du Livre écarlate. Au moment de mon divorce, je m’étais réfugié un an dans un petit appartement de cette rue du Moulin-Vert. J’aimais bien le quartier, cet autre côté du quatorzième. C’était étrange de se retrouver là. Drôle de pèlerinage.

dimanche 29 novembre 2009

Mercredi 25 novembre 2009. 23h00.

Nous nous sommes retrouvés au Nemours, Laurence, Renaud et moi. Quelques minutes d'antichambre avant d'être reçus par le conseiller du ministre de la Culture, Pierre Lungheretti, Nicolas Georges du CNL et Geoffroy Pelletier, le chef du département de l'économie du livre à la Direction du livre et de la lecture... Une petite heure de discussion. Enfin, plutôt, nous avons été écoutés, à défaut d'avoir été entendus. Je crois qu'on nous considère comme la mouche du coche. La Société des gens de lettres ayant depuis longtemps déjà entamé un travail qui devrait déboucher sur un certain nombre d'aménagements, ô combien nécessaires. Nous défendons toutefois que si écrire est une vocation, c'est aussi un métier. Et lorsque l'on parle des auteurs de littérature (pas les traducteurs, pas ceux qui écrivent des livres techniques ou de loisir...), l'on se rend vite compte que cela renvoie à une condition dont le dénominateur commun est la précarité. Ajouter à cela l'absence de statut. On passe vite du malaise au désarroi. Pour l'instant, nous avons compris qu'il n'y avait pas de perspectives pour un statut des auteurs et pas davantage en ce qui concernait de vraies facilités d'accès à l'Agessa, la caisse de sécurité sociale spécifique. Alors... Je suis passé chez Caractères déposer les dessins pour mon recueil. Resté un moment avec Nicole. Je lui dois toujours la préface de l'Oeuvre complète de Durocher. Tout est prêt. Plus qu'à écrire. La semaine prochaine ? Marion et Jérôme sont venus dîner à l'appartement. Samedi prochain, ils descendent à Magagnosc pour un week-end « familial » où se retrouvent aussi les parents de Marion. Objectif : parler de leur mariage. L'an prochain arrive. Nous les avons sentis un peu tendus...

Mardi 24 novembre 2009. 22h40.

Petite réunion, avec Laurence, chez Renaud avant notre rendez-vous de demain au ministère de la Culture. Puis rangements et de tris en tout genre. Ca n'en finira jamais. Au soir, Delphine et Françoise-Marie sont venues prendre un verre à l'appartement. Nous sommes allés dîner au Zoo. Pourquoi, d'ailleurs, n'allons-nous pas plus souvent dans ce restaurant de quartier où nous avons quelques uns de nos premiers souvenirs de vie ensemble ? J'ai peur que cela ait à voir justement avec mes rangements d'aujourd'hui. Comment vivons-nous ? Tout est encombré, envahi, en désordre. Embrouillé de mille événements. Nous avons grand besoin de nous poser. C'était bien de se retrouver là... Nous avons passé une soirée tout simplement amicale à nous dire des pas grand chose qui font du bien. A reboucler aussi nos coïncidences d'origines. Abidjan pour Amélie et Françoise-Marie. Liège et la Belgique pour Delphine et moi. Trois fois rien. Et le reste, n'est-ce pas...

mardi 24 novembre 2009

Lundi 23 novembre 2009. 23h20.

Le train a eu plus d'une heure de retard. Les roues patinaient sur les feuilles mortes tombées sur les rails, gluées en pâte à cause de la pluie. J'ai ouvert la valise. Redéballé tout mon travail, mes va-et-vient de livres et commencé à rédiger mon papier sur L'enfant du Carnaval de Stéphane Audeguy. Je crois que si je continue à traîner à l'écrire, c'est que je me sens infiniment proche de sa démarche. Ce texte sur Pigault-Lebrun qui fut, au XVIIIe et dans le tournant du XIXe, un auteur vraiment très connu et qui n'est plus aujourd'hui qu'un fantôme, pose clairement le problème de l'oubli en littérature. Que reste-t-il d'un écrivain ? Pas grand chose après le temps... Audeguy en appelle a la rêverie pour raconter à nouveau l'histoire. Mais pas seulement. J'ai compris qu'il ne reste qu'un livre pour en arracher d'autres à la disparition promise, à l'effacement. J'ai pensé sans cesse à La Harpe en avançant dans les pages. Présent, passé font une pâte molle. C'est juste le souvenir qui nous garde vivant. J'ai déjeuné au Perron avec Géraldine. Regardé le programme de janvier du Seuil. Il y a un nouveau livre d'Alon Hilu, La maison de Dajani, que j'ai hâte de lire. Après-midi de démarches. Je suis allé chez Buchet régler des histoires de frais de déplacement, j'ai appelé Le Monde, Radio France, Bayard-Presse pour récupérer des bulletins de paie afin de refaire mon contrat de vacataire à Censier. Le dossier a été égaré par le secrétariat de la fac. Je suis passé chercher Amélie. Nous avions rendez-vous pour dîner avec Nicolas à La robe et le palais. Sophie, sa nouvelle compagne, nous a rejoints dans la soirée. J'étais assez fatigué et je crois que nous l'étions tous un peu. Nous nous sommes offerts, quelques bouteilles de vin corse plus tard, un petit medley de discussions épineuses sur l'actualité. L'affaire Polanski, les contrôles d'alcoolémie au volant. De quoi frôler la sortie de table si, au fond, nous n'étions pas d'accord et si tout cela n'avait finalement... pas vraiment d'importance.

dimanche 22 novembre 2009

Dimanche 22 novembre 2009. 23h00.

Le grand vent a emporté les dernières feuilles du saule. Georgette est venue déjeuner. Journée absolue d’automne et dernière journée à Carolles. Un peu lente. Un peu mélancolique. Nous n’avons, une fois de plus, pas très envie de partir. Longue promenade sur la plage soulevée de sable. Je n’ai pas résorbé mon retard de travail. Je m’en doutais bien…

Samedi 21 novembre 2009. 22h15.

Pulls et marinières à rayures. C’étaient les soldes d’usine à Saint-James. Sur place très tôt, nous avons bravé la queue pendant une bonne heure. Repartis rhabillés de neuf. Amélie a avancé dans ses listes de presse et ses lectures de manuscrits. J’ai répondu aux messages et aux lettres, payé les factures. Envoyé des courriels à Camille. Profité du temps sec pour travailler aussi aux Fontenelles. J’ai commencé à desherber les carrés et surtout, planté le cerisier burlat que nous avaient offert Marie-Jeanne et Dominique.

Vendredi 20 novembre 2009. 23h20.

Les courses. La visite à Georgette. Le coin du feu. Les livres à lire. Vers les sept heures, nous sommes allés prendre un verre chez Monique et Jean-Marie, route de Groussey. Ils nous ont gardé dîner. Filet mignon et pommard. Une soirée vraiment amicale, à partager notre attachement pour Carolles et l’envie de défendre la beauté, si fragile, de notre village.

Jeudi 19 novembre 2009. 23h50.

Matinée à la Librairie Fontaine de la rue Laborde avec les élèves de seconde que j’avais déjà vus mardi. Une nuée de moineaux picoreurs lachés dans les rayonnages. Qu’est-ce que vous me conseilleriez de « classique » et de pas ennuyeux ? - Et si vous essayiez Frankenstein de Mary Shelley qui est paru en poche, il n’y a pas très longtemps… Je ne sais pas trop en fait. Je vais à saute-auteurs. Vian et Fromentin. Alain-Fournier et Stevenson. Sartre et Swift. Erich Maria Remarque. Robert Desnos. Lewis Carroll, bien sûr. Ensuite, c’était Jeux d’épreuves. J’ai relu les livres avant d’aller à l’enregistrement. Je défendais Tâche de ne pas devenir folle de Vanessa Schneider, chez Stock. Grand-mère et petite-fille. Une histoire de famille, à mon sens, bien moins tragique que ce que les autres, dans le studio, en ont retenu. Question de point de vue. J’y ai trouvé, moi, juste un rien de grave qui n’aurait pas tant d’importance... Un texte sensible, doux. Profond. Je suis rentré faire la valise. Amélie m’a rejoint à Montparnasse. Dans le train à Flers, alors qu’il ne restait plus qu’une heure de trajet, j’ai sorti de mon sac une bouteille de beaujolais nouveau et deux verres. C’est bien le jour, non ? Les autres voyageurs nous regardaient un peu de travers. A nous…

Mercredi 18 novembre 2009. 23h20.

J’avais demandé aux étudiants d’écrire une vingtaine de lignes, sur un lieu, une anecdote, un moment. Aujourd’hui, ils ont choisi leurs sujets de reportage. Ca démarre. Je les revois dans quinze jours avant qu’ils commencent à rédiger. Je suis passé chez Caractères pour que Nicole m’aide un peu à avancer dans la chronologie de Bruno Durocher. Je me heurte à trop de lacunes, d’imprécisions. Nous avons déroulé les années, les unes après les autres. Je l’ai sentie entrer dans une émotion grandissante. Elle m’a tout raconté. Jusqu’aux dernières heures. Au dernier souffle. Nous avons continué à parler longtemps sur le trottoir de la rue de l’Arbalète. Je ne n’avais pas envie de la quitter. J’ai rejoint Amélie. Nous sommes allés à la remise du prix du meilleur livre étranger à l’hôtel Hyatt, près de la Madeleine. Cette année, il était décerné à Karel Schoeman pour Cette vie, paru chez Phébus. C’est Daniel qui a édité tous ses titres en France. Il me l’avait fait découvrir à la fin de années 1990 avec En étrange pays, le périple épuisé d’un bourgeois hollandais atteint de la tuberculose et qui s’en finir en l’Afrique du Sud. Une contrée pour lui si lointaine et si neuve. Chaque phrase est en suspend dans ce livre. Tout est évocation. Quand le voyage s’acheva, il ne le sut même pas : il n’eut pas conscience du fait qu’ils étaient arrivés, et que le bruit, les embardées, les grincements, le balancement et les cahots de la voiture avaient cessé. Il y avait eu le mouvement incessant, le grondement de tambour des sabots des chevaux, l’espace étroit dans lequel lui et les autres voyageurs avaient été entassés, le siège inconfortable, les petits bagages fourrés dans les moindres recoins ; il y avait eu la chaleur, l’éclat éblouissant du soleil sur les stores baissés, et la poussière dont le fin nuage les environnait, qui pénétrait partout et qui se déposait comme une poudre blanche sur les gens et les bagages. Combien de jours cela avait-il duré ? Dix jours, avait promis le conducteur au début de l’expédition, mais quelque part sur la route, ils en avaient perdu le compte, et il ne savait pas si la promesse avait été tenue ou non… Tout le monde avait avait vraiment envie de fêter ce prix. Mais la réception était chiche dans les salons de cet hôtel un peu prétentieux. Quand nous sommes arrivés, il n’y avait déjà plus la moindre goutte de champagne. Chacun errait, déconfit, une coupe vide en main. Le comble est que Vera a dû acheter une bouteille pour trinquer avec Daniel et Gaëlle. Bah... Nous sommes rentrés avec Jeanne qui vient de déménager à deux pas de chez nous. Courte soirée...

samedi 21 novembre 2009

Mardi 17 novembre 2009. 22h15.

J’ai passé deux bonnes heures au Lycée Fénelon avec une trentaine d’élèves de seconde. Ce n’est pas simple d’expliquer pourquoi et comment on écrit des livres. Je suis remonté loin dans mon enfance. A tant ressasser mon histoire, je ne sais plus jusqu’à quel point elle est vraie. Enfin, j'hésite… J’ai évoqué ce souvenir que j’ai en commun avec François Taillandier. Question de génération. Tous les deux nous lisions des Bob Morane avec passion. Sur la quatrième de couverture de presque tous les titres, il y avait une photo d’Henri Verne, col ouvert et cigarette, face à sa machine à écrire. Chacun nous avons eu envie de faire ça. De devenir ça… J'ai pris un verre en sortant avec Serge au café de la Pepinière. Zulma est tout à côté. Déjeuner avec Karine dans un italien du marché Saint-Germain. Je suis rentré à l’appartement corriger les travaux des étudiants que je retrouve demain. Passé chercher Amélie place Paul-Painlevé. Nous allions dans le XIXe à la librairie Texture où Mercedes signait son dernier livre, Rien de bien grave, aux éditions du Chemin de fer. Nous sommes restés un moment avec elle et Esteban. Bavardé avec la libraire. J’ai fait la connaissance de Christian Tortel de RFO et de Jean-Benoit Patricot, auteur Buchet qui avait publié en 2008, Le roi c’est moi, un très joli roman du sortir de l'enfance. Nous ne nous étions jamais rencontrés. Comme quoi…

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