La cour était toute blanche. Il a neigé pendant la nuit. Cinq bons centimètres dans la rue. Je n’aime pas ce temps-là en ville. Un sorbet noirâtre embouillasse vite tout d'une humidité de flaque froide. J’avais rendez-vous avec Valentine Goby pour un portrait à écrire pour Le Monde. Après la sortie du métro, il m’a bien fallu un quart d’heure, en marchant à petits pas sur les trottoirs glissants, pour arriver chez elle, aux Epinettes. C’était étrange de se retrouver dans ce quartier. Je ne crois pas y être revenu vraiment depuis l’enfance, mais je m’y promène souvent dans des rêves, un peu tristes. L’itinéraire, je l’ai vraiment connu petit. Descendre la rue Etex, où habitait mon oncle André. Prendre l’avenue de Saint-Ouen et la rue de la Jonquière. Tourner dans la rue des Moines. Le cousin Garrigues avait sa librairie au n° 90. Je repartais toujours avec quelque chose… Je suis revenu de là-bas mal à l’aise. Soulagé à l’idée de déjeuner avec Miriam rue de l’Eperon. Avec elle, tout s'est remis en place. Nous avons parlé froid et mitoufle. Fêtes de fin d'année. Du dernier roman de Cécile Reyboz aussi. Je suis rentré à l’appartement mettre de l’ordre, encore, faire les bagages. Je reste à Carolles jusqu’à Noël. Retrouvé Amélie à Montparnasse. Trajet long. Gares enneigées. A l’arrivée à Granville, il n’y avait pas un flocon.