J’ai inscrit au tableau, comme maintenant, à chaque fois, rituellement, une des Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon. Un homme d’une trentaine d’années s’est suicidé dans un hôtel de Mâcon. « Ne cherchez pas mon nom » a-t-il écrit. Je leur ai appellé ça « l’art de la brève » ou comment les mots ouvrent les faits à la compréhension et à l’imaginaire. A Censier, les étudiants m’ont rendu leurs portraits, leurs interviews. J’ai jeté un coup d’œil rapide. Du bon travail a priori. L’impression qu’ils se sentaient maintenant à l’aise dans les genres, qu’ils commençaient jouer avec la forme. J’ai hâte de les lire vraiment. Nous avons parlé des notes, de leurs examens. J’ai réalisé que les cours vont finir bientôt. Avec eux, cette année encore, je n’aurai pas vu le temps passer. A la semaine prochaine. A l'angle de la rue de Santeuil, les marronniers roses embaumaient. Je suis revenu à notre nouvel appartement comme l’inspecteur des travaux finis. Emmanuel rangeait tout son attirail. Claire nettoyait les traces de peinture. Nous avons dîné chez Péret. Ils repartent demain. Je ne sais pas ce que nous aurions fait sans eux.