Georgette est venue déjeuner. Amélie avait fait les courses à Granville. Arrivée tard. Il ne restait presque plus rien. Elle a remonté la halle. Etals clairsemés chez les poissonniers. Maraîcher dévalisé. J’ai acheté ce que j’ai pu. Moi, j’étais resté au jardin, assis, à faire comme si je regardais pousser les fleurs. A guetter les roitelets dans les hautes branches des sapins. Sri, sri, sri… A compter les bourdons, les premiers papillons.
mercredi 18 mai 2011
Vendredi 6 mai. 23h00.
Par Xavier Houssin le mercredi 18 mai 2011, 12:01
J’ai eu des nouvelles des étudiants par Astrid. Elle faisait ses premiers cours avec eux cette semaine. Ils me manquent. Quelques uns continuent à m’envoyer des messages. Je n’ai pas grand courage à leur répondre. Je renvoie juste un petit mot. J’essaie d’accompagner un peu leur demandes de stages. Mais je me sens si loin de tout en ce moment. Nous sommes partis en Normandie au train de dix heures et demie. Toujours la même expédition. Fauteuil roulant le long du quai, gymnastique pour monter dans le wagon… J’ai encore passé tout le trajet à garer ma jambe dans le couloir des allers et venues des voyageurs. Arrivé épuisé. J’ai invité Amélie à déjeuner sur le port. Fruits de mer et vin blanc frais. Il faisait un temps d’été. Nous avons rejoint doucement la maison. Au jardin, les rosiers ont presque tous fleuri. Le Cecile Brunner, le Generous gardener. Ceux que nous avons mis en place à l’hiver ont éclot aussi. Miss Alice, Gertrude Jekyll, Glamis castle. Je me suis aperçu que, dans la précipitation des plantations de janvier, j’ai installé dans la plate-bande, le grimpant Amelia que je réservais pour l’arrière de la maison. Nous sommes allés voir Georgette. Elle s’inquiète pour moi. Ce n’est pas normal que tu continues à avoir mal. Trié la montagne de courrier qui attendait à la maison. Nous étions invités à dîner au presbytère de Donville par Jean-Luc pour fêter ses quarante-sept ans. Il revenait de Venise. Des amis lui avaient offert le voyage. Soirée un peu disparate, et un rien étrange. Il y avait là sa sœur aînée, Régine. Un couple d’anciens restaurateurs de l’Orne et visiblement « piliers » de la paroisse. Discussion sur les villes touristiques et les cuisines locales. Je me suis entendu parler de sainte Thérèse d’Avila et de la dispersion de ses reliques. Bon, on va rentrer à la maison…
Jeudi 5 mai 2011. 22h50.
Par Xavier Houssin le mercredi 18 mai 2011, 11:59
J’ai vu avec Floryse une partie de la sélection du prix Marcel Pagnol 2011. Je suis heureux d’avoir pu y glisser le livre de Joëlle Miquel, Le lit de Rose et celui d'Emmanuel Arnaud, Arthur et moi. Les autres titres sont cohérents. De beaux textes aussi.... Réunion du jury fin mai. J’ai essayé d’avancer un peu dans les papiers d’assurance pour l’accident. J’en ai perdu, j’en perds, je m’y perds. Jérôme est venu dîner à la maison avec Juliette, la sœur aînée de Marion et son mari Edouard. Pour continuer de fêter Gabrielle.
lundi 9 mai 2011
Mercredi 4 mai 2011. 22h30.
Par Xavier Houssin le lundi 9 mai 2011, 17:46
La fausse porte est en librairie aujourd’hui. Pour mes autres livres, à chaque fois, j’avais été faire un tour. La vitrine, les piles sur les tables, les rayonnages. Là, c’était plus compliqué. J’aurais pu clopiner jusqu’à la librairie d’Olivier Renault, L’arbre à lettres, rue Boulard. Mais dans cet exercice narcissique du « je vais voir », je n’avais aucune envie de rencontrer quelqu’un de connaissance. Olivier que j’avais croisé l’autre jour dans la rue comme Amélie me poussait dans ma chaise à roulettes, m’a proposé de faire une signature. J’irai dès que je peux. Avec bonheur. J’ai aussi des propositions à Senlis, à Granville, à Compiègne, à Lille. J’attends également des papiers dans la presse. Mais je reste inquiet de ce livre. J’ai peur de ne pas pouvoir, de ne pas bien savoir l’accompagner. Avec mon immobilité forcée qui dure, je me sens désemparé. J’ai laissé filer l’après-midi. J’ai retrouvé Amélie aux Cousins d’Alice, le magasin de jouets de la rue Daguerre à deux pas de la maison. Rencontré là-bas Sarah et Noé, son petit garçon qu’elle rebaptise quelquefois Néron. Le bonhomme a bien essayé de faire son imperator en réclamant avec beaucoup d’insistance je ne sais quelle effrayante figurine (un monstre juché sur un dinosaure ?), mais elle a tenu bon. Et tout est rentré dans l’ordre sans qu’il soit vraiment trop dépité. Il a du mérite... Dans cette caverne d’Ali Baba où tout est à portée de menottes, j’imagine sans peine combien il est difficile, à deux ans et demi, de rester stoïque. J’ai choisi une peluche, une souricette à poil beige, douce et câline, pour Gabrielle. Nous sommes allés la voir dans le XVe, à la clinique où elle est née. Dans le berceau transparent de la maternité, elle dormait en souriant aux anges. C’est d’ailleurs ce à quoi elle occupe le plus ses premières journées. Marion et Jérôme ont essayé doucement de la réveiller. Juste pour nous monter qu’elle avait les yeux bleus… Peine perdue. Un froncement de nez, une moue minuscule. Gabrielle n’avait pas, mais vraiment pas, envie de les ouvrir. J’ai caressé sa joue. Dans son sommeil, elle a attrapé mon index, l’a serré dans son poing. Amélie a fait des photos. Ce gros doigt, pris dans sa toute petite main, c’est le mien. J’ai senti que ça piquait derrière mes paupières. On y va ? Nous avons dîné chez Péret, en terrasse. Amélie m’avait invité pour la sortie du livre.
samedi 7 mai 2011
Mardi 3 mai 2011. 23h10.
Par Xavier Houssin le samedi 7 mai 2011, 19:58
Ma rentrée à Jeux d’Epreuves... J’enregistrais deux émissions à la suite pour les samedis de fin mai. Amélie est venue avec moi jusqu’à la Maison de la radio. Elle m’a fait encore un bout de chemin à l’intérieur. C’est fou ce qu’il y a comme marches, comme couloirs et comme portes là-bas. J’ai descendu un dernier escalier pour accéder au 119. Un grand studio, un peu délabré, au décor des années 1970. Retrouvé, autour de Joseph, Josyane, Baptiste Liger, Sébastien Le Fol. Je présentais Le monde sans vous de Sylvie Germain, deux textes distincts, rassemblés, écrits après la disparition de sa mère, de son père. L’un, comme une divagation poétique où les associations, les réminiscences, les sentiments épars se mêlent et fondent dans l’interminable trajet, de Moscou à Vladivostok, du Transibérien. L’autre, échardé de lieux et de moments d’existence. Rien de triste vraiment, le chagrin dilué ravine doucement. Mais, hélas, il n’y avait que moi que ce livre avait touché. Les critiques, d’une prise de parole à l’autre, ont grandi, débordé, enflé, jusqu’à gronder. Baptiste Liger (et peut-être même aussi Sébastien Le Fol…) a parlé d’afféterie. Comment peut-on aller chercher dans ce texte doux de la prétention, de la préciosité, d’excessives manières ? Tant pis pour eux. Josyane défendait Noir souci, de René de Ceccatty. Une réflexion intime, habitée, sur la « passion chaste » entre Giacomo Leopardi et Antonio Ranieri. Le bonheur de l'homme ne peut consister dans ce qui est réel, disait Leopardi. Depuis que j’ai lu ce récit, je continue de mordiller la phrase. Deuxième enregistrement avec Cécile, Clara et Frédéric Ferney. J’y ai été plus heureux avec Le monologue de Teresa d’Alicia Duvjone Ortiz. Il faut dire que ce texte à la première personne est époustouflant. Alicia Duvjone Ortiz donne à Thérèse d’Avila une voix brûlante, incarnée. On y entend ses plaintes et ses désirs, ses râles, ses prières. Sainte des douleurs et des vertiges. De la conversion permanente et de l’humilité. Joseph m’a raccompagné en taxi à la maison. Passé une après-midi de griffonages, de courrier inachevé. J’ai attendu Amélie. Nous sommes allés dîner au bistrot de Paris pour fêter, à un jour près, nos deux ans de mariage. A nous...
mercredi 4 mai 2011
Lundi 2 mai 2011. 23h00.
Par Xavier Houssin le mercredi 4 mai 2011, 17:50
Gabrielle est née cet après-midi à l’heure du goûter. A 16h26 pour être précis. Elle va bien. Marion aussi. Toutes les deux dorment à l’heure qu’il est. Jérôme est venu nous voir en rentrant de la maternité. Nous avons bu du champagne. Il était fatigué. Nous irons la voir mercredi ou jeudi, cette petite fille.
Lundi 2 mai 2011. 11h00.
Par Xavier Houssin le mercredi 4 mai 2011, 17:49
On s’est embrassés. Bon anniversaire. Amélie a filé au travail. Deux ans… J’ai regardé les photos de ce 2 mai 2009. Elle était toute en rouge à la mairie de Carolles. Il y avait tous ces gens. Je me suis juré ce jour-là que plus rien, jamais, ne se passerait sans elle.
Dimanche 1er mai 2011. 20h50.
Par Xavier Houssin le mercredi 4 mai 2011, 17:48
Levés tard. Pas sortis. Pourtant j’ai bien pensé aller acheter un petit bouquet pour Amélie. Aujourd’hui, il y a des vendeurs de muguet à tous les coins de rues. Mais impossible de faire la moindre course tout seul. Tant pis pour le 1er mai. Je trouverai d’autres fleurs, d’autres porte-bonheur. Plus tard. Jérôme a appelé dans l’après-midi. Il était presque en pleurs. Submergé d’émotion. Pardon, je ne peux pas m’empêcher. A quelques jours de la naissance de sa fille, le voilà envahi par la peur de ne va pas être à la hauteur.
Samedi 30 avril 2011. 22h40.
Par Xavier Houssin le mercredi 4 mai 2011, 17:48
Tout ce beau temps dehors. Le lierre de la cour fait des feuilles neuves. Le mur, au matin, s’envahit de soleil. Je n’en peux plus de rester enfermé. Nous sommes sortis. Oh, pas bien loin. J’ai fait rouler mon fauteuil jusqu’à la place de la mairie. Nous avons déjeuné au Jeu de quilles, rue Boulard. Nathalie est passée prendre un café avec nous à la maison dans l’après-midi. Son vieux père est hospitalisé à La Rochefoucault. Nous avons parlé de nos livres, de nos projets. De la vie qui va, comme elle peut, dans la précarité de l’écriture. De notre manière d’être toujours inquiets. Dimanche dernier, en apprenant la mort de Marie-France Pisier, j’avais repensé au court-métrage de Truffaut, Antoine et Colette. Et à ce plan où, assise dans la salle de concert des Jeunesses musicales de France, se sentant observée, elle mordille nerveusement sa médaille. Tire sur l’ourlet de sa jupe. Amélie n’avait pas trouvé le film chez le marchand de dévédés de la rue Daguerre et, du coup, je m’étais décidé à commander le coffret du « cycle Doisnel ». Nous avons commencé par regarder Les 400 coups. Pas revu depuis les années 1970… J’avais un peu peur du temps qui avait passé. Mais l’émotion est intacte.
mardi 3 mai 2011
Vendredi 29 Avril 2011. 23h45.
Par Xavier Houssin le mardi 3 mai 2011, 23:12
Journée blanche. Comme Les roses blanches, la chanson de Charles-Louis Pothier chantée par Berthe Sylva. Une complainte tellement mélo qu’elle fait sourire, bien sûr. Comme La chanson des fortifs de Fréhel ou Mon Légionnaire de Marie Dubas. Mais j’aime ces romances.
C'était un gamin, un gosse de Paris,/ Pour famille il n'avait qu'sa mère/ Une pauvre fille aux grands yeux rougis,/ Par les chagrins et la misère/ Elle aimait les fleurs, les roses surtout,/ Et le cher bambin tous les dimanches/ Lui apportait de belles roses blanches,/ Au lieu d'acheter des joujoux/ La câlinant bien tendrement,/ Il disait en les lui donnant : C'est aujourd'hui dimanche,/ Tiens ma jolie Maman/ Voici des roses blanches,/ Toi qui les aime tant/ Va quand je serai grand,/ J'achèterai au marchand/ Toutes ses roses blanches, Pour toi jolie Maman. Au printemps dernier, le destin brutal,/ Vint frapper la blonde ouvrière/ Elle tomba malade et pour l'hôpital,/ Le gamin vit partir sa mère/ Un matin d'avril parmi les promeneurs/ N'ayant plus un sou dans sa poche/ Sur un marché tout tremblant le pauvre mioche,/ Furtivement vola des fleurs/ La marchande l'ayant surpris, En baissant la tête, il lui dit : C'est aujourd'hui dimanche/ Et j'allais voir Maman/ J'ai pris ces roses blanches/ Elle les aime tant/ Sur son petit lit blanc,/ Là-bas elle m'attend/ J'ai pris ces roses blanches,/ Pour ma jolie Maman. La marchande émue, doucement lui dit,/ Emporte-les je te les donne/ Elle l'embrassa et l'enfant partit,/ Tout rayonnant qu'on le pardonne/ Puis à l'hôpital il vint en courant,/ Pour offrir les fleurs à sa mère/ Mais en le voyant, une infirmière,/ Tout bas lui dit : Tu n'as plus de Maman/ Et le gamin s'agenouillant dit,/ Devant le petit lit blanc : C'est aujourd'hui dimanche,/ Tiens ma jolie Maman/ Voici des roses blanches,/ Toi qui les aimais tant/ Et quand tu t'en iras,/ Au grand jardin là-bas/ Toutes ces roses blanches,/ Tu les emporteras.
Cela fait cinq ans, maintenant, que dans la nuit du 29 au 30 avril, ma mère est morte dans une chambre de l’hôpital de Granville. Mal dormi. Mal dormi.
Jeudi 28 avril 2011. 22h00.
Par Xavier Houssin le mardi 3 mai 2011, 23:11
Amélie m’a apporté le papier de Fabienne sur La fausse porte paru en « avant-critique » dans le Livres Hebdo de vendredi. Elle m’avait appelé, il y a quelques semaines pour me dire que mon livre l’avait touchée. Beaucoup. Son article est magnifique et je m’en sens honteux de reconnaissance. Tout est tellement juste. Comment me connaît-elle si bien ? J’ai avancé dans mes lectures pour Jeux d’Epreuves. J’enregistre deux émissions à la suite mardi prochain. Nadine est venue dîner à la maison. Deux ans déjà (un printemps aussi…) qu’elle s’est brisé la cheville en faisant une chute dans l’escalier de son immeuble. Ecoute Mimi. Elle m’a prodigué plein de conseils. Des coursiers aux chauffeurs de taxis, j’entends que chacun y va de son expérience. Petite franc-maçonnerie des fracturés.
Mercredi 27 avril 2011. 21h30.
Par Xavier Houssin le mardi 3 mai 2011, 23:08
J’ai eu Jean-Pascal au téléphone. Il part pour une journée ou deux en expédition dans les pépinières bretonnes. Il emmène Agathe qui est en vacances. J’en ai profité pour lui faire des commandes. Je voudrais en effet planter d’autres hortensias dans la plate-bande sous la fenêtre. Plutôt des roses à têtes rondes. Et une variété solide et florifère. Tu devrais essayer Générale vicomtesse de Vibraye, m’a-t-il dit. Vieille noblesse ? Avec un nom pareil, ça devrait s’accrocher profondément en terre
jeudi 28 avril 2011
Mardi 26 avril 2011. 23h00.
Par Xavier Houssin le jeudi 28 avril 2011, 19:35
Visite de contrôle à l’hôpital. J’ai pensé en franchissant la porte à tambour : Toi qui entre ici abandonne toute espérance. Je sais, il ne faut peut-être pas exagérer…, mais, la dernière fois, j’étais vraiment persuadé que tout irait bien. J’allais chercher, en fait, l’assurance de ma « consolidation » prochaine. Au lieu de cela, j’avais appris que le médecin urgentiste du soir de l’accident avait fait n’importe quoi, qu’il ne s'était pas rendu compte que ma fracture était grave, et qu’il fallait m’opérer. Aujourd’hui, j’ai été vu par Pomme Jouffroy, la chef de service, son assistant, je crois, et un interne. Tous les trois ont trouvé ma radiographie du pied parfaite. De fait, on dirait un fétiche africain à clous. L’infirmière m’a enlevé le plâtre, posé une attelle. J’ai interdiction de poser le pied par terre avant encore trois semaines. Et après, il y aura de la rééducation. Bref, j’ai compris que je n’allais pas remarcher normalement de sitôt. Amélie avait oublié quelque chose dans le bureau médical, elle est allée le rechercher. Va falloir le secouer, lui a-t-on dit. Message reçu. Je ne sais pas bien comment je vais parvenir à m'agiter sans mettre un pied devant l’autre. Bah. Puis j’ai remaché un moment cette remarque. Honnêtement, j’en ai pris pour mon compte. Enfant, il y a eu des instituteurs à blouse grise qui m’ont bousculé pas mal, et puis les curés au collège. Des profs et des profs de gym aussi, des moniteurs d’équitation, des moniteurs de voile. Et des adjudants au service militaire, des chefs de bureau, des rédacteurs en chef… Depuis le tout début de mes soucis de santé, on m’a expliqué qu’il fallait se prendre en charge. Faire face, se battre. Je suis désolé. Bon courage. Je sais que c’est comme ça. Sauf que là, maintenant, on va dire que ça suffit. Nous avons déjeuné chez le Grec de la rue Daguerre. C’était gai. Amoureux. Heureusement qu’Amélie est là. La semaine prochaine, nous fêterons nos deux ans de mariage. Marion et Jérôme sont venus dîner à la maison. Marion, tout au bout de sa grossesse. Lasse, lasse, et heureuse. La naissance pourrait bien être pour la semaine prochaine.
Lundi 25 avril 2011. 22h10.
Par Xavier Houssin le jeudi 28 avril 2011, 10:54
Nous sommes passés dire au revoir à Georgette. Elle m’a remis un cadeau de la part de Josette. Une petite figurine de terre cuite : un ange gardien… Aux traits juvéniles et aux ailes naissantes. Sûr qu’il est le bienvenu pour prêter main forte au mien qui doit être bien fatigué maintenant. Bientôt cinquante-six ans qu’il enlève sous mes pieds les cailloux du chemin. Me retient aux cheveux pour les grandes catastrophes et qu’il me tient la main. Jean-Pascal est venu nous chercher du terreau pour ses plantations. Il a accompagné Amélie au potager cueillir des salades. A bientôt ! Rassembler les affaires, boucler la valise. Nous étions très à l’avance à la gare. Heureusement. Une foule déjà se pressait sur le quai. Foire d’empoigne pour les places. Au départ de Granville, tous les sièges ou presque se trouvaient occupés. A chaque arrêt, le train n’a cessé de se remplir. Il y avait des gens partout. Debout, assis dans les couloirs, serrés sur les plate-formes. Des grincheux voulaient faire lever les enfants, d’autres installaient leurs bagages hauts perchés en équilibre instable au risque d’assommer ceux qui se trouvaient dessous. Quelqu’un a tiré le signal d’alarme. Le train est arrivé une demi-heure en retard. Cohue pour les taxis aussi. Mais, comme mon infirmité d’aujourd’hui me rend « prioritaire », nous avons grillé la politesse à tout le monde. Dîner chez Péret. Le premier depuis bien longtemps.
Dimanche 24 avril 2011. 22h40.
Par Xavier Houssin le jeudi 28 avril 2011, 10:53
Nous en parlions depuis une semaine. Agneau de Pauillac, haricots tarbais. Château larose. Vrai déjeuner de Pâques chez Martine et Jean-Pascal (pour le coup, le on ne peut mieux nommé…). Nous étions six à table avec Agathe qui préfère les livres aux œufs en chocolat, Simone la mère de Jean-Pascal et Catherine dont nous avons fait la connaissance, leur voisine et amie, qui, comme nous, partage son temps entre Carolles et Paris. Promenade ensuite par les chemins jusqu’au village. Visite rapide à la boutique de Walter. Il avait averti Amélie qu’il venait d’acquérir tout un lot de volumes XVIIIe. Il y avait là, en mauvais état, une édition tardive des Essais, quelques récits de voyage... Déception. Comme à la brocante anglaise de Saint-Pair qui annonçait un « grand destockage ». Rien d’intéressant. J’ai fait un peu de correspondance. Ecrit aux petites de Mexico. A Gaïa et Josepha…
mardi 26 avril 2011
Samedi 23 avril 2011. 23h00.
Par Xavier Houssin le mardi 26 avril 2011, 09:11
Matinée à Granville. Restés un moment chez le restaurateur de tableaux de la rue des Juifs. Nous y avions porté, il y a déjà quelques mois, la petite toile fin XIXe qu’Amélie m’avait offert pour mon anniversaire en 2009. Une paysanne poussant ses oies dans un chemin creux. Il fallait rafraîchir la peinture, réparer les accrocs. Quel résultat ! Dégagée du brouillard de saleté, la scène est étonnament retrouvée. Nous avons choisi un encadrement. Il va falloir encore attendre. J’ai hâte de l’accrocher. Pris un verre à la maison avec Caroline, la fille de l’ancienne voisine de ma mère, Mme Pigeon. Nous ne nous étions pas revus depuis bien longtemps. Elle vit à Kiel, au nord de l’Allemagne. Promis de se retrouver cet été. Amélie redoutait une jungle au potager. Elle en est revenue avec quelques salades, du thym, du persil et... rassurée. Certes l’herbe a poussé haute dans les allées, mais les carrés ne sont pas trop envahis de cruau. Reste que nous n’avons presque rien planté. Et je ne suis pas prêt de pouvoir m’y mettre. Charlotte et Eric sont venus dîner. Palourdes farcies, homards grillés. C’est Eric qui s’est occupé de la cuisine. Nous nous sommes laissés faire.
Vendredi 22 avril 2011. 23h45.
Par Xavier Houssin le mardi 26 avril 2011, 09:09
Nous étions invités chez Françoise et Jean-Pierre. Dîner dans la jolie salle à manger de la Bellengerie aux murs couverts de peintures de Jacques Simon. Il y avait là Monique et Jean-Marie. La soirée s’est achevée en discussion « municipale » (comme souvent…) avec Jean-Marie. J’ai redis mon Credo pour l’avenir de Carolles : il est urgent de ne plus rien faire. N’a-t-on déjà pas construit la moindre parcelle ?, planté tous ces hideux lampadaires ? défiguré les abords du cimetière ? La machine expansive semble hélas ne pas vouloir se mettre en panne. Entendu parler, entre la poire et le fromage, de maison d’accueil pour le troisième âge, de zone artisanale. Je m’accroche. Je rappelle L’an 01. Vous vous souvenez ? On arrête tout et c’est pas triste…
Vendredi 22 avril 2011. 17h20.
Par Xavier Houssin le mardi 26 avril 2011, 09:07
Marché à Jullouville. J’ai bravé les travées dans ma chaise à roulettes. Eté dire bonjour à Eric. A son étal se pressait toute une foule d’amateurs de poisson du Vendredi Saint. Mieux que Noël et Jour de l’an : la meilleure vente de l’année ! Amélie m’a poussé jusqu’à la promenade. Guetté les dauphins au loin. Nous sommes restés déjeuner au Casino, face à la mer. Huîtres de Chausey, terrine de bulots. En rentrant, nous nous sommes arrêtés prendre le café chez Annick et Norbert. Le pauvre s’est rompu le tendon d’Achille la semaine dernière en faisant une chute d’une terrasse. Nous avions fière allure, tous les deux avec nos pieds dans le plâtre. Combien de semaines ?
Jeudi 21 avril 2011. 21h10.
Par Xavier Houssin le mardi 26 avril 2011, 09:06
Jean-Pierre m’a téléphoné de Montréal. J’ai reçu ton livre. Nous avons parlé un moment. Sans trop dire grand chose. C’est que les années nous ont laissés un peu flous. On ne se distingue plus bien. Et pourtant. J’ai le sentiment qu’il ne s’agit que d’une gaze que l’effusion pourrait en un instant déchirer. Mais nos vies d’entre deux temps, nos trois mouvements, comment pourrons-nous un jour nous les raconter ? Il va rentrer en France (cet été ? En 2012 ?) pour les quatre-vingt-ans de sa mère. Nous essayerons de ne pas nous rater. Quant à aller le voir au Canada, c’est une autre histoire. Camille aussi à Mexico a eu son exemplaire. C’était bien elle ma première destinataire, celle à qui cette Fausse porte est dédiée. Petite fille de dix ans qui entre au collège. Elle m’a envoyé un message. Justement je me demandais ce que j'allais devenir en sixième… Et comme demain je pars a New York et je me demandais (encore une fois) ce que j'allais bien pouvoir lire dans l'avion. Montréal, Mexico, New York. Si ce n’est pas l’Amérique…
Mercredi 20 avril 2011. 22h15.
Par Xavier Houssin le mardi 26 avril 2011, 09:04
J’avais au courrier les exemplaires du 16 rue d’Avelghem que Silvana m’avait envoyés. Le livre, dans l’édition poche, m’a paru si mince, si petit. Ce n’est rien cent cinquante pages… Je n’ai jamais su écrire au long. Je m’essouffle, je crois. Mais, à chaque fois, je grignote des signes. Au fur et à mesure que j’avance, quelque chose me dit que je vais y arriver. Amélie est allée au marché à Saint-Nicolas. Elle a vu Eric. Je m’inquiétais de vous… Dorade au four pour le déjeuner avec Georgette. Le ciel toute la journée est resté merveilleusement bleu.
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