Ma rentrée à Jeux d’Epreuves... J’enregistrais deux émissions à la suite pour les samedis de fin mai. Amélie est venue avec moi jusqu’à la Maison de la radio. Elle m’a fait encore un bout de chemin à l’intérieur. C’est fou ce qu’il y a comme marches, comme couloirs et comme portes là-bas. J’ai descendu un dernier escalier pour accéder au 119. Un grand studio, un peu délabré, au décor des années 1970. Retrouvé, autour de Joseph, Josyane, Baptiste Liger, Sébastien Le Fol. Je présentais Le monde sans vous de Sylvie Germain, deux textes distincts, rassemblés, écrits après la disparition de sa mère, de son père. L’un, comme une divagation poétique où les associations, les réminiscences, les sentiments épars se mêlent et fondent dans l’interminable trajet, de Moscou à Vladivostok, du Transibérien. L’autre, échardé de lieux et de moments d’existence. Rien de triste vraiment, le chagrin dilué ravine doucement. Mais, hélas, il n’y avait que moi que ce livre avait touché. Les critiques, d’une prise de parole à l’autre, ont grandi, débordé, enflé, jusqu’à gronder. Baptiste Liger (et peut-être même aussi Sébastien Le Fol…) a parlé d’afféterie. Comment peut-on aller chercher dans ce texte doux de la prétention, de la préciosité, d’excessives manières ? Tant pis pour eux. Josyane défendait Noir souci, de René de Ceccatty. Une réflexion intime, habitée, sur la « passion chaste » entre Giacomo Leopardi et Antonio Ranieri. Le bonheur de l'homme ne peut consister dans ce qui est réel, disait Leopardi. Depuis que j’ai lu ce récit, je continue de mordiller la phrase. Deuxième enregistrement avec Cécile, Clara et Frédéric Ferney. J’y ai été plus heureux avec Le monologue de Teresa d’Alicia Duvjone Ortiz. Il faut dire que ce texte à la première personne est époustouflant. Alicia Duvjone Ortiz donne à Thérèse d’Avila une voix brûlante, incarnée. On y entend ses plaintes et ses désirs, ses râles, ses prières. Sainte des douleurs et des vertiges. De la conversion permanente et de l’humilité. Joseph m’a raccompagné en taxi à la maison. Passé une après-midi de griffonages, de courrier inachevé. J’ai attendu Amélie. Nous sommes allés dîner au bistrot de Paris pour fêter, à un jour près, nos deux ans de mariage. A nous...