Attente interminable au service d’orthopédie (pardon, au pôle locomoteur) de Saint-Joseph. Nous avions rendez-vous à 9h00. La chirurgienne est arrivée vers 10h30. Pas moyen d’en vouloir à personne. On dira qu’elle devait avoir plein de problèmes importants à régler. De toute manière l’attente est la règle, dans les hôpitaux, au cabinet des spécialistes, dans les laboratoires, les centres d’examens. Quand on est mal, on n’a sûrement que cela à faire : attendre. Bien content qu’on vous soigne. On dit merci en repartant. Je trouve les « patients » d’une infinie douceur, d’une infinie patience, justement. Jamais un mot, une question, ou à peine, aux « soignants » qui tracent dans les couloirs, la poche de la blouse bouffie de stylos-bille, le stétoscope au cou (jeté sur l’épaule, c’est plus chic…), et toujours, affairés, le regard bien au loin ou au ras des godasses. Enfin, je ne vais pas me plaindre, elle est gentille, la chirurgienne, et l’infirmière aussi. Manquerait plus qu’elles mordent, m’a fait Amélie. Verdict de la consultation, je crois que ça s’arrange. Je reste sous antibiotiques pour encore un moment. Rendez-vous dans quinze jours. Et au moment de partir : Vous pouvez marcher maintenant ! Allez, c’est que ça s’arrange… Dans tout cela, nous avons raté notre train. Pas grave. Déjeuné à la Petite Bretagne et pris le suivant.
Jeudi 26 mai 2011. 22h45.
Par Xavier Houssin le lundi 13 juin 2011, 18:23
Le généraliste est passé ce matin. On parle littérature. Il jette un œil distrait à mes contrôles sanguins. Tout va bien. Renouvelle mes ordonnances d’anti-douleur, de pansements, prolonge l’arrêt de travail pour l’assurance. Si vous avez besoin de quoi que ce soit. Il vient à vélo du XVe. Je l’avais consulté la première fois parce qu’il était installé tout près de notre appartement de la rue Fondary. J’avais été ahuri par son cabinet. Une petite pièce aux rideaux tirés envahie d’un bordel dantesque. Partout, en pile, des livres, des revues, de la paperasse. Et lui, assis derrière un bureau encombré au-delà du possible, une blouse blanche passée sur ses vêtements de ville, les lunettes au bout du nez, vous regardant avec un air de professeur Nimbus. J’avais été séduit tout de suite. D’autant qu’il ne m’avait même pas pris la tension. J’ai lu La mauvaise fortune, le livre de Bruno Vercier sur Charles-Louis Philippe, dans la collection « L’un et l’autre » de Gallimard. Charles-Louis Philippe, encore un de ces oubliés. Qui se souvient vraiment de lui ? Ce romancier du tournant des XIXe et XXe siècles est pourtant un témoin clair et sensible de la vie des plus humbles. Le seul, qui né du peuple, n’eût pas trahi le peuple en écrivant, disait de lui Jean Giraudoux dont il avait accompagné les premiers textes à l’adolescence. Il était le fils d’un sabotier, né en 1874 dans un petit village de l’Allier. Il mourra à Paris âgé de seulement 34 ans, après une vie de fonctionnaire sans gloire et sans argent, mais où il aura réussi, paradoxalement, à se faire une place, singulière, dans le monde des Lettres de l’époque. Un auteur reconnu par André Gide, Valery Larbaud, Léon-Paul Fargue, Max Elskamp, Francis Jammes, Max Jacob ou Paul Claudel… Je l’avais découvert comme je préparais l’édition de Douce Lumière de Marguerite Audoux chez Buchet. Avec Michel Yell, Philippe a été celui qui aura fait naître Marguerite Audoux à l’écriture. Il aura disparu l’année d’avant la parution de Marie-Claire, prix Femina 1910. Ses romans (Bubu de Montparnasse, Le père Perdrix, Croquignole…) racontent, de l’intérieur, la réalité sensible de laissés pour compte et de perdus du monde. J’écris toujours plus tendre que ma tête ne le commande, confiait-il. Amélie est rentrée un peu tard. Elle était au prix des lectrices de Elle (cette année, La couleur des sentiments de Kathryn Stockett chez Jacqueline Chambon…). Je faisais l’ours boiteux à la maison. Tout le monde a demandé de tes nouvelles. Ca, je n’aurai pas vu beaucoup de gens cette année...
Mercredi 25 mai 2011. 21h10.
Par Xavier Houssin le lundi 13 juin 2011, 18:19
J’étais invité pour La Fausse porte à l’émission en direct de Christine Gonzalez Entre les lignes. Le duplex avec Lausanne avait lieu au studio parisien de la Radio suisse romande, installé dans un appartement au premier étage d’un groupe d’immeubles de la rue Félix-Faure. Je me suis retrouvé tout seul là-bas, avec la technicienne de l’autre côté de la vitre, à bavarder avec Christine. Au loin. On ne se connaît pas. J’ai le sentiment qu’on s’entend bien. En tout cas, je garde avec elle une connivence qui vient de ce premier direct depuis la maison, le 18 mars dernier, au matin juste après l’accident. Reçu, en rentrant, une demande pour participer à Cérisy à un colloque de La Société de l’Information Psychiatrique sur le thème de l’empathie. L’organisatrice, Nicole Garret-Gloanec, pédo-psychiatre à Nantes, possède une maison à Carolles, en face de chez Noëlle. Elle est arrivée jusqu’à moi par l’intermédiaire de l’association de Monique, « Hameaux et quartiers de Carolles », dont nous faisons partie. Je suis très tenté d’accepter. D’abord, parce que je me sens flatté et surtout, parce que cette communication serait l’occasion pour moi de jeter le pont entre mes années de travail en service de Santé mentale et le journalisme et l’écriture. Y réfléchir et tenter d’expliquer, du moins…
Mardi 24 mai 2011. 20h45.
Par Xavier Houssin le lundi 13 juin 2011, 18:15
Frédérique Roussel, la journaliste de libé.fr est venue m’enregistrer pour Livre à voix haute. J’ai lu les deux premiers chapitres de La fausse porte. Reçu un message de Nicole. Elle s’inquiète. Viendras-tu signer ton recueil au Marché de la Poésie ? Il commence vendredi place Saint-Sulpice. Je ne me souvenais plus. Cela fait deux ans que je n’y suis pas allé. J’y avais vu Guy Goffette pour un portrait dans Le Monde. Il vient de publier une « divagation » chez Gallimard : La ruée vers Laure. La pluie a vite fait de défaire ce que les belles promesses n’ont pu tenir. Je suis trop fatigué, pas la peine de me mentir. J’ai répondu à Nicole qu’il ne fallait pas compter sur moi.
dimanche 12 juin 2011
Lundi 23 mai 2011. 19h20.
Par Xavier Houssin le dimanche 12 juin 2011, 23:16
Amélie accompagnait Martine Laval aux studios de France 2 d’Issy-les-Moulineaux pour l’enregistrement des petites séquences de l’émission de Monique Atlan, Dans quelle étagère. J’étais prévu juste après elle. Du coup nous avons déjeuné ensemble, tous les trois. Karine est venue me récupérer à la sortie. Comment ça s’est passé ? Bien en peine de lui répondre. Pas mal. Peut-être… Je ne m’en sens pas inquiet. La diffusion est prévue fin juin. J’ai le temps de ne plus y penser, et comme nous n’avons pas la TV... J’ai été avec elle jusque chez Stock. Regarder de nouvelles photos pour la presse. Je ne me reconnais pas du tout en effet dans celle qui a été choisie. Je m’y vois vieux, vieux. C’est moi pourtant, sûrement. C’est moi, oui. Mais ça me fait bizarre. Je me suis trouvé bête de lui avoir dit. Ridicule, plutôt. D’où me vient cette coquetterie de barbon ? Arrête de te compliquer la vie ! J’avais oublié. Là-bas, rien ne pose de problème. Ca ne cesse de m’étonner. Et de me ravir. J’ai béquillé de bureau en bureau dire bonjour. A Capucine, à Charlotte, à Vanessa… Donné à Anne-Marie la date prévue pour ma signature à Carolles. Merci, merci.
Dimanche 22 mai 2011. 23h00.
Par Xavier Houssin le dimanche 12 juin 2011, 23:15
Nathacha est passée en fin de matinée avec Neela. Elle voulait me donner les « cordes » qu’elle avait fait bénir pour moi dans un temple à l'île Maurice. Minuscule cérémonie. Elle a noué autour du poignet d’Amélie et du mien un fin lacet rouge. L’a séparé à la flamme d’une bougie. Voilà… Je ne suis pas bien sûr d’aller jamais un jour jusqu’à Maurice, mais je sais à présent que ce fil fragile me relie à ce lointain. Aux paysages, à l’enfance de Nathacha là-bas, à ses parents, à sa famille. Neuf mille kilomètres, ce n’est finalement rien. Jérôme et Marion sont venus déjeuner. Avec Gabrielle, vingt jours. La petite a pleuré un peu, d’étonnement, d’étrangeté, puis elle s’est habituée aux voix, à la maison. A nos bras, peut-être. Elle s’est endormie dans son couffin, posé sur notre lit. Chez Solveig et Nicolas, il y a eu aussi une naissance. Hier soir. Diane, un jour… En rentrant de la clinique, Nicolas s’est arrêté chez nous.
Samedi 21 mai 2011. 22h15.
Par Xavier Houssin le dimanche 12 juin 2011, 23:14
Amélie a mis au four les bars qu’elle avait acheté au marché de la place de la mairie. Nous avons fait la même moue, la même remarque. Ils sont bien ces poissons, mais ce n’est pas ça… En fait, la marée de Granville nous manque. Et la mer, et la maison, et le jardin. Tout se passe sans nous là-bas. Nous ne rentrons plus à Carolles que de loin en loin. Et nous ne sommes toujours pas complètement installés rue Danville. Frédéric est venu poser dans la cuisine une étagère, des tiroirs. Nous avons passé la soirée à les recouvrir de vernis. Il me faudrait aussi arranger une foule de bricoles. Faire de la peinture, de l’électricité, continuer les rangements. Mais c’est impossible. J’ai beau avoir du temps et l’esprit bien « libre » en ce moment (je n’arrive toujours pas à me concentrer…), sur un pied, je ne tiens pas debout.
samedi 11 juin 2011
Vendredi 20 mai 2011. 23h10.
Par Xavier Houssin le samedi 11 juin 2011, 21:38
J’aurais dû prendre un train pour Le Havre ce matin. Je devais retrouver les élèves de 3e de David Rodrigues. Il me reste deux séances avec eux. De la façon dont tournent les choses, je vois mal comment cela va être possible. Quel gâchis. Je les aurai suivis tout l’an dernier. J’ai l’impression aujourd’hui de les abandonner. David, au téléphone m’a rassuré comme il a pu. L’année n’est pas finie… Mais j'ai compris que je ne les reverrai plus. Je vais quand même attendre la dernière limite avant de leur écrire un mot. En juin. À Natacha Ahmed Abdou, à Noami Arquin, à Mireille Attiso, à Brian Barut, à Lobna Boubaya, à Mathieu Brunez, à Charlène Desnoyers, à Emilie Frébourg, à Abdoulkader Gassama, à Justine Gomis, à Alexandra Houdouin, à Morgane Le Bert, à Marine Le Roux, à Jimmy Lebon, à Jordan Lecomte, à Chloé Martin, à Victoria Mendy, à Aurélia Miguel, à Aminata Mohamed, à Hamath NDiaye, à Brenda Pain, à Dylan Riesco, à Michael Sissaoui… Ils ont découvert l’autre jour qu’ils étaient dans les « remerciements » de mon livre. Ils étaient vraiment contents, m’a rapporté David. J’espère qu’ils ont compris tout ce que je leur dois de leurs années de 4ème et de 3ème, et à quel point j’avais besoin de leur dire merci. C'était rendez-vous à l’hôpital encore. En sortant, nous avons déjeuné en terrasse chez Péret. Une assiette de jambon à l’os, du mâcon frais. Il faisait beau. Fauteuil en roue libre dans la rue Daguerre pour le retour. J’ai dit à Amélie : Je ne m’étais jamais aperçu qu’elle partait en pente douce. Nous avons ri. On s’est embrassés. J’ai beau me dire que ce n’est pas de ma faute, mais depuis bientôt un an, je lui fais mener une drôle de vie. Nous avons passé la soirée à la maison avec Marianne et Françoise. Françoise vient de signer un contrat pour un livre jeunesse. C’est Amélie qui l’avait mise en relation avec l’éditeur. Elle pensait nous inviter au restaurant, mais, avec moi en ce moment, c’est toute une expédition. Alors, elle est venue avec un beau dîner froid. Et nous avons bu le champagne…
Jeudi 19 mai 2011. 22h00.
Par Xavier Houssin le samedi 11 juin 2011, 21:33
J’avais un papier de Claire Devarrieux dans le cahier livres de Libé, ce matin. Comment un petit garçon dont l’ours s’appelle Amal pourrait-il sans souffrir aborder le monde du collège ?, écrit-elle. Il est toujours là, avec moi, Amal. Tout pelé. A peine encore un souvenir de fourrure dans les oreilles. Mais sans ses yeux. Sans sa bouche. J’avais grandi. J’avais douze ans. On l’avait donné à ma cousine Cécile. Ma tante me l’a rendu à la naissance de ma fille. Il a veillé sur ses nuits comme il avait veillé longtemps sur les miennes. Et puis il n’est plus jamais reparti. Il est resté avec moi. Je l’ai emmené partout, Amal. C’est bête à mon âge, non ? Sauf que nous avons le même âge tous les deux. Ou presque. Lui est à peine plus vieux. Quand j’ai été opéré en novembre dans cette clinique, il était sur ma table nuit. Alexis m’a envoyé un message d’Arcachon. Il y passe une semaine avec Agnès. J'espère, dit-il, qu'un jour Amélie et toi viendrez découvrir mon pays natal, mon pays du bonheur. Et il prend de mes nouvelles. Depuis l’été dernier et le début de ma cascade de soucis, il n’a pas cessé d’être discrètement présent. A la fin du mois, nous enregistrons ensemble deux émissions de Jeux d’épreuves.
Mercredi 18 mai 2011. 21h40.
Par Xavier Houssin le samedi 11 juin 2011, 21:21
Je devais commencer les séances de rééducation aujourd’hui. Ce sera pour… plus tard. Deux mois aujourd’hui qu’a eu lieu l’accident. Je n’en peux plus et je risque de le répéter longtemps encore. J’ai déjeuné avec Marianne chez Guiseppe avant mon rendez-vous chez le coiffeur, rue Monge. J’aurais donc, de taxi en taxi, passé ma journée « anniversaire » dehors. C’est presque l’été. Envie de m’arrêter en terrasse au Luxembourg. Là aussi, ce sera pour plus tard. Tout est encore si fatigant, si compliqué.
samedi 28 mai 2011
Mardi 17 mai 2011. 20h45.
Par Xavier Houssin le samedi 28 mai 2011, 12:10
J’ai déjeuné au Perron avec Brigitte. A la table à côté de nous, pas de chance, deux orthopédistes... Père et fils si j’ai bien compris. Je n’avais pas fait attention qu’ils avaient laissé traîner leurs quatre oreilles (peut-être à partir de la répétition du mot malléolle ?) lorsque je racontais mes petits malheurs des consultations bi-hebdomadaires à Saint-Joseph (la dernière ce matin...) et de ce temps infini de ce qui n’est toujours pas une convalescence. Oh, vous en avez encore pour un bon moment, m’a fait l’un deux. Et voilà qu’ils connaissaient ma chirurgienne et qu'il me tenaient consultation sans que je leur aie rien demandé, m’empêchant de manger mes pâtes à la poutargue. On ne s’en dépêtrait pas. Cela n’a pas été simple de rattraper notre conversation à deux. Il est des fois où j’aimerais bien être grossier. Vous ne pouvez pas me foutre la paix…
Lundi 16 mai 2011. 21h10.
Par Xavier Houssin le samedi 28 mai 2011, 12:08
Dernière journée à Paris pour Claire et Emmanuel. Ils repartent mardi. Hier soir, ils étaient venus dîner rue Danville. Nous ne les reverrons pas avant l’été et le baptême de Gabrielle en juillet dans la petite église de Magagnosc. Il a bien failli ne pas se faire là-bas. Partis voir le curé pour organiser la cérémonie, ils se sont faits assez fraîchement recevoir. Mais qui êtes-vous ?, leur a dit le bonhomme. Je ne vous connais pas. Sous-texte à peine voilé : Je ne vous vois pas aux offices, donc je ne suis pas à votre service.. Au service de qui est-il, d’ailleurs ? Il a chipoté pour tout, les horaires, l’âge de Camille qui n’aurait pas les quatorze ans requis pour être marraine (d'où sort ce règlement ?) . Pour un peu, il leur aurait fermé la porte. Il a fallu l’intercession de Fanette, une des sœurs aînées d’Emmanuel qui prend une part active dans la paroisse, pour que l’affaire se fasse. Il me semble que je n’ai pas le choix, a-t-il fini par maugréer. Quelle pitié que ces gens qui utilisent leur pauvre pouvoir pour peser sur les autres. Il en est tant. Chez les juges, chez les flics, les médecins, les enseignants, les guichetiers. J’ai repensé à l’adresse du Christ aux Pharisiens dans L’Evangile de Matthieu : Malheur à vous, qui fermez aux hommes le Royaume des Cieux ! Vous n'y entrez pas vous-mêmes, et vous ne laissez même pas y entrer ceux qui le voudraient !
Dimanche 15 mai 2011. 20h00.
Par Xavier Houssin le samedi 28 mai 2011, 11:49
Avec les courses, rue Daguerre, Amélie a rapporté Marianne. Joseph Macé-Scaron y consacre une page entière à La fausse porte. J’ai été traversé d’une gêne délicieuse en lisant son papier. J’ai de la chance de tant de compréhension, de tant de proximité... Nous recevions à déjeuner à la maison Laurence et ses deux filles, Gaïa et Josepha. Nous aurions dû être tous ensemble à Carolles ce week-end. Parties de pêche et promenades. Les interminables suites de ma fracture ont repoussé à loin ces projets. J’étais un peu inquiet aussi, aujourd’hui, qu’elles ne soient pas à l’aise. Je garde de ces souvenirs où on vous emmène, enfant, chez l’un, chez l’autre. Où il faut faire bonne figure tant on vous a gentiment sermoné. J’avais envoyé des lettres à ces deux petites, mais nous ne nous étions vus qu’une seule fois. Inquiet ? En quelques instants, tout a été emporté. L’après-midi m’a paru courte. A elles aussi, je crois.
Samedi 14 mai 2011. 23h15.
Par Xavier Houssin le samedi 28 mai 2011, 11:48
Claire et Emmanuel sont venus à Paris ce week-end pour voir Gabrielle. A peine eu le temps de poser leurs valises à Magagnosc de retour du Mexique. Ils ne quittent décidemment pas les petits-enfants. D’autant que, là-bas, Virginie est de nouveau enceinte. Une autre fille ? Un garçon ? Si c’est une fille, ont expliqué Camille, Victoria et Valentine, nous, on sait faire… Et d’ailleurs, on lui prêtera nos jouets. Mais si c’est un garçon, nous sommes contentes aussi. Parce que Papa se sentira moins seul… Claire répète et répète l’histoire à l’envi. Radieuse. Nous nous sommes retrouvés à l’heure du dîner rue Marmontel. Gabrielle dormait. Le brouhaha des conversations l’a réveillée. A force de passer de bras en bras, elle s’est mise pleurer. De faim et d’inquiétude. Redoublant de cris. J’ai senti Marion gênée. Qu’est-ce qu’elle a ?, a demandé Jérôme. D’habitude, elle ne fait jamais ça. D’habitude ? Je n’ai rien dit. Je lui ai juste envié la remarque. Elle a douze jours, Gabrielle.
samedi 21 mai 2011
Vendredi 13 mai 2011. 22h20.
Par Xavier Houssin le samedi 21 mai 2011, 21:53
Amélie m’a accompagné à la consultation à l’hôpital. Quel vendredi 13... Chirurgienne, interne, infirmière. J’ai bien vu qu’ils tordaient le nez. J’ai une infection sur la plaie de mon opération. Me voilà sous antibiotiques, et pour un moment. J’en ai plus qu’assez de ce temps où s’entortillent la maladie, l’accident, le mal-être. Je n’en vois plus la fin. Je n’arrive plus à rien faire. Je me décourage sans cesse. Dans l'après-midi, j’ai repris mes lectures. Pour le prix Pagnol. Pour Le Monde. Je n’ai rien proposé là-bas depuis des semaines… Géraldine est venue prendre un verre à la maison. Elle est restée un bon moment avec nous à dépiauter les nouvelles. C’était bien.
Jeudi 12 mai 2011. 21h00.
Par Xavier Houssin le samedi 21 mai 2011, 21:46
La fausse porte est dans le supplément littéraire du Figaro de ce matin. L’article est signé d’Astrid de Larminat. On ne se connaît pas. Jamais vus, je crois. J’avais retenu sa signature très vite, il y a longtemps, à cause du général Edgard de Larminat (qui est-elle par rapport à lui ?) qu’avait, autant que je l’ai compris, bien connu mon père. En Indochine, puis dans la France libre et après. Je sais si peu de la vie de mon père. Quelques noms, justement. Et des moments sans liens. Il ne m’a rien confié. Il ne m’a rien laissé. Et puis, de son côté, il ne reste plus personne. Je me demande comment je ferais si je m’attelais un jour à reprendre cette histoire… J’ai déjeuné avec Élodie. Nous avions rendez-vous à la Cigale, rue Récamier. Terrasse ensoleillée. J’ai fait des bonjours à plein de gens. Bavardé avec Gérard, le patron, toujours aussi gentil, toujours aussi mondain avec sa clientèle chic. Parlé livres. J'aurais bien fait durer la parenthèse. A bientôt... Je suis rentré à la maison. Usé les escaliers avec mon pantalon. Encore cette fatigue. Il faut pourtant que je me remette au travail.
Mercredi 11 mai 2011. 20h30 .
Par Xavier Houssin le samedi 21 mai 2011, 00:24
Amélie est remontée à l’appartement avec le pain du petit déjeuner et les journaux. Un journal surtout. Aujourd’hui, j’ai eu un papier de Christine Ferniot dans Télérama. En 2004, elle avait déjà chroniqué mon 16 rue d’Avelghem. J’ai lu, gêné, ravi. Elle parle de retourner en enfance, comme on rentre le soir à la maison. J’aime bien cela… J’ai souri. Tu es content ? Nous avions rendez-vous du côté de la Bastillle avec les deux avocats qui vont nous aider à démêler les conséquences de l’accident auprès de l’assurance. Car si tout semble assez clair au niveau des conséquences « médicales », les choses vont être plus compliquées en ce qui concerne mon préjudice financier. Je ne travaille presque plus en ce moment, faute d’avoir la tête à proposer de nouveaux articles. Je suis en peine aussi à me déplacer et cela arrive juste au moment de la sortie du livre. Il va falloir quantifier tout cela et ce n’est pas forcément très quantifiable. Pour l’instant j’entasse les documents dans une chemise et je remets au lendemain l’instant de m’y mettre. J’ai déjeuné avec Capucine. Elle a déménagé du côté de la place Pigalle. Et vient d’adopter un chaton qui s’appelle Tchekhov. Nous avons parlé aussi de mes projets. Un autre roman auquel je pense et qui commence à prendre sa place, de riens en riens, par moments. Et d’autres écritures. Tout cela s’enberlificote. Je me sens tellement embrouillé ces temps derniers… Visite de l’infirmière au soir. Piqûre, pansement. Elle a fait la grimace. D’accord, d’accord. Je prends rendez-vous à l’hôpital.
Mardi 10 mai 2011. 21h45.
Par Xavier Houssin le samedi 21 mai 2011, 00:20
Le rituel des mes sorties… Verrouiller les serrures de l’appartement en équilibre sur une jambe. Descendre les escaliers sur les fesses, les béquilles d’une main, l’autre accrochée aux barres de la rampe. Rétablissement en bas. Je maintiens la porte d’entrée avec l’épaule. Dans la rue, assis sur un rebord de fenêtre, j’appelle un taxi à la borne de la place Denfert-Rochereau. Donner l'adresse. Vous voyez où c’est ? Se glisser dans la voiture. S’en extraire à l’arrivée. J’étais invité à RCJ par Caroline Gutmann. Nous avons passé une heure d’interview amicale. Pour ton livre, je suis sûre que tout va aller bien…
jeudi 19 mai 2011
Lundi 9 mai 2011. 16h20.
Par Xavier Houssin le jeudi 19 mai 2011, 17:39
J’ai aidé comme j’ai pu Amélie à mettre en place les cinq hortensias (Générale vicomtesse de Vibraye) que Jean-Pascal nous a laissés hier. Nous avons arrosé abondamment. Tout est sec. La terre fait sable. Les plantes vont souffrir. Nous ne revenons pas avant une quinzaine de jours. Pas envie de partir.
Dimanche 8 mai 2011. 21h15.
Par Xavier Houssin le jeudi 19 mai 2011, 17:38
Norbert et Annick se venus prendre un verre. Ils nous avaient prévenus : On apporte tout ! Les rillettes de maquereau et le blanc d’Anjou. Pas moyen après de les garder déjeuner. Une autre fois, une autre fois. Norbert avance à un train de sénateur, mais droit sur ses béquilles... L’hôpital lui a posé un nouveau plâtre avec un talon sur lequel il peut prendre appui. Moi, mon cas ne s’arrange pas. J’ai toujours aussi mal et, hier, l’infirmier qui vient faire me faire piqûres et pansement a regardé ma plaie d’un air un peu circonspect. Faudrait faire quelque chose… Jean-Pascal est passé de retour de sa semaine en famille dans les Anglo-normandes. Guernesey surtout. Ils sont allés une journée sur Sercq. Il parlait de la Coupée, de la Sablonnerie, d’Elizabeth. J’entendais sans écouter. J’étais là-bas. De retour dans l’île…
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