J’avais un papier de Claire Devarrieux dans le cahier livres de Libé, ce matin. Comment un petit garçon dont l’ours s’appelle Amal pourrait-il sans souffrir aborder le monde du collège ?, écrit-elle. Il est toujours là, avec moi, Amal. Tout pelé. A peine encore un souvenir de fourrure dans les oreilles. Mais sans ses yeux. Sans sa bouche. J’avais grandi. J’avais douze ans. On l’avait donné à ma cousine Cécile. Ma tante me l’a rendu à la naissance de ma fille. Il a veillé sur ses nuits comme il avait veillé longtemps sur les miennes. Et puis il n’est plus jamais reparti. Il est resté avec moi. Je l’ai emmené partout, Amal. C’est bête à mon âge, non ? Sauf que nous avons le même âge tous les deux. Ou presque. Lui est à peine plus vieux. Quand j’ai été opéré en novembre dans cette clinique, il était sur ma table nuit. Alexis m’a envoyé un message d’Arcachon. Il y passe une semaine avec Agnès. J'espère, dit-il, qu'un jour Amélie et toi viendrez découvrir mon pays natal, mon pays du bonheur. Et il prend de mes nouvelles. Depuis l’été dernier et le début de ma cascade de soucis, il n’a pas cessé d’être discrètement présent. A la fin du mois, nous enregistrons ensemble deux émissions de Jeux d’épreuves.