Nous sommes allés chercher Judith Perrignon à la gare de Granville. Puis déjeuner chez Edouard et Catherine dans le quartier Saint-Paul. Judith et lui ont partagé plusieurs années à Libération. Ils étaient contents de se retrouver. Nous avons bavardé gentiment. Sourires et semblants de connivences autour des huîtres et du vin blanc. On ne se connaît pas vraiment en fait. Nous nous voyons guère qu’au hasard. Nous avons laissé Judith chez eux pour l’après-midi. J’ai mis la dernière main à mes questions pour la rencontre et je suis allé confier La Harpe à Annick et Norbert le temps de la soirée. Il y avait foule. Plus de 100 personnes. Judith Perrignon a été sobre, efficace. Professionnelle en un mot. Lachant juste ce qu’il fallait d’intime pour que ses auditeurs la suivent. Pas de quoi être déçu d’ailleurs. Son livre tient le minutieux journal de ce grand deuil français qu’a été la mort de Hugo. Elle raconte les hésitations, les confrontations, les peurs et les récupérations politiques. Elle restitue aussi la disparition de l’écrivain dans la proximité du chagrin de ses proches. Son texte est parfait de justesse. De fidélité. Il tisse de minuscules et troublantes correspondances, entre les idéaux, les sentiments, et une foule d’émotions. De ce temps jusqu’au nôtre.