Le ciel est resté blanc toute la journée. Nous avons guetté l’éclaircie en vain avant de nous décider pour une promenade. Nous avons pris l’ancienne voie ferrée, suivi le bord de mer bien au-delà du Crapeux. Après avoir traîné un peu entre les villas, nous sommes remontés par le chemin ombragé. La chienne cavale devant, zigzague, s’essaye à tous les détours. Elle furette dans les dunes. Sur la plage elle se jette sur les savonnettes de mer (les grappes blanches d’œufs de bulots), attrape entre ses dents les longs stipes des laminaires et se pavane avec. Et puis elle revient vers nous, bondissante, joyeuse. Difficile de résister à un tel enthousiasme. J’ai accompagné Amélie à la gare. J’attends toujours que le train parte, qu’il disparaisse dans la courbe vers le chemin du Canet. Retour à la maison, un peu lent, un peu triste. Je me suis versé un verre et j’ai pensé à Camille. Elle a quinze ans aujourd’hui, ma jolie nièce. Elle quitte son enfance et ne le sait pas encore, tout à la joie de son présent. Je ressens comme un grand privilège de l’avoir vu grandir. Une grâce qui m’a été donnée. Elle était une petite fille de cinq ans quand je l’ai vue la première fois. Et je me souviens de tout. Je lui ai envoyé un message sur son téléphone. C’est l’après-midi là-bas au Mexique. Il doit faire bien beau…