Nous avons eu Gabrielle et Antoine pour les vacances de la Toussaint. Cinq ans et deux ans. Leur séjour s’est bien passé. Je crois qu’ils étaient contents. Nous l’avons été aussi. Amélie est rentrée avec eux à Paris hier. La maison depuis leur départ se trouve bien silencieuse. La chienne, ce matin, les a guettés derrière la porte des chambres. Elle a compris au bout d’un moment que c’était inutile, et elle est venue se coucher à mes pieds. Avec Antoine, c’était le grand amour. Il lui embrassait la truffe, lui parlait à l’oreille. Elle donnait sa patte, poussait des soupirs d’aise. Et le suivait partout. C’était dehors que son affection était plus difficile à maîtriser. Comme un rien, d’enthousiasme, en jouant, elle l’envoyait balader sur le gravier. Mais il ne pleurait pas. Ou pas bien longtemps. Gabrielle, de son côté, s’employait à lui donner des ordres : La Harpe ! Au pied ! Assis ! Couché ! Sors ! Reviens ! Pour finir par secouer la tête l’air navré : Décidément, elle ne comprend rien… Nous avons ramassé des coquillages sur la plage, fait des bouquets de feuilles d’automne. Longues balades. Jean-Pascal nous avait prêté tricycle, patinette et petit vélo d’Agathe. Le soir, je lisais Les contes de la rue Broca, Fantômette et l’île de la sorcière, Les petites filles modèles. Antoine n’y comprenait pas grand chose mais il s’efforçait de suivre et m’interrompait d'incessants Pourquoi ? qui n’avaient qu’un lien très lointain avec l’histoire. Nous finissions par attraper un album de Caroline. Où est Youpi ? Où est Bobi ? Tout a filé vite. Pas eu le temps de sortir le théâtre de marionettes. Gabrielle m’a laissé l’herbier de ses cueillettes (fougères, nombrils de Vénus, cyclamens) à sécher. Je le collerai quand je reviendrai. Ces deux (vraies) têtes blondes m’ont renvoyé au temps où Marie était petite. Les premiers jours avec eux, pourtant, n’avaient pas été faciles. Un festival de caprices. Des drames au moment des repas. J’aime pas, j’aime pas… Et pas un s’il vous plaît, pas un merci. De la graine de despotes. L’insistante patience d’Amélie a fait vite rentrer les comportements dans l’ordre. Je pense qu’ils s’en sont trouvés rassurés. Il faut dire que chez eux le conflit continue. Marion qui les avait accompagnés nous a déversé un soir tout un tombereau de rancoeurs. Amor et melle et felle fecundissimus es. Plus grand chose de doux entre eux. Je me suis décidé à faire une demande de bourse au CNL. Sans être aidé financièrement, je vois mal comment je vais pouvoir avancer dans mon livre. L’affaire a toutefois mal commencé. Le dossier a bien failli ne jamais arriver. Je m’étais trompé, l’expédiant (pile avant la date limite) au 53 rue de Varenne et non 53 rue de Verneuil. Acte manqué ? N’empêche que je me suis agité pour tenter de réparer ma bévue. Coups de fil à la poste, à Laurence Torzo au CNL qui a accepté finalement que je lui fasse parvenir les documents une deuxième fois. Ce que j’ai fait en la bénissant, vérifiant quand même que j’avais bien écrit la bonne adresse. Ouf !