J’ai commandé chez un pépiniériste de Bretagne une vingtaine de bambous semiarundinaria kagamiana, les mêmes que j’avais plantés en 2004 le long de la haie de mon voisin M. Lebouvier (il s’acharnait à la couper à hauteur de ceinture), puis déplantés et replantés de l’autre côté suite à ses accès permanents de fureur mitoyenne dès que ma végétation commençait à croître. Nos relations avaient toutefois fini par se pacifier. M. Lebouvier est mort, il y a quatre ans. Paix à son âme. Il y a longtemps que je voulais étendre ma petite bambouseraie dans ce qui restait de la bordure du terrain. Je vais installer les nouveaux du buis jusqu’au frêne, entre les pommiers. M. Mitaillé m’a déjà creusé la tranchée. Je vais du même coup me remettre au jardin. La terre était desséchée, mais en une semaine de pluies nocturnes, tout à reverdi. Il faut désherber, tailler. Et puis j’ai envie de nouveaux rosiers. Nous avons dîné chez François avec Brigitte et Yann. Une éternité que nous n’étions pas venus. Nous sommes très attachés au lieu. Mais c’est troublant comme là-bas rien ne change. Rien du tout. Du tout. Ni l’accueil, ni le cadre, ni la manière monocorde dont François, son carnet de commande en main, énonce les entrées, les plats, les desserts (toujours, toujours les mêmes). Cela pourrait être rassurant, mais ça en devient étrange. Et il se trouve que c’est moins le temps qui est figé (ce qui ne pourrait que me plaire), que la manière. Bah, on reviendra…