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mardi 20 décembre 2016

Mercredi 23 novembre 2016. 20h10.

Je vais à Canossa. J’accepte la proposition d’indemnités de Libération. Pas le choix…

Mardi 22 novembre 2016. 21h00.

Longue promenade sur la plage avec la chienne. Hier, chez Norbert et Annick à qui je l’avais confiée, j’ai trouvé qu’elle était vraiment heureuse de me retrouver. C’était moi plutôt. Nous ne nous sommes guère quittés depuis bientôt un an que je suis allé la chercher à son élevage d’Achères-la-Forêt. J’ai envoyé mon dossier pour le prix Hennessy du journalisme littéraire. Cela fait dix ans maintenant que je postule. Deux fois finaliste. Je ne sais pas bien pourquoi je m’acharne.

Dimanche 20 novembre 2016. 19h30.

Nous sommes rentrés hier soir tard de notre pélérinage sensible dans le Territoire de Belfort et dans le Haut-Rhin. Morvillars où se trouve la tombe de mon grand-oncle Henri, Chavannes-les-Grands, l’ambulance militaire où il est mort le 24 novembre 1916 et les bois d’Hirtzbach où il a été mortellement blessé une semaine auparavant. Sa fiche militaire parle de blessures pénétrantes et de fractures du 5e métacarpe gauche. Ce qui laisse penser qu'il s'agit d'un corps à corps. De fin 1916 à début 1917, on s’est battu très violemment dans ces bois. Les lignes françaises et allemandes étaient toutes proches et Français et Allemands ne cessaient de tenter des coups de force. Ce sont de hautes futaies trouées d'une quantité d'étangs. Les archives disent qu'en novembre 1916, il y pleuvait presque sans discontinuer. Exactement comme lorsque nous les avons traversés. A Chavannes, impossible de retrouver la moindre trace de l’ambulance de campagne où Henri a agonisé une semaine entière. Nous avons fait le tour du village. Le grand frêne, près de l’église devait déjà être là en 1916... Le gris du ciel, la pluie persistante. Au pied de sa croix, au cimetière militaire de Morvillars, j’ai déposé la couronne que j’avais fait réaliser par la fleuriste de Saint-Pair, hortensias et chardons. Je reviendrai.

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Mercredi 16 novembre 2016. 21h40.

L’autocar nous a déposé gare Montparnasse à 3h00 du matin. Une petite flotte de taxis nous attendait. J’étais à la maison une demi-heure après. Voyage pénible. Le chauffeur faisait brailler la radio. Il s’est perdu en arrivant à Paris. Pensez, je n’y ai pas mis les pieds depuis mon service militaire… Je me suis rendu compte en me couchant que pas une fois je n’avais pensé au pauvre type qui s’était flanqué sous le train. Déjeuner avec Marie boulevard Haussman dans un restaurant à deux pas de sa galerie. Je la trouve apaisée sans bien savoir à quoi cela tient. Comme toujours, elle ne me raconte pas grand chose de sa vie, mais nous avons passé un très joli moment. J’ai retrouvé Pascale le lendemain à La mère agitée. Elle rentrait de quelques jours avec ses frères dans la maison familiale (enfin celle de ses parents qu’un de ses frères justement occupe aujourd’hui). Nous nous sommes échangé les nouvelles. Cela faisait un mois que nous ne nous étions pas vus. Je lui ai raconté mes déboires avec Libération. Je m’étais finalement décidé à leur écrire pour leur réclamer les indemnités qui m’étaient dues après que Next où j’avais une chronique mensuelle et des papiers réguliers depuis 2010 avait mis la clé sous la porte en mars. Le nouveau responsable des ressources humaines, un certain Sylvain Roux, m’a appelé, tout miel, pour m’expliquer, en gros, qu’il me faisait une faveur en me lâchant un peu plus de 2000 euros. Rien à faire pour négocier. Prendre un avocat ? Ces gens-là savent bien que cela me coûtera plus cher que le peu que je leur grapillerai. Alors, bien sûr, je vais céder. N’empêche, j'ai signé pendant six ans dans tous les numéros du mensuel. Si je ne m’étais pas manifesté, je n’aurais rien eu du tout. Drôle de fin quand même. Mon tout premier papier à Libération est paru le 24 avril 1991. J’en avais fait quelques autres pour Edouard Mir au service société. Puis il avait cessé de m’en commander du jour au lendemain. Déjà. Nous avons reçu Michel Bernard aux Rencontres pour ses Deux remords de Claude Monet. Ma chronique sur le livre, au Monde, était sortie juste avant. François Broche m’avait envoyé un petit mot à l’occasion. Je suis content, m’écrivait-il, que vous rencontriez Michel. C’est un de mes meilleurs amis. Je suis allé le chercher à l’aéroport de Rennes (il arrivait d’une signature à Nice) et, en bavardant dans la voiture, nous nous sommes assez vite sentis en confiance, en « familiarité » même. J’étais d’ailleurs à ce point pris par notre conversation que j’ai raté un embranchement sur l’autoroute et que nous nous sommes retrouvés à Laval. Cent cinquante kilomètres de détour. Une paille. J’espère que nous reverrons. Que nous pourrons nous écrire un peu. Je n’y crois guère. La correspondance est morte. J’ai beau m’obstiner, plus personne ne répond au courrier. Ne serait-ce que par simple politesse. Cela fait des années, d’ailleurs, que les auteurs ne se donnent plus la peine d’envoyer un simple mot de remerciement après un papier. Les plus reconnaissants adressent un texto, deux lignes de courriel. Les enfants n’accusent pas réception des lettres. Personne ne les encourage à glisser ne serait-ce qu’un dessin dans une enveloppe. Et pour mes amis je peux m’estimer heureux si je reçois d’eux une carte postale de vacances. Même mon vieil oncle Georges qui a pourtant été longtemps le président d’une « Amicale des epistoliers » reste muet aux mots que je lui envoie. J’ai le sentiment d’être atteint d’une désuète manie qui ennuie tout le monde. J’ai signé mon Herbier à la librairie le Détour de Granville, un samedi de pluie battante. Il n’y avait pas grand monde. Heureusement que Martine, Jean-Pascal et Agathe avaient bravé les éléments pour venir.

mercredi 23 novembre 2016

Mardi 15 novembre 2016. 19h00.

Il y a eu un choc curieux, suivi d’un bruit de ferraille. Le train s’est arrêté, peu après le départ de Granville. Après avoir parlé un moment d’un « objet non identifié », le contrôleur nous a annoncé que nous avions heurté en fait « une personne ». Les pompiers sont arrivés, puis la gendarmerie. J’entendais le conducteur, dans la cabine, faire sa déposition : Il était là sur la voie… Nous sommes bloqués en rase campagne. Certains racontent qu’un autocar va nous emmener à Paris. D’autres qu’il faudra prendre un autre train demain matin. Je ne suis pas arrivé.

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jeudi 3 novembre 2016

Jeudi 3 novembre 2016. 17h40.

C’est l’hécatombe dans le quartier. Jean-Michel Bruneau, mon voisin d’en face est mort. Il a succombé à une crise cardiaque mardi, après avoir été transféré au C.H.U. de Caen. J’avais vu partir la camionnette des pompiers et l’ambulance du S.M.U.R. comme je rentrais (justement) du cimetière avec Gabrielle où nous étions allés fleurir la tombe de ma mère. Elle m’avait posé tout un tas de questions « techniques » sur les enterrements, les cercueils, les cadavres. Sur l’âge où l’on meurt aussi, impressionnée qu’elle était par le carré des enfants. De Jean-Michel Bruneau, je ne pourrai pas dire grand chose. Je ne sais même pas l’âge qu’il avait. Soixante-dix ans ? Il vivait entre le Maroc où « il faisait des affaires » et Carolles où il s’était, depuis peu, davantage installé, avec une femme que j’avais juste entraperçue un jour. Lui était taciturne et bougon. Pas vraiment fréquentable. Il se trouve, étrangement, qu’il avait été le beau-père d’Emmanuelle, une amie très proche d’Amélie, qui a, du coup, passé une partie de son enfance à deux pas de la maison. Mais cela n’a guère renforcé nos liens. Fabien, son fils, est venu me rendre visite. Il m’a appris que son père s’était marié en effet récemment avec une Marocaine de trente-sept ans. Et qu’elle était enceinte. Les obsèques ont lieu lundi.

Mercredi 2 novembre 2016. 19h30.

Nous avons eu Gabrielle et Antoine pour les vacances de la Toussaint. Cinq ans et deux ans. Leur séjour s’est bien passé. Je crois qu’ils étaient contents. Nous l’avons été aussi. Amélie est rentrée avec eux à Paris hier. La maison depuis leur départ se trouve bien silencieuse. La chienne, ce matin, les a guettés derrière la porte des chambres. Elle a compris au bout d’un moment que c’était inutile, et elle est venue se coucher à mes pieds. Avec Antoine, c’était le grand amour. Il lui embrassait la truffe, lui parlait à l’oreille. Elle donnait sa patte, poussait des soupirs d’aise. Et le suivait partout. C’était dehors que son affection était plus difficile à maîtriser. Comme un rien, d’enthousiasme, en jouant, elle l’envoyait balader sur le gravier. Mais il ne pleurait pas. Ou pas bien longtemps. Gabrielle, de son côté, s’employait à lui donner des ordres : La Harpe ! Au pied ! Assis ! Couché ! Sors ! Reviens ! Pour finir par secouer la tête l’air navré : Décidément, elle ne comprend rien… Nous avons ramassé des coquillages sur la plage, fait des bouquets de feuilles d’automne. Longues balades. Jean-Pascal nous avait prêté tricycle, patinette et petit vélo d’Agathe. Le soir, je lisais Les contes de la rue Broca, Fantômette et l’île de la sorcière, Les petites filles modèles. Antoine n’y comprenait pas grand chose mais il s’efforçait de suivre et m’interrompait d'incessants Pourquoi ? qui n’avaient qu’un lien très lointain avec l’histoire. Nous finissions par attraper un album de Caroline. Où est Youpi ? Où est Bobi ? Tout a filé vite. Pas eu le temps de sortir le théâtre de marionettes. Gabrielle m’a laissé l’herbier de ses cueillettes (fougères, nombrils de Vénus, cyclamens) à sécher. Je le collerai quand je reviendrai. Ces deux (vraies) têtes blondes m’ont renvoyé au temps où Marie était petite. Les premiers jours avec eux, pourtant, n’avaient pas été faciles. Un festival de caprices. Des drames au moment des repas. J’aime pas, j’aime pas… Et pas un s’il vous plaît, pas un merci. De la graine de despotes. L’insistante patience d’Amélie a fait vite rentrer les comportements dans l’ordre. Je pense qu’ils s’en sont trouvés rassurés. Il faut dire que chez eux le conflit continue. Marion qui les avait accompagnés nous a déversé un soir tout un tombereau de rancoeurs. Amor et melle et felle fecundissimus es. Plus grand chose de doux entre eux. Je me suis décidé à faire une demande de bourse au CNL. Sans être aidé financièrement, je vois mal comment je vais pouvoir avancer dans mon livre. L’affaire a toutefois mal commencé. Le dossier a bien failli ne jamais arriver. Je m’étais trompé, l’expédiant (pile avant la date limite) au 53 rue de Varenne et non 53 rue de Verneuil. Acte manqué ? N’empêche que je me suis agité pour tenter de réparer ma bévue. Coups de fil à la poste, à Laurence Torzo au CNL qui a accepté finalement que je lui fasse parvenir les documents une deuxième fois. Ce que j’ai fait en la bénissant, vérifiant quand même que j’avais bien écrit la bonne adresse. Ouf !

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lundi 24 octobre 2016

Dimanche 16 octobre 2016. 20h40.

Sophie Van der Linden prenait le train de 9h00 à Granville. Pascale, celui du début d’après-midi. Elle nous a invités à déjeuner au Casino à Jullouville. Je dis toujours « le Casino », même si l’établissement s’appelle la Promenade depuis presque vingt ans. L’hôtel du Casino (belle lurette qu’on n’y jouait plus au baccara ni à la roulette) a été dépecé en appartements dans les années 1980. Le restaurant est tout ce qui en subsiste. J’aime cet endroit qui a su garder, de brix, de broc, le charme de l’ancien lieu. Le temps était magnifique. Nous avons mangé nos premières saint-jacques en regardant la mer qui était d’un bleu polynésien. Mais, tu m’as l’air bien ici…, m’a dit Pascale. Je l’ai raccompagnée à la gare. Balade du dimanche avec Amélie. Elle prenait son train un peu avant sept heures.

Samedi 15 octobre 2016. 23h50.

Nous avions invité Sophie Van der Linden aux Rencontres littéraires pour son dernier roman De terre et de mer. Un texte poétique et enveloppant sur des retrouvailles sans lendemain. Une jeune femme a fui sans raisons avouées l’homme qu’elle aime. Celui-ci va la rejoindre une journée sur l’île de Batz où elle s’est réfugiée. Cela se déroule à la veille de la Grande Guerre et la fin (absurde) de leur amour est aussi la fin (tout autant absurde) d’un monde. J’ai préparé mes questions, noté quelques passages à lire et je suis allé la chercher à la gare de Granville. Pascale, son éditrice, l’accompagnait. Elle avait profité de l’occasion pour venir nous voir. Après déjeuner, comme la pluie menaçait, j’ai renoncé à leur faire faire un tour à pied sur la falaise et je les ai emmenées jusqu’à Saint-Léonard, voir le Mont et l’herbu. Par miracle, nous avons profité là-bas d’un vrai rayon de soleil. Et surtout, il n’y avait personne à l’horizon à part quelques moutons. C’est vraiment l’endroit que je préfère dans la Baie. La rencontre s’est bien déroulée, même si Sophie Van der Linden a eu tendance à rester sur la réserve. Comme elle a écrit aussi plusieurs livres sur la littérature jeunesse (dont elle est devenue une spécialiste), j’aurais bien aimé l’embarquer aux frontières de l’enfance, vers les souvenirs, les premières lectures, la vocation… Elle n’en avait visiblement pas envie. Nous avons dîné très agréablement tous les quatre. Entrecôtes et gratin dauphinois. Je les ai raccompagnées à leur hôtel à Jullouville (l’auberge de Carolles est fermée). Avec Amélie, nous avons prolongé un peu la soirée en finissant la bouteille de régnier. Petit bilan des Rencontres commencées en août 2014 avec Edouard Launet. Nous avons reçu Nathalie Kupperman, Marie-Hélène Lafon, Pascale Gautier, Ian Levison, Carole Martinez, Gilles Leroy, Nathacha Appanah, Jean-François Kervéan, Judith Perrignon, Isabelle Spaak. J’en oublie. Ce n’est pas mal, non ? – J’avoue, j’avoue…

Vendredi 14 octobre 2016. 20H20.

Promenade tranquille sur la plage dans le temps incertain. Commence l’époque des belles éclaircies.

Jeudi 13 octobre 2016. 23h50.

J’ai retrouvé Amélie.

Jeudi 13 octobre 2016. 21h40.

J’ai envoyé le papier sur le roman de Michel Bernard. C’est étrange comme j’étais passé à côté de tous ses livres. J’avais effleuré Les forêts de Ravel, à peine ouvert son Pour Genevoix en 2011. En 2003, Jean-Claude Pirotte m’avait fait parvenir, sûr que ça me toucherait vraiment, Comme un enfant au Temps qu’il fait. Je ne l’ai pas lu. Comment ai-je pu ne pas m’arrêter sur ces textes ? Aujourd’hui, je remonte le temps perdu. Et tout m’est proche, excessivement proche. Il parle de la France de ma mémoire, celle de mes grands-pères, celle de mon père, celle que j’ai apprise et si tardivement comprise. Celle des tranchées de la Grande Guerre, et des combats, et des idées d’avant. Celle de la terre et des morts. Ses Deux remords de Claude Monet évoque les douloureux fantômes de sa vie, entrés avec lui dans l’éternité. On chasse sans doute ce qui trop vous ressemble.

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lundi 10 octobre 2016

Dimanche 9 octobre 2016. 22h10.

Nous avons fait une longue balade, à contresens des promeneurs du dimanche. Le Hamel, le pont-Harel, le bois des Châteliers. Il y avait juste un peu de monde autour de la cabane Vauban. Evité le Port du Lude pour remonter à flanc de falaise. J’ai accompagné Amélie à la gare. A chaque fois cette petite peine qui serre le cœur. Je n’attends plus le départ du train. Je t’appelle dès que j’arrive.

Samedi 8 octobre 2016. 20h00.

Nous avons rangé le bois sous l’auvent. J’ai remis en terre les oignons de narcisses déterrés au moment du creusement des tranchées de plantation pour les bambous. Réparé les cabanes à oiseaux. Amélie a fait son longe-côte dans une mer bleue, sous un ciel bleu.

Vendredi 7 octobre 2016. 22h15.

Livraison de bois. M. Heslouis est venu déverser une corde et demie de bûches devant la maison. Nous voilà parés pour l’hiver. J’espère. Il n’en restait plus du tout. Sauf une dizaine qu’il faut retailler au gabarit du poële. Nous avions rendez-vous en début d’après-midi pour présenter la chienne à L’arche de Léo, la pension de famille pour animaux où nous voulions la laisser pendant notre séjour au Mexique à Noël. Aujourd’hui était le jour du « test ». Il s’agissait pour La Harpe de se montrer sociable. Ce qu’elle a fait, n’attachant pas plus d’intérêt que cela au poulailler, regardant juste avec curiosité le cochon d’Inde dans sa cage et fraternisant avec les chiens que la jeune femme du lieu libérait un par un (elle en garde une dizaine). Elle est donc acceptée, et tant mieux, car je pense qu’elle sera heureuse dans cette ambiance à la Summerhill. Je n’avais pas envie de la laisser dans un chenil. Nous serons au Mexique dans deux mois. Autant dire demain. J’ai hâte de revoir mes nièces.

Jeudi 6 octobre 2016. 21h40.

Ca y est. J’ai récupéré des commandes au Monde. La plupart de mes propositions de papiers passent en brèves, mais j’ai quelques autres perspectives pour le mois qui vient. Eric Loret me garde Le petit volume de correspondances inédites de Crevel (La sagesse n'est pas difficile, à La Nerthe) et me confirme mon papier sur la réédition des Enfants pillards de Jean Cayrol. Amélie est arrivée par le train de 20h30. La nuit n’était pas tombée depuis longtemps.

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