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mardi 29 mai 2018

Samedi 26 mai 2018. 17h20.

Amélie est à Paris tout le week-end. Du travail et un stage (intensif) de Pilates. J’ai trainé. Attaché les rosiers. Coupé les premières fleurs fanées. Comme ça va vite. Les bouquets de l’halopeanum sont tous tombés. Au pied des sapins, les bractées des orchis ont roussi. Il ne reste plus beaucoup de printemps. Comme chaque année, j’ai l’impression de ne pas avoir su en profiter.

Jeudi 24 mai 2018. 20h20.

Journée perdue en démarches à courir à la boutique de l’opérateur téléphonique puis chez le réparateur. Attendre. Laisser filer le temps. J’ai baladé la chienne sur la grande jetée du port à Granville. Pris un café à une terrasse avec Monique, croisée par hasard. Bon. J’ai maintenant un nouvel appareil. Et qui fonctionne. Le même d’ailleurs, sauf qu’il est blanc et que l’autre était noir.

mercredi 23 mai 2018

Mercredi 23 mai 2018. 20h10.

Mon portable ne fonctionne plus. Je ne peux plus appeler personne. Personne ne peut plus m’appeler. Après l’avoir examiné, testé, le réparateur de la rue Clément-Desmaisons à Granville a secoué la tête. Il y a un vrai problème. En clair : votre téléphone est fichu. Je vais donc devoir m’en acheter un autre. Encore une dépense. Je n’avais pas besoin de ça… Raphaëlle m’a commandé deux papiers pour la semaine prochaine. Sur Les années dicrètes de Benjamin Pelletier et sur Et filii de Patrick Da Silva. Un portrait aussi pour juin de Paule du Bouchet qui a publié Debout sur le ciel un très beau texte sur sa relation à son père, le poète André du Bouchet. Rendez-vous pris avec elle le 31 mai. J’ai relu des poèmes. Je n’ai rien su avant de m’immobiliser. Phrase en suspens. Et ton livre ?, m’a demandé Amélie au téléphone (fixe).

Mardi 23 mai 2018. 22h40.

J’ai lu le Vivre en bourgeois, penser en demi-dieu de Jacques Weber sur Flaubert. Ca parle de vies mêlées. Un « L’un et l’autre » comme dans la collection de J.B. Pontalis. Comme dans L’express de Bénarès où Vitoux évoquait avec tant de proximité Henry Jean-Marie Levet. Petits pas dans les siens. Avec Flaubert, Weber n’est pas dans le reflet. Il triture plutôt les existences, les mots, les corps. En fait une pâte à modeler où les couleurs s’étirent, s’irisent. Il la sépare, la malaxe à nouveau. Moi et lui. Ou l’inverse. J’ai retrouvé d’où vient le titre. C’est d’un lettre à Louise Colet de l’été 1853. Flaubert a la petite trentaine. Il écrit : Oui je soutiens – (& ceci pour moi est, doit être, un dogme pratique dans la vie d’artiste) qu’il faut faire dans sa vie, son existence, deux parts. Vivre en bourgeois & penser en demi-dieu. Les satisfactions du corps & de la tête n’ont rien de commun. S’ils se rencontrent mêlés, prenez-les et gardez-les. Mais ne les cherchez pas réunis, car ce serait factice et cette idée du bonheur, du reste, est la cause presque exclusive de toutes les infortunes humaines : réservons la moelle de notre cœur pour la doser en tartines, le jus intime des passions pour le mettre en bouteilles. Faisons de tout notre nous-mêmes un résidu sublime pour nourrir les postérités. – & sait-on ce qui se perd chaque jour par les écoulements du sentiment ? J’aime aller piochant dans la Correspondance. Parlerons-nous de Louise Colet vendredi à Granville ? J’en doute. La rencontre dure juste une heure et les gens viennent surtout pour l’écouter lire du Flaubert. J’ai repensé à elle, la « muse ». A ses élans, à ses colères, ses tristesses noires. A sa poésie, à son dernier voyage à Venise. A sa mort chez sa fille à Paris. Et à sa tombe au cimetière de Verneuil-sur-Avre où je ne suis jamais allé.

lundi 21 mai 2018

Dimanche 21 mai 2018. 23h00.

J’ai relu en prenant des notes, pour Le Monde, Raymond Mauriac, frère de l’autre de Patrick Rödel aux éditions Le Festin, le journal intime « inventé » du grand aîné de François Mauriac, à la vocation littéraire contrariée. Raymond reste l’oublié de la famille. Un effacé à la vie terne (il fit une carrière d’avoué à Bordeaux). Les recherches de Rödel dans les archives familiales montrent qu’il fut contraint par la volonté maternelle à « faire son droit » et à se détacher de son profond désir d’écrire. Il attendra l’âge de 54 ans pour publier. Individu, paru en 1934 chez Grasset recevra le prix du premier roman. Mais il ne le signera pas sous son propre nom. On l’a convaincu de prendre sagement un pseudonyme. Amour de l’amour sortira deux ans plus tard toujours chez Grasset. Et l’aventure s’arrête là. L’histoire est amèrement tragique. Elle mêle les grandes espérances aux contraintes, aux renoncements. Raymond Mauriac est un sacrifié. Et c’est d’autant plus triste qu’Individu (que Le Festin republie) est un roman remarquable. Noir, sans espoir, mais à la puissance d’évocation foudroyante. J’ai commencé à écrire le papier. Nous sommes allés voir le soleil couchant sur la falaise. Dîné au jardin malgré le frais qui tombe. Je finirai demain.

Lundi 22 mai 2018. 18h00.

Terminé mon papier Mauriac de bonne heure. J’ai accompagné Amélie faire son longe-côte. Il commence à y avoir du monde. J’ai gardé la chienne en laisse sur la plage. C’est le début de la saison. Celle que je n’aime pas. Des gens. De l’envahissante foule.

Samedi 20 mai 2018. 20h10.

Marché à Granville assez tôt. Amélie à invité à déjeuner Emmanuel Grand, un de ses auteurs qui était de passage dans la région. Il est venu avec sa femme et trois de ses filles (il en a quatre) de quatorze à dix-huit ans. Nous avons passé un bon moment avec ce petit monde. Balade sur la falaise après le repas. J’ai été chercher à nouveau des heuchères chez Hue à Saint-Pair. Je crois que j’ai le compte maintenant.

Jeudi 17 mai 2018. 22h40.

Longue route. Presque deux heures de ralentissements pour sortir de Paris. Partis vers 17h00, nous sommes arrivés bien tard. Bien fatigués.

Vendredi 18 mai 2018. 20h20.

Je viens d’en recevoir la confirmation : j’anime une rencontre avec le comédien Jacques Weber à Granville, la semaine prochaine, autour de son livre (Vivre en bourgeois, penser en demi-dieu), sur sa « complicité » avec Flaubert. Sandie, chez Flammarion, me l’a envoyé. Il me reste à le lire…

Mercredi 16 mai 2018. 23h50.

J’ai fait le voyage en voiture avec la chienne. Arrivé en tout début d’après midi sous le soleil. Amélie m’avait donné rendez-vous pour déjeuner place Maubert. De là j’ai filé tout de suite au Fouquet’s où avait lieu le jury du prix Marcel Pagnol. J’étais venu juste pour ça. Je ne voulais pas rater la délibération parce que cette année, je trouvais que trois titres de la sélection (sur six !), quelque soient leur qualités d’ailleurs, ne correspondaient pas du tout à l’esprit du prix, à savoir récompenser un livre sur le thème du souvenir d’enfance. Et je voulais en débattre. J’avais mon favori : Simon de Jocelyne Desverchère, récit à la première personne d’un petit garçon qui vient de perdre sa mère et dont la garde, confiée, à la campagne, chez des amis du père, se trouve remise en cause par les grands-parents maternels. Le texte est âpre, douloureux. Je l’ai trouvé écrit, comme on dit, à hauteur d’enfant. Non pas à la manière d’un enfant, mais bien avec le vrai désarroi et la peine d’un enfant débordé par ces circonstances. Nous n’avons été que deux à le défendre. Il y avait aussi Les années discrètes de Benjamin Pelletier, des pages d’une grande justesse sur les riens du grandir, les mots, et les mystères. La peur des loups et puis celle de se perdre. Cela forme comme une très délicate anthologie des souvenirs d’enfance. Avec les siens, il s’accroche aux nôtres. Il y mêle ceux des écrivains et nous raconte des histoires. Lui non plus n'a pas été retenu. J’aurais volontiers donné mon vote à un deuxième tour à Caractériel de Denis Tillinac, très proche, émouvant. Expression, pour le coup, de ces souvenirs d’enfrance, comme en parlait Pierre Sansot. Je l’aurais soutenu d’autant plus que j’avais trouvé injuste et même méchante la manière dont Claro l’avait démoli dans son feuilleton du Monde. Mais c’est un des autres, à ma grande incompréhension, qui a été tout de suite distingué. A propos de ces livres où l’enfance n’apparaît pas, ou si anecdotiquement, j’ai entendu certains, pour tenter d'en justifier le choix, expliquer doctement que tel racontait l’enfance d’un peuple, d’un pays ou que, pour celui qui avait été primé, s’il ne parlait pas d’enfance, c’était sans doute parce qu’elle était trop difficile, trop douloureuse à dire. Je suis resté assez abasourdi. Une qui se fichait visiblement de tout cela, c’était La Harpe, endormie à mes pieds sur l’épaisse moquette du salon Alexandre du Fouquet’s. Elle était ravie aussi d’être l’objet des attentions de tous ces gens qu’elle ne connaissait pas. Et se pâmait sous les caresses de Claude Pujade-Renaud que, décidemment, j’aime beaucoup. Quand à moi, je suis sorti de là assez énervé. Plus contre moi-même d’ailleurs que contre quiconque. Je suis passé prendre Amélie en voiture près du jardin Albert-Kahn à Boulogne. Nous étions invités à dîner chez Marion et Jérôme à Saint-Cloud. L’occasion de voir les enfants. Gabrielle surtout qui venait de recevoir la lettre que j’avais écrit pour elle à propos de son petit lapin noir qu’elle avait oublié (enfin, ses parents..) dans l’avion du retour de Mexico. Ca avait été un drame. Ce lapin, je lui avais offert à la naissance et il ne l’avait jamais quitté. A peine égaré, immédiatement retrouvé. Mais là… J’avais bien pensé lui acheter le même, un qui aurait pu donner le change, bien qu’un peu moins usé. Mais aux Cousins d’Alice, la boutique de la rue Daguerre où je me fournis en peluches et en jouets, j’avais appris que le fabriquant avait renoncé depuis longtemps aux lapins noirs. Je suis reparti avec un marron que j’ai pris la décision de teindre. Hélas, ces bestioles sont en polyester. Et après deux tentatives de teinture ordinaire, il m’a fallu en trouver une spéciale. J’ai donc fait bouillir deux heures le malheureux doudou dans un soluté noirâtre d’où il est sorti de la bonne couleur (il a quand même fallu le rincer en machine une dizaine de fois). Et j’ai écrit à Gabrielle une lettre en espagnol : Señorita Gabriela, mi hija que limpia los aviones en el aeropuerto de México encontró su conejito negro bara uno asiento… Bref le lapin avait été recueilli par une famille mexicaine qui avait pris soin de lui et il n’avait plus qu'à faire le voyage jusqu’en France. J’avais quand même précisé qu’elle risquait de le trouver un peu changé. De tout râpé, il était devenu un peu plus soyeux. Le soleil mexicain, sans doute…

Mardi 15 mai 2018. 19h30.

Brigitte et Yann sont en Andalousie jusqu’à la fin du mois. Ils ont envoyé des photos de maisons blanches sous un ciel bleu gitanes. Ils sont partis fatigués, tout entortillés de soucis de famille, d’inquiétudes de santé, j’ai l’impression qu’ils soufflent un peu. Il fait sec. J’ai dû arroser abondamment. Je pars deux jours à Paris. Je ne veux pas que les plantes souffrent.

mardi 15 mai 2018

Lundi 14 mai 2018. 22h50.

Au-dessus du grand crucifix de l’étude Saint-Louis, l’étude des petits, au collège Saint-Vincent où j’aurai passé huit ans de ma vie, de la sixième à la terminale, il était écrit en lettres noires : Le temps perdu ne se rattrape jamais. C’est en sixième que ma rêverie d’enfant a commencé à s’épaissir de blanc sali, à s’ennuager de gris. Je ne vagabondais plus comme avant, je me figeais d’attente. Je lisais la menaçante devise, et au lieu qu’elle me replonge dans mon Gaffiot et ma grammaire latine, elle m’hypnotisait et je restais perdu, hagard, laissant le temps, justement, tomber en fine poussière jusqu’à ce qu’il me recouvre. M’ensevelisse. J’ai gâché mon latin et mes années d’études. Cette vilaine aboulie, a grandi avec moi. A chaque fois que je veux en arracher quelque chose, il me faut plus d’effort et de peine qu’à quiconque. Pour le reste j’ai appris à sauver les apparences. J’ai fait mienne la petite phrase d’Alice, celle qui lui permet d’avancer bravement dans l’étrange pays qu’elle découvre au fond du terrier du lapin blanc. Comme elle je Let’s pretend. Je fais semblant. Il y a plus d’un mois que je n’ai rien écrit dans ce journal. Que je n’ai rien écrit du tout d’ailleurs. Sauf quelques papiers pour Le Monde et le sempiternel dossier de presse du festival du livre de Nice. J’ai passé une grosse semaine à Paris. J’avais deux séances prévues chez le dentiste. J’en ai profité pour m’organiser des rendez-vous, quelques déjeuners. Avec Claudine chez Fernand, Jeanne au Tournon, Diane dans un bistrot de la Butte-aux-cailles, Myriam chez Marcello, le bizarre italien qui s’est ouvert en place de La petite cour, rue Mabillon. Pris un verre avec Pascale. Avec Floryse pour faire le point sur la sélection du prix Pagnol. Retrouvé Raphaëlle à l’Alouette avec mes propositions de chroniques. Nous avons dîné avec Marie au Récamier. Passé une soirée chez François Marchand. Vu Brigitte et Christian. Je suis allé à la Maison des polytechniciens où Michel Bernard recevait un prix de la Fondation de France pour Le bon cœur. J’en oublie. C’était il y a un mois. J’ai l’impression que tout cela est maintenant très loin. Je suis rentré à Carolles en traînant un peu des pieds. En fait, je n’aime jamais partir. Et puis j’avais trouvé le printemps très doux à Paris. Je l’ai retrouvé ici un peu plus neuf. La floraison des camélias se termine. Les uns après les autres, les rhododendrons font leurs bouquets. Les premières roses commencent à s’ouvrir. Amélie était en vacances jusque hier. Nous sommes restés au calme, au tendre, au près, pendant tous ces jours. J’ai travaillé au jardin. Désherbé, dégagé les grimpants, nettoyé le pied des arbres, traité les rosiers, planté des heuchères, des alysses mauves, des petits fuchsias dans les jardinières, des aromatiques dans les bacs de la terrasse. Il me reste à défricher deux grandes plates-bandes, mais je dois attendre avant de m’y mettre que les feuillages des narcisses commencent à faner. Cela fait douze ans, dans la nuit du 29 au 30 avril, que Maman est morte. Je l’avais enterrée le 4 mai sous un grand soleil. Cette année aussi, il faisait beau. Je ne suis pas allé au cimetière. Je sais que la tombe est dans un vilain état. Le monument penche. Il est envahi de lichens noirs qui s’insinuent dans la gravure des noms. Il faudrait faire venir le marbrier. Je n’ai pas d’argent. J’ai rangé mon bureau hier. Je ne pouvais plus m’y installer tant il était encombré. Je me remets à écrire. J’ai promis à Isabelle de lui adresser mes pages. On s’était vus à Paris. Tu as besoin d’aide. Tu ne peux pas rester comme ça. Alors j’ai promis. Je vais le faire. Elle m’a prévenu : Je ne te lâcherai pas !

(…)

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lundi 9 avril 2018

Lundi 9 avril 2018. 18h30.

Je m’étais imperceptiblement blessé à l’annulaire de la main droite la semaine dernière. Sans doute en nettoyant ces fichues gouttières bouchées. Pas de plaie apparente, mais mercredi, le doigt commençait à me faire mal et samedi il était tout gonflé. Je suis allé chez la généraliste de Jullouville. Elle m’a tiré d’affaire. Désinfection, antibiotiques. Je pars à Paris un peu plus tranquille.

Dimanche 8 avril 2018. 19h40.

Le marronnier d’Oudon a ouvert ses bourgeons, défripé ses feuilles. Il est encore tout délicat. Je l’avais replanté le mois dernier dans un très grand pot. J’ai l’impression qu’il s’y trouve bien. Nous l’avions ramené, l’été 2015, de ce village de Loire-Atlantique où Amélie a passé ses premières années avant le départ en Afrique. Une pousse fragile venue d’un marron tombé du vieil arbre dressé dans la cour de récréation de son l’école Saint-Joseph. Minuscules agrafes du temps. J’ai l’impression que nos enfances se rejoignent. J’avais juste un an lorsque je suis arrivé à Senlis avec ma mère. Elle avait trouvé un poste de professeur de mathématiques à l’institution Saint-Joseph-de-Cluny. C’est là que nous avons vécu un moment dans une chambre avant d’emménager dans une petite maison de l’autre du Cours. Tout planté de marronniers blancs et roses.

Samedi 7 avril 2018. 21h00.

A peine quelques lignes.

Vendredi 6 avril 2018. 22h15.

J’ai passé un moment au téléphone avec Eric-Emmanuel Schmitt. Une courte interview très formelle pour le dossier de presse du Festival du livre de Nice dont il est cette année le président. Les réponses ont été sans surprise. Mais honnêtement, je ne vois pas ce qu’il aurait pu raconter de surprenant. Oui, bien sûr il adore la ville, il aime s’y promener, flâner sur les marchés. Et pour le reste, il a dit quelques mots sur son dernier livre et répété les mêmes anecdotes qu’il distille à longueur de reportages. Je n’ai plus qu’a mettre en forme tout cela. Le rendre simplement lisible. C’est l’anniversaire de Virginie aujourd’hui. Elle a quarante-cinq ans. Je lui ai envoyé un message par le téléphone, avec la photo d’une tulipe frangée rose pâle. Je lui aurais bien écrit, mais envoyer une lettre au Mexique est presque aussi hasardeux que de jeter une bouteille à la mer. Et j’ai trop de courrier perdu au milieu de l’Atlantique. Mais la semaine dernière, j’ai quand même tenté à nouveau l’aventure pour répondre à une petite carte (postée en France par une bonne âme) que j’avais reçue d’Apolline. La première qu’elle m’ait écrit maintenant qu’elle a appris. En recommandé s’il vous plaît, ai-je demandé à la postière. Je croise les doigts. Promenade sur la falaise avec le chienne. Comme nous rentrions par la Doublière, Brigitte et Yann qui étaient dans leur jardin m’ont fait signe. Je suis resté dîner chez eux.

jeudi 5 avril 2018

Jeudi 5 avril 2018. 20H10.

M. Broust est venu me rapporter la Twingo. Je lui avais laissé pour la révision et le contrôle technique. Pour le radiateur qui fuyait aussi. En échange, il a embarqué la 4L. Après tout l’hiver passé sous l’auvent chez Fabien, elle ne démarre qu’une fois sur deux. Vous avez entendu dire qu’il y avait une pétition contre la nouvelle salle des fêtes ?, m’a-t-il demandé en partant. Depuis celle que j’avais lancée au printemps dernier au sujet du projet absurde de parking prévu sur la falaise, à la Croix-Paquerey, il doit penser que je suis une espèce d’activiste villageois. Après cette histoire, j’ai fait comme Achille, je suis rentré dans ma tente et je n’en ai pas bougé. Ce n’est pourtant pas l’envie qui, jour après jour m’en a manqué.Carolles s’enlaidit. Trois fois rien, plus un peu, plus un peu plus encore. Les deux précédents mandats municipaux avaient déjà ravagé le village. Ca continue à bas bruit. L’aménagement de la petite rue principale avec ses panneaux de signalisation indiquant en quatre couleurs qu’il faut partager la route, son mobilier urbain, ses barrières de protection, ses chétifs buis sur tige plantés dans des galets polis, lui donnent un air de déjà vu (hélas) partout. Il paraît qu’il est question, histoire de parachever l’affaire, de peindre aussi une fresque murale, à la manière, sans doute, de celles qui décorent les chateaux d’eau. Et je ne parle pas des constructions sans goût ni grâce, des lotissements à venir et de ce désir tenace d'avoir (comme tout le monde) sa zone artisanale. Alors, la salle des fêtes ? L’ancienne à laquelle tout le monde s’était habitué depuis une bonne cinquantaine d’années, n’est plus aux normes disent-ils. D’où l’idée, plutôt que de la restaurer, bien évidemment, d’en construire une nouvelle, plus grande, plus « moderne ». Une sorte de « Zénith carollais » qui s’annonce particulièrement hideux (j’ai vu la projection du bureau d’études dans Ouest France). Mais je reste sous ma tente. Tout cela m’emplit bien plus de tristesse et de dégoût, que de révolte.

Mercredi 4 avril 2018. 22h05.

Premiers textes à écrire pour le Festival du livre de Nice. Il a lieu début juin, tout devra être bouclé pour la fin du mois. Je vais faire des propositions de sujets à Sylvie. Je dois aussi compléter ma liste de printemps pour Raphaëlle. Il va falloir que je m’organise. Ce que je ne sais pas faire. Mais alors vraiment pas.

Lundi 2 avril 2018. 23h00.

Nous avons fait de la paperasse. Du courrier aussi. Tous les deux. Il me reste beaucoup de lettres encore à écrire. Ne serait-ce déjà qu’à Louise, à Apolline (qui sait lire maintenant). Promenade jusqu’à la cale. Je suis rentré bizarrement épuisé. La SNCF commence une grève hachée à partir de ce soir. Amélie était inquiète pour son train. Il est parti comme prévu, mais dès Flers, les wagons étaient bondés, les gens debout ou assis par terre. Déjà que notre pauvre ligne ne fonctionne pas bien en temps normal. J’imagine que tu es contente d’être enfin arrivée à l’appartement...

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