SWFObject embed by Geoff Stearns (basic) @ deconcept

dimanche 31 octobre 2010

Samedi 30 octobre 2010. 2h40.

Trois semaines que nous n’étions pas venus. Nous avons retrouvé le jardin dans une douce sauvagerie d’abandon. Cyclamens et lépiotes envahissant l’herbe au pied des sapins. Feuilles mortes poussées en tas par le vent aux encoignures de la terrasse. Les dahlias couchés. Dans la maison, l’humidité froide des portes restées fermées. Nous sommes passés voir Georgette. Des nouvelles du Nord. Mon oncle Henri ne va pas fort. Il ne sort plus. Marche à peine. La chambre, le salon, la fenêtre. Je voulais aller le voir cette année. Cela est resté un vœu pieux. Dîner à Donville. Nous étions invités chez Marie-Dominique et Bernard que nous avions rencontrés en juillet à bord du Lys Noir. Ils habitent une grande maison moderne, près du cimetière. Epais tapis et parquets clairs. Tableaux récents aux murs. Nous étions passés chercher Nicole à Jullouville, Thierry à Saint-Pair. Retrouvé là-bas Jean-Luc. Fait la connaissance de Florence qui est commissaire priseur à l’hôtel des ventes de Granville. La soirée s’est terminée tard, dans des conversations à tâtons sur la région, les livres… Des bribes d’histoires intimes. Jean-Luc est resté très silencieux. Je l’ai trouvé fatigué, triste. Mais j’ai, en ce moment, une acuité à la moindre inquiétude. Et au moindre chagrin.

vendredi 29 octobre 2010

Vendredi 29 octobre 2010. 11h30.

J’ai posté la lettre de condoléances avant de partir à la gare. Le vieux M. Péret est mort. On l’enterrait hier après-midi au cimetière Montparnasse. Le rideau de fer du café est resté tiré toute la journée de jeudi. Ca m’a fait de la peine. Je connais l’endroit depuis qu’il s’appelait Le Rallye. J’y suis allé et je continue de m’y rendre plus que souvent. Il avait laissé l’affaire à ses enfants. On se croisait quelquefois dans la rue Daguerre. Bonjour, bonsoir. Les prochains verres, là-bas, chez lui, je les boirai à sa mémoire.

Jeudi 28 octobre 2010. 23h50.

C’était l’anniversaire d’Amélie. Nous avons déjeuné à l’huîtrerie de la rue Montfaucon. J’avais vu une paire de gants brodés dans une boutique, rue de Seine. Tout petit cadeau. Comment lui dire, lui redire, et encore, qu’elle m’est unique, qu’elle m’est indispensable… Marion et Jérôme sont venus à la maison le soir. Jérôme bouleversé encore de la cérémonie d’hier à la chapelle d’Antibes. Nous les avons emmenés au couscous de la rue Sophie-Germain. Une adresse très simple. Le bouillon y est délicieux pour qui aime coriandre et cumin. Le patron n’y sert plus du tout d’alcool. Il tolère qu’on apporte son vin. Alors, au dessus de nos propres bouteilles, nous avons parlé longtemps de famille, d’histoires de famille, de secrets et d’avenir.

Mercredi 27 octobre 2010. 21h00.

Je me suis levé vingt fois, cent fois, de mon bureau. Un café, un verre d’eau, aller à la fenêtre. Mon attention s’effiloche. Je travaille en bribes de rien que je m’efforce de rassembler. C’est décourageant. C’est long. C’est difficile. Je suis sorti faire un tour. Déjeuné chez Péret. Fait un peu de courrier sur un coin de la table. Jean-Pierre m’a appelé. Son séjour en France se termine. Il y sera resté un mois, entre Paris et Bréhat. Il rentre au Canada. Nous ne nous serons pas vus. Je ne sais pas bien comment nous aurions accroché nos retrouvailles. On s’était juste croisés il y a six ou sept ans. Avant, ça faisait longtemps. Vraiment longtemps. Nous avons traversé ensemble les années de collège. Un bout d’adolescence. Quelques morceaux du reste. Tant partagé d’instants. Il est bien tard d'un coup…

Mercredi 27 octobre 2010. 11h00.

Amélie avait un rendez-vous du côté de Montparnasse. A l’heure de l’enterrement de son grand-père, nous sommes entrés à Notre-Dame-des-Champs. Nous recueillir dans la chapelle de la Vierge. Et penser aux vivants.

mercredi 27 octobre 2010

Mardi 26 octobre 2010. 23h05.

Je me suis enfui pour déjeuner avec Amélie au marché Saint-Germain. Il y a d’énormes travaux dans le quartier. Des trous, des tranchées. Commencés depuis une dizaine de jours rue Daguerre, ils viennent d’arriver chez nous. Pour l’instant tout se passe sur le trottoir d’en face, mais ils seront au pied de l’immeuble, de notre côté, demain au plus tard. J’écris comme je peux, à mon deuxième étage, dans les rafales de marteaux piqueurs tenues juste à distance grâce aux boules Quiès. Pas vraiment le choix ici d’ailleurs pour travailler. La maison mitoyenne est en chantier épisodique et la cage d’escalier s’emplit régulièrement, sans que je sache bien si cela vient du dessous ou du dessus, de solos de guitare électrique accompagnés au synthétiseur. J’ai avancé quand même. Et pas si mécontent.

mardi 26 octobre 2010

Lundi 25 octobre 2010. 22h10.

J’ai repris mon manuscrit. Entamé un nouveau chapitre. J’y ai traîné la journée entière. Je me sens fatigué. Relu aussi, avant de le renvoyer à François, le livret de la messe d’enterrement d’Alain à la chapelle saint Jean. Là où l’abbé Dukiel nous a bénis à l’été 2009. Alain était le bedeau de cette chapelle de famille. La cérémonie aura lieu mercredi. Jérôme s’est décidé à y aller. Il prend le train demain. Virginie sera là aussi. Amélie aurait peut être voulu s’y rendre. Mais elle doit rester à Paris pour la presse de Tom Segev dont Liana Levi publie la biographie de Simon Wiesenthal. Nous mélangeons un peu mon cafard, nos inquiétudes, sa tristesse... Je l’ai retrouvée pour un verre chez Péret. Pas envie d’être tout de suite à la maison.

lundi 25 octobre 2010

Dimanche 24 octobre 2010. 23h45.

Virginie est pour une semaine en France. Des affaires à régler avec la maison de Veyrier. Marcus et les filles sont restés au Mexique. Nous l’avons retrouvée, le temps d’un déjeuner chez ses parents à Versailles. Il y avait là Marion et Jérôme. Séverine aussi qui était venue, seule, avec Agathe. Arnaud et Thomas sont déjà partis en vacances dans la famille de Gérald. Toute petite Agathe qui n’a cessé de me courir vers moi pour que je la fasse sauter en l’air. Oh, doucement. Si petite... Si fluette. J’avais l’impression d’avoir, au vol, attrapé dans mes bras un nuage.

Samedi 23 octobre 2010. 22h20.

Frédéric est venu prendre les mesures pour les dernières étagères dans la cuisine. Tout va finir par trouver sa place… Nous sommes à Paris depuis plus de dix jours. Carolles me paraît bien loin. Courrier entassé, mauvaises herbes. Pas sûr que nous puissions y retourner la semaine prochaine. Au travail ? J’ai accompagné Amélie qui devait récupérer une paire de boucles d’oreilles en réparation dans une boutique du VIIe. Nous étions, sur le chemin du retour, dans la rue de Babylone, lorsque nous sommes tombés nez à nez avec Nathacha et Bernard. Dans la poussette, Neela. Deux ans déjà. Ils sont rentrés de Mayotte il y a quelques semaines à peine et ont retrouvé un appartement dans l’immeuble même qu’ils avaient laissé. Drôle de boucle. Et magnifique hasard. Un café dans le bistrot d’à côté. Nous n’avions pas envie de nous quitter. Ils sont venus nous rejoindre à la maison une petite heure plus tard. Champagne. La petite s’est fait des moustaches au jus de fraise. Moi qui accroche des signes tout partout, j’en ai vu un très doux…

Vendredi 22 octobre 2010. 21h30.

J’ai eu mes derniers résultats. Ils sont ceux qu’on attendait. L'intervention est prévue, jour pour jour, le mois prochain. Je ne parviens toujours pas à reprendre mon rythme d’écriture. Demain. Demain…

Jeudi 21 octobre 2010. 23h40.

Est-ce qu’on peut déjeuner ensemble ? Amélie m’a appelé à la sortie de mes cours à Censier. Nous nous sommes retrouvés au Pré Verre. Alain, son grand-père vient de mourir. Il avait été hospitalisé quelques jours après la fracture à la cheville de son épouse Jacqueline. Impossible de rester seul. Trop fatigué. Trop malade. Il est parti comme s’il avait compris que tout allait devenir compliqué, inextricable… Les soucis, les chagrins, font une poche lourde qui crève de deuil en deuil. Je suis rentré vite de Jeux d’Epreuves. Nous avons invité Marion et Jérôme à la maison.

Mercredi 20 octobre 2010. 23h00.

Corrigé les travaux des étudiants. Préparé les cours de demain. Relu au calme les livres pour Jeux d’Epreuves. J’y présente Poser nue à La Havane de Wendy Guerra. Le journal apocryphe d’Anaïs Nin à Cuba. Un journal comme le roman quotidien, entièrement reconstruit, de son séjour sur l’île, entre ses dix-neuf et ses vingt ans. Cuba représente pour elle une terre familiale. Son père et sa mère y sont nés. S’y sont rencontrés. Son voyage à La Havane se trouve donc être celui des retrouvailles avec ses origines, mais aussi, et surtout, celui de la découverte d’elle-même. Parce que, dit-elle, Le paradis de mon enfance était un paradis inventé... Anaïs Nin, si prolixe pourtant, n’a laissé presque aucune trace écrite de ces quelques mois-là. Wendy Guerra en recoud chaque jour avec une incroyable proximité. Et tout en devient vrai. Et tout en devient juste. Nous mentons avec douceur, explique-t-elle. Je suis allé faire quelques courses dans le quartier. Solveig et Nicolas venaient prendre un verre et il ne restait plus rien des bouteilles de vin blanc ramenées de Touraine…

mercredi 20 octobre 2010

Mardi 19 octobre 2010. 22h40.

Le Pot-au-noir ou la mer des Sargasses… Un effrayant calme plat, en tout cas. Je me suis souvenu de ce court métrage d’animation de la fin des années soixante-dix : La traversée de l’Atlantique à la rame. Fantômes et pourriture. Les algues s’accrochent aux avirons. Pour un peu, je resterais à dériver en rond. Encore un effort. J’ai travaillé. Il me reste juste le temps d’aller à la fin du livre. Au bout de la journée, j’ai rejoint Amélie au bar de l’hôtel d’Aubusson où elle avait un rendez-vous pour ses parutions de janvier. Drôle de décor là-bas. C’est pourtant une belle maison XVIIe, mais tout m’y semble factice. On se croirait dans un théâtre, sur un plateau de cinéma… Extérieur nuit. Ca tombe vite maintenant. Nous sommes rentrés sous une petite pluie fine.

mardi 19 octobre 2010

Lundi 18 octobre 2010. 22h10.

J’ai mal travaillé. Je rebrouillonne. Je disperse tout à nouveau. En faisant la lecture à rebours, j’ai fini par revenir doucement dans le texte. N’empêche. Je n’ai rien gardé des pages de cette journée. Du coup, elle s’est entièrement effacée.

lundi 18 octobre 2010

Dimanche 17 octobre 2010. 23h20.

Bricolage et rangements. Un long dimanche après-midi fait de riens douillets...

Dimanche 17 octobre 2010. 15h10.

Nous avons pris un café chez Péret avec Sarah et son fils Noé. Le petit a deux ans. Bientôt trois ? Je savais qu’elle habitait à nouveau le quartier après être restée assez longtemps en Ecosse. Partie comme ça. Pour travailler, pour grandir, pour comprendre. Pour changer. Nous ne nous étions jamais croisés depuis. De toutes les amies de collège de Marie, elle est celle à qui je suis resté, de loin, toujours attaché. Il n’est pas besoin de parvenir à tout expliquer. Affinités. Correspondances. J’étais content de la revoir. Elle suit une filière de formation aux métiers du Livre et travaille dans une librairie du XIXe. On se reverra sans doute. Nous sommes allés jusqu’au marché du boulevard Blanqui. Remonté les étals jusqu’à la place d’Italie. Paniers pleins et premier froid d’automne.

Samedi 16 octobre 2010. 22h15.

Lever tard. Séverine est venue déjeuner à la maison avec les enfants. Arnaud, Thomas et Agathe. Cette toute petite qui revient de si loin. J’ai l’impression que cela fait si longtemps aussi. C’était il y a un an. Octobre dernier. L’hôpital Necker, les opérations et les angoisses. Aujourd’hui, elle est vive, souriante. Curieuse de tout. Ouf ! Et puis merci… Amélie avait fait un poulet rôti. Des pommes de terre au four. Séverine nous avait amené une tarte aux pommes. J’ai repensé à ces repas des dimanches à Senlis quand Maman invitait mon parrain René, ma tante Poulouche. Des instants tièdes d’enfance. J’ai emmené les deux garçons aux Cousins d’Alice, le magasin de jouets à l’angle de la rue Daguerre et de la rue Lalande où je venais souvent avec Marie, quand elle était petite. Ils ont fouillé partout dans les casiers et sont repartis avec des poignées de billes, des petites voitures, des dinosaures en plastique. Bricoles. J’étais, je crois, bien plus content qu’eux.

Vendredi 15 octobre 2010. 21h20.

Nous ne sommes pas partis à Carolles. Déjà, je ne me sentais pas vaillant mais, en plus, du fait des grèves, il n’y a presque aucun train. Amélie a même dû annuler son voyage de samedi au Mans. Elle devait y accompagner Lionel Salaün au festival du livre. Lui venait de Chambéry. Un TGV sur quatre ou quelque chose comme ça. Affaire réglée. Tout ce temps à Paris ? On n’a plus l’habitude…

Jeudi 14 octobre 2010. 20h45.

Je n’ai pas vu passer les quatre heures de cours avec les étudiants. Nous avons évoqué dans la pelote d’actualité culturelle de la semaine John Lennon et Vargas Llosa. Flaubert, Hugo et Fidel Castro. Luc Besson, Lacan, Zuckerberg, Duras, Pina Bausch, Dostoïevski. Basquiat, l’Andromaque de Racine. Petites touches de vernis. Juste savoir un rien qui donne envie de chercher plus loin. Amélie m’avait invité chez Guiseppe pour le déjeuner. A deux pas de la clinique. Nous avons parlé d’autre chose. Etiré au plus longtemps le temps qu'il restait. Bon, je crois qu’il faut y aller. Ca a été, comme on dit, un mauvais moment à passer. Résultats dans huit jours. En sortant, je voulais aller prendre un verre au bar du Lutétia. Mais impossible de marcher sans grimaces. Nous sommes rentrés à la maison. Resté au lit. J’ai attrapé Don Camillo et ses ouailles de Giovannino Guareschi. Retrouvé dans sa préface, cette petite phrase : Je ne me suis jamais repenti d’avoir fait le lendemain ce que j’aurais pu faire la veille ou un mois plus tôt. Bah. On se (ré)conforte comme on peut…

Mercredi 13 octobre 2010. 22h00.

Préparé les cours pour Censier. Couru la journée après des rendez-vous au sujet de livres pour lesquels je ne ferai pas de papiers. Je vais prendre mon courage à deux mains et appeler Raphaëlle et Florence pour voir ce qu’il est encore possible de passer dans Le Monde. Mon retard est abyssal. En même temps, on ne m’a rien réclamé... Croisé Virginie boulevard Saint-Germain. Nous sommes allés prendre un café aux Deux magots. Nous ne nous étions plus parlé ou presque depuis que j’avais été fichu à la porte de Page en 2007. Un malentendu idiot entre nous et qui a duré. Faute à qui ? A l’odieux bonhomme qui dirigeait cette boîte où je suis juste resté quelques semaines. On se laisse entortiller parfois dans des manipulations perverses. Elle aussi, depuis, a été flanquée dehors. Elle se lance, à son compte, dans les relations libraires-éditeurs. Ca devrait marcher. Elle connaît ça par cœur…

- page 85 de 135 -