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dimanche 12 décembre 2010

Vendredi 3 décembre 2010. 16h15.

J’ai reçu un message de Corinne. C’est ma fête aujourd’hui. Elle en profite pour prendre des nouvelles. Depuis qu’elle a quitté Point de Vue, un an ou deux avant qu’on m’en flanque à la porte, Corinne n’a cessé de me faire signe, à Noël, à Pâques. A toutes les Trinités de l’année qu’elle accroche en souvenir. Fidèle. Elle m’envoie ses photos de famille. Je vois pousser Antoine et Mathieu, ses deux garçons. Elle sait beaucoup de moi. Nous ne nous sommes pas revus. Elle écrit. Je réponds. Elle m’est précieuse après tout ce temps. Amélie avait rapporté du Pré Verre deux parts de lièvre à la royale. J’ai beau ne pas être affamé, c’est fameux. Nous nous sommes fait de ce plat un genre de tradition annuelle. De mémorables, il y a eu celui de chez Géraud, traditionnel, en foie gras et en truffes. Celui de Gilles, à la Bastide Odéon, suivant la recette du sénateur Couteaux, une extraordinaire compote riche et parfumée.

Jeudi 2 décembre 2010. 20h10.

J’ai rejoint Amélie pour déjeuner au Pré Verre. Pris le bus pour aller jusqu’à Maubert chez le coiffeur. Il est plus que temps. J’ai la tignasse raide, grise, entortillée, emmêlée. Qu’est-ce qui t’est arrivé ?, m’a demandé Muriel. Je me suis vu dans le miroir. Je comprends. Je suis à faire peur. On raccourcit tout ça. Tu me laisse la mèche, s’il te plaît. Croisé Simonetta en rentrant. Je voulais lui écrire à propos de son dernier livre Dolce Vita et puis, les jours se sont un peu embrouillés. J’ai balbutié quelques compliments maladroits. A bientôt… J’ai marché un peu en remontant le boulevard Saint-Germain. Repris un bus. Fatigué. Encore…

Mercredi 1er décembre 2010. 19h40.

Il a neigé toute la journée. De gros flocons solides qui sont restés sur la chaussée. J’ai regardé le mauvais temps par le fenêtre. Je me repose. Amélie est venue déjeuner avec moi. Arrivée toute rose de froid. J’ai commencé à répondre aux messages des uns et des autres. Fatigué. Je lis C’est tous les jours comme ça, le recueil de textes courts de Pierre Autin-Grenier paru chez Finitude au printemps dernier. Tout me dit qu’il vaudrait mieux ne pas mettre un pied dehors aujourd’hui, m’enfermer dans mon cocon et laisser la journée s’écouler à ne rien faire…

mercredi 1 décembre 2010

Mardi 30 novembre 2010. 21h30.

Je me le répète. Je ne me rappelais plus ce que cela voulait dire : Je suis rentré à la maison.

Mardi 30 novembre 2010. 16h40.

Premier quartier de lune pris au coin de la fenêtre. Dernière nuit ici. Je l’ai passée en attente, en quarts d’heures de sommeil secoués de réveils. Enfin, elle s’est finie. J’ai enfilé mes vêtements de sortie. Pantalon et chaussures. Fait un peu de courrier. Prévenu les étudiants que je ne les verrai pas avant le prochain semestre. Je m’en veux de leur faire défaut. Mais pas moyen de faire autrement. Je marche comme le lapin rose à qui on n’a pas mis les piles Duracel. Amélie est venue me chercher en fin de matinée. Le chirurgien devait passer. Nous l’avons attendu un très long moment. Partis déjeuner de guerre lasse. Chez Guiseppe, deux rues plus loin. Des pâtes aux cèpes et un verre de vin rouge de Basilicate. Ca va. Ca va. Ca revient.

mardi 30 novembre 2010

Lundi 29 novembre 2010. 20h50.

Je peux maintenant me lever sans rien traîner avec moi. J’ai marché dans le couloir. Descendu jusqu’au rez-de-chaussée. Remonté. Regardé de loin le jardin. Les tilleuls glacés. Les saules. Amélie me dit qu’il fait très froid. Il neige à Carolles. Mme Bassard a dû recevoir nos rosiers. Il faudra attendre du temps doux pour les planter.

Dimanche 28 novembre 2010. 22h30.

Depuis quelques jours, Amélie m’apporte une tranche de jambon aux herbes, un peu de saumon fumé, une poignée de clémentines. Je commençais vraiment à déprimer devant les plateaux-repas. Je dois aller mieux. Mais tout reste douloureusement étrange. Je suis dans un temps défait. Sans autre avenir que celui des heures qui viennent. Je ressens, comme l’écrit Augustin, cette secrète amertume mêlée d’espérance

Dimanche 28 novembre 2010. 9h30.

Toujours le ciel par-dessus le toît…

lundi 29 novembre 2010

Samedi 27 novembre 2010. 20h20.

Amélie a passé toute la journée près de moi. Bavardé doucement. Nous avons lu. Ensemble. Je suis allé finalement au bout de Maurin des Maures. Je n’ai pas retrouvé grand chose du souvenir que j’avais de ce livre. Au deux tiers du texte, on dirait que Jean Aicard abandonne tout : son histoire, son décor, ses personnages. Ca laisse une impression bizarre. Comme si quelqu’un d’autre avait comblé les pages. J’ai dormi un peu. Dans le courrier de la rue Danville, aujourd’hui, il y avait un mot de Séverine avec deux dessins de Arnaud et Thomas. Des voitures de course... Guéris vite ! Nathacha et Bernard avaient invité Amélie à prendre un thé en fin d’après-midi. Elle est revenue de chez eux avec un autre dessin. Dans un embobinement de fils de couleur, un touillis de pointes de feutre, Neela, en bleu des mers du Sud, avait tracé, doigt à doigt, le contour de sa main.

samedi 27 novembre 2010

Vendredi 26 novembre 2010. 21h15.

C’est vrai, il y a la TV... J'ai regardé un documentaire animalier sur National Geographic. Il s'agissait des attaques d'alligators en Floride. Ce sont de vraies saloperies les alligators. Ils se cachent sous l'eau et... schhtaaakkkk !, ils surgissent, propulsés par leur queue, à deux mètres sur la rive, et chopent leur proie d'un énorme claquement de mâchoires avant de l'entraîner dans le marigot. Les proies, en l'occurrence, dans le documentaire, c'était trois jeunes femmes. Mortes évidemment mais pas boulottées parce que l'alligator préfère la viande faisandée... Une faisait du jogging au bord d'une rivière, une autre nageait et la troisième, on ne savait pas bien comment elle s'était retrouvée à traîner près de l'eau, mais enfin... Le documentaire était bien sûr américain (National Geographic oblige…). Moitié écolo, moitié prêche d’église. Après autopsie, on s'apercevait que deux des filles avaient picolé : 1,50 g./l, voire 2 g./l, disait le commentateur avec un effroi tremblant dans la voix (Mon Dieu quand je pense à ce que je me mets quelquefois tout en me sentant sobre, j'ai de la chance de ne pas croiser d'alligators). L'une était dépressive et avait absorbé des anxiolytiques, l'autre prenait du crack. Elles avaient dû s'endormir saoules sur la berge. Quand à la troisième, l’idiote, ben, elle nageait ... dans l'eau. Moralité : tout cela n'est pas si grave. Une suicidaire (dingue le suicide à l'alligator...), une junkie (elle a dû prendre ça pour une hallu) et une idiote qui aurait dû savoir que l'eau, c'est le territoire des alligators. La grande loi de la nature ne dit-elle pas : si tu viens sur mon territoire, je te bouffe ? Il paraît que ça grouille en Floride, les alligators. Les gens en retrouvent dans leurs jardins, dans leurs piscines. L'espèce est protégée. Pas question d'en faire des sacs à main.

Ciel blanc dehors. Il a neigé. J’ai vu les flocons voltiger de l’autre côté de la fenêtre. J’ai pensé à Neela. La petite de Nathacha et Bernard. Elle habite tout près d’ci. Ils étaient partis à Mayotte il y a deux ans. Elle a deux ans. Ce doit être sa première neige.

Amélie est restée. Longtemps. C’est bien quand elle est là.

Jeudi 25 novembre 2010. 23h50.

Chocapic…

Mercredi 24 novembre 2010. 18h50.

Le livre sera publié au printemps ou à la rentrée. Jean-Marc m’a envoyé un message dont j’ai rougi tout seul. On se verra quand je sortirai. Des petits mots, des coups de fil, j’en ai reçu beaucoup. Beaucoup. J’ai commencé à y répondre. Un peu. Pas réussi à aller au bout. Je le ferai pourtant. Chacun d’entre eux me porte. Ensemble, ils me soulèvent. Me mettent hors de portée. Me sauvent. Je crois... Mercedes est venue me voir. Elle m’avait apporté un vieux roman photo des années 1950 qu’elle avait déniché je sais où. Merci. C’est tout ce que je devrais parvenir à lire. J’avais emmené Maurin des Maures de Jean Aicard (en fait, je voulais emporter Rouget le braconnier de Charles Saint-Martin. Mais il a définitivement disparu dans les fondrières de nos bibliothèques…). Je n’ai toujours pas dépassé le troisième chapitre.

Mardi 23 novembre 2010. 22h30.

Ils sont gentils ici. J’appuie sur la sonnette. Ils arrivent tout de suite. Une piqûre dans la cuisse ou alors une gélule verte et blanche qui s'appelle Chocapic, Topkapi. Je ne sais pas. Ca va passer... Ca passe. Ca passe.

Lundi 22 novembre 2010. 20h00.

C’est tout. On m’a endormi. Je me suis réveillé. Amélie était là. La fenêtre de ma chambre donne sur un jardin. Mais du lit, je ne vois que le ciel. La vitre opaque arrivant à la limite des toits. Je me suis souvenu du poème de Verlaine.

dimanche 21 novembre 2010

Dimanche 21 novembre 2010. 14h50.

Pas envie de me lever non plus. Pas envie de cette journée. Nous sommes sortis faire quelques courses rue Daguerre. Il faisait froid, humide. Nous avons marché en nous tenant la main. Qu’elle est belle, Amélie. Préparé mes affaires. Je pars pour la clinique. On m’opère demain.

Dimanche 21 novembre 2010. 2h00.

J’ai fait imprimer le manuscrit avenue du Maine. Relier les feuillets. Amélie le déposera à Jean-Marc lundi. Marion et Jérôme nous ont invité à déjeuner dans le quartier. Nous sommes allés au Bistrot d’à-côté, rue Lalande. Rosbif et pommes sautées. Brouilly frais. Pas envie que ça s’arrête. Pas envie de les quitter. J’ai écrit mon papier sur Jacques Abeille pour Le Monde. Fini tard. Mais pas envie d’aller me coucher.

Vendredi 19 novembre 2010. 23h45.

J’ai fini le livre. Relu le dernier chapitre. Puis tout relu. Je ne sais pas. J’avais si peur de ne pas aller au bout avant la fin de la semaine.

Jeudi 18 novembre 2010. 22h40.

Je ne reverrai pas les étudiants au moins quinze jours. Pas sûr, d’ailleurs, que je puisse reprendre les cours avant le prochain semestre. Nous avons discuté ensemble des sujets du reportage ou du portrait que je leur demande de réaliser pendant mon absence. Il ont donné une foule de propositions. La matinée a filé à toute vitesse. Au revoir. A bientôt… Déjeuner tout seul devant un pot au feu et un pichet de beaujolais nouveau. C’est aujourd’hui. Je ne ratais jamais la date avec Alain, à Point de Vue. Depuis je continue le rite. Retrouvé Alexis au bar des Ondes, juste avant l’enregistrement de Jeux d’Epreuves. J’y défendais Les jardins statuaires de Jacques Abeille. Un texte vraiment hors du temps. Il s’agit d’une histoire de mondes, de passage de l’autre côté, de découverte et d’exploration. Nous voici dans les pas d’un voyageur dont on ne sait d’où il vient et qui va cheminer dans une contrée dont on se demande d’où elle est apparue. Dans ce pays étrange, les statues sortent de terre. Elles croissent. Se multiplient en greffons et en boutures sous les soins attentifs de singuliers jardiniers. Le livre a été publié une première fois chez Flammarion en 1982, redécouvert par Joëlle Losfeld en 2004. Il vient d’être réédité chez Attila. Je vis de grands champs d’hiver couverts d’oiseaux morts. Leurs ailes traçaient à l’infini d’indéchiffrables sillons. Ce fut la nuit. J’étais entré dans la province des jardins statuaires. J’avais rencontré Jacques Abeille fin août. Je dois écrire le papier pour Le Monde… Après l’émission je suis allé directement chez Buchet. C’était « le pot des auteurs ». Retrouvé Amélie. Embrassé les uns, les autres. Mercedes, Fabienne, Caroline... Pascale. Il y a une foule de gens que j’aime bien ici.

Mercredi 17 novembre 2010. 23h00.

J’ai préparé mes cours pour Censier. Relu les livres pour Jeux d’Epreuves. Pas sorti du tout. Attendu Amélie avec impatience.

Mardi 16 novembre 2010. 21h20.

Je devais déjeuner avec Marianne au restaurant marocain de la rue Sophie-Germain. Il était fermé. Exceptionnellement. Où aller ? Chez Péret, par exemple… En fait de couscous, nous avons mangé de la choucroute. Et bu du sylvaner. Et un peu trop, sans doute. Nous avons parlé longtemps. Longtemps. Tous ces témoignages d’amitiés, en ce moment, me bouleversent. J’ai marché un moment dans le quartier, en rentrant. Dans l’après-midi, j’ai écrit l’avant-dernier chapitre du livre.

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