Trois semaines que nous n’étions pas venus. Nous avons retrouvé le jardin dans une douce sauvagerie d’abandon. Cyclamens et lépiotes envahissant l’herbe au pied des sapins. Feuilles mortes poussées en tas par le vent aux encoignures de la terrasse. Les dahlias couchés. Dans la maison, l’humidité froide des portes restées fermées. Nous sommes passés voir Georgette. Des nouvelles du Nord. Mon oncle Henri ne va pas fort. Il ne sort plus. Marche à peine. La chambre, le salon, la fenêtre. Je voulais aller le voir cette année. Cela est resté un vœu pieux. Dîner à Donville. Nous étions invités chez Marie-Dominique et Bernard que nous avions rencontrés en juillet à bord du Lys Noir. Ils habitent une grande maison moderne, près du cimetière. Epais tapis et parquets clairs. Tableaux récents aux murs. Nous étions passés chercher Nicole à Jullouville, Thierry à Saint-Pair. Retrouvé là-bas Jean-Luc. Fait la connaissance de Florence qui est commissaire priseur à l’hôtel des ventes de Granville. La soirée s’est terminée tard, dans des conversations à tâtons sur la région, les livres… Des bribes d’histoires intimes. Jean-Luc est resté très silencieux. Je l’ai trouvé fatigué, triste. Mais j’ai, en ce moment, une acuité à la moindre inquiétude. Et au moindre chagrin.