J’ai commencé à mettre en ordre quelques événements de décembre pour ma prochaine chronique de Next à rendre cette semaine. La fête des lumières à Lyon, un salon des vins naturels à Paris sur une péniche. Blanche Neige d’Angelin Preljocaj à l’opéra de Versailles et Casse-noisette à Garnier. L’exposition « Eloge de la rareté » à la BNF et la réédition aux Belles lettres de Meuh ! de François Morel. Reste à trouver le lien. Demandé à Gilles Leroy qui publie un nouveau roman en janvier (Le monde selon Billy Boy, au Mercure) de me rediger le « Top 5 » des livres qui l’ont marqué. J’avais rendez-vous au Rostand avec Gérard en début de soirée. Il voulait me montrer les épreuves d’un livre de Benoît Dalle à paraître prochainement chez Frison-Roche. Tu me donneras ton avis. Pas bien compris quelle est la part qu’il avait prise dans le manuscrit, ni ce qu’il attendait vraiment de moi. Mais s’il ne s’agissait que de lire... L’occasion surtout était belle de renouer avec une relation que le temps avait relachée. Nous avons passé plus de dix années à travailler ensemble au service de psychiatrie du 8e arrondissement de Paris. A partager un humanisme de plein bon sens, une vraie proximité aux autres. Attachés aussi par le goût du passé, de la culture. Des auteurs et des livres. Il a mené une carrière exigeante et se trouve maintenant chef de service à Sainte-Anne. Nous avons réaccordé un peu nos vies. J’étais ému en le quittant. A bientôt, n’est-ce pas ?
jeudi 6 novembre 2014
Mardi 4 novembre 2014. 22h40.
Par Xavier Houssin le jeudi 6 novembre 2014, 00:24
Lundi 3 novembre 2014. 20h20.
Par Xavier Houssin le jeudi 6 novembre 2014, 00:22
Agathe, la fille de Séverine et Gérald devait passer un scanner ce matin à l’hôpital Necker. En 2009, alors qu’elle était tout bébé, elle avait subi plusieurs graves opérations au ventre. A l’époque, elle s’en était sortie assez douloureusement. Pauvre mioche. Trimballée de chirurgien en chirurgien, de service en service. Mais finalement sauvée. Aujourd’hui, à cinq ans, elle va mieux. Elle va bien. Sauf que l’angoisse n’a jamais pu vraiment quitter ses parents. Ce d’autant que les médecins n’ont jamais eu un mot rassurant. Voire un mot, tout simplement. Alors la moindre colique, la moindre indigestion. Et puis ces derniers mois, Agathe se plaignait. Rendez-vous donc pris, non sans mal, pour un examen. Mais là, ils se sont rendus compte, explique Séverine, que ce n’était pas un scanner qu’il fallait faire à Agathe mais un « entero IRM ». L’examen demandé (par le chef de service de chirurgie viscérale) ne se faisait en effet paraît-il plus depuis longtemps. Il y a de quoi devenir enragé. Car, en plus, sans ciller, le secrétariat annonçait qu’il fallait deux mois d’attente minimum pour passer ce fichu IRM. Comme je hurlais, continue Séverine (eh oui, j’en suis capable !), alors ils ont sorti de leur chapeau un rendez-vous pour le 13 novembre. Dont ils avaient soit disant oublié d’envoyer la convocation… La faute à la mise ne place d’un nouveau logiciel. L’informatique a bon dos. Mais pire, c’est le mépris dont font preuve tous ces gens. Phobiques de la relation. Incapables de proximité. D’intelligence. De compassion. Pouah !
Dimanche 2 novembre 2014. 23h50.
Par Xavier Houssin le jeudi 6 novembre 2014, 00:20
Nous avons revus Virginie, Marcus et Victoria en fin de soirée. Avant qu’ils ne partent pour Roissy. Leur avion était annoncé avec du retard. Ils sont restés du coup un moment à l’appartement. Ils avaient passé l’après-midi à Saint-Cloud. D’abord chez Séverine et Gérald puis chez Marion et Jérôme. L’occasion pour Victoria de revoir ses cousins : Agathe, Thomas, Arnaud. Gabrielle et Antoine. J’ai joué pendant des heures avec Gabrielle, a-t-elle raconté. Qu’est-ce qu’elle était contente ! Comme ces parenthèses me paraissent étranges. Irréelles. Ils sont venus aujourd’hui nous voir à Paris. Hier, ils décollaient de Johannesbourg. Et dans douze heures, ils atterriront à Mexico. Cela rend d’autant plus rare, plus précieuse, leur présence. Victoria m’a sauté au cou avant de s’engouffrer dans le taxi. Le temps se dissout en un rien. Me laissant si vide. Si vite.
Dimanche 2 novembre 2014. 17h40.
Par Xavier Houssin le jeudi 6 novembre 2014, 00:18
Virginie, Marcus et Victoria ont fait escale chez nous de retour d’Afrique avant de rentrer à Mexico. Le voyage, c’était pour les dix ans de Victoria. Elle voulait voir les animaux. Elle n’a pas été déçue. Pendant sa semaine de safari du Botswana à la Zambie (ou au Zimbawe…) elle aura croisé des troupeaux d’éléphants, des lions, des zèbres, des crocodiles, des antilopes, des girafes. Des autruches. Et des oiseaux de toutes les couleurs. Fin du périple aux chutes Victoria… Elle était encore là-bas quand elle nous en parlait. Nous lui avons offert son cadeau d’anniversaire : une paire de Dr. Martens rouge pétard. Je lui ai glissé une édition poche de La ferme africaine de Karen Blixen. Elle est peut-être encore petite pour le lire, m’avait prévenu Amélie. Possible. Mais je m’étais souvenu de Karen et moi, le livre Nathalie Skowronek publié chez Arléa en 2011. J’ai découvert Karen Blixen, y écrit-elle, sous une tente, au Kenya, j’avais onze ans, je voyageais avec mon frère et mes parents. À la lumière d’une lampe de poche, je lisais La ferme africaine et elle c’était moi et moi j’étais elle. Je me suis dit que cette magie-là pouvait très bien recommencer. Marcus nous a invités à déjeuner. Il avait réservé depuis longtemps au Clown Bar, le bistrot de la rue Amelot, repris il y a six mois par une nouvelle équipe. Repas délicieux et surprenant (des beignets de bulots aïoli, de la cervelle de veau aux coques et aux rattes fumées…). Victoria s’est endormie sur la banquette. J’ai tenté sans succès de la réveiller pour le dessert. Il faut dire que je n’ai pas insisté beaucoup.
Samedi 1er novembre 2014. 21h30.
Par Xavier Houssin le jeudi 6 novembre 2014, 00:17
Apolline, ma filleule, là-bas au Mexique, a trois ans. Nous avons bavardé un moment tous les deux au téléphone. Toi, tu es mon Parrain, répète-elle en appuyant fort sur le « P ». Aujourd’hui, elle souffle ses bougies mais elle n’aura ses cadeaux que mardi, lorsque Virginie et Marcus seront rentrés de leur voyage avec Victoria en Afrique (nous les voyons demain à Paris). Depuis une semaine, à Mexico, puis à Ixtapan, Claire et Emmanuel gardent le reste de la petite tribu de filles. Nous avons déjeuné d’un plateau d’huîtres chez le poissonnier de la rue Daguerre. Nettoyé et rangé l’appartement tout le reste de la journée
Vendredi 31 octobre 2014. 18h50.
Par Xavier Houssin le jeudi 6 novembre 2014, 00:16
J’ai corrigé les épreuves du troisième tome de l’Oeuvre complète de Bruno Durocher. Suis passé les apporter à Nicole, rue de l’Arbalète. J’ai l’impression que je ne verrai jamais la fin de ce travail. Nicole m’avait demandé d’en prendre la direction en septembre 2008. Le temps de rassembler les textes, de les ordonner, de faire le choix des contributeurs, le premier volume, celui de de poésie n’est sorti au printemps 2012, celui de proses, un an après. Mais sa fabrication a été pas mal perturbée : des erreurs dans la couverture, des défauts d'agencement. En plus, l’imprimeur a été mis en liquidation judiciaire. Il faut maintenant en trouver un nouveau pour diffuser des tirages de bonne qualité. Du coup le volume sur le théâtre reste un peu en suspend. Après il y aura l’album (chrono-biographie, photos et documents). Mais, pour l’instant, ses éléments sont loin d’être rassemblés. Et puis, à Caractères, tout est fragile. Tout se passe au jour le jour. Nicole tient bon. Mais continuer à publier tient souvent du miracle. Je suis rentré à pied par le boulevard Arago. Les marronniers sont tous effeuillés.
jeudi 30 octobre 2014
Jeudi 30 octobre 2014. 20h00.
Par Xavier Houssin le jeudi 30 octobre 2014, 20:34
Les frelons asiatiques (Vespa velutina) sont arrivés à Carolles. Vendredi dernier, Jean-Pascal nous avait montré un nid à l’angle du chemin de l’Alleu. Enorme. Perché au sommet d’un frêne, il faisait largement soixante centimètres de diamètre. Aujourd’hui, il vient d’en découvrir deux près de Coquelonde. Il doit y s’en trouver d’autres alentour. Quand on pense que chaque colonie contient plusieurs milliers d’individus. Brr… Leur présence explique pourquoi cet été nous n’avons quasiment pas vu d’abeilles, ni de guêpes : ils les dévorent. Les moyens de lutte semblent pour l’instant assez dérisoires. Et comme les nids abritent une centaine de « fondatrices » qui partent essaimer ailleurs, l’invasion ne fait que commencer.
Jeudi 30 octobre 2014. 1h10.
Par Xavier Houssin le jeudi 30 octobre 2014, 20:33
Les affaires reprennent. Raphaëlle m’a commandé « ferme » deux papiers. Le premier (c’était prévu) sur l’essai d’Alain Borer, De quel amour blessée. Le second sur les deux livres, posthumes, de Jean-Claude Pirotte sortis à la rentrée : son roman, Portrait craché et son dernier recueil de poèmes, Une île ici. Pirotte est mort, il y a cinq mois, à Namur, sa ville natale. Il paraît que ses cendres ont été dispersées. La lettre que j’avais envoyée à Sylvie Doizelet, sa compagne, m’est revenue. Je ne devais pas avoir la bonne adresse. Je n’ai pas eu le courage de chercher et de la renvoyer. Dîner à Saint-Cloud chez Marion et Jérôme. Mon Dieu que c’est loin… Eprouvant périple, en métro (bondé), en tramway (bondé), pour arrriver jusque chez eux. Antoine n’était pas encore couché, j’ai pu lui donner le petit éléphant bleu que j’avais trouvé pour lui aux Cousins d’Alice. Déposé un livre sur le lit de Gabrielle. Elle se trouve en ce moment à Willems, chez ses grands-parents. Jérôme avait aussi invité ses cousins : Edouard et sa femme Annaïck et Maximin venu sans Aude qui est, si j’ai bien compris, en vacances avec les enfants. Amélie était contente de les retrouver. D’échanger des nouvelles de famille. Soirée assez joyeuse. Légère. A parler de tout, de rien. A être simplement bien.
Mardi 28 octobre 2014. 23h50.
Par Xavier Houssin le jeudi 30 octobre 2014, 17:33
C’était l’anniversaire d’Amélie. Nous avons déjeuné ensemble dans un restaurant japonais de la Montagne-Sainte-Geneviève où elle avait envie d'aller depuis longtemps. Je suis allé chercher son cadeau : un grand châle en pashmina chiné rouge et gris. Et je l’ai attendue. Nous avons bu du champagne. Dîné à la Régalade, avenue Jean-Moulin. Je voudrais tellement que tout soit doux pour elle. Enveloppant. Chaud.
Lundi 27 octobre 2014. 21h10.
Par Xavier Houssin le jeudi 30 octobre 2014, 17:29
J’ai envoyé mon papier sur L’envoleuse à Raphaëlle. Traîné le reste de la journée. Pas travaillé. Pas travaillé. Pas travaillé.
Dimanche 26 octobre 2014. 20h50.
Par Xavier Houssin le jeudi 30 octobre 2014, 17:29
Promenade avec Nathalie sur le sentier de la falaise. Le ciel était tout bleu. La mer turquoise. Vous avez de la chance de vivre ici… Nous avons trouvé au retour Norbert et Annick qui nous avaient apporté des figues de leur jardin. Ils sont restés partager quelques huîtres et du muscadet de chez Sauvaget. Norbert a raccompagné Nathalie au train à Granville. J’ai arrosé mes grimpantes. Nous avons mis de l’ordre dans la maison. Rassemblé nos affaires. Pris le train à notre tour. J’en ai assez de partir. Nous ne revenons pas avant quinze jours.
Samedi 25 octobre 2014. 23h20.
Par Xavier Houssin le jeudi 30 octobre 2014, 17:27
Amélie est allée chercher Nathalie à la gare. Je l’ai emmenée faire une balade autour du village après le déjeuner. Nous avons poussé jusqu’au potager. Enfin ce qu’il en reste… La friche, à nouveau, a tout recouvert. Amélie, pendant ce temps-là, s’occupait d’installer la salle. Cette fois, cela se passait dans l’école. Le lieu parfait pour aborder la discussion sur le roman. En effet, le point de départ de La loi sauvage est une petite phrase brutale ( Votre fille, c’est une catastrophe !) qu’une institutrice lance un matin à une mère. De là tout dérape. Petit précis des humiliations au quotidien. Un jour, elles ne passent plus. Ne restent alors que la folie et la rage. Il y avait une cinquantaine de personnes, attentives, curieuses. Nathalie a signé pas mal de livres. Décidemment, ces « rencontres » démarrent bien. Le mois prochain, nous recevrons Laurence Tardieu, ensuite Denis Grozdanovitch, puis Marie-Hélène Lafon. Monique et Jean-Marie nous avaient fait la surprise de passer, à peine rentrés de Londres où ils étaient pour quelques jours de vacances avec leurs petits-fils. Du coup, ils sont venus dîner à la maison, avec Hélène, une amie de Nathalie qui vient de s’acheter un petit appartement à Granville et qui était venue l’écouter.
Samedi 25 octobre 2014. 12h20.
Par Xavier Houssin le jeudi 30 octobre 2014, 17:25
Ce soir, ce sera la deuxième édition des « rencontres littéraires de Carolles ». J’ai rassemblé mes notes pour le débat avec Nathalie Kuperman autour de son roman La loi sauvage. Préparé un petit paquet de questions. Il s’agit d’être prêt…
mercredi 29 octobre 2014
Vendredi 24 octobre 2014. 19h40.
Par Xavier Houssin le mercredi 29 octobre 2014, 17:13
Premier train du matin. Nous étions à Granville un peu avant 11h00. Fait les courses. Amélie avait réservé pour déjeuner au Comptoir de l’atelier gourmet. Michael Fontaine, le chef y réalise une cuisine de talent avec simplicité. C’est sans doute, la plus belle adresse de la région. Pas sûr que les gens s’en rendent bien compte. J’ai récupéré mes plantes chez Jean-Pascal. Il avait raison, la vigne est assez mal en point. Je vais finalement être remboursé. En désespoir de cause, j’avais fini par écrire au patron de l’entreprise. Merci de prendre la peine de la planter, et d'avoir la gentillesse de m'en donner des nouvelles - bonnes ou mauvaises - au printemps prochain. Nous en aurons ainsi - vous et moi - le coeur net, me demande-t-il au terme de notre échange. Ce que j’ai fait. Avec soin. Je l’ai installée (sans illusions) le long du mur avec les trois autres grimpantes qui, elles, ont l’air en pleine santé.
Jeudi 23 octobre 2014. 23h40.
Par Xavier Houssin le mercredi 29 octobre 2014, 17:12
J’avais fait livrer chez Jean-Pascal les grimpantes commandées la semaine dernière. A l’ouverture du colis, il m’avait appelé tout de suite. Il y avait un problème avec la vigne de Coignet, une belle liane à vrilles, avec de larges feuilles palmées qui rougissent magnifiquement à l’automne. Le plant reçu était en bien mauvais état. Il avait visiblement souffert de défauts de culture : substrat lourd, excès d’arrosage… Ca m’étonnerait qu’elle reparte, m’avait-il dit. Ou alors, avec tellement de difficulté que sa croissance sera compromise. Il avait téléphoné à la société de vente par correspondance. Là-bas, on lui avait passé un « expert » qui l’avait pris un peu de haut et n’avait rien voulu entendre. J’ai écrit un courriel à ces gens. On m’a répondu qu’il fallait que j’envoie des photos. Ben voyons… Soirée un peu longue à la Bibliothèque polonaise. Après la projection d’un film sur Bruno Durocher, nous avons eu droit à ces lectures de poésie qui n’en finissent pas. Comment dire ? Alors que tout devrait être chargé d’émotion puissante, ces récitations cabotines caricaturent le texte. Je bous de l’intérieur. Je suis sottement en colère. Pauvre poète.
mardi 28 octobre 2014
Mercredi 22 octobre 2014. 22h40.
Par Xavier Houssin le mardi 28 octobre 2014, 19:24
J’ai reçu un message d’une étudiante de l’an dernier. Debora m’écrit : Je voulais juste vous dire que j'ai pensé a vous quand j'ai pris mon abonnement pour Courrier International. Parce que je me suis rendue compte que c'est vos cours qui m'ont donné envie de lire les journaux. Donc voilà, j’espère que ça vous fera plaisir… Sûr que ça me fait plaisir. Pour un peu, dans mon coin, j’aurais essuyé une petite larme un peu béate. Que c’est dommage que ce soit fini. Raphaëlle m’a demandé un papier de 3500 signes pour le prochain numéro du Monde des Livres. Je lui ai proposé L’envoleuse de Laure des Accords chez Verdier. Un premier roman sur l’enfance, sur le « faisons semblant » de l’enfance. M’était revenu en le lisant, le Lied vom kindsein de Peter Handke : Als das Kind Kind war,/ wußte es nicht, daß es Kind war (Quand l’enfant était enfant,/ il ne savait pas qu’il était enfant...). J’ai commencé à préparer mon intervention pour la soirée Bruno Durocher à la Bibliothèque polonaise demain. Nicole avait insisté pour que je dise quelques mots. Mais j’ai tellement l’impression de ressasser toujours les mêmes choses.
mercredi 22 octobre 2014
Mercredi 22 octobre 2014. 3h40.
Par Xavier Houssin le mercredi 22 octobre 2014, 18:34
J’ai été réveillé par la techno (ou par l’electro, je ne sais pas bien comment ça s’appelle). Amélie aussi. Et tout le quartier probablement. Les basses faisaient vibrer les murs. Et puis ces phrases répétitives jusqu’à saturation. Won-Won-Nion-Nion-Vion-Vion-Nion-Tac-Tac-Tac. Ahh ! Se tourner, se retourner. Ca traversait les boules Quiès. Impossible de se rendormir. Ca venait de chez Jean-Pierre, notre voisin du dessus et propriétaire de notre appartement (d’ailleurs, tout l’immeuble lui appartient). Au premier il loge son fils, Antis, qui devait se sentir à l’étroit et avait profité des vacances pour s’installer plus à l’aise dans le duplex paternel. Le drame, c’est qu’Antis compose de la techno (ou de l’electro…) et qu’il était justement ce soir en veine d’inspiration. Ca lui arrive parfois les après-midi quand j’essaie d’écrire deux ou trois lignes, mais c’est moins bruyant. Beaucoup moins. Il suffit généralement de fermer hermétiquement les fenêtres (le son passe aussi par la cour) et de s’enfoncer des bouchons d’oreille. Sur le coup des 22h00 ce soir, le concert s’était arrêté. Manque de chance, sa muse est revenue lui taquiner les décibels. J’ai téléphoné là-haut. Il a miraculeusement entendu la sonnerie. Dis-donc, Loulou, là je crois que ce n’est plus possible. – Ah, je croyais que vous n’étiez pas là. Je suis désolé, désolé. Retour à la case silence. Mais pour ce qui est du sommeil…
mardi 21 octobre 2014
Mardi 21 octobre 2014. 14h50.
Par Xavier Houssin le mardi 21 octobre 2014, 17:56
Je touille le brouet de mon impossibilité à faire. C’est gris, noir. Un peu pâteux. Comme si l’on avait mélangé dans un godet le contenu de tous les tubes de gouache d’une boîte de couleurs. Je ne fais rien. Je repousse. J’éloigne. Tous les jours sans une ligne. J’ai relu Délires d’André Baillon. Par hasard. Il reprit sa phrase de la veille. - Marie était.. Qu’est-ce qu’elle était, Marie ? Tiens ! « Marie, » le mot sur le papier bougea, se souleva, prit un corps, puis deux ailes, s’envola et, droit par l’œil, lui entra dans le cerveau. Cela se mit aussitôt à ronger. Mais non ! Que les mots, la nuit, fissent des grimaces il le savait. Mais en plein jour, les mots ne prennent pas d’ailes, les mots sont des signes, les mots ne deviennent pas des mouches qui entrent par un œil pour vous ronger le cerveau. La preuve : il courait là, sur sa page. Du bout du doigt, il l’aplatit. Mort ! Cela fit une tache. Certes, non, il n’avait pas peur ! Voir ce qui arrive ? Il essaya d’un autre mot : - Était. Vraiment oui, le mot vivait. Des pattes, une carapace, un bout de trompe, on aurait dit de ces bêtes qui percent le bois. (...) Ah ! ah ! une bête. Elle se traînait d’ailleurs sur le papier : - Tiens bête ! Sous l’ongle, il l’écrasa. Cela fit une deuxième tache. Voir ce qui arrive ? Au hasard, il traça : - Il ne faut pas jeter le marc dans l’évier. Cela grouillait ! Ce n’était pas des vers, puisqu’ils agitaient des pinces et aussi des pattes comme des homards. Mais ils avaient un corps de ver. Il eut tout juste le temps. Il abattit le poing : - Tenez vers ! Quelle bouillie ! Sa pagne en fut souillée. Le singulier roman qu’il écrivait là ! Il pensa : - Je vais montrer mon ouvrage à Germaine. Elle regarda. Elle dit : - Eh ! bien, c’est à cela que tu travailles ? Des pâtés d’encre ! Où voyait-elle des pâtés d’encre ? Il expliqua : - C’est du jus de mots. Marguerite a téléphoné. Elle m’a invité à déjeuner chez Wadja. Reprendre confiance. En sortant, il soufflait un vent de tempête sur le boulevard Raspail. Le long de l’école d’architecture, les feuilles tourbillonnaient. Je devais les écarter pour continuer ma marche.
Lundi 20 octobre 2014. 18h45.
Par Xavier Houssin le mardi 21 octobre 2014, 17:53
J’ai déjeuné avec Sylvie dans un petit restaurant du côté de la rue de Passy. Parlé doucement de sa prochaine opération qui l’inquiète. Et de ce dossier qu’il va falloir boucler du coup en avance pour le Festival de Nîmes. Elle m’a passé au téléphone les gens de MPO (la manifestation aura lieu en janvier). Alors, où en êtes-vous du thème de cette année ? – Oh, nous avons pensé à quelque chose autour de l’art. Des arts. – Et qui va être président du Festival ? – On attend des réponses… Tout un programme. En rentrant, j’ai traîné un peu dans le quartier de la Muette. Il y a dans ces coins du XVIe un calme étrange, mélancolique. Doucement inquiétant. Cela recouvre, par endroits, le territoire de certaines aventures d’Arsène Lupin. Le signe de l’ombre ou Le triangle d’or. Quand il ne se trouve guère de différence entre le décor réel et celui qu’on imaginait autrefois en lisant. La rue Raynouard est un ancien chemin de campagne qui serpentait jadis parmi les maisons et les jardins du village de Passy, au flanc des collines que baigne la Seine. Elle a gardé en certains endroits, de plus en plus rares, hélas ! un air de province. De vieux domaines la bordent. De vieilles demeures s’y cachent au milieu des arbres.
Samedi 18 octobre 2014. 23h40.
Par Xavier Houssin le mardi 21 octobre 2014, 12:18
J’ai reçu ma commande de bulbes. J’ai planté tout l’après-midi. Semé ensuite les graines de roses trémières récoltées au potager (un seau plein) et surfacé l’ensemble avec du terreau. Il ne faut plus trop tarder pour tailler un peu les rosiers de l’année dernière. Ceux de Georgette, en bordure des pierres. C’est le premier anniversaire de sa mort. Strawberry Hill garde encore trois fleurs. Quand je ne serai plus là, tu les regarderas et tu penseras à moi. Journée d’été. Amélie a fait son « longe-côte » au soleil couchant dans des vagues courtes et nerveuses. Tout était beau et doux. La plage vide, l’air encore chaud de la journée, porteur d’embruns légers. Dîner chez Annick et Norbert. Nous y avons retrouvé Brigitte et Yann. Fait la connaissance aussi de Françoise et Daniel. Lui a été longtemps directeur du port du Hérel Granville. Elle, après avoir enseigné les Lettres classiques, se consacre entièrement à leur grand jardin de La Brélaudière à Saint-Michel-des-loups. Agapanthes, rosiers, camélias, rhododendrons, jasmins étoilés. J’irai bien le visiter.
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