Marie a quarante-et-un ans aujourd’hui. Elle revient d’une vingtaine de jours de vacances dans le sud-ouest où, avec des amies, elle a remonté le canal de la Garonne en péniche. Je déjeune avec elle mercredi prochain. Je viens à Paris pour une petite semaine. Aujourd’hui sortait mon papier sur le dernier livre de Nathacha, La nuit au cœur. J’ai peiné à l’écrire tant je tenais à rester fidèle à l’esprit, à l’intention plutôt, de ce texte qui unit trois histoires de femmes victimes de la violence de leurs maris, de leurs compagnons devenus leurs bourreaux. Deux sont mortes. Nathacha qui en a réchappé écrit. J’ignorais tout des années d’emprise, de soumission, de terreur où s’est englouti sa jeunesse. Il a fallu le meurtre de Chahinez Daoud an 2021, brûlée vive en pleine rue, et le souvenir de celui, vingt ans plus tôt, de sa cousine mauricienne poursuivie en voiture et écrasée, pour qu’elle se sente comme convoquée à en témoigner. Récit, enquête, elle bataille à la première personne, peau à peau, peur à peur.
mercredi 17 septembre 2025
Jeudi 28 août 2025. 18h20.
Par Xavier Houssin le mercredi 17 septembre 2025, 14:29
mardi 16 septembre 2025
Mardi 26 août 2025. 20h00.
Par Xavier Houssin le mardi 16 septembre 2025, 20:29
Un vilain éclat dans cet été aussi. Enfin, comme lorsque le ciel se plombe, que tout devient sale et lourd. Claudine Lemaire est morte le 17 juin. C’était d’ailleurs encore le printemps. Amélie l’avait su par Caroline qui dirige la communication chez Laffont. Mes dernières nouvelles de Claudine remontaient à début 2024. Elle s’était fait renverser par un taxi sur un passage clouté. Ça va, disait-elle, mais je vais juste rester un moment coincée. Pourquoi n’ai-je pas appelé ensuite ? J’ai téléphoné à Josette Pratte, la seule amie que je connaisse. Elle m’a appris que Claudine souffrait depuis des années d’un cancer dont elle ne parlait jamais. Claudine, corsetée de gentillesse, d’humour et de doux bavardages. Bien sûr, moi, je n’avais rien vu. J’aimais beaucoup Claudine. Elle a été de ces attachées de presse qui ont accompagné mes tout premiers pas dans le journalisme littéraire. Et elle ne m’a jamais lâché. Me faisant confiance, m’encourageant, faisant avec moi contre mauvaise fortune bon cœur. Sachant célébrer la moindre réussite, le moindre contentement. Je n’ai que de jolis souvenirs avec elle. Sa vie, pour le peu qu’elle m’en ait confié avait été un peu âpre. Nous avions, entre autres, en commun Joigny où j’ai fait mon service militaire et qu’elle avait abandonné tôt, y laissant plutôt de mauvais souvenirs. Elle y avait hérité d’une maison qu’elle laissait sans remords s’effondrer. Josette Pratte avait promis de m’avertir de la date de l’enterrement. J’ai appris qu’il avait eu lieu le 1er juillet. Où donc est sa tombe ?
Lundi 25 août 2025. 21h30.
Par Xavier Houssin le mardi 16 septembre 2025, 20:27
Il faut revenir à Senlis m’a dit Amélie avant que je prenne la route pour Carolles fin juillet. Elle a compris, elle sait. Oui, il faut revenir quelques jours et tous les ans dans cette dizaine qui s’ouvre tellement bientôt et qui tellement m’effraie. Là-bas, je suis. Je me suis. Je retrouve. Je me retrouve. Tiens, j’ai compris il y a peu que les paroles de la chanson d’Aznavour des années 1970 Mourir d’aimer étaient Les parois de ma vie sont lisses, etc. Moi, j’entendais toujours Les parois de ma vie : Senlis. Et, tout ému, je fredonnais. J’ai évité l’autoroute pour rentrer. Me suis arrêté à Verneuil, pour déjeuner place Notre-Dame et j’ai été au cimetière où j’ai erré un moment avant de trouver la tombe de Louise Colet. Pauvre Louise, pauvre amante, que les flaubertistes méprisent. Pas à la hauteur de leur grand homme. À son jeune Gustave, en septembre 1846, quelques mois après l’avoir rencontré, elle avait écrit un long poème, Souvenirs. Un jour à Mantes qui se termine ainsi : Ici, je fus heureuse ! Oh ! j’y veux revenir/ Quand je serai bien vieille et que mon âme émue/ Ne pourra plus goûter l’amour qu’en souvenir,/ De ce rivage aimé, j’enivrerai ma vue,/ Et je me sentirai revivre et rajeunir !
Dimanche 24 août 2025. 21h50.
Par Xavier Houssin le mardi 16 septembre 2025, 16:20
Abistis, dulces caricæ. J’ai repensé tout à l’heure à l’apostrophe de Trimalcion à Plocamus dans le Satiricon. Oui, vous êtes vraiment finies douces figues. C’est la philosophie de mon petit jardin. Après quinze jours d’incroyable abondance que nous avons partagée avec les merles, les grives, les étourneaux, quinze jours où les frelons (asiatiques), les guêpes, les mouches, s’agglutinaient bourdonnants autour des sycones écrasés sur la terrasse, voilà qu’il n’y a plus une seule figue dans l’arbre. Les épeires diadème tissent leurs toiles un peu partout dans le jardin. L’été s’en va. Un de plus. Je n’ai pas écrit une ligne de journal depuis Pâques. Je laisse encore et toujours filer le temps. Tout début mai, nous avons fait depuis Grasse le voyage italien dont j’avais envie depuis longtemps sur les traces de Giovanni Guareschi. Claire et Emmanuel nous avaient prêté leur voiture. Roncole (aujourd’hui Roncole-Verdi puisque le compositeur de la Traviata y est né) est un minuscule village. Un village de tellement trois fois rien que j’ai craint un moment d’avoir embarqué Amélie dans une quête bien décevante. Il n’en a rien été. Nous avons passé deux jours dans la Bassa parmense à remonter les chemins discrets du piccolo mondo de Don Camillo. La campagne émilienne, la plaine, les bords du Pô. Depuis 1948, année de la parution du premier volume des aventures du curé bagarreur et de son meilleur ennemi le communiste Peponne, le décor n’a guère changé. Il ne faudrait pas réduire ces histoires à des pantalonades. Guareschi est un moraliste sensible, davantage émouvant que drôle. Il touche juste. Nous avons vu sa maison, avec le petit musée attenant où j’ai acheté deux livres en italien que je m’efforcerai de lire (en dehors des Don Camillo, ses textes ne sont pas traduits en français). Nous nous sommes recueillis sur sa tombe et celle de son épouse Ennia. J’en ai rapporté deux pousses de jasmin nudiflore que j’installerai à l’automne au jardin. Nous avons aussi fêté doucement notre anniversaire de mariage dans le restaurant du petit hôtel de Roncole. Prosecco de Valdobbiadene, culatello, coppa, gnocco fritto. Et puis nous sommes allés à Parme. Pas envie de rentrer. Mai, juin, juillet, août. Comme c’est étrange d’aller ainsi à gué sur des morceaux de temps. À Paris, le propriétaire de la rue Danville, qui occupe les deux étages au-dessus de nous, vend tout l’immeuble. Il ne renouvelle pas notre bail. Passé la stupeur et l’inquiétude, nous avons pris conseil. Rassurés de savoir que (ouf) nous ne risquions pas de nous retrouver dehors du jour au lendemain. N’empêche. Cela a fait quinze ans que nous habitons ce deux-pièces. Ce serait trop long ici de raconter toute l’affaire. J’y reviendrai plus tard. Revu avec un grand bonheur Michel Bernard en juillet. Il venait, avec Françoise, pour le Salon du livre de Granville. Ca faisait un bail. Nous aurons passé cinq ans sans même nous croiser. Juste échangé quelques lettres, quelques messages. Amélie avait réservé pour dîner chez Henriette dans la Haute-Ville. Nous avons pu fêter ensemble son Grand prix de littérature de l’Académie française qu’il venait juste de recevoir pour l’ensemble de son œuvre. Un prix décerné moins d’un an après que l’indélicat Grégoire Bouillier lui avait pillé sans le citer ses Deux remords de Claude Monet pour rédiger Le syndrome de l’orangerie. Belle revanche. Michel avait proposé que Sébastien Lapaque nous rejoigne. Il est au Salon. Est-ce que ça vous dérange s’il fait le cinquième ? Lui aussi, cela faisait une éternité que je ne l’avais pas vu. Et même une éternité et demie. Je crois bien que la dernière fois où nous nous sommes serré la main c’était fin 2010 à la signature de l’édition poche de Chez Marcel Lapierre, son bel éloge du travail du vigneron de Villé-Morgon. Nous avions déjà commencé à boire le champagne de l’Académie quand il nous a rejoint. Entre deux verres, entre deux vins. Car sur le chemin du restaurant, en quittant le salon, il avait fait halte à la cave Sélène, rue des juifs. Il était gris. C’est-à-dire enveloppé d’une vaporeuse ivresse à travers laquelle il apparaissait brillant, magnifique. Parlé de saint Augustin et de littérature, du Figaro et du Monde, de l’amitié, de la romanée-conti, des camelots du roi, de l’air du temps et de celui qui passe. On nous a gentiment mis dehors. Nous étions les derniers. Enfin, je marque d’une pierre blanche l’avant dernière semaine du mois. Celle que Marcus et Virginie, et mes nièces, m’ont offerte pour accompagner mon prochain franchissement de dizaine. J’avais confié à Camille que j’aimerais bien partager avec eux mon enfance à Senlis. Ma petite patrie, ma patrie de cœur. Virginie avait trouvé à louer une grande maison à Morienval. Camp de base. J’ai tout de suite emmené Amélie et Apolline à l’église abbatiale. Je voulais absolument leur montrer le gisant de Florent de Hangest, chevalier mort au siège de Saint-Jean-d’Acre qui m’avait tant impressionné quand j’avais une dizaine d’années. Porte close hélas, mais comme j’allais tristement faire demi-tour, on nous a miraculeusement ouvert. Un professeur de trompe de chasse y donnait son cours. C’est donc aux sonorités de la Royale et du Débuché que nous avons déambulé sous les voûtes romanes. Quel beau séjour. Pierrefonds, Chantilly, l’abbaye d’Ourscamp. J’étais en territoire tellement connu, tellement sensible. Je les ai tous embarqués pour une journée complète à Senlis. À fleur de souvenirs. Et tous intacts, et tous vivants. Le château royal, le musée de le vénerie, la cathédrale, Saint-Pierre, Saint-Frambourg. Montré ma toute petite maison, ma rue, mes itinéraires. Mon collège Saint-Vincent où nous avons pu entrer grâce à Michèle, la secrétaire de l’association des Anciens élèves. J’ai beaucoup parlé, beaucoup raconté, beaucoup confié. J’espère que je ne les ai pas fatigués de trop d’émoi enthousiaste. Ces quelques jours ont été aussi l’occasion de faire la connaissance de Matthijs, l’amoureux hollandais de Camille. Ils se sont rencontrés à Berlin en 2024 et ont entamé ce qui ressemble à une relation attentive et sincère. Pourvu qu’entre le Mexique, les Pays-Bas, les études, le travail, tout cela dure au moins un peu. Il est arrivé la veille de notre départ, suivi de près par toute sa famille, le père, la mère, trois frères et une belle-sœur enceinte. Ils m’ont semblé, comment dirais-je, pour paraphraser les Tontons flingueurs, un peu… rustiques. Mais à leur décharge, il faut bien que je reconnaisse quand même que je n’ai pas grand-chose à dire à grand monde. Surtout dans un baragouin de germano-franglais. Nous avons passé une dernière nuit à Senlis à l’hôtel de la Porte-Bellon. J’ai emmené Amélie faire une longue balade en forêt d’Halatte. Nous avons remonté le chemin du Tombray, suivi les sentiers jusqu’à la Queue-de-la-Brosse. Nos pas dans ceux de mon enfance, de ma toute jeunesse. Passé l’orée, au pied du très vieux chêne au tronc double sur lequel je montais à califourchon petit, si petit, j’ai ramassé un surgeon tout ratatiné et malade. Je le mettrai en pot à Carolles.
mardi 27 mai 2025
Dimanche 20 avril 2025. 22h00.
Par Xavier Houssin le mardi 27 mai 2025, 22:34
Nous sommes allés rendre visite, à Barneville, à Sophie, une amie d’Amélie que je connais mal. Elle dirige le service culture à L’Humanité et m’avait demandé, oh il y a longtemps maintenant, d’animer des débats au festival Hors Limites porté par l’Association des libraires en Seine-Saint-Denis. J’avais fait de mon mieux pendant trois ou quatre ans. Là, elle vient de terminer les travaux d’une maison de bord de mer héritée, de sa tante je crois. C’est une jolie bâtisse des années 1930 qu’elle a entièrement restaurée, réaménagée. Nous avons bu le champagne, parlé travaux, trajets, livres et festival de Cannes (elle y part dans trois semaines). Sur le trajet du retour je me suis fait attraper par un radar. Tu roulais vite ? - Il faut croire.
Dimanche 20 avril 2025. 13h50.
Par Xavier Houssin le mardi 27 mai 2025, 22:33
Nous sommes arrivés trop juste à l’abbaye de la Lucerne. La nef était pleine et nous n’avons trouvé de place que dans les collatéraux. L’office de la Résurrection a été magnifique porté par le Chœur Ad Caelum et par le Chœur Éphata. Chants grégoriens et Messe en do majeur, « la messe solennelle », de Mozart. En sortant, nous sommes restés un moment à regarder l’immense verrière du chevet ouverte sur les arbres, le bocage. Tout est vert et feuillu. Ensoleillé d’espoir.
Jeudi 18 avril 2025. 18h10.
Par Xavier Houssin le mardi 27 mai 2025, 22:33
J’ai rédigé un petit papier sur La fabrication du réel de Caroline Hoctan. C’est un texte à la Piranèse, tout en passerelles, escaliers, échelles qui s’entrecroisent, se rejoignent, se perdent. J’ai pensé à Alice égarée dans l’inverse, une fois passé le miroir. Amélie est arrivée au train de 11h00. Nous avons eu le temps de faire un marché rapide. Elle avait besoin de grand air et est partie l’après-midi pour une très longue promenade avec la chienne.
Mercredi 17 avril 2025. 11h20.
Par Xavier Houssin le mardi 27 mai 2025, 22:32
J’ai commandé à un pépiniériste de Limoges un clèthre à feuilles d’aulne (Clethra alnifolia). C’est un arbuste originaire d’Amérique qui peut atteindre deux mètres et qui porte en fin d’été de longs épis fleuris, blancs et parfumés. Je compte l’installer au pied des buis, près de la haie de bambous. Comme j’ai compris qu’il s’agissait d’une plante de sous-bois, il ne devrait pas pâtir de la mi-ombre.
Mardi 16 avril 2025. 15h50.
Par Xavier Houssin le mardi 27 mai 2025, 22:32
Train bondé pour le retour à Granville. J’ai tenté d’aider un couple de touristes chinois avec un petit garçon qui ne trouvaient pas leur place. Ils montraient leur billet pour le Mont-Saint-Michel un rien angoissés. Personne ne mouftait. Et pas de contrôleur en vue. J’ai tenté d’expliquer : You are in the wrong carriage. Il aurait fallu qu’ils sortent sur le quai pour aller dans la rame précédente. La jeune femme m’a dit dans un souriant effort Je ne parle pas français. Je ne parle pas français. Ils ont filé dans le couloir avec enfant et bagages. Je ne les ai plus revus. J’espère qu’ils sont arrivés à bon port. Déjeuné à la brasserie de la gare. Retrouvé la maison. Au jardin, le lilas est tout fleuri.
lundi 26 mai 2025
Lundi 15 avril 2025. 22h30.
Par Xavier Houssin le lundi 26 mai 2025, 21:54
J’ai oublié dans le fil de nos pérégrinations munichoises le cimetière du Sud. Découvert vraiment au hasard. Un lieu touffu, pierreux de vieilles stèles et de tombeaux calcaires, habité par des anges tristes. Nous n’y avons fait que quelques pas. Je regrette de ne pas l’avoir exploré davantage, car j’ai appris tout à l’heure que le peintre Carl Spitzweg y était enterré. Je ne le connaissais que par son tableau Le rat de bibliothèque qui représente, juché haut sur un escabeau un bonhomme encombré de livres fouinant dans ses rayonnages. Une exposition au musée Léopold à Vienne lui était consacrée en 2017, l’année où j’y étais allé avec Amélie. J’y avais découvert son regard désabusé et ironique sur le monde de ses contemporains. Tendre aussi, affectueux presque. Des portraits crachés, des scènes de genre traversés d’émotion, de gravité simple. J’en avais été bouleversé. Oui nous irons à Munich Amélie et moi. Il est de minuscules passerelles. J’avais rendez-vous avec Bruno Genevray. Il m’a trouvé en forme. Je me suis plaint un peu, pas trop. Il a la gentillesse de me bien soigner sans jamais m’accabler de conseils. J’ai une grande confiance en lui. D’ailleurs il m’a sauvé la vie il y a maintenant quinze ans. Chaque fois, nous disons que nous allons déjeuner ensemble, avec Brigitte qu’il aime beaucoup. Et puis, je ne suis pas souvent là. Un autre jour ? Traîné un peu. Je me suis retrouvé à Saint-Sulpice à l’heure des confessions. Pâques est dans cinq jours. J’ai pris la file des repentants. Je me suis retrouvé absous sans pour autant me sentir libéré. J’ai tenté d’expliquer que je n’arrive pas à me dépêtrer de cette pénitence qu’un prêtre de Saint-Augustin m’avait donnée une autre veille de Pâques. Je voudrais que vous fassiez aujourd’hui un acte de charité. La charité ? Ce n’était pas donner de l’argent au mendiant qui attendait à la sortie de l’église. Trop facile. Mais quoi alors ? Qu’est-ce qui distinguait la charité de la bonne action que je pouvais faire sans peine, de l’attention aux autres que je m’efforçais d’avoir ? Fallait-il se forcer à accomplir quelque chose de rebutant, de compliqué. Je ne comprends pas. Est-ce de l’orgueil, mon père ? Il n’a pas répondu ou je n’ai pas entendu. Mais cette histoire est si ancienne. Je ressasse. Retrouvé Amélie au Nemrod. Le soir tombait doucement.
Lundi 15 avril 2025. 10h45
Par Xavier Houssin le lundi 26 mai 2025, 20:50
Pour ses trente ans, j’avais emmené Marie à Vienne. Lorsqu’elle en a eu quarante au mois d’août, poussé par je ne sais quelle espèce d’association d’idées géographique, je lui ai proposé d’aller à Munich. Je connais bien mal l’Allemagne, pas du tout la Bavière. Une découverte donc pour moi, pas tout à fait pour elle puisqu’elle y avait déjà fait un bref aller-retour il y a deux ans le temps d’une exposition d’art contemporain. Il avait fallu du temps pour que nous trouvions une date qui nous convienne tous les deux. J’appréhendais un peu. Nous nous voyons toujours en coup de vent, pour déjeuner ou prendre un verre dans le quartier de sa galerie. Elle vient brièvement à Carolles l’été, mais, depuis Vienne, depuis dix ans, nous n’avions pas passé plusieurs jours en tête à tête. Trois jours ici, et qui ont filé à toute vitesse. J’avais réservé dans un petit hôtel de Liebigstraße, à vingt minutes à pied du centre. Il a fait un temps radieux. Marie qui suit le travail l’artiste de rue Invader avait envie de partir à la recherche des mosaïques pixélisées crées sur le modèle du jeu vidéo de la fin des années 1970 qu’il avait plaquées dans la ville (une petite vingtaine). Cela nous a fait découvrir Munich vraiment différemment. En marchant, d’une rue, d’une place, d’une avenue l’autre, les monuments, les églises, les musées, surgissaient presque par hasard. Ainsi de la cathédrale Frauenkirsche où nous avons vu le fameux pas du diable, une noire empreinte de pied avec une petite queue au talon, laissée à l’entrée par le démon. Ainsi de l’hôtel de ville avec son Glockenspiel animé. Nous avons visité le musée de la chasse et de la pêche. Passé une matinée au château de Nymphenburg, la résidence d’été des rois de Bavière (Louis II y est né). Longue promenade dans le parc. Près de Magdalenenklause, étrange chapelle XVIIIe qui tient de la ruine et de la grotte marine, j’ai ramassé plusieurs plants d’ail des ours. Vrai vertige à la Alte Pinakothek (je m’y suis fait un petit syndrome de Stendhal) : Dürer, Cranach, Holbein, Bosch, Rembrandt, Ruysdael, Brueghel, Memling, Rubens, Van Dyck, Fra Angelico, Botticelli, Giotto, Raphaël, Tintoret, Titien, Véronèse, Boucher, Greuze, Poussin, Chardin, Le Greco, Velasquez, Zurbaran. Et aussi, comme la Neue Pinakothek était fermée pour travaux, quelques salles avec Goya, Constable, Delacroix, Caspar David Friedrich, Turner, Renoir, Manet, Monet… J’aurais bien rebroussé chemin pour voir à nouveau La chute des damnés de Rubens, un pêle-mêle de corps jetés dans la Géhenne, mais non, c’était trop, trop. J’étais soûlé, rassasié. Empli d’images et d’émotions, épuisé de ravissement. Nous sommes allés prendre un verre. Des verres, nous en avons pris pas mal pendant ce séjour. Des bières surtout, des Helles, servies d’office en 50cl. Et nous avons déjeuné et dîné bavarois dans les tavernes, les biergarten et à l’Hofbräuhaus, l’immense brasserie du quartier de Platzl. Je crois que Marie était contente. Je l’ai été aussi. Heureux plutôt. De cette complicité joyeuse qui nous a emmaillotés là-bas. Pas de confidences. Je ne sais rien de sa vie, soit qu’elle imagine que ça n’en vaut pas la peine, soit qu’elle pense que ça ne me regarde pas. C’est comme ça. On s’est dit quand même deux ou trois mots sensibles. L’essentiel, quoi. J’ai aimé Munich. J’ai aimé y être. J’y trouve quelque chose de paisible, de confortant. J’étais retourné à Vienne avec Amélie. Aujourd’hui, j’aimerais bien lui faire découvrir Munich.
lundi 19 mai 2025
Vendredi 11 avril 2025. 17h40.
Par Xavier Houssin le lundi 19 mai 2025, 17:07
J’ai enfin terminé le dossier de presse du festival de Nice. D’année en année, l’exercice est un peu plus compliqué. Ne pas se répéter… J’ai parfois l’impression d’être dans l’acte II du Bourgeois gentilhomme. Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d'amour me font. Demain je me lève très tôt. Je pars à Munich avec Marie et le vol est prévu à 7h00 à Roissy.
Jeudi 10 avril 2025. 14h10.
Par Xavier Houssin le lundi 19 mai 2025, 17:06
Premier contact avec la nouvelle diabétologue depuis que Mme Letanoux a pris sa retraite. Je vieillis, mes médecins aussi. Celle-ci, Mme Rosales, a son cabinet à Denfert-Rochereau. Bavardé un moment. Bon, mon cas n’a pas l’air de trop l’effrayer. Mais il faut que d’ici la prochaine consultation, je fasse des analyses, des examens.
Mercredi 9 avril 2025. 18h40.
Par Xavier Houssin le lundi 19 mai 2025, 17:06
Continué de travailler au dossier de presse du festival de Nice. Cent fois sur le métier…
Mardi 8 avril 2025. 16h20.
Par Xavier Houssin le lundi 19 mai 2025, 17:05
Cela fait 104 ans que mon grand-père François est mort. Je ne vais plus au cimetière. J’ai trop honte. La tombe est envahie de lichens qui ont recouvert les inscriptions. J’ai acheté l’autre jour un produit à vaporiser sur la pierre. Seulement, si j’en crois le mode d’emploi, il faut qu’il fasse sec pendant plusieurs jours pour qu’il soit efficace. Il n’est pas très prudent de commencer maintenant. Après il faudra gratter et rechampir. Je suis à Paris depuis hier. J’avais rendez-vous tout à l’heure chez l’ophtalmo. Ce n’est pas brillant. Je dois revenir début juin pour faire je ne sais quoi avec du laser. Ça ne fait pas mal, m’a assuré la dame. J’ai déjeuné au Varenne. Amélie m’y a rejoint pour un café. Les éditions Bourgois sont à deux pas
Samedi 5 avril 2025. 23h50.
Par Xavier Houssin le lundi 19 mai 2025, 17:05
Le rosier Étoile de Hollande a fait sa première fleur. J’en ai quatre pieds à l’arrière de la maison. Le plus ancien date de l’automne après la mort de ma mère. Il court maintenant sur l’arceau, avec la vigne, comme dans le poème de Nerval (Rends-moi (…) la fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé/ Et la treille ou le pampre à la rose s’allie). Ma mère avait planté ce rosier quand nous nous sommes arrivés dans la maison de Senlis. La maison, la toute petite maison, était bordée d’une cour sèche recouverte de calcaire concassé. Un désert miniature. Mais elle rêvait d’y faire pousser un jardin. Elle a commencé par le rosier. Elle l’avait trouvé un après-midi d’été où elle baladait ma poussette du côté des remparts. Elle m’a raconté que c’était le parfum l’avait saisie. Une odeur douce, profonde, un peu sucrée, un peu musquée, et si présente, si enveloppante, si enivrante, qu’elle s’était arrêtée. Le rosier couvrait la façade entière d’une vieille maison. Des fleurs rouges, rouges, rouges. Rouge sang, ourlées de pourpre. Une splendeur. Elle l’avait regardé longuement puis s’était enhardie à frapper à la porte. Là, elle avait appris que cette merveille s’appelait Étoile de Hollande. M. Kowalczyk, l’horticulteur de la rue de la Fontaine-aux-Reinettes, lui en avait commandé un pied. En Hollande, justement. Quand elle l’a installé, je n’avais pas deux ans. Nous avons grandi ensemble, le rosier et moi. Je n’ai pas été plus haut que lui bien longtemps. Il m’a dépassé, et de loin. Débordant le treillage et le toit. Du mois de juin jusqu’à la fin octobre, il se couvrait de rouge, répandait son parfum. Il est à tout jamais mon enfance. Lorsque j’ai planté, moi aussi, mon Étoile de Hollande, j’ai appris que cette variété avait été créée en 1918, par un certain Hens Verschuren, rosiériste dans le Brabant hollandais. Ma mère est née en 1918. A Senlis, à l’école de la rue Saint-Péravi, mon institutrice s'appelait Mme Verschuren. C’est elle qui m’a appris à lire et à écrire. Chaque année, le rosier est le premier à fleurir. Dîner chez Brigitte et Yann avec leur amie Muriel et sa fille Juliette. Rentrés dans le temps doux.
lundi 12 mai 2025
Vendredi 4 avril 2025. 23h10.
Par Xavier Houssin le lundi 12 mai 2025, 15:49
Julien Demoecq m’a adressé des photos de la tombe de mes grands-parents, Angèle et Joseph, au cimetière de Roubaix. C’est lui qui s’occupe de l’entretenir. Au printemps 2022, Amélie et moi y étions allés au retour de notre voyage à Houplines et j’avais compris que plus personne ne s’y rendait. Maintenant ce monsieur, trouvé un peu par hasard, très délicat, attentionné, vient la nettoyer et la fleurir trois fois par an. À la Toussaint, le 19 mars, pour la naissance de ma grand-mère Angèle (de ma mère aussi) et pour la saint Joseph, et le 15 août à l’Assomption. La concession sera à renouveler en 2028. Pour quinze ans. Après moi, qui le fera ?
Jeudi 3 avril 2025. 22h30.
Par Xavier Houssin le lundi 12 mai 2025, 15:48
Amélie est arrivée à la gare avec le coucher du soleil.
Mercredi 2 avril 2025. 20h15.
Par Xavier Houssin le lundi 12 mai 2025, 15:47
J’ai rédigé le communiqué de presse du festival du Livre de Nice. Parlé d’oiseaux à cause d’Allain Bougrain-Dubourg.
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