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Par Xavier Houssin le mardi 25 novembre 2025, 17:02 - Lien permanent
J’ai déjeuné avec Fabienne chez Marty, cette brasserie Belle Époque des Gobelins désastreusement rénovée (comme le Zeyer, et tant d’autres) dans les années 1980, mais qui reste cependant une bonne adresse. Nous y fêtions, si tant est que cela se fête, notre anniversaire de jeunes septuagénaires : tous deux nés le même jour de la même année. Nous nous étions perdus de vue pendant près de trente ans après avoir partagé les années d’études en service social, le travail en psychiatrie adulte, les premiers écrits dans les revues. Une vraie amitié de jeunesse pour moi qui n’en ai conservé aucune. Je me demande bien pourquoi je n’ai pas fait l’effort de les retenir un peu. J’avais rendez-vous juste après avec Caroline Hoctan. Elle m’avait contacté en février au moment de la parution de son troisième roman, La fabrication du réel. Elle se souvenait que j’avais rédigé en 2004 un petit papier sur le premier, Le dernier degré de l’attachement. J’en avais gardé le souvenir à la fois persistant et ténu d’une histoire ressassée, renouvelée, reprise, d’île et de père perdus. Ça m’avait assez remué à l’époque. J’avais même noté ce court passage dans mon carnet : Mon père nage toujours. Je vois apparaître et disparaître à la surface de l’eau, pareil à tous ces détails insignifiants qui retiennent mon attention. Plusieurs fois, je le perds de vue. Lorsque je le distingue à nouveau, il semble infiniment loin. Je suis revenu sur cette image dans le dernier petit chapitre de mon Officier de fortune. Elle avait fait doucement son chemin. Le Monde m’a commandé une brève sur La fabrication du réel. Je me suis contenté d’essayer de donner envie de s’abandonner à cette étrange machine d’identité, d’origine, de faux pactes et de faux semblants. Une sacrée Tangle tale. Nous nous sommes retrouvés au Canon de Gobelins. Très vite dans une sorte de proximité confiante. A suivre, vraiment. Elle est entre la Gironde et Paris. Ce serait bien le diable si nous n’arrivions pas à faire coïncider nos agendas de temps en temps.
