Un vilain éclat dans cet été aussi. Enfin, comme lorsque le ciel se plombe, que tout devient sale et lourd. Claudine Lemaire est morte le 17 juin. C’était d’ailleurs encore le printemps. Amélie l’avait su par Caroline qui dirige la communication chez Laffont. Mes dernières nouvelles de Claudine remontaient à début 2024. Elle s’était fait renverser par un taxi sur un passage clouté. Ça va, disait-elle, mais je vais juste rester un moment coincée. Pourquoi n’ai-je pas appelé ensuite ? J’ai téléphoné à Josette Pratte, la seule amie que je connaisse. Elle m’a appris que Claudine souffrait depuis des années d’un cancer dont elle ne parlait jamais. Claudine, corsetée de gentillesse, d’humour et de doux bavardages. Bien sûr, moi, je n’avais rien vu. J’aimais beaucoup Claudine. Elle a été de ces attachées de presse qui ont accompagné mes tout premiers pas dans le journalisme littéraire. Et elle ne m’a jamais lâché. Me faisant confiance, m’encourageant, faisant avec moi contre mauvaise fortune bon cœur. Sachant célébrer la moindre réussite, le moindre contentement. Je n’ai que de jolis souvenirs avec elle. Sa vie, pour le peu qu’elle m’en ait confié avait été un peu âpre. Nous avions, entre autres, en commun Joigny où j’ai fait mon service militaire et qu’elle avait abandonné tôt, y laissant plutôt de mauvais souvenirs. Elle y avait hérité d’une maison qu’elle laissait sans remords s’effondrer. Josette Pratte avait promis de m’avertir de la date de l’enterrement. J’ai appris qu’il avait eu lieu le 1er juillet. Où donc est sa tombe ?