Il faut revenir à Senlis m’a dit Amélie avant que je prenne la route pour Carolles fin juillet. Elle a compris, elle sait. Oui, il faut revenir quelques jours et tous les ans dans cette dizaine qui s’ouvre tellement bientôt et qui tellement m’effraie. Là-bas, je suis. Je me suis. Je retrouve. Je me retrouve. Tiens, j’ai compris il y a peu que les paroles de la chanson d’Aznavour des années 1970 Mourir d’aimer étaient Les parois de ma vie sont lisses, etc. Moi, j’entendais toujours Les parois de ma vie : Senlis. Et, tout ému, je fredonnais. J’ai évité l’autoroute pour rentrer. Me suis arrêté à Verneuil, pour déjeuner place Notre-Dame et j’ai été au cimetière où j’ai erré un moment avant de trouver la tombe de Louise Colet. Pauvre Louise, pauvre amante, que les flaubertistes méprisent. Pas à la hauteur de leur grand homme. À son jeune Gustave, en septembre 1846, quelques mois après l’avoir rencontré, elle avait écrit un long poème, Souvenirs. Un jour à Mantes qui se termine ainsi : Ici, je fus heureuse ! Oh ! j’y veux revenir/ Quand je serai bien vieille et que mon âme émue/ Ne pourra plus goûter l’amour qu’en souvenir,/ De ce rivage aimé, j’enivrerai ma vue,/ Et je me sentirai revivre et rajeunir !