Marie a quarante-et-un ans aujourd’hui. Elle revient d’une vingtaine de jours de vacances dans le sud-ouest où, avec des amies, elle a remonté le canal de la Garonne en péniche. Je déjeune avec elle mercredi prochain. Je viens à Paris pour une petite semaine. Aujourd’hui sortait mon papier sur le dernier livre de Nathacha, La nuit au cœur. J’ai peiné à l’écrire tant je tenais à rester fidèle à l’esprit, à l’intention plutôt, de ce texte qui unit trois histoires de femmes victimes de la violence de leurs maris, de leurs compagnons devenus leurs bourreaux. Deux sont mortes. Nathacha qui en a réchappé écrit. J’ignorais tout des années d’emprise, de soumission, de terreur où s’est englouti sa jeunesse. Il a fallu le meurtre de Chahinez Daoud an 2021, brûlée vive en pleine rue, et le souvenir de celui, vingt ans plus tôt, de sa cousine mauricienne poursuivie en voiture et écrasée, pour qu’elle se sente comme convoquée à en témoigner. Récit, enquête, elle bataille à la première personne, peau à peau, peur à peur.