J’ai déposé La Harpe à l’Arche de Léo. Tout est boueux là-bas, je vais la récupérer dans un drôle d’état. Mais elle va adorer se bauger. Et puis, elle déborde d’affection pour Eléonore. J’ai garé la voiture à Granville sur le haut de l’avenue du maréchal-Leclerc. A partir de lundi prochain, en effet, toutes les places de stationnement de la gare sont interdites pour cause d’installation des forains. Voilà revenu ce fichu carnaval. Le temps des fêtards déguisés et des confettis ne dure certes pas très longtemps, mais le luna-park des autos tamponneuses, des carrousels criards et des vendeurs de barbe à papa s’éternise jusqu’à la fin du mois. Une plaie. Arrivé à Paris, je suis allé déposer mes affaires à l’appartement. Je me suis changé avant d’aller chercher Amélie place Paul-Painlevé. C’était la soirée des cinquante ans (enfin des cinquante et un pour qui veut pinailler) du Monde des Livres et cela se passait à l’ancienne B.N., rue de Richelieu, dans la salle Labrouste. J’avais hésité un moment avant de me décider à m’y rendre, mais remettre les pieds dans cette salle des Imprimés où j’avais tant travaillé sur La Harpe (le vrai, pas la chienne) m’a décidé. Beaucoup de monde, c’était prévu. Je ne me suis pas senti très à l’aise de me promener dans ce lieu, une coupe de champagne à la main. Je me trouvais un peu sacrilège. Nous ne sommes pas restés très longtemps. Je suis allé vers les gens que j’aime bien et j’ai évité ceux que j’aime moins. Ou, en tout cas, ceux avec qui je n’ai pas grand chose à faire.