Petit drame au réveil. Je sortais de la chambre lorsque j’ai aperçu, dans le couloir, La Harpe, tranquillement couchée devant la porte entrouverte des enfants. Dans le couloir ! Je n’ai pas la prétention d’affirmer que j’ai correctement dressé cette chienne. En promenade, elle tire sur la laisse à vous faire des tendinites, si on la lâche, elle disparaît sous le grillage des propriétes privées, sinon elle s’évanouit dans le bocage et ne daigne revenir que longtemps après. Elle ne répond à son nom quand ça l’arrange et ne veut absolument pas comprendre les ordres, pourtant serinés depuis qu’elle est chiot : Doucement ! et Ne saute pas !. Sauf que je lui enseigné très tôt d’être propre, qu’elle a vite su qu’il ne fallait jamais abîmer un livre, voire le moindre papier qui traîne, et qu’elle a interdiction absolue de pénétrer dans la couloir où est ma petite collection d’histoire naturelle avec tout un encombrement de fragiles flacons, de boîtes d’insectes et d’animaux empaillés. Ce d’autant plus que nous y avons fait poser du sisal, revêtement fragile s’il en est. Elle l’a toujours respectée (au début avec une incompréhension triste…), et pour moi la chose était réglée. Je n’ai pas eu à élever la voix ce matin. Dès qu’elle m’a vu, elle a filé, toute pénétrée de l’effroi de sa transgression. Sauf que dans son saisissement,elle s’est oubliée… sur le sisal. La tache (filante) ne partira jamais. Indélébile souvenir. Mais que faisait-elle là ? Et comment a-t-elle ouvert la porte du couloir. Voire, qui lui a ouverte ? J’ai commencé à travailler sur mon papier pour Le Monde sur Hautes solitudes d’Anne Vallaeys, son long périple à pied d’Arles aux Alpes de Provence sur la route des troupeaux. Amélie a emmené les enfants à la plage. Je les ai rejoints à Jullouville, au Casino. Nous avons pris un verre en terrasse face à la mer. Il aura fait très beau ces trois jours. On revient quand ? a dit Gabrielle. Tu as oublié de faire le spectacle de marionettes… Je les ai accompagnés à la gare à 17h00. Repris mon papier.