Le week-end est passé vite, vraiment très vite. Comme il fallait éviter Granville (toujours ce maudit carnaval…), j’ai accompagné Amélie et Jeanne jusqu’à la gare de Folligny. Nous étions en avance. Je les ai laissées attendre leur train. Plus tard j’avais un message d’Amélie : les fêtards rentraient chez eux. Dans le wagon jonché de confettis, toutes les places étaient prises. Il avait fallu s’entasser debout. En fait, elles n’avaient pu s’asseoir qu’après Vire. J’ai écrit mon papier sur le livre de Pierre Péju. Le narrateur de Reconnaissance est un écrivain parti en montagne remettre un peu ses pensées en ordre. Au refuge où il passe la nuit, il va faire connaissance d’un curieux marcheur. Un homme préoccupé par son ombre, qui est à la recherche d’un pont mystérieux, seul accès à l’autre monde dont il rêve depuis l’enfance. Il va lui faire cadeau d’un cristal du temps lui permettant de retrouver ses souvenirs oubliés. Tout ramène à cette bizarre alchimie de la création littéraire. Comment écrit-on ? Mais reste cette histoire d’ombre du tout début. L’étrange randonneur court après celle de sa jeunesse. Je n’ai cessé de penser, tout au long de ma lecture, au Peter Schlemihl de Chamisso qui vend la sienne au diable. Et aussi à ce vers de Jaccottet : L’encre serait de l’ombre.