Nous avons déjeuné rapidement. Je suis allé chercher Jean-Philippe à Granville en tout début d’après-midi. Grand soleil. J’ai apporté mon maillot de bain, m’a-t-il dit, à peine il était descendu du train. Aie. Pas moyen de faire autrement. Je l’ai donc accompagné à la plage. L’eau était vraiment (vraiment) fraîche. Mais il était ravi. Nous avons fait quelques brasses. Nous étions les seuls. Je l’ai emmené se balader après, en voiture, de Champeaux à Saint-Léonard, afin qu’il voie la baie. Les herbus et puis le Mont, un rien flouté dans la lumière chaude. J’ai assez aimé qu’il s’abstienne de commentaires. Qu’il reste juste à regarder et se taire. Il se trouvait moins de monde à la rencontre que les fois précédentes (entre le mariage de la fille d’Hervé Guilloux et la fête de la musique à Granville, il y avait de la concurrence…). Au lieu des quatre-vingt et plus, je n’ai compté cette fois-ci qu’une cinquantaine de personnes. Je fais la fine bouche maintenant, tellement habitué à ce qu’il y ait foule. Quand je pense aux débats que j’ai animés dans les médiathèques en Seine-Saint-Denis pour le Festival Hors limite. Quand les bibliothécaires parvenaient à réunir dix personnes, il étaient contents… Jean-Philippe l’était visiblement. Les gens aussi. Il les a émus, il les a fait rire. N’empêche, ce n’est pas simple de débattre avec lui. De le pousser dans ses retranchements. Il ne cesse de se cacher. D’oublier la question. De répondre à côté. Dîner à la maison avec lui et les Chatelard. Agathe n’a pas osé l’entreprendre sur La coloc, son dernier roman pour ados qu’elle venait de lire. Elle en avait pourtant très envie. Elle est dans l’âge du texte. De ses préoccupations. Et puis, surtout, il y avait ce « hasard » qui la troublait. Tu te rends compte, m’avait-elle confié à propos de Romain, le personnage principal, lui aussi a perdu sa grand-mère en mai…