Feuilles de présence remplies à Censier ce matin. J’avais le plein d’étudiants. C’est la cinquième année déjà que je fais ces cours. De rentrée en rentrée, je m’attache davantage. Je les sens à la fois si désemparés et si confiants. Si enthousiastes et joyeux, étrangement tristes, parfois. Si désireux d’apprendre, avec cette insolence de leur âge d’avoir le sentiment de tout savoir déjà. Ils ont vingt ans. Quelquefois même pas. Je les aime bien. Vraiment. Un étudiante m’a fait une revue de presse « Saint-Valentin » : les informations du jour vues à travers le prisme de l’amour. Elle a enchaîné sans à-coups le départ du pape, le vote du mariage homosexuel à l’assemblée, le scandale de la viande de cheval dans les plats surgelés et ce nouveau bébé que voudraient Mariah Carey et Nick Cannon. En voilà une qui a compris ce qu’était une actu, un angle, des liaisons. Bien peu de critiques à lui faire. Après-midi de paperasses avant mon rendez-vous de lundi à l’hôpital. Amélie était retenue à un dîner. J’étais invité à un cocktail au Musée de la chasse et de la nature pour le lancement de la biographie de François Sommer publiée chez Buchet-Chastel. Je n’y étais jamais venu auparavant. Ce soir, toutes les salles étaient librement ouvertes à la visite. Quel choc ! Sur trois étages, une foule de trophées, d’animaux empaillés (deux gigantesques ours blancs, des lions, des panthères, des gorilles), partout aux murs des tableaux de Desportes, de Chardin, d’Oudry. J’étais comme dans un rêve. Retrouvé là-bas Marie-Joséphine Strich qui avait rédigé la préface des Innocentes ou la sagesse des femmes d’Anna de Noailles, le dernier volume de ma collection « Domaine public ». Salué Vera. Marché jusqu’à la maison. Amélie n’était toujours pas rentrée. J’ai veillé un moment. Fini par me coucher.