Long trajet en train jusqu’à Bordeaux. Une voiture nous attendait à la gare pour nous emmener à Gradignan. Dépose en coup de vent des valises à l’hôtel (un vilain Campanile perdu à des kilomètres du centre dans la zone industrielle) et nous sommes arrivés juste à temps au théâtre pour le discours du maire et la remise des prix. C’est Lionel Salaün qui obtenu celui du roman français pour Le retour de Jim Lamar, chez… Liana Levi. Je crois qu’il s’agit d’une des premières fois où nous nous retrouvons sur un salon, Amélie et moi, en ayant vraiment chacun quelque chose de « professionnel » à y faire. La soirée a continué avec une lecture-concert : poèmes et saxophone. Une horreur. La comédienne déclamait avec une invraisemblable emphase, massacrant des textes de Paul Blackburn et de Léopold Sédar Senghor. Mais le pire était la « musique »… Soufflant dans son instrument, auquel il ajoutait en accessoires des tuyaux d’arrosage ou d’aspirateur, le compositeur-interprête produisait d’effrayants bruits : tuyauterie bouchée, éternuements, flatulences, compresseur, locomotive à vapeur. Impossible de s’enfuir. Les spectateurs étaient pris en otages par ces deux malfaisants. L’épreuve a pris fin au bout d'un très long temps. Les commentaires sont allés bon train pendant le cocktail qui a suivi. J’avoue que je me suis senti rassuré de la perplexité partagée. Je ne connais rien de pire qu’une lecture de poésie écrivait Thomas Bernhard dans Maîtres anciens. Il est des fois où ça se vérifie.