Marion et Jérôme sont venus déjeuner. En fait, ils ont tout apporté. C’est Jérôme qui avait fait les courses et il avait vu les choses en grand. Charcuteries, fromages, le tout tenait à peine sur la table. Nous avons bavardé gentiment. J’avais l’impression curieuse, et pas désagréable, qu’ils étaient « en visite ». De fait, je les vois peu seuls. Et puis, ce jeune couple, cette jeune femme enceinte… Je me trouvais bizarrement décalé. Une espèce de vieux parent. Je mets ça aussi sur le compte de ma claustration de bientôt trois semaines. C’était comme s’ils venaient m’apporter des nouvelles du dehors. Me raconter. Ils avaient rendez-vous après pour une séance d’information à la clinique. Ce dernier mois de grossesse va bien à Marion. Elle est jolie. Elle semble tranquille, apaisée. Je me suis souvenu de cette phrase au début d’un chapitre de M. Bergeret à Paris : Pauline était joyeuse sans raison et seulement parce que ces jours de fête, qui marquent le cours du temps, lui rendaient plus sensibles les progrès charmants de sa jeunesse.