Petit drame au village. Walter qui tient la boutique d’antiquités s’est fait faucher la perruque blonde de son mannequin. Il s’était entiché, il y a quelques mois déjà, d’une androïde de vitrine des années soixantes récupérée dans le débarras d’un commerce des environ. Une femme de plastique rose, faux cils et lèvres peintes qu’il exposait sur le devant de son bric-à-brac, la travestissant chaque jour de nippes différentes. Cela se transformait doucement en innocent fétichisme, au point qu’il promenait sa créature un peu partout et qu’il n’était pas rare de l’apercevoir sur le trottoir du café-tabac ou le parking de la mairie. Depuis que des mauvais plaisants ont chapardé le postiche, laissant à nu le crâne de sa Baby doll, il ne décolère pas. Je crois qu’il est réellement affecté. Nous avons été ramasser des pommes de pin pour le feu. Sur la route de la Croix-Paquerey, nous avons croisé Annick et Norbert qui nous ont aidés à remplir notre panier avec celles de leur jardin. Finalement, ils sont venus à la maison prendre un verre. Amélie avait laissé une pissaladière au four. Elle était juste prête. J’ai essayé de travailler dans l’après-midi. Pas brillant... Nous avons commencé à ranger la bibliothèque. Enfin, dans une seule pièce. Il était temps. Après mon divorce, ma mère avait accueilli mes cartons au garage. Les déménageurs avaient entassé n’importe comment toute ma précieuse littérature. Les titres mélangés. Après les travaux, nous avons juste vidé le désordre des caisses sur les étagères. Un vague tri rapide. Pas le temps. Pas le temps. J’ai remis la main sur les romans d’Anne Guglielmetti, retrouvé les Chers Italiens de Jean Noli, rangé côte à côte les livres de Marie NDiaye et de Jean-Yves Cendrey. Pensé à celui que j’ai tant de mal à écrire. Ouvert au hasard Sans muselière de Paul Valet : Il ne me reste plus qu’à prier/ A genoux devant mon calendrier.