J'ai écrit le papier sur L'enfant du carnaval de Stéphane Audeguy. J'ai eu du mal à m'y remettre depuis novembre. Ce qu'aborde Audeguy dans ce petit livre de la collection « L'un et l'autre » me touche particulièrement. Trop, sans doute. Autour de la figure de Pigault-Lebrun, romancier, dramaturge et essayiste du tournant des XVIIIe et XIXe siècles, il pose clairement la question de la survie littéraire. Qui se souvient de Pigault-Lebrun? Plus grand monde aujourd'hui. Il n'est pas ce qu'il est convenu d'appeler un « grand auteur » (si tant est que ça veuille dire quelque chose). Il a publié, dans l'air du temps, des turlupinades et des grivoiseries, pas forcément de bon goût. Mais ça fait rire. Je l'avais croisé avec d'autres fantômes dans mes recherches sur La Harpe. Dieu sait qu'il y en a des oubliés dans cette époque-là. Comme si l'on avait effacé tous les auteurs entre le temps des Lumières et celui des romantiques. Boufflers, Mercier, Marmontel, Collin d'Harleville, Beaunoir ou Rétif... Et mon pauvre La Harpe. Est-ce que l'on n'écrit pas pour lutter contre la mort ? Les livres ne demandent qu'à être ouverts à nouveau pour que les auteurs vivent. Chez Eppe, j'achetais des plaquettes de poésie à 5 francs le kilo. Julien Leygues, Maurice Theveneau, Violette Rieder, Genevieve Gerla, Pascal Riou,.. Je suis allé rendre visite à Mme Bassard. On va prendre le café. Elle a vu son arrière-petite fille samedi. Le bébé s'appelle Aine, un prénom gaélique. Ca se prononce Onia. Je vais m'y faire, mais qu'est qu'elle a une belle petite bouille. Un saut chez Georgette. J'y ai croisé Josette, puis Mlle Verdé. Je suis rentré, le feu était mort. Pas eu le courage de rallumer.