Je suis passé chercher Raphaëlle au Monde. Elle m’a emmené déjeuner juste à côté dans un restaurant italien. Nous avons parlé un peu du journal, beaucoup littérature. Fait le point sur les projets, les papiers. Elle m’en a confié un sur les Mémoires de Marc-Antoine Muret, le dernier livre de Gérard Oberlé, un autre sur le « Quarto » Louis Guilloux, les romans et les récits des deux guerres mondiales, qui vient de paraître chez Gallimard. Il me reste à lui rendre quatre ou cinq brèves. Je dois aussi quelque chose, encore, à Florence. J’ai marché jusqu’à la rue de l’Arbalète. Remis à Nicole le manuscrit de Montée des cendres. Je lui ai promis la préface et la chronologie de Bruno Durocher pour les Œuvres complètes chez Caractères à la fin de la semaine prochaine. Ce n’est plus du flux tendu, je cours après le retard avant même qu’il existe. Je suis rentré à la maison pour mettre un peu d’ordre dans tout cela. Répondu au courrier. J’ai rejoint Amélie à Cluny. Nous étions invité chez Alexis et Agnès, rue de l’Université. Ils recevaient Antonio Caballero, de retour à Paris pour participer à La grande librairie sur France 5. Avec nous, autour d’un pot au feu copieux, Raphaëlle, la fille d’Alexis et d’Agnès qui travaille aux éditions Bourgois, son mari Cristian ; Diane et Patrice ; Manuel et son épouse Laure. J’étais placé à côté d’elle. Laure est œnologue. Elle publie le mois prochain chez Grasset un livre avec des photos de Jean-Marie Périer. Une promenade à travers le vignoble français et des portraits de vignerons. Un autre, un peu plus tard avec Jean-Pierre Coffe, sorte de panorama des vins à moins de 5 euros... Nous avons balayé les petites coïncidences de nos relations communes, évoqué aussi (surtout) Raymond Dumay, cet écrivain ecclectique, mort il y a maintenant bien dix ans et que j’avais découvert début soixante-dix en lisant son Guide du vin. Je lui dois le peu de culture que j’ai en la matière et surtout une approche sensible, émotive même du boire, de boire. Je n’ose pas dire « déguster », car je me sens bien incapable d’atteindre ce degré-là. J’avais trouvé de lui chez un bouquiniste, à la suite, un roman de l’immédiat après-guerre : Le Raisin de maïs. Puis, longtemps après, juste avant sa mort, j’avais lu Le rat et l’abeille, son étonnant « traité » de gastronomie paléolithique. Vient de paraître chez Stock, Mort de la littérature, un texte de 1950 (une petite trentaine d’années après, il avait publié La mort du vin…). La Table Ronde réédite, De la gastronomie française. Je vais proposer à Alain de traiter ces deux textes, ensemble, pour Le Monde. J’étais ravi de discuter de Dumay. J’ai peur d’avoir été un peu envahissant. Mais ma voisine a écouté avec beaucoup de gentillesse mes propos saoulants.