On a l’âge de ses artères. J’ai pris un drôle de coup de vieux ce matin. Il va falloir s’y faire. Ou plutôt, faire comme si. Let’s pretend… En sortant de la clinique, j’ai marché jusqu’à la rue Daguerre. Pris un café à la terrasse de chez Péret. Ecrit quelques lettres. Je suis rentré à pied en passant par le cimetière Montparnasse. J’ai fait mon pèlerinage rituel là-bas. La tombe de Pierre Louÿs, celle de Josette France. La chapelle aussi où j’ai enterré Mme Risser. C’était au temps où je travaillais au service de santé mentale du VIIIe. Simone Risser était une vieille dame, sans aucune famille, qui avait perdu complètement la tête et que nous avions réussi à maintenir chez elle. Elle habitait square Laborde, un rez-de-chaussée. Je m’étais occupé de retrouver le caveau de famille, j’avais souscrit pour elle un contrat d’obsèques. Faire en sorte que ça lui ressemble. Nous étions deux, ce jour-là, à suivre le rabbin qui psamodiait dans les allées. Mme Devillers, la mandataire aux tutelles et moi. Un peu dérisoire, tout cela. Il y a longtemps qu’on ne laisse plus les morts en paix. A Montparnasse, l’administration récupère des emplacements. Un nombre impressionnant de sépultures sont décrétées « en état d’abandon ». Tu parles… De petits panonceaux, un peu partout, les désignent déjà pour la casse et l’exhumation. J’ai relu Le livre des nuages de Chloé Aridjis pour le papier du Monde. Rendez-vous avec Céline Lis ensuite. Je rends un portrait à Isabelle pour Le Pèlerin la semaine prochaine. Les cinquante dernières pages de son livre qui le déséquilibrent complètement ont été rajoutées à la demande de l’éditrice chez Lattès. Quel gâchis. J’ai été boire un verre avec Nadine, toujours convalescente à son dernier étage de la rue Séguier, bon moral et bientôt « bon pied ». J’ai retrouvé Amélie, place Saint-Michel. Les nouvelles d’Agathe sont, à nouveau pas très fameuses. Elle a attrapé une infection à l’hôpital. On lui donne des antibiotiques. Petite fille. Si petite fille… Nous avons pris le bus, jusqu’après République. Soirée à La Java, un dancing qui date des années trente pour fêter les trente ans, justement, des éditions Métailié. Croisé une foule de gens. Vu Elodie, Pierre, Marianne, Gaëlle. Fumé une cigarette dans le froid avec Fabienne, Marie, Daniel… Et filé à l’anglaise.